Maxime Gorki La destruclion cle la personnalitd I 908 ":- [a Destruction de la
Maxime Gorki La destruclion cle la personnalitd I 908 ":- [a Destruction de la Personnalité Par Maxime GORKI , sit6t lv[axime Gorfti disparu,.certains. Ûitiques littérabes esthéIisants, triturant la réalité.his-totique, s'éiertuèrent'.a ,*i ai ii,lr-rà^it"t ilcs écrioains sotsiétiques une ilttgse 3u!.!ût à teut propre^ecll9ile. Ik tt,iii+iii, iiiia;-;"rï,';';,;:;;il':,;1:'""" thèse însidieuse de u deux Çorfti ,, une thè"e-i"'ii{",Jti.Lii| àà^r"t àîJi"â""ë"iai. :Éi6:î!:1,ïx:qiâ,::{,"iy#i{fiiy"îïyi:,:î;i:;"ii:;,tr;il abandonnant,_en somme, I'<t art n Four la < aoliliouu r. . La thèsc des< d.eux Gorllir.es.t une însulie à sà mémoire, une insulte aussi à I'Art lequel, par définition, ne saitait êt,; ;''i;bl;;;."2'ii"ii iiuàiiti,|ïiii'rî,i*î: rc créa|eur - tolal. La oie de Gorhi fut unp oie-ile lut! !ès sa première pri:ç!: conscience. Et son art, depuis Ia première.nôuoette - M"h"; i';i;;i;r;;;;;;;;;'iaii,;;;;:;;--' ftiti"'!;î^- t;:t::,:.::!r:!,j,I,,lyai!!a.iusou'à'sa mort, f"i ";;;,,t-;^i;t:if '"ilË":;^';;;; ";ii,,, aonc ausst potttlque, ëtait engagé, . .En.l?9.8, doÀc-longtembs-"ii"t I" Réuorution i[octobre, Goil1i exltosa dans un texte inédit en France et dont no", p"bliài,i -riài-rar-'t"r"'i;!Ë;;-"#;#: t<La Destuuction de la frersonnalité,,-ir idâ";;, ii"ropport de I'att et ile Ia oie sociale. Ce texte sura raison ile to tnari- ai, ï-a"i- G";hi;:'' spirituelles. Il fut le premier sage comrle.il_ fut le premier poète qui exprimât la beauté et les forces créa_ trices de la terre. II a animé les grands poèmes, ies grandes tragédies et la plus grande d'entre eiles : l,histoire de la civilisation du monde. Seule tra Jorce immense des collec_ tivités explique la beauté profonde des mythes et de la poésie épique, beauté restée inégalée à c" jour. "t q"i repose sur ia parfaite harmonie àu fond et <1e ia forme. Cette harmonie- tient elle-même à l,unité de ia pensée de la cité... Seui l,eflort "ù-rn de. tout un peuple permet des s1.n- thèses aussi vastes, des symboles aùssi frappants que ceu.y ,lÉ prométhée et_de Satal, d'Hercule, de Sviatogor, d'Ilya et de Mikorrla et des centates de légendes qui expriment 1,expérience vécue d'un peuple. Peut-on douter de la force créa_ trice des communautés quand, au cours des siècles, le !énie des individus E peuple n'est pas seulement'la force qui crée toutes les r-aleurs matérielles, il est aussi l,unique et I'intarissable source tles valeurs isolés n'a rien su imag.iner qui appro_ cnat, peu ou prou, rle I'Iliade ou tlu Kalevala, quand ii n,a su créer aucun symbole qui ne portàt la marque du génie de son peuple et n'existât, bien avant lui, dans les contes et les légencles populaires... Ayant donné au mondé des héros, le peuple, tout joveux et ûer de contempler leur beauté et leur force, se sentait nécessairement amené à ies introcluire dans la gent cle ses dieux. Il se piaisait à comparer leur voionté consciente: aux forces aveugles de la nature, forces hostiles les rrnes aux autres, en môme lemps qu'aux hom_ mes. Le combat entre les dieux et les hommes donne naissance à l,allégorie admirable cle prométhée, génià de l'humanité. C'est dans cette image que i'invention populaire atteint la densité d'un extraorclinaire symbole de Ia loj, c'est dans cette image que l'homme découvre ses tns et la conscience cl'être l'éga1 des clieux... l'Iais la société, en conférant à l'homme une valeur personnelle, n,a pas pour autant perdu ia conscience de 1'unité de sa force. f.a destruction de la 74 ETUDES SIVIÉ,TIQUES conscience collectiw, c'est plus tard reulement et dans I'esprit des indivi- dus qu'elle se produisit, lorsq';s, ss détachant de la cité, I'individu crut pouvoir se placer deuant ellre, à côté d'elle, r'oire aw-dessus d'e11e. \fais, au début, la personnalité remplissait, en travaiilant, son rôle originel : celui d'être l'organe de la société. Désormais cependant le souvenir des héros hanta l'esprit clesindividus. Ils avaient gotté à la douceur du pouvoir sur les hommes. Dès lors ils songèrent à en user à leur profit exclusif, I)ans ce but ils décrétèrent l'immutabilité de la création mou- vante et s'opposèrent au changement de la 'r'ie par la fixité de leurs lois. C'était leur unique moyen cl'asseoir leur pouvoir... Progressivernent, f individualisme s'érigea en principe, en ordre impé- ratif et tyranrique. Il créâ un l)ieu immortel et exigea des masses qu'elles reconnussent à la nature divinisée nne personnalité indépendante. Il finit par croire lui-même aux facultés créatrices de son Dieu, Plus tard cependant f individu, pleinement épanoui- et désirant une Iiberté sans entraves, se dressa néces- sairement contre les traditions qu'il avait lui-même imaginées et contre le Dieu immortel qui les sanctifiait. Dans son avidité du pouvoir, I'individualisme était contraint de sacriûer Ie Dieu im- mortel, son soutien et sa justification... L'individualisme c on te mp o r a i n, toutefois, essaie cle ressusciter Dieu par tous les moyens aÊn r1e raffermir, par le miracle c1e l'autorité divine, le < moi r impotent et égaré dans la jungle des intérêts personnels. Car f individualisme a perdu pour tou- jours cette source vive de régénéra- tion véritable qu'est la communauté... Le génie populaire authentique est imprégné <le la conviction que l'exploi- ta.tion de l'homme Par l'homme afiai- blit et détruit le commun patrimoine créateur... Alors commença entre l'individu ot le peuple une.lutte anarchique. L'his- toire du rnonde n'en est que le reff.et, et cela a le don d'exaspérer profon- dément f individu déûnitivement dé- chu de sa puissance. La propriéié privée croissait, en fractionnant les richesses communes et en creusant entre les hommes des abîmes d'antagonismes. L'homme dut consacrer toutes ses forces à sa défense contre la misère qui menagait de l'engloutir et à la sauvegarde de ses intérêts immédiats. Ainsi se rompit le lien qui l'unissait au peuple, à l'Etat, à la société... Chacun sait comment la propriété privée a éparpillé les forces de la communauté en faisant croire à un < moi r qui pût se suJûre à lui-même. D'ailleurs, dans cet ordre d'idées, il faut consirlérer non seulement 1'asservissement physique et spiri- tuel du peuple, mais encore l'émous- sement de sa volonté et l'anéantisse- ment progrçssif de son génie poétique originel, lequel a donné au monde les plus merveilleux produits de la créa- tion artistique. Mais le peuple, malgré les entraves spirituelles, malgré f impossibilité de s'éIever aux sommets poétiques de ses débuts n'en continua pas moins à vivre sa profonde vie intérieure. Il crêa et crée encore des milliers de légendes, de chants, de proverbes qui atteignent parfois à Ia profondeur. d'un symbole, comme celui de Faust entre autres. 11 semble bien que le peuple, en créant cette légende, s'en soit pris à i'impuissance spirituelle de f individu, son ennemi, dont il vou- lait railler les vains efiorts de saisir l'insaisissable. Les chefs-d'teuvre des grands poètes de tous les pays sont puisés dans le patrimoine commun de leur peuple qui, depuis des époques immémoriales, a produit tous les sy'mboles, toutes les images et tous les modèles. tê p( c1 L, n' d( l',t IJ cl a1 et qr tir so p1 et de cé at de re ES Si 1a ti. et to le 'de ép AU Rr PI là AU d' de to cr mr se: pï b1, da I1 Cfr DESTRUCTION DE LA PERSONNALITÉ, 75 Othello le jaloux, Hamlet le velléi- taire, Don Juan le libertin, tous ces personnages-t1pe, le peuple les a créés aaant Shakespeare et Byron. Les Espagnols chantaient r La vie n'est qu'un songe ) bien avant Cal- deron, et les Maures musulmans 1'avaient chanté avant les Espagnols. Les contes popuiaires raillaient ia chevalerie auant Cervantès et avec autant de mordant nostalgique que 1ui. Miiton et Dante, Mickiewicz, Goethe et Schiller n'atteignent au sublime qu'en écoutant le souffle de la créa- tion collective et en puisant aux sources de la poésie populaire, si profonde, diverse, puissante et sage. Ce disant, je ne diminue en rien et ne veux en rien diminuer le mérite de nos poètes les plus justement célèbres. J'atteste que la production artistique individuelle nous a donné des chefs-d'æuvre merveilleusement rendus, mais leur origine première est dans la force collective du peuple. Si l'art est à la portée de l'individu, la création n'appartient qu'à la collec- tivité. Le peuple grec a créé Zeus, et Phidias l'a ciselé dans le marbre. Considérez de ce point de vue l'his- toire de la culture humaine, observez le rôle de f inriividualisme aux époques de stagnation de ia vie, puis aux époques de renouveau, par exemple au temps de la Renaissance et de la Réforme, et vous verrez que, dans le premier cas, f individu révèle l'inertie 1à plus manifeste, un penchant Inarqué au pessimisme, au quiétisme et à d'autres attitudes négatives à 1'égard de la société. A ces moments de l'his- toire, tandis que le peuple ne cesse de ctistalliser son expérience, f individu méprise la vie et s'en détache. 11 semble ne plus saisir le sens de sa propre existence et traine iamenta- blement ses jours dans la fange et dans la grisaille de la vie quotidienne. Il renonce ainsi à la grande tâche créatrice qui est la sienne: la conden- sation de l'expérience collective en idées, hypothèses et théories. Dans le second cas, votrs serêz frappés par l'épanouissement de I'in- clividualité. Ce phénomène s'explique par Ie fait que la personnalité, aux époques des grafrds bouleversements sociaux, clevient uploads/Histoire/ gorki-destruction-personnalite.pdf
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- Publié le Jui 02, 2022
- Catégorie History / Histoire
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