1 2 Université de Pau et des Pays de l’Adour UFR Lettres, Langues et Sciences H

1 2 Université de Pau et des Pays de l’Adour UFR Lettres, Langues et Sciences Humaines Département Histoire, Histoire de l’Art, Archéologie et Anthropologie MASTER 2 Archéologie Préventive Par MONTAGNE Geoffroy Sous la direction de Mme Françoise Des Boscs, maître de conférences en Histoire Ancienne Année universitaire 2012-2013 « Amator civitatis » Les notables municipaux en Numidie (IIème siècle ap. J.-C. – IVème siècle) 3 Pour ma mère 4 REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier madame Françoise Des Boscs, notre directrice de recherche, pour ses conseils avisés, son aide précieuse (notamment dans le domaine de l’épigraphie) et sa constante disponibilité. Nous remercions également monsieur Callegarin pour le don de certains catalogues épigraphiques scannés. Nous tenons également à exprimer notre gratitude envers notre tante Marie-Louise Colosio pour la relecture et les corrections auxquelles elle a aimablement voulu s’adonner pour notre mémoire. 5 INTRODUCTION 6 Notre travail de cette année porte sur une première approche des notables municipaux en Numidie par le biais de la documentation épigraphique. Cette étude s’inscrit dans une approche plus globale de l’histoire des cités, de la vie municipale, ainsi que de l’économie. Lors du Xème congrès international d’épigraphie grecque et latine tenu à Nîmes en octobre 1992, C. Lepelley qualifiait l’épigraphie de « discipline mère pour qui veut étudier l’histoire des cités et de la société »1. Notre travail de recherche de master 2 porte sur les notables en Numidie romaine du IIème au IVème siècle ap. J.-C. La première difficulté est de cerner les limites de la province de Numidie. 1 C. Lepelley « Evergétisme et épigraphie dans l’Antiquité tardive : les provinces de langue latine », in Actes du Xème congrès international d’épigraphie grecque et latine, tenu à Nîmes, du 4 au 9 octobre 1992, Christol M. et Masson O. (ed.), p. 335-336. 7 8 D’un point de vue purement administratif la Numidie, en tant que province, fut créée en 193 sous Septime Sévère. Cette Numidie n’a, alors, pas grand-chose à voir avec le royaume éponyme fondé à la suite des guerres puniques avec la bienveillance de la République romaine. En 202 av. J.-C. Rome voulait mettre en place un Etat numide contrebalançant le pouvoir carthaginois. Au fur et à mesure, le royaume numide ne cessa d’être morcelé. A la mort de Massinissa, le pouvoir fut partagé entre ses trois fils : Micipsa l’aîné s’occupa de l’administration, Gulussa commanda l’armée et Mastanabal fut en charge de la Justice. Finalement Micipsa finit par tenir le pouvoir entre ses seules mains (de 148 av. J.-C. à 118 av. J.-C.). A la mort de Micipsa, ses deux fils ( Adherbal et Hiempsal) se disputèrent le trône. Entra en scène Jugurtha (neveu de Micipsa et fils adoptif de celui-ci) soutenu par Scipion Emilien. Le royaume fut alors, selon la volonté du père, partagé entre les trois prétendants : Cirta à Adherbal, Thirnida à Hiempsal et Thugga à Jugurtha. Ce dernier fit assassiner Hiempsal et déclencha une guerre contre l’autre. Rome, dont l’influence sur la région n’était pas négligeable, trancha en faveur d’un nouveau partage du territoire numide. Mais c’était sans compter sur l’ambition de Jugurtha qui provoqua une nouvelle agression contre Adherbal. Ce dernier prit la fuite pour Rome. Les Romains interviennent en 115 sous le commandement de Metellus et Marius. En 106 av. J.-C. l’ancien allié de Jugurtha, Bocchus roi de Maurétanie, le trahit et le livra aux Romains. Jugurtha mourut dans les geôles romaines en 104. Lors de l’expédition de Pompée contre les Marianistes, les Numides prennent le parti de ces derniers. Après la défaite des partisans de Marius, le royaume numide voit sa superficie se restreindre. De l’expédition de Jules César et sa victoire à Thapsus en fevrier 46 av. J.-C., naissent les provinces d’Africa Nova (issue de l’annexion du Regnum Numidiae) et Africa Vetus (l’ancien territoire de Carthage). Ces deux territoires forment, pendant un temps l’Afrique Proconsulaire. La gouvernance est assurée par un proconsul de rang sénatorial siégeant à Carthage. Les guerres africaines menées d’Auguste à Claude semblent n’avoir pour but que la pacification. En 19 av. J.-C., Cornelius Balbus (proconsul de 21 à 19 av. J.-C.) dirige une expédition contre les Guaramantes. Par la suite, Gétules et Musulames commencent à s’agiter. En 14 ap. J.-C. la construction de la rocade engendre une grande révolte des Musulames dirigés par Tacfarinas. L’insurrection est matée. Mais en 44 ap. J.-C., il y a de nouveau une 9 aggravation de la situation. En conséquence Claude manda Galba (pour deux ans) afin de rétablir l’ordre et de soumettre les Musulames. 10 En ce qui concerne, la conquête de la Numidie, Rome s’employa tant bien que mal à contrôler cette région très agitée. En effet, les populations se soulevaient fréquemment contre l’ordre romain. Les légions eurent grand mal à pacifier la région. Les Zénètes (populations nomades du Maghreb) se révoltaient souvent au Ier siècle ap. J.-C. De plus le manque de structures-relais de la romanité telles que les villes ou bien la morphologie du terrain (zones de montagnes) empêchaient les légions de bien contrôler ce territoire. On peut dégager trois grandes phases de l’expansion romaine en territoire numide : tout d’abord une phase de consolidation (création de colonies militaires), puis une extension (conquête passant nécessairement par la pacification de l’Aurès-Nemencha), et pour finir le démembrement (constitution des confins sahariens qui aboutirent à l’amputation d’une partie de la Proconsulaire ; partie qui passa sous l’autorité du légat d’Auguste propréteur). La deuxième phase s’amorça en 75 ap. J.-C. La IIIème légion Auguste fut transférée à Théveste. Une première route fut construite et reliait Hippo Regius au camp de la légion. Dans les premières années du règne de Trajan l’essentiel de la IIIème légion est en poste à Lambèse. A la fin du IIème siècle, Lambèse devient la capitale de la Numidie. Elle est reliée à Théveste via Thamugadi et Mascula. En 100, les forces romaines pénètrent dans l’Aurès. Une des principales conséquences est la création d’une rocade s’orientant vers le nord et empruntant le défilé d’El Kantara (oued el-Haï) et rejoignant Lambèse où elle souda l’axe Théveste-Lambèse. Ainsi l’ancien « limes » linéaire était doublé par une voie stratégique qui encerclait le massif. Une voie secondaire fut bâtie sous Hadrien et Antonin, désireux de poursuivre l’œuvre de Trajan. Le quadrillage du réseau routier fut renforcé par le Fossatum : système fortifié comprenant un fossé large de 4 à 10 m et appuyé de fortins et de tours de guet. Cet édifice montrait la volonté de barrer les couloirs de circulations aux tribus nomades. Selon les estimations, l’ouvrage devait s’étendre sur une longueur de 230 km. On constate donc un énorme investissement de la part des autorités romaines pour sécuriser leurs possessions sur les confins numido-sahariens. Avec la conquête romaine et la pacification de l’Afrique du Nord-Ouest, une intense phase d’urbanisation s’engagea. L’extension urbaine se poursuivit de deux façons : soit par agrandissement et transformation des établissements qui existaient déjà (exemple : Thubursicu Numidarum) avec l’application d’un véritable plan d’urbanisme ; soit par la fondation de nouveaux centres urbains aux endroits présentant un fort 11 potentiel économique et stratégique (exemple : Timgad). La création de colonies militaires a favorisé le processus d’urbanisation. L’objectif premier était de contrôler les vastes zones frontalières. J. Gascou évoque les conditions principales du développement du municipal en Afrique 1:  la paix : J. Gascou évoque la nécessaire pacification des aires où les nouvelles fondations étaient implantées pour favoriser le processus de municipalisation.  L’extension de l’occupation : cette dernière pouvait être une condition de la précédente. Ainsi l’éloignement de la frontière pouvait signifier une mise à distance des troubles. La création de Calame et Thubursicu Numidarum (sous Trajan) constituait pour J. Gascou un progrès de la pacification dans ce secteur. En effet, ces deux cités étaient éloignées du territoire initial de la Proconsulaire.  L’enrichissement économique des nouvelles et anciennes fondations légitimant ainsi la domination romaine car « propagatrice de bienfaits ».  L’émergence d’une culture syncrétique permettant ainsi un échange culturel tout en évitant une romanisation trop pesante. Le règne de Trajan fut celui qui vit une accélération de l’incursion romaine vers l’Ouest et donc une multiplication des fondations. Ainsi Thelepte, située à 65 km au Sud-Ouest de Théveste, Timgad, Diana Veteranorum étaient toutes des fondations de l’époque trajanne. Thelepte obtint son statut de colonie à partir de la moitié du IIème siècle. Théveste, quant à elle, était une colonie de vétérans. Toutes ces cités devenaient des municipes sur la base d’une structure urbaine préexistante. Selon J. Gascou « toute fondation de municipe suppose une maturation antérieure »2. Ainsi il n’y avait pas de création de municipes ex nihilo. Thubursicu Numidarum fut également créée sous Trajan et elle accéda au rang de municipe entre 100 et 117. J. Gascou voit plusieurs raisons à son élévation en municipe : une romanisation due à la proximité de Madauros et de la Confédération cirtéenne ; une valeur stratégique pour sa position sur la route entre Hippo Regius et Théveste. Calame (27 km au nord-ouest de Thubursicu Numidarum), quant à elle, uploads/Histoire/ amator-civitatis-les-notables-municipau-pdf.pdf

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  • Publié le Sep 14, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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