L'ART ROYAL, TRAHISON ET CLERCS Limousin Espalier, juin 1997 11 Il avait aimé l
L'ART ROYAL, TRAHISON ET CLERCS Limousin Espalier, juin 1997 11 Il avait aimé les belles choses et il avait eu de belles choses, une belle terre, de beaux meubles, de beaux chevaux, de beaux chiens, de belles maîtresses ; de tout cela il ne lui restait que quarante-cinq printemps,... La Chiberli, janvier 1881, p. 100. [...] il avait été précipité des hauteurs de la fortune ; il vivait au jour le jour ; il était discuté, traité de fou par sa famille toujours, par le public souvent ; ses amis des jours d'opulence l'avaient fui. Il s'était jeté dans les bras de la science, et cette science, la plus décevante et la plus trompeuse des maîtresses, le laissait mourir de faim. La Chiberli, janvier 1881, p. 143. [...] Ma vie est déjà si longue que je suis tout étonné de ce que j'ai écrit étant jeune, lorsque je le relis. La seule chose qui ait à peine varié en moi, depuis que je tiens une plume est l'écriture. Ceux qui ne m'ont pas vu jeune ne me reconnaissent pas dans mes photographies d'il y a quarante ans, et c'est à peine si je puis me persuader que je suis bien l'original de l'image fixée par le chlorure d'or. Le vieux dictionnaire, janvier 1881, p. 324. GRASSET D'ORCET De cet érudit, archéologue, historien et philologue, je n'aurais que peu d'informations biographiques40, si, en 1993, Mlle Valérie Gentil ne lui avait consacré un mémoire de maîtrise, présenté devant l'Université de Bordeaux.41 Claude-Sosthène Grasset d'Orcet naquit le 6 juin 1828 à une heure du matin, en l'hôtel de son père, rue du Monastère à Aurillac (Cantal). Mais c'est à Mauriac, dont ce père, Pierre- Joseph Grasset, fut maire et conseiller général, qu'il passa les premières années de sa vie. Il se trouve à la conjonction de deux lignées familiales très curieuses. LA LIGNÉE PATERNELLE Pierre-Joseph Grasset (1774, †1849), son père, était originaire du Dauphiné, d'une vieille famille d'ingénieurs civils et militaires. Son père était maître de forges à Allevard42 dans l'Isère. Cadet de treize enfants, il possédait des liens familiaux avec le célèbre trio dauphinois de la Révolution : Guerre-Dumolard, Mounier et Barnave. Guerre-Dumolard était son cousin germain, son parent et son tuteur, en fait son parrain, Mounier était aussi cousin germain et Barnave fut son parent, ami et maître. Pierre-Joseph Grasset fut arrêté avec d'autres jeunes gens, en raison de sa sympathie active pour Barnave. La protection de la générale Aline Dollin (épouse du général Dollin), l'envoya en mission de réquisition dans le Cantal, où il se fixa. Il acquit le nom d'Orcet par sa première épouse, Marie-Jeanne Delsol de Volpilhac (†10-1822) veuve de Barthélémy Devigier, seigneur d'Orcet43 (†1788). Celle- ci, alors âgée de soixante et onze ans, par le truchement de ce mariage, lui légua aussi sa fortune, non sans susciter maints ragots et des procès intentés par les héritiers naturels. [40] Ceux extraits de la notice nécrologique consacrée à Grasset d'Orcet par la Revue Britannique, en janvier 1901. [41] Grasset d'Orcet (1828,†1900) Docteur en Grimoire. Travaux dirigés par M. Claude Drouin, du département d'Histoire de l'Université Michel de Montaigne, qui a également publié dans un passé récent : Drouin (Jean- Claude), Une interprétation ésotérique de l'histoire de la Révolution française chez Grasset d'Orcet, Gnostiques et mystiques autour de la Révolution française, Politica Hermetica n°3, L'Âge d'homme, pp.106-118. Drouin (Jean-Claude), L'imaginaire de la nation chez l'ésotériste Grasset d'Orcet, L'imaginaire de la nation, (1792-1992), Actes du Colloque Européen de Bordeaux, 1991, pp.369-379. [42] La société Allevard Acier, qui a souvent changé de propriétaires dans l'histoire récente, subsiste à Le Cheylar, dans la vallée de l'Isère, à quelques kilomètres en aval d'Allevard. [43] Montagne de la commune de Le Fau, dans le Cantal. L'ART ROYAL, TRAHISON ET CLERCS Limousin Espalier, juin 1997 12 Barthélémy Devigier, capitaine de dragons, avait été un familier et sans doute l'amant de Mme du Barry, qui lui fit obtenir une charge de receveur des tailles. LA LIGNÉE MATERNELLE Sa mère était Antoinette de Chalembel44 (1806, †1837), dont le grand-père maternel, gentilhomme ruiné, petit-neveu de Marie-Angélique de Scoraille (Escoraille) de Rousille, duchesse de Fontange, s'était finalement enrichi dans la rouennerie. Il était cousin germain du marquis de Marcillac45, un des chefs des insurgés royalistes du midi, réfugiés en Espagne. Cette branche familiale d'Escoraille était issue du dernier des princes mérovingiens, Waïfre d'Aquitaine46. Grasset d'Orcet était également petit-neveu par cette branche du conventionnel régicide Jean-Baptiste Lacoste (1753, †1821)47. Son enfance s'écoula entre Mauriac, où se trouvait l'hôtel Devigier d'Orcet, et Saint- Germain Lembron. C'est chez sa grand-mère, à Saint-Germain Lembron, qu'il passa les meilleures années de sa vie. Lorsqu'il fut en âge de commencer des études sérieuses, ses parents l'envoyèrent au petit séminaire de Clermont-Ferrand, et plus tard au collège de Juilly (Seine-et-Marne) chez les oratoriens, où il fit de sérieuses études classiques, achevées au lycée Saint-Louis48. Après avoir terminé ses études de droit à Paris, il fréquenta l'atelier du sculpteur Elias Robert49, élève de Pradier et de David d'Angers. Avec ce sculpteur qui était alors fort prisé, il acquit de bonnes connaissances artistiques. Il fréquenta pendant trois années, de 1848 à 1851, le café de la Régence50 où il rencontra Alfred de Musset qui s'intoxiquait avec un épouvantable mélange de bière et d'absinthe, mais aussi Théophile Gautier, Barbey d'Aurevilly, Murger et son modèle Musette. Il participa aux événements de juin 1848, en s'enrôlant dans une compagnie de la 10e légion, commandée par le marquis de Saulcy. Ce sera entre les deux hommes le début d'une longue relation, fondée sur les mêmes intérêts intellectuels. L'AVENTURE CHYPRIOTE La mort de son père (1849) mit Grasset d'Orcet à la tête d'une fortune suffisante pour assurer son indépendance. Il partit après 1852 pour un voyage d'études sur le pourtour de la Méditerranée, séjourna à Milan, Rome, Naples, Vienne, Athènes, Constantinople. Une partie de chasse l'entraîna avec quelques amis à Chypre. Il y fut séduit par la beauté du paysage dans les environs de Paphos, et résolut de se fixer dans cette île si florissante dans l'Antiquité et sous la dynastie française des Lusignan.51 Il semble qu'au siècle dernier [44] Chalembel : famille anoblie par Louis XVIII, dont les armes sont : de sable, à deux lions affrontés, couronnés d'or, soutenant un lis de jardin au naturel. [45] Marcillac (Pierre-Louis Auguste de Crussy, marquis de) (Vauban 09/02/1769, † Paris 25/12/1824). Colonel du régiment Picardie-Cavalerie (1787). Il fit la campagne de 1792, servit en Espagne sous Saint- Simon et Ventura, passa en Angleterre auprès de Cadoudal, servit sous Souvarov. Il se rallia à l’Empire et fut sous-préfet de Villefranche (Aveyron) en 1812. En 1816 il présida avec une extrême partialité le premier conseil de guerre, celui qui jugea le maréchal Ney, et il se fit remarquer par son étroitesse d'esprit. [46] Celui-ci, qui participa à l'armée franque réunie par Charles Martel pour la bataille de Poitiers en 732, fut assassiné vers 738 dans la forêt de la Double, en Dordogne, prés d'Echourgnac, où il aurait été inhumé sous la motte de Vaudu (commune de saint-Michel-Léparon). [47] Il avait des parents dans les deux camps, bleu et blanc, il est donc crédible a priori quand il entend nous apporter sa leçon sur les événements de la Révolution et la condamnation de Louis XVI. [48] Il semble qu'il obtint un accessit de grec au concours général des lycées. [49] Robert (Louis-Valentin Elias) né à Etampes en 1821, mort à Passy en 1874. [50] Qui se trouvait alors au coin de la place du Palais Royal, face au Théâtre français. [51] Comtes de la Marche, capitale Guéret, le pays des maçons limousins. L'ART ROYAL, TRAHISON ET CLERCS Limousin Espalier, juin 1997 13 des traditions artisanales et païennes fortes y survivaient.52 Il ne retourna en Auvergne qu'en 1858, afin de trouver une solution pour son château, Le Clau, à coté de Naucelle (Cantal), déjà largement hypothéqué, et qu'il vendit. Il raconte alors qu'il avait fallu aviser, c'est-à-dire chercher l'héritière. C'est finalement à Chypre qu'il épousa la fille d'un ancien médecin-major de l'armée française, établi depuis longtemps à Nicosie. Nommé agent consulaire de France à Famagouste, il parcourut Chypre en tous sens à la recherche d'antiquités. Il voyagea, visita la Bulgarie en 1865, Corfou, où il rencontra son homonyme Edouard Grasset, consul de France. Il traversa l'Asie Mineure et la Turquie d'Europe, l'Égypte, la Tunisie. Il fit des recherches personnelles et des découvertes comme la tablette de Soli, ou la petite statue de Junon. Grâce à l'orientaliste Guillaume Rey, compagnon d'exploration, il fit la connaissance de Mme Cornut, qui fut à l'origine de l'achat de la collection Campana. Cette collection fut inaugurée en mai 1862, et Grasset d'Orcet passa six mois à en étudier les rébus 53. Par Mme Cornut (sœur de lait et filleule de Napoléon III), il put entrer en contact avec Renan, qu'il retrouva à Beyrouth, en septembre 1861. Il participa à la prestigieuse mission de Phénicie. Il semble qu'il ait été l'instigateur de l'incorporation de Chypre dans l'aire d'exploration. La France commençait alors à s'intéresser à uploads/Histoire/ grasset-dor-cet.pdf
Documents similaires
-
17
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Oct 02, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
- Taille du fichier 0.6530MB