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Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 29-05-2015 P e t i t e b i b l i o t h è q u e d e S c i e n c e s H u m a i n e s LES PENSEURS DE LA SOCIÉTÉ Durkheim Tocqueville Tarde Simmel Weber Keynes Elias Parsons Goffman Bourdieu Crozier Becker Foucault Morin Honneth Boltanski Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 29-05-2015 Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 29-05-2015 LES PENSEURS DE LA SOCIÉTÉ Coordonné par Xavier Molénat La Petite Bibliothèque de Sciences Humaines Une collection dirigée par Véronique Bedin Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 29-05-2015 Maquette couverture et intérieur : Isabelle Mouton. Diffusion : Seuil Distribution : Volumen En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement, par photocopie ou tout autre moyen, le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français du droit de copie. © Sciences Humaines Éditions, 2015 38, rue Rantheaume BP 256, 89004 Auxerre Cedex Tél. : 03 86 72 07 00/Fax : 03 86 52 53 26 ISBN = 978-2-36106-300-9 Retrouvez nos ouvrages sur www.scienceshumaines.com http://editions.scienceshumaines.com/ 9782361063023 Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 29-05-2015 5 Avant-Propos C omment fonctionne une société ? Comment expliquer les phénomènes de coopération ou d’inégalités ? D’où vient le changement ? Ce n’est pas un hasard si ces questions n’émergent qu’au xixe siècle. Pour l’Europe et les États-Unis, c’est une période de profonds bouleversements. Il aura fallu trois révolutions – politique (Révolution française), écono- mique (Révolution industrielle) et intellectuelle (avènement de la science moderne) – pour mettre in à l’idée que la société reposerait sur un ordre divin, naturel ou spontané : ce sont bien les hommes, et eux seuls, qui font l’histoire. Mais comment s’y prennent-ils ? Tel est le fondement du questionnement sur la société. Quittant progressivement le domaine de la spéculation ou de la pensée utopique, les rélexions sur la nature propre des phénomènes sociaux ont pris peu à peu un tour scientiique. Qu’ils soient sociologues, philosophes ou économistes, les pre- miers penseurs de la société ont, face à un monde entièrement nouveau, scruté les transformations qu’engendrent l’avènement de la démocratie (Alexis de Tocqueville), le règne du capitalisme (Karl Marx) ou la rationalisation du monde (Max Weber). Au cours du xxe siècle, la professionnalisation des sciences sociales et la spécialisation des chercheurs conduisent à une démultiplication des regards. Aux théories fondées sur les rap- ports de domination (Pierre Bourdieu) ou la centralité des mouvements sociaux (Alain Touraine) répondent des travaux investiguant le quotidien des interactions (Erving Gofman, l’ethnométhodologie) ou la rationalité des individus (Raymond Boudon, Gary Becker, Michel Crozier). Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 29-05-2015 Les penseurs de la société Une démultiplication telle qu’au cours des dernières décen- nies, les penseurs de la société semblent avoir fait le deuil d’une théorie globale. La dissolution des groupes sociaux (Jean- François Lyotard et la pensée postmoderne), la globalisation (Saskia Sassen, Manuel Castells, Zygmunt Bauman) mettent à mal l’idée même de société. Pourtant, le vieux monde social n’a pas entièrement disparu… Un tour d’horizon pour mieux com- prendre le présent. Xavier Molénat Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 29-05-2015 – Adam Smith. L’intérêt et la morale (Michaël Biziou) – Charles Fourier. La mécanique des passions (Xavier de la Vega) – Alexis de Tocqueville. Heurs et malheurs de la démocratie (Éric Keslassy) – Herbert Spencer. Évolution et Société (Daniel Becquemont et Dominique Ottavi) – Karl Marx. Capital et Travail (Jean-François Dortier) – Émile Durkheim. L’invention du social (David Ledent) – Gabriel Tarde. Les lois de l’imitation (Solenn Carof) – Georg Simmel. L’ambivalence de la modernité (Xavier Molénat) – Max Weber. La rationalisation du monde (Jean-François Dortier) – Norbert Elias. La paciication des mœurs (René-Éric Dagorn) – John Maynard Keynes. L ’État régulateur (Jean-François Dortier) – Karl Polanyi. Le père de la socioéconomie (Nicolas Journet) LE TEMPS DES FONDATEURS Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 29-05-2015 Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 29-05-2015 9 A irmer qu’Adam Smith compte au nombre des grands penseurs de la société peut paraître incongru, voire provocateur. Ce père fondateur du libéralisme économique ne serait-il pas enclin à concevoir la société sur le modèle simpliica- teur du marché ? Nullement, pour la bonne raison que Smith est un philosophe des Lumières, époque où la science économique ne prétend pas encore être une discipline autonome, donc non coupée d’autres domaines du savoir – philosophie morale, théo- rie politique, science juridique, analyse psychologique. Le projet intellectuel de Smith se nourrit d’une vaste culture, et ne s’inspire pas moins des conceptions antiques de la cité (Platon, Aristote, les stoïciens ou les épicuriens), de la tradi- tion du droit naturel du xviie siècle (Grotius, homas Hobbes ou John Locke) et de la philosophie politique des Lumières (Montesquieu, John Mandeville, David Hume ou Jean-Jacques Rousseau), que de la science économique de son temps (physio- cratie, mercantilisme). C’est pourquoi son œuvre ne se limite pas aux doctrines économiques de sa fameuse Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776). Elle contient aussi, notamment, une philosophie morale publiée dans la héorie des sentiments moraux (1759), ainsi que des considéra- tions juridiques rassemblées dans les Leçons sur la jurisprudence (1762-1764). Pris ensemble, ces trois livres développent toute une théorie de la société. Deux grandes idées la structurent. Premièrement, l’ordre social est une conséquence non intentionnelle des actions humaines. Autrement dit, les hommes qui participent à cet ordre agissent le plus souvent sans vouloir le produire et sans même savoir qu’ils le produisent. C’est ce qu’exprime ADAM SMITH (1723-1790) L’intérêt et la morale Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 29-05-2015 Les penseurs de la société 10 la célèbre métaphore smithienne airmant que tout se passe comme si une « main invisible » ordonnait les agents à leur insu. Deuxièmement, cet ordre non intentionnel peut ensuite être amélioré de façon intentionnelle, une fois que les hommes ont pris conscience de son fonctionnement spontané. Les agents peuvent alors faciliter leurs interactions en prenant des disposi- tions qui leur sont utiles. La tâche de la philosophie morale, de la science économique et de la théorie juridique est justement d’aider à l’invention de telles dispositions. L’ordre social spontané L’ordre social spontané commence selon Smith par le phéno- mène psychologique de la sympathie. Parce qu’ils sympathisent les uns avec les autres, les hommes sont enclins à ne pas se nuire les uns aux autres, et même à se faire plaisir quand c’est possible. Un tel comportement ne vise qu’à se sentir bien avec autrui de façon ponctuelle, mais à force de se répéter à grande échelle, il init par produire de façon non intentionnelle un ordre social normé par une morale de la bienveillance. De même, au sein de cet ordre social, les hommes ont ten- dance à être impressionnés par les riches et les puissants, et par respecter leur autorité. Un tel comportement ne vise qu’à mon- trer sa déférence ponctuellement, mais à force de se répéter à grande échelle, il init par produire de façon non intentionnelle un rapport politique qui se transforme en gouvernement. De même encore, dans le cadre des échanges commerciaux, les hommes ont tendance à poursuivre leur intérêt en cherchant une ofre qui correspond à leur demande, et réciproquement en proposant à autrui une ofre qui rencontre sa demande. Un tel comportement ne vise qu’à satisfaire son intérêt ponctuellement, mais à force de se répéter à grande échelle il init par produire de façon non intentionnelle un circuit économique où la produc- tion s’accorde à la consommation et assure la croissance. Un ordre social susceptible d’être amélioré Or cet ordre social qui s’autoinstitue et s’autorégule succes- sivement aux niveaux moral, politique et économique, peut Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 29-05-2015 11 Le temps des fondateurs ensuite faire l’objet d’améliorations. Aidés par la connaissance du fonctionnement spontané de l’ordre, les hommes peuvent prendre des mesures pour rendre les rapports individuels plus bienveillants, le gouvernement plus juste, et le marché plus ei- cient. La morale, la politique et l’économie prennent intention- nellement soin du lien social, dont elles ont d’abord émergé non intentionnellement. Paradoxalement, Smith a été victime de son succès. L’extraordinaire renommée qu’a acquise ce chef-d’œuvre de la pensée économique qu’est l’Enquête sur la richesse des nations a pu éclipser le reste de sa rélexion. À partir de la seconde moi- tié du xixe siècle, l’autonomisation de la science économique a conduit à isoler les thèses économiques de Smith. La « main invisible » n’est plus vue comme la métaphore d’un ordre social spontané, mais comme une intuition du problème de la meil- leure allocation des ressources dans le cadre d’un marché parfait. uploads/Histoire/ les-penseurs-societe.pdf
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- Publié le Nov 18, 2022
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