N° 415 - Existe-t-il une vie scolaire ? juin 2003 édition au format PDF SOMMAIR

N° 415 - Existe-t-il une vie scolaire ? juin 2003 édition au format PDF SOMMAIRE (cliquez sur un titre pour accéder directement à l’article) BILLET DU MOIS Pierre Madiot : Les « guerres de Troie » ont toujours lieu Paroles du CRAP : Quelle école aimons-nous ? ACTUALITÉ ÉDUCATIVE Odile Chenevez : Face à la guerre Entretien avec Michel Develay : Quelle formation initiale des enseignants ? Alain Legardez : Former des généralistes ou des spécialistes ? L’école de Charb DOSSIER ET CHEZ TOI ÇA VA ? Christine Vallin, Claudine Cordier, textes d’élèves, Khadidja Licir, Jean-Claude Voirpy, Lydie Jordi, Rémi Fossart de Rozeville, Denis Gruant FAITS ET IDÉES Marie Andrée Vanhove : Le quoi de neuf, un outil pour l’heure de vie de classe ? Scampa Paolo : Alphabétiser l’oreille DES LIVRES POUR NOUS Maurice Mazalto, Alain Picquenot, Jean-Jacques Paul, Ahmed Lamihi et Gilles Monceau, Jean Ecalle et Annie Magnan. Éditorial : Anouk Pantanella et Richard Étienne : La vie scolaire dans tous ses états .............................. 12 1-De la caserne à la maison des lycéens Marc-Henry Broch : Dans l’histoire et aujourd’hui ..... 13 Clara Mourey : Un silence éloquent .......................... 15 Anne-Marie Gioux : La Vie [scolaire], mode d’emploi… .............................. 17 Collectif CPE de Brie Sénart : CPE, que du bonheur ! ............................................... 20 Olivier Genoux : Les atouts de l’internat ................... 22 Anouk Pantanella : Les dérives de la décentralisation ............................... 24 2. Violences et médiations Alain Abadie : CPE : Conseiller en Parole et en Écoute ..................... 27 Gardy Bertili : La violence est-elle nécessaire ? ........ 28 Nathalie Mikaïloff : Entre shérif et psy ...................... 30 Patrice Teissier : Très flamenco ! ............................. 32 Marie-Clotilde Pirot : « Toi, tu vas aller chez le CPE ! » ................................ 34 3. Entre éducation et pédagogie Christine Gibon-Alphand : Au cœur du projet d’établissement .............................. 37 Ahmed Bouhaba : Le CPE et la pédagogie ............. 40 Laure Laborde : Articuler éducation et pédagogie ..... 43 Alain Suran : Le choix du terrain................................ 44 Alain Enjolras : Une radio dans la vie scolaire .......... 46 Olivier Boyer : Ouvrir une Fenêtre au quotidien ........ 48 Géraldine Marty : Je suis CPE au collège expérimental Clisthène… ........ 51 Loïc Clavier : La formation des CPE en IUFM ........... 55 Robert Ballion : La vie scolaire en question .............. 56 Bibliographie ........................................................... 57 Mini-dossier : Apprendre et vivre la démocratie à l’école .......................................................65 Jean-Michel Zakhartchouk : Analyse de pratiques et démocratie Guy Lavrilleux et Gérard Auguet : Démocratique ou démocratisante ? Florence Casticaut et Christian Frin : Démocratisation des savoirs ? Richard Étienne et Noëlle Villatte : Une politique démocratique dans un établissement scolaire Exemplaire réservé : YAZBEK NAJA Billet du mois Billet du mois Les « guerres de Troie » ont toujours lieu Hector : Tu sais, quand on a découvert qu’un ami est menteur ? De lui tout sonne faux, alors, même ses vérités… […] La lance qui a glissé contre mon bouclier a soudain sonné faux, Et le choc du tué contre la terre, et, quelques heures plus tard, l’écroule- ment des palais. Et la guerre d’ailleurs a vu que j’avais compris. Et elle ne se gênait plus… Les cris des mourants sonnaient faux. J’en suis là. Jean Giraudoux, La guerre de Troie n’aura pas lieu. Encore une guerre de finie. J’avoue que j’ai eu bien du mal, pendant cette période, à m’adres- ser sereinement aux élèves dans le cadre atemporel des règles de la rhétorique, de la dua- lité baudelairienne ou des mythes antiques revisités par nos dramaturges contemporains. Dans ma classe de première, il y avait quelque chose qui ne fonctionnait plus, comme si, confrontés à la réalité d’un monde jeté dans l’aventure des luttes à mort, les usages de l’école apparaissaient comme les conventions d’un univers parallèle à la fois proche et étran- ger. L’étude de la réactualisation par Giraudoux de la révolte contre l’absurde cruauté des batailles s’est superposée, de façon exacte et distanciée, à la situation réelle qui apparais- sait tout aussi inconcevable que l’histoire racontée par le mythe. Cela en devenait incongru et presque indécent. Oui, la guerre aurait bien lieu. Personne n’en doutait. La vraie, pas celle de Troie qui, finalement, a conservé son statut d’allégorie lointaine. Certes, le « discours aux morts » a fait son petit effet : l’Hector de Giraudoux y déclare que la guerre lui semble « la recette la plus sordide et la plus hypocrite pour égaliser les humains ». Mais l’enjeu du conflit qui se discutait à l’ONU avait envahi les écrans, les journaux, les consciences et paralysait la réflexion comme le fait la tyrannie de la fatalité quand le dénouement est aussi universel- lement annoncé. Car, au-delà de la trouvaille médiatique qui a consisté à enrôler les journalistes pour qu’ils assistent aux combats avec le point de vue du tireur – alors que d’autres, en face, s’effor- çaient de saisir les impacts –, la vraie nouveauté a été, cette fois, de traiter comme un grand show le débat sur les raisons de la guerre. Jusqu’au sein des Nations unies, lieu où la pa- role de tous les États peut s’exprimer et peser chacune le poids d’un vote, les discours op- posés se sont mis en scène à l’intérieur d’un rituel planétaire dont tout le monde reconnaissait les gestes en espérant vaguement une issue imprévue. Vu de ma classe de première, le paradoxe était saisissant : les personnages de théâtre, étu- diés dans le cadre de la parenthèse scolaire, faisaient écho aux déclamations des acteurs politiques qui se campaient dans des postures définitives. Les arguments des uns suren- chérissant sur les raisonnements des autres, tout, peu à peu, s’est mis à sonner faux. Les valeurs premières et les intérêts supérieurs tour à tour invoqués se sont entraînés dans une spirale de certitudes inébranlables jusqu’au trop-plein et à l’écœurement. Tandis que, dans les livres, nous tentions de rejoindre les héros de nos mythes fondateurs, les acteurs du monde réel nous offraient de vains débats, nous gavaient de fausses raisons, invoquaient de nobles valeurs, cachaient chacun de vrais intérêts géopolitiques et écono- miques, et se revendiquaient qui du droit, qui du bien, pour jouer leur rôle sur la scène d’un affrontement programmé. La fiction en devenant plus humaine, la cruauté qu’Antonin Artaud voulait faire apparaître dans la symbolisation théâtrale s’est transportée, après les préliminaires d’usage, dans la représentation du champ de bataille, jusqu’à la caricature. Malgré cela, il faut revenir aux textes et inviter les élèves à construire des discours cohé- rents, argumentés, nuancés et sincères. Il me semble que c’est devenu plus difficile et que ça ne va pas tellement s’arranger… Pierre Madiot, professeur en lycée SOMMAIRE SOMMAIRE Exemplaire réservé : YAZBEK NAJA 3 les cahiers pédagogiques n° 415, juin 2003 L uc Ferry nous propose un grand débat sur l’école. Nous aurions mauvaise grâce à le refuser dès lors que, parmi dix réformes prioritaires, sont annoncés les grands chantiers que sont la lutte contre l’illettrisme, contre la violence, et pour une meilleure formation des maîtres. Malheureusement, il suffit de parcourir le préambule de la Lettre qu’il envoie aux enseignants pour commencer à avoir des inquiétudes. Si l’école est en crise, laisse en effet en- tendre Luc Ferry, c’est parce que l’esprit de Mai 68 a trouvé son couronnement dans la loi d’orientation de 19891. Ainsi, en plaçant l’élève au centre du système, on aurait entraîné l’école dans l’abandon de l’effort, dans la spontanéité d’une expression libérée de toute norme, dans un jeunisme délé- tère. Et Xavier Darcos de surenchérir sans nuances : « Une certaine démagogie a voulu faire de l’école un lieu de vie, un es- pace ludique qui bannirait tout effort de l’élève en même temps que disparaîtraient toutes les formes d’acquisition d’un savoir solide, grammaire, dictées, calcul mental. » Voilà qui est expé- dié ! Nous avons le diagnostic et le remède… Et voilà pour- quoi votre enfant ne sait pas lire et pourquoi, de surcroît, il insulte ses maîtres. Revenons aux bons exercices d’autrefois et l’école sera bien gardée… Passe que des pamphlétaires s’amusent à jongler avec ces slo- gans simplificateurs. Mais de telles affirmations sous la plume des ministres consterneront plus d’un enseignant. Car, à vrai dire, que signifie « mettre l’élève au centre » sinon que c’est l’élève qui doit apprendre, même si c’est le maître qui en- seigne ? S’il est capital de donner aux élèves la possibilité de faire état de leurs connaissances et de leurs représentations, c’est pour leur permettre de les faire évoluer et d’en acqué- rir de nouvelles. Qui a sérieusement prétendu que le savoir de l’élève devait se substituer à celui du professeur ? Les « idées simples » qui accréditent l’idée selon laquelle « l’école nouvelle » opposerait l’esprit critique à l’autorité ne peuvent mener qu’à l’impasse. Ce simplisme conforte en effet ceux qui, croyant devoir choisir entre les deux, attri- buent aux uns le savoir, aux autres l’ignorance, et qui enté- rinent ainsi les situations d’échec scolaire. Enfin, les accusations de uploads/Histoire/ cahiers-pedagogiques-415.pdf

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  • Publié le Jui 25, 2021
  • Catégorie History / Histoire
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