Trimestriel • janvier - février - mars 2011 • N° 21 • Bureau de dépôt : Liège X
Trimestriel • janvier - février - mars 2011 • N° 21 • Bureau de dépôt : Liège X C’est à l’initiative du Ministre flamand en charge du patrimoine Geert Bourgeois (que l’on connaît plus pour d’autres dossiers de ce côté de la frontière linguistique) qu’un colloque européen a rassemblé à Bruges, le 9 décembre dernier, en trois langues s’il vous plaît (néerlandais, français, anglais) et en présence du Ministre de bout en bout, plusieurs dizaines d’experts de tous les pays membres autour du thème « Patrimoine : une ressource pour l’Europe ». Le fait mérite d’être signalé car, comme l’ont souligné plusieurs orateurs étrangers durant cette journée, c’est la première fois qu’un État mettait à profit sa présidence tournante pour inscrire la politique du patrimoine à l’agenda européen, alors que l’Union européenne ne joue en principe qu’un rôle de facilitateur, à titre largement subsidiaire, dans ce domaine. Cette initiative a donc été fortement appréciée par tous les experts présents, qui verraient d’un bon œil l’Union soutenir plus ouvertement et plus activement les politiques nationales ou régionales en faveur du patrimoine européen, l’un des plus riches et des plus divers au monde comme cela fut rappelé, facteur important de l’identité européenne, élément majeur dans la qualité des cadres de vie, grand pourvoyeur d’emplois directs et indirects aussi. Pour la Wallonie, des représentants de l’Institut du Patrimoine et la responsable des dossiers internationaux du Département du Patrimoine du SPW assistèrent aux échanges de l’après-midi et aux exposés du matin. Un de ceux-ci fut particulièrement « décapant », puisque le directeur général de English Heritage, Simon Thurley, après avoir attiré l’attention sur les menaces pesant sur le patrimoine moderniste autant que religieux et insisté sur la nécessité d’asseoir les politiques du patrimoine sur des plans globaux à long terme s’accordant peu avec le court terme des décideurs politiques, insista enfin sur les limites, à ses yeux, de « l’instrumentalisation économique du patrimoine » à laquelle le secteur a eu largement recours ces dernières années, surtout (et en tous cas plus tôt) dans les pays anglo-saxons que latins, pour obtenir l’accroissement des crédits publics accordés aux monuments, justifier leur importance ou plaider pour leur maintien. Selon Thurley, aucun des arguments habituellement invoqués en la matière (emplois dans le secteur de la construction, retombées touristiques, etc.) n’a fait le poids, dans aucun pays européen ces dernières années, lorsqu’il s’est agi pour les décideurs politiques (confrontés aux mesures d’économie à prendre face à la crise) de faire le choix entre des crédits pour les monuments (ou pour les politiques culturelles au sens large d’ailleurs) et ceux pour les aides aux personnes, la lutte contre la criminalité, la construction de logements sociaux ou de prisons par exemple. Les effets perceptibles de la réduction des budgets du patrimoine – depuis les chantiers à l’arrêt en France voici quelques années jusqu’aux récents effondrements de vestiges archéologiques en Italie – ne manquent pas. C’est pourquoi Thurley plaidait pour que les acteurs de la politique du patrimoine rompent avec le discours « économiste » et renouent avec les arguments culturels et historiques de base, ou qu’au moins les retombées chiffrées ne viennent plus qu’en appui, mais non comme argument central, en faveur de la politique du patrimoine, qu’il soit bâti ou naturel : celle-ci doit exister, tout simplement, au même titre que les soins de santé par exemple, parce qu’elle répond aux aspirations de millions de citoyens européens en termes de transmission des traces de leur histoire, de préservation des éléments phares de leur cadre de vie urbain ou rural et plus généralement de la beauté de celui-ci, de passion pour leur village ou leur quartier. Un discours politiquement bien plus difficile à alimenter et à tenir que celui des chiffres qui tiennent lieu d’idéologie bien souvent aujourd’hui, admettait l’orateur, mais c’est peu dire que ses réflexions interpellèrent une bonne part de l’assemblée à un moment où chacun devait admettre le bien-fondé de son constat quant aux évolutions budgétaires, mais à un moment aussi où les arguments « économistes » en faveur du patrimoine commencent seulement à percoler dans le secteur et en dehors de celui-ci dans certains pays. Ce sont d’ailleurs ces arguments-là, et eux seuls, qu’utilisa ensuite l’oratrice représentant la Commission européenne, en rappelant que l’Union reconnaissait le patrimoine comme un élément moteur du tourisme culturel et qu’elle avait consenti plusieurs milliards d’euros en faveur de dizaines de monuments européens dans le cadre des Fonds structurels. Le représentant du Conseil de l’Europe rappela les nombreuses C o n v e n t i o n s en faveur du patrimoine déjà adoptées au niveau de l’Europe des 49, et la secrétaire générale d’Europa Nostra le rôle de sa fédération, notamment dans les prix européens du patrimoine, on évoqua la nécessité de faire du label « Patrimoine européen » non un succédané sans envergure du label Unesco mais un signe distinctif des lieux ayant joué un rôle véritable dans l’histoire de l’Europe et de la construction européenne, enfin la députée espagnole au Parlement européen Cristina Gutiérez-Cortines plaida, avec une fougue que l’on voudrait croiser plus souvent, pour que le secteur s’efforce de secouer les murs de l’Union, et force celle-ci à « dépasser la subsidiarité qui paralyse ». À la fin de la journée, une « déclaration de Bruges » (disponible sur le site web de la présidence belge de l’Union) fut rendue publique. Dans ce texte, la présidence belge appelait à un renforcement de l’organisation des acteurs du patrimoine au niveau européen via la mise en place d’une plate-forme internationale de réflexion et d’action afin de mieux intégrer le potentiel du patrimoine dans les politiques européennes en général, et elle s’engageait à contribuer concrètement à la création de cet organe en épaulant pour ce faire la présidence suivante, exercée par la Hongrie, qui était représentée à Bruges par le vice-président de l’Office national hongrois du Patrimoine, Tamas Fejerdy. Les participants wallons ont fait part à ce dernier de leur disponibilité pour contribuer à cette entreprise. Espérons et faisons en sorte, chacun à notre niveau, que ce beau moment d’ouverture et d’engagement pour l’avenir ne reste pas lettre morte. La Présidence belge de l’Union européenne et le patrimoine La Lettredu Patrimoine Institut du Patrimoine wallon • Rue du Lombard, 79 • 5000 Namur BELGIë - BELGIQUE P.B./P.P. B - 78 Bureau de dépôt 4099 Liège X P501407 1 Le tracé de la voie romaine Bavay-Tongres à Grand- Manil (Gembloux). Photo G. Focant © SPW Le lundi 11 octobre 2010, la Commission royale a organisé une journée d’études consacrée à la mise en lumière du Patrimoine. Ce projet a été mis sur pied dans la continuité des réflexions menées lors d’une séance spéciale organisée au sein des bâtiments du Vertbois sur le thème de « la mise en valeur nocturne du Patrimoine » par la Chambre provinciale de Liège de la CRMSF en 1999 et recueillies dans une brochure intitulée Équipements électriques et Patrimoine éditée en mai 2000. La CRMSF est de plus en plus souvent interrogée sur des projets de mise en lumière de biens classés. Les exemples abondent : la collégiale Sainte-Ode à Amay, l’hôtel de Ville de Liège, la basilique Saint-Martin à Liège, le Publémont à Liège, l’église Saint-Jacques à Liège en sont quelques exemples. Cependant, pour concevoir les projets d’éclairage, il n’existe pas de balises qui permettent d’adopter une même ligne de conduite (prise en compte de l’environnement direct, support de communication souvent insuffisant, voire Une cérémonie officielle, réunissant les membres de la CRMSF mais également ses homologues bruxellois, flamands et germanophones, s’est tenue le 25 novembre à Bruxelles, en présence des Altesses Royales le Prince Laurent et la Princesse Claire. Pour rappel, la CRMSF organise des conférences ouvertes à tous. Elles se tiennent au sein des bâtiments du CESRW, siège de la Commission royale (rue du Vertbois 13c à 4000 Liège), de 12h à 14h. Voici le programme 2011 : Jeudi 24 février 2011 : Les Romains en Wallonie et la Romanisation Raymond Brulet, Professeur à l’Université catholique de Louvain Jeudi 23 juin 2011 : La collégiale romane de Soignies. Une restauration d’envergure pour un monument exceptionnel Jacques Deveseleer, Historien de l’Art, difficile à comprendre ou reflétant mal la réalité du projet, etc.). De plus, bien souvent, l’objectif même de la mise en lumière diffère selon les intervenants. Il est souvent question d’une mise en valeur touristique du monument classé, voire de préoccupations sécuritaires, alors qu’un éclairage temporaire, voire exceptionnel suffirait. Dans tous les cas, il reste la question du coût et de la pollution lumineuse que génère une mise en lumière. Les nouvelles technologies contribuent pour leur part à l’apparition de projets à tendances spectaculaires. La journée d’études a eu pour but de sérier et d’approfondir ces différentes problématiques. C’est pourquoi les interventions ont couvert des sujets variés tels que : le cadre légal et les initiatives en • matière d’éclairage public subsidié en Région wallonne ; le champ d’action et la position • adoptée par la Direction générale Durant la séance académique organisée à uploads/Histoire/ lettre-patrimoine21.pdf
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- Publié le Jan 14, 2022
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