STUDIA ARTISTARUM Études sur la Faculté des arts dans les Universités médiévale

STUDIA ARTISTARUM Études sur la Faculté des arts dans les Universités médiévales 26 ARTS DU LANGAGE ET THÉOLOGIE AUX CONFINS DES XIe-XIIe SIÈCLES TEXTES, MAÎTRES, DÉBATS Irène ROSIER-CATACH BREPOLS 2011 Sommaire Introduction ......................................................................................... IX 1. Synthèses 1.1. GUILLAUME DE CHAMPEAUX : ASPECTS BIOGRAPHIQUES ET INTELLECTUELS .............................................................................. 1 GRONDEUX Anne, Guillaume de Champeaux, Joscelin de Soissons, Abélard et Gosvin d’’Anchin : étude d’’un milieu intellectuel ..................................................................................... 3 MIRAMON Charles de, Quatre notes biographiques sur Guillaume de Champeaux ............................................................................... 45 MEWS Constant J., William of Champeaux, the Foundation of Saint-Victor (Easter, 1111), and the Evolution of Abelard’’s Early Career ............................................................................................ 83 1.2. LES ARTS DU TRIVIUM ET LA THÉOLOGIE ................................. 105 GRONDEUX Anne, ROSIER-CATACH Irène, Les Glosulae super Priscianum et leur tradition ........................................................... 107 MARENBON John, Logic at the Turn of the Twelfth Century : a synthesis ........................................................................................ 181 WARD John O., FREDBORG Karin Margareta, Rhetoric in the time of William of Champeaux .............................................................. 219 GIRAUD Cédric, La sacra pagina et les écoles du premier XIIe siècle ........................................................................................ 235 1.3. MÉTHODOLOGIE ...................................................................... 247 POIREL Dominique, Datation des textes et traitement des recensions multiples ...................................................................... 249 JACOBI Klaus, William of Champeaux. Remarks on the tradition in the manuscripts ......................................................................... 261 VI ARTS DU LANGAGE ET THÉOLOGIE AUX CONFINS DES XIe-XIIe SIÈCLES 2. Contributions CINATO Franck, Expositiones verborum : le travail lexicogra- phique produit sur l’’Ars Prisciani du IXe siècle à Pierre Hélie ..... 275 CAIAZZO Irene, Manegold, modernorum magister magistro- rum ................................................................................................ 317 GIRAUD Cédric, L’’école de Laon entre arts du langage et théologie ........................................................................................ 351 ERISMANN Christophe, Penser le commun. Le problème de l’’universalité métaphysique aux XIe et XIIe siècles .......................... 373 POIREL Dominique, Magis proprie : la question du langage en théologie chez Hugues de Saint-Victor .......................................... 393 BRUMBERG Julie, Les universaux dans le commentaire du Pseudo-Raban à l’’Isagoge (P3) : entre Boèce et la théorie de l’’essence matérielle ....................................................................... 417 FREDBORG Karin Margareta, Notes on the Glosulae and its reception by William of Conches and Petrus Helias ..................... 453 ARLIG Andrew, Early Medieval Solutions to some Mereological Puzzles : the Content and Unity of the De generibus et speciebus . 485 RODRIGUES Vera, Pluralité particularisme ontologique chez Thierry de Chartres ....................................................................... 509 3. Dossiers 3.1. LE COMMENTAIRE SUR PRISCIEN ATTRIBUÉ À JEAN SCOT ERIGÈNE ......................................................................................... 537 CINATO Franck, Marginalia témoins du travail de Jean Scot sur Priscien .......................................................................................... 539 MAINOLDI Ernesto Sergio, Vox, sensus, intellectus chez Jean Scot Érigène. Pour une focalisation des sources possibles du débat théologico-grammatical au XIe siècle ............................................ 565 LUHTALA Anneli, Eriugena on Priscian’’s Definitions of the Noun and the Verb .................................................................................. 583 3.2. PRÉ-VOCALISTES ET VOCALISTES ............................................ 603 MARTIN Christopher J., A Note on the Attribution of the Literal Glosses in Paris, BnF, lat. 13368 to Peter Abaelard .................... 605 CAMERON Margaret, Abelard’’s Early Glosses : Some Questions . 647 SOMMAIRE VII HANSEN Heine, In Voce / In Re in a Late XIth century commentary on Boethius’’ Topics ....................................................................... 663 CAMERON Margaret, The Development of Early Twelfth Century Logic : a Reconsideration ............................................................. 677 EBBESEN Sten, An Argument is a Soul .......................................... 695 Bibliographie Abréviations .................................................................................. 711 Textes et auteurs anciens ............................................................... 713 Auteurs modernes .......................................................................... 725 Indices Index des auteurs anciens .............................................................. 771 Index des auteurs modernes ........................................................... 779 Index des manuscrits ..................................................................... 787 Index rerum et uocabulorum .......................................................... 791 Planches Planche 1 –– Paris, bibliothèque Mazarine 717, f. 188rb ................ 807 Planche 2 –– Paris, BnF, lat. 13368, fol. 128 .................................. 808 Planche 3 –– Paris, BnF, lat. 13368, fol. 146 .................................. 809 Planche 4 –– Paris, BnF, lat. 13368, fol. 156 .................................. 810 Vox, sensus, intellectus chez Jean Scot Érigène. Pour une focalisation des sources possibles du débat theologico-grammatical au XIe siècle Ernesto Sergio Mainoldi Université de Perugia La recherche des antécédents des disputes théologiques et des problématiques philosophiques qui ont été débattues durant le XIe siècle a souvent abouti à voir dans Jean Scot leur possible inspirateur, se targuant d’identifier sa pensée derrière certaines posi- tions, soit en raison d’assonances doctrinales soit en raison de coïnci- dences textuelles ou pseudo-épigraphiques. Le cas le plus éclatant est certainement celui de la dispute sur l’eucharistie, qui a vu s’opposer Lanfranc de Pavie et Bérenger de Tours : c’est la fausse attribution au maître irlandais du traité De corpore et sanguine domini, en réalité dû à la plume de Ratramne de Corbie, utilisé par Bérenger pour soutenir sa doctrine symboliste du sacrement, qui a associé l’Érigène à la condamnation pour hérésie au concile de Vercelli en 1050. Si la confrontation textuelle a réussi à démontrer la fausseté de cette attribution, et par suite à exclure de la querelle eucharistique toute référence au nom de Jean Scot, la quête des sources doctrinales des nouveaux parcours de la spéculation au XIe siècle a maintes fois soupçonné la présence cachée de l’Irlandais sous les élaborations réalisées en cette période, qui est décisive pour le développement de la pensée du Moyen Âge latin. On a encore récemment évoqué, par exemple, le réalisme ontologique et dialectique de Jean Scot comme source des positions réalistes de Guillaume de Champeaux 1, de même 1. Cf. Erismann, 2002a, p. 7-37. 566 ERNESTO SERGIO MAINOLDI que, il y a déjà un siècle, on avait même pensé que le « Iohannes » que l’Historia Francica indiquait comme le maître de Roscelin de Compiègne pouvait être identifié avec l’Érigène lui-même 2 : si, dans le premier cas, il faut souligner l’intérêt de l’hypothèse, qui, on espère, pourra trouver un jour des confirmations textuelles, dans le second cas l’identification est maintenant démontrée comme intenable, à la lumière des recherches les plus récentes 3. Si l’état actuel des connaissances relatives à l’influence érigénienne dans le domaine logico-grammatical est encore marqué par des hypothèses à ce jour non vérifiées, en même temps l’œuvre de Jean Scot mérite aujourd’hui des éclaircissement nouveaux – en particulier pour ce qui est de l’intérêt du maître irlandais pour la grammaire –, en raison de l’enrichissement du corpus textuel érigénien par des œuvres récemment publiées et de nouvelles attributions, telles que les Glossae diuinae historiae ou le commentaire aux Institutiones grammaticae du grammairien Priscien 4 identifié par Anneli Luhtala et Paul Dutton 5, sans oublier l’achèvement de l’édition critique du Periphyseon par Édouard Jeauneau 6. Du fait que l’enseignement grammatical de Priscien a connu une considérable diffusion dans les écoles des XIe et XIIe siècles qui furent les promotrices du renouvellement des études logico-linguistiques, et par la suite devait jouer un rôle aussi dans l’évolution de la méthode théologique, il faut d’abord évaluer les éléments propres à la théorie de la grammaire et du langage chez Jean Scot pour vérifier la possibilité d’un lien doctrinal – même s’il n’est pas textuel – avec les écoles qui ont promu la renaissance de Priscien aux XIe et XIIe siècles. Les Institutiones de Priscien semblent avoir connu une diffusion dans les écoles continentales seulement au IXe siècle, dans le contexte de la renaissance carolingienne. Il est possible, par contre, de retrouver une tradition insulaire (irlandaise et anglaise) d’enseignement de la grammaire fondée sur le texte priscianique dès le VIIe siècle. L’intro- duction de Priscien comme texte de base de l’enseignement gramma- tical dans les écoles continentales est due à Alcuin, le maître qui a établi le principal lien entre l’école insulaire alto-médiévale et le renouvellement des études sur le continent au début de l’époque carolingienne. Les soixante et onze manuscrits de Priscien remontant 2. Cf. Mandonnet, 1897, p. 383-394. 3. Cf. Mews, 1999a, p. 4-33. 4. Prisciani Grammatici Caesarensis, 1961. 5. Dutton-Luhtala, 1994 ; Luhtala, 2000a ; Dutton, 1992. 6. Iohannes Scottus Eriugena, 1996-2003. VOX, SENSUS, INTELLECTUS CHEZ JEAN SCOT ÉRIGÈNE 567 au IXe siècle qui ont étés conservés jusqu’à aujourd’hui attestent une présence diffuse de ce traité dans les écoles continentales. Parmi ces manuscrits six en particulier retiennent notre attention, du fait qu’ils présentent des traces, sous forme de gloses, de l’enseignement irlandais : 1. Sankt Gallen, Stiftsbibliothek 904 (Passalacqua, 1978, n. 592) 7, IX, 240 p. sur 2 col. En minuscule irlandaise avec gloses en latin et haut-irlandais. Copié dans un monastère irlandais au début du IXe siècle 8 ; 2. Leiden, Bibliotheek der Rijksuniversiteit, BPL 67 (Passalacqua, 1978, n. 270), copié par l’irlandais Dubthach en 838. Ce manuscrit a appartenu à Jean Scot, comme le montre la graphie (i1) de certaines des gloses au texte de Priscien 9 ; 3. Karlsruhe, Badische Landesbibliothek, Aug. 132 (Passalacqua, 1978, n. 240) ; en minuscule irlandaise avec gloses en graphie haut-irlandaise. Copié entre 836 et 855 à Laon ou à Soissons ; 4. Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 10290 (Passalacqua, 1978, n. 531). Minuscule caroline avec influences insulaires. Gloses en latin, irlandais, breton, gaulois ; 5. Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 10289 (Passalacqua, 1978, n. 530). Minuscule caroline. Gloses latines et bretonnes ; 6. Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 7496 (Passalacqua, 1978, n. 488). Minuscule caroline. Avec gloses et corrections du texte, remontant probablement à Heiric d’Auxerre. L’enseignement de Priscien à l’époque carolingienne est bien attesté, autrement que par les manuscrits, par les uploads/Histoire/ mainoldi-2011-vox-sensus-intellectus.pdf

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  • Publié le Jul 01, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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