Revue archéologique de Narbonnaise L'épave Ouest-Embiez 1, Var : le commerce ma

Revue archéologique de Narbonnaise L'épave Ouest-Embiez 1, Var : le commerce maritime du verre brut et manufacturé en Méditerranée occidentale dans l'Antiquité Souen Deva Fontaine, Danièle Foy Citer ce document / Cite this document : Fontaine Souen Deva, Foy Danièle. L'épave Ouest-Embiez 1, Var : le commerce maritime du verre brut et manufacturé en Méditerranée occidentale dans l'Antiquité. In: Revue archéologique de Narbonnaise, tome 40, 2007. pp. 235-265; doi : 10.3406/ran.2007.1182 http://www.persee.fr/doc/ran_0557-7705_2007_num_40_1_1182 Document généré le 20/06/2017 Abstract The production of glass implies two different steps : the making of actual glass and the manufacture of objects. It is sold in two forms : blocks of raw glass or finished products. The transit of this material has been poorly illustrated by archaeological evidence but was recently revealed through the discovery of the «Ouest Embiez 1» shipwreck. To this date, it is the only roman ship mainly filled with glass products (15 to 18 tons of raw glass, about 1800 vessels and two types of window glass). The loading dates from the end of the second century or beginning of the third century AD and it gives us prime information. The main results of this study are put in perspective with a more gênerai context of the economic history of glass in Antiquity. Résumé Le verre, dont le mode de production implique deux étapes distinctes - fabrication de la matière et manufacture des objets - est commercialisé sous forme de blocs de verre brut ou de produits finis. Relativement peu illustrée par les sites de transit, la circulation de ce matériau en Méditerranée a récemment été mise en lumière par la découverte de l'épave Ouest Embiez, 1, seul navire antique connu à ce jour dont la cargaison soit essentiellement composée de produits verriers (15 à 18 tonnes de verre brut, près de 1 800 vases et deux types de verre à vitre). Datable de la fin du IIe siècle ou du début du IIIe siècle de notre ère, ce gisement est, en ce sens, une source d'information de première importance. Les principaux résultats de cette étude sont ici replacés dans le contexte plus général de l'histoire économique du verre dans l'Antiquité. L'épave Ouest-Embiez /, Var le commerce maritime du verre brut et manufacturé en Méditerranée occidentale dans l'Antiquité Souen Deva Fontaine, Danièle Foy Résumé : Le verre, dont le mode de production implique deux étapes distinctes - fabrication de la matière et manufacture des objets - est commercialisé sous forme de blocs de verre brut ou de produits finis. Relativement peu illustrée par les sites de transit, la circulation de ce matériau en Méditerranée a récemment été mise en lumière par la découverte de l'épave Ouest Embiez, /, seul navire antique connu à ce jour dont la cargaison soit essentiellement composée de produits verriers (15 ai 8 tonnes de verre brut, près de 1 800 vases et deux types de verre à vitre). Datable de la fin du IIe siècle ou du début du IIIe siècle de notre ère, ce gisement est, en ce sens, une source d'information de première importance. Les principaux résultats de cette étude sont ici replacés dans le contexte plus général de l'histoire économique du verre dans l'Antiquité. Mots clefs : verre antique, commerce du verre, verre brut, épave des Embiez, verre incolore, verre à vitre, production du verre. Abstract : The production of glass implies two différent steps: the making of actual glass and the manufacture of objects. It is sold in two forms: blocks of raw glass or finished products. The transit of this material has been poorly illustrated by archaeological évidence but was recently revealed through the discovery of the «Ouest Embiez 1» shipwreck. To this date, it is the only roman ship mainly filled with glass products (15 toi 8 tons of raw glass, about 1800 vessels and two types of window glass). The loading dates from the end of the second century or beginning of the third century AD and it gives us prime information. The main results of this study are put in perspective with a more gênerai context of the économie history of glass in Antiquity. Key words : roman glassware, Mediterranean wreck, Embiez shipwreck, roman glass trade, colourless glass, window-glass, glass production. Longtemps fondée sur les analyses stylistiques, l'étude du verre connaît depuis une quinzaine d'années un renouveau, notamment grâce à la prise en compte des découvertes d'ateliers de verriers, du mobilier des sites de transit et des données des analyses de laboratoire. L'histoire du verre, en s 'intéressant aussi bien aux typologies qu'au matériau et à son élaboration, permet de proposer un système économique dans lequel s'insèrent les différentes structures de production unies par des circuits commerciaux spécifiques. Depuis 2000, la fouille d'une épave dirigée par M.-P. Jézégou (drassm) et située au large de la côte provençale près de l'archipel des Embiez apporte des informations nouvelles et spectaculaires sur la technologie et le commerce du verre dans l'Antiquité; la cargaison principale de ce bateau est en effet constituée d'un exceptionnel assemblage de produits verriers datables de la fin du IIe s. ou du début du IIIe s. ap. J.-C. De fait, au sein des sites de transit témoignant du commerce du verre, l'épave des Embiez occupe une place toute particulière : la vaisselle se compte en milliers de vases, le verre brut constitue le plus gros tonnage jamais découvert et les vitres, plates ou hémisphériques, sont, pour la première fois, associées dans une même cargaison. On s'attachera ici à présenter le système de production du verre qui explique la variété des produits verriers soumis aux échanges, les témoignages les plus pertinents du commerce maritime et les principaux résultats de l'étude de la cargaison de verre de l'épave des Embiez. 1. La fabrication du verre Les premières productions de vaisselle de verre connues en Gaule, à Lyon, datent des années 40 de notre ère (Motte, Martin 2003). On suppose donc que tout le verre antérieur à l'activité des ateliers lyonnais est importé. Par la suite, alors que se multiplient les officines de verrier sur tout le territoire gaulois (Foy, Nenna 2001, 40-46), les importations de verre ne cessent évidemment pas. Les produits d'Italie et de Méditerranée orientale sont principalement attestés sur la côte méditerranéenne (fig. 1) et le sillon rhodanien, durant toute l'Antiquité; les verreries des ateliers rhénans, à partir du IIe s., abondent dans la moitié nord et l'ouest de la Gaule. Les autres apports (Espagne, Afrique...) sont plus difficiles à identifier. Les modalités de production du verre font, de plus, que ce matériau a nécessairement voyagé sous d'autres formes RAN. 40. 2007. pp. 235-268 236 Souen Deva Fontaine, Danièle Foy que celles de la vaisselle ou du contenant; ce qui nous conduit à distinguer un commerce de verre brut et de produits manufacturés auquel il faut ajouter le commerce du calcin, verre cassé et récupéré pour être refondu. Contrairement à la céramique, qui peut être fabriquée avec des ingrédients de qualités diverses, mais disponibles à peu près partout, l'élaboration du verre antique nécessite des matières premières spécifiques et implique un système de production segmentée proche de l'industrie métallurgique. Dans les ateliers primaires se déroule la fusion des matières premières comprenant un constituant formateur, la silice (généralement sous forme de sable) et un fondant, le natron (carbonate de sodium). De cette fusion, réalisée dans de grands fours rectangulaires ne servant qu'une seule fois, résulte une dalle de verre qui, débitée en blocs informes, sera exportée vers les ateliers secondaires pour être refondue et transformée en produits manufacturés. La fouille de l'atelier du VIIe s. ap. J.-C. de Bet Eli'ezer a permis la restitution des structures et du fonctionnement de ces fours (Gorin-Rosen 1995; 2000). En revanche, nous ne disposons pas encore de modèle de fours plus anciens. Les observations faites sur les blocs retrouvés loin de leur lieu de fabrication et les fours plus récents aident à restituer les processus et les structures de fabrication de haute époque et de la période impériale. Ainsi est-il possible de distinguer sommairement le verre brut moulé en lingots, le verre brut coulé et réduit en blocs et le verre brut débité en place dans le four après abattage de la voûte. Cette dernière technique, déduite de la fouille archéologique des ateliers tardifs du Proche-Orient, est celle qui semble avoir été utilisée pendant toute l'époque romaine. Le procédé consistant à débiter le verre qui s'est écoulé du four est visible à l'examen du verre brut de la Fig. I : Ce type d'unguentarium, bien représenté en Provence et peu diffusé à l'intérieur de la Gaule, est certainement une importation orientale (type De Tommaso 54; fin IIe- début IIIe s.). Musée de l'Arles Antique (cl. D. Foy). fin du IIIe s. av. J.-C, retrouvé dans l'épave des Sanguinaires A (infra). Enfin, nous avons témoignage de lingots de verre beaucoup plus anciens en forme de disque ou de tronc de cône provenant de l'épave Ulu Burun {infra). Le Victoria and Albert Muséum et le British Muséum conservent aussi des lingots d'Egypte et de Mésopotamie de uploads/Industriel/ archeo-epave-ouest-embiez-1.pdf

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