28 La Biodynamie un chemin prometteur vers l’agriculture durable de demain Ulri

28 La Biodynamie un chemin prometteur vers l’agriculture durable de demain Ulrich Schreier L’agriculture biodynamique En 1924, à la sollicitation répétée d'un groupe d'agriculteurs préoccupés par la baisse de qualité des aliments, du fourrage et des semences, l’affaiblissement des plantes culturales et les signes de dégénérescence dans les troupeaux d'élevage, Rudolf Steiner a donné les bases de l'agriculture biodynamique, communément appelée biodynamie, lors d'une série de huit conférences. Proposant une manière approfondie de voir la Nature, la Vie et l’Homme, son approche part du principe que tous les phénomènes observables dans le monde physique ne sont que la manifestation d'une réalité immatérielle et organisatrice qui, de la périphérie du cosmos, rayonne vers la Terre. Selon cette vision de l'Univers, l’animal, la plante, mais aussi la matière inerte et les atomes — comme la silice, le calcaire, l'azote, le carbone, l'hydrogène, l'oxygène, le phosphore, la potasse ou le souffre — seraient une sorte de condensation d'un principe cosmique. Autrement dit, ils ne seraient pas la cause originelle mais uniquement la manifestation, le pôle physique — la matérialisation — voire l'aboutissement d'un principe et d'un processus beaucoup plus vaste1. En conséquence, pour les comprendre dans leur intégralité, l'analyse physico-chimique exclusive et localisée n'est pas suffisante : comme c'est aussi le cas pour expliquer le mouvement de l'aiguille aimantée d'une boussole qui est causé par les lointains pôles magnétiques terrestres, il faut élargir le champ d'investigation, aussi bien dans l'espace et le temps que vers les sphères qui ne sont pas facilement accessibles à nos cinq sens. Et ce n'est pas parce que ces sphères échappent généralement à une détection directe par les instruments de conception classique qu'on doit les ignorer. Car, dans le royaume de la vie que "nous ne connaissons que par ses symptômes"2, les phénomènes suprasensibles jouent un rôle clef dans l'organisation de la matière. Se situant à un niveau supérieur au monde physique, ils constituent une réalité essentielle du vivant. En effet, quelle différence fondamentale y a-t-il entre un arbre en pleine croissance et un piquet de bois mort, un animal plein de vie et un cadavre en train de se décomposer ? Élargissement des bases scientifiques "Il est prématuré d'avoir voulu réduire les processus vitaux aux conceptions bien insuffisantes de la physico-chimie du XIXe ou même du XXe siècle" ! ! ! ! ! ! Louis DE BROGLIE, prix Nobel de physique. La Biodynamie cherche à élargir les bases scientifiques de l'agriculture, aussi bien conventionnelle que biologique. Elle part du point de vue que les théories physicochimiques et mécanistes de la science moderne - bien que d'une performance et d'une puissance extraordinaire 2 1 Ce point de vue fait penser au paradoxe onde/particule de la physique moderne et la description de la matière par la mécanique quantique qui attribue à chaque corpuscule une "onde qui, en s'étendant à l'infini, a une singularité mobile à existence permanente" (Louis de Broglie 1924), ou encore aux champs et aux résonances "morphogénétiques" (aussi appelés "morphiques" ou "champs de forme ») d’Emile Pinel et de Rupert Sheldrake. 2 Albert Szent-Györgyi, Prix Nobel de Médecine et découvreur de la vitamine C. Rudolf Steiner, scientifique, philosophe, visionnaire et la source d’inspiration de diverses i n i t i a t i v e s p é d a g o g i q u e s , c u l t u r e l l e s , s o c i a l e s e t t h é r a p e u t i q u e s a i n s i q u e fondateur d'un courant de pensée appelé anthroposophie. Bleu souligné Cliquer pour accéder à des informations complémentaires par rapport aux phénomènes liés à la matière et aux champs électromagnétiques - n'ont qu'une validité limitée étant donné qu'elles sont basées sur une conception beaucoup trop restreinte du Monde. Pour aboutir à une compréhension plus profonde de l'organisation dynamique, interdépendante et hiérarchisée de la Nature, il faudra compléter leur coté réductionniste en s'ouvrant à des sphères liées à la Vie et à la Conscience. Dans ce but, la Biodynamie cherche à élargir le champ de vision en ajoutant la notion de principes immatériels tels que forces de vie, forces formatrices et développement cyclique à celle de processus physico-chimiques et de substance ; les notions de globalité, d’homéostasie, de cohérence et de symbiose à celle d'analyse des éléments ; la notion de facteurs subjectifs tels que bon sens, beauté, harmonie, équilibre, santé, saveurs, arômes et plaisir gustatif à celles de critères facilement chiffrables. C'est seulement par une telle vue étendue que l'homme pourra espérer avancer dans la connaissance de la Nature, une Nature qui, en renfermant des secrets beaucoup plus complexes que les seules lois du monde physique, ne peut être ni expliquée ni comprise à partir de l'infiniment petit et de la matière inerte. Une vision biologique et holistique du monde est la pierre angulaire de la Biodynamie et nous montre ô combien l'agriculture est inséparable de toute activité humaine. En effet, elle est intimement liée non seulement à la nourriture, aux vêtements, à nos habitations et à l'économie en général, mais encore à la qualité de l'environnement dans lequel nous vivons, à notre équilibre physique et psychique, à la vie sociale et culturelle. Par un regard élargi qui tient compte des interdépendances, des arrière-plans, des réalités cachées, d’énergies et d’influences subtiles, on arrive automatiquement à une nouvelle conception de l'agriculture et du domaine agricole. Celle-ci a forcément une influence directe sur l'organisation et la conduite d'une ferme, permettant en même temps de mieux évaluer et incorporer les résultats des recherches récentes, l'acquis de la tradition et le savoir faire pratique de toute agronomie. Chaque domaine agricole a sa personnalité La Biodynamie attache une grande importance aux notions d'individualité et d'organisme agricole diversifié et le plus autonome possible, notions qui dépassent largement l'idée habituelle qu'on se fait d'une ferme. Partant du principe que, tel un individu, chaque domaine a son caractère et sa personnalité spécifiques, elle porte une attention particulière aussi bien à la recherche de symbioses entre sol, végétaux, animaux et êtres humains qu'aux perspectives sociales et à l'intégration de la ferme dans le tissu écologique, économique et culturel de son environnement. En plus de proposer un élargissement des bases scientifiques, la Biodynamie cherche donc aussi à élargir les bases socio-économiques et culturelles de l'agriculture. Cette nouvelle vision de la ferme en tant qu'organisme vivant et unité de base du paysage agricole et social conduit obligatoirement à une appréciation nouvelle des moyens de production, du cadre du domaine ainsi que du rôle du paysan. Forêt et zones humides, haies et bosquets, flore et faune sauvages, organisation sociale et aspects culturels, tous considérés comme parties intégrantes de l'organisme agricole, reçoivent autant d'attention que prairies et champs, animaux d'élevage et cultures, vergers et ruchers, matériel et réalité économique. Le paysan s'appréhende alors non seulement en qualité de technicien mais encore en qualité d’observateur avisé et de "chef d'orchestre" cherchant à harmoniser cet ensemble et à lui insuffler progressivement son individualité. 3 Des pratiques agricoles qui respectent la nature, le sol et les animaux L'élargissement des bases scientifiques aux influences suprasensibles et lointaines fait renaître en l'homme une nouvelle sensibilité et un plus grand respect face au monde du vivant et aux liens qui l’unissent aux paysages, au sol, aux plantes et aux animaux, qu'ils soient sauvages ou domestiques. L’animal domestique, fidèle compagnon de route et serviteur de l’homme depuis la nuit des temps, se trouve au centre des préoccupations du biodynamiste. Il considère que c’est son devoir le plus élémentaire de le choyer, de le protéger, de l’élever, de l'ennoblir et de lui assurer des conditions de vie qui reflètent gratitude et respect y compris le respect de son intégrité physique : des bovins avec des cornes, des porcs et des moutons avec leurs queues ou des volailles avec leurs becs. Les cornes des bovins, par exemple, sont considérées comme des organes participant pleinement à la physiologie de ce ruminant et elles semblent avoir une importance particulière dans les phénomènes de la digestion et par là même dans la qualité intrinsèque des productions de lait, de fromage et de viande. Quant à la production, on se limite à un rendement qui est en accord avec les capacités de l'animal. Pour la plupart des races bovines laitières, par exemple, 4000 à 5000 litres par an paraît une quantité raisonnable qui permet de les nourrir avec des fourrages grossiers, d'avoir des conditions physiologiques correctes et une durée de vie normale tout en fournissant un lait dont la qualité peut être reconnue par ses propriétés organoleptiques et sa facilité de transformation. Les préparations biodynamiques En acquérant une compréhension plus étendue du vivant, la Biodynamie a su mettre au point une série de préparations catalytiques qui permettent d'améliorer la qualité de la fertilisation et d'agir sur divers processus métaboliques dans la nature ,notamment ceux liés à des éléments clefs pour l'agriculture tels que silice, calcium, potasse, phosphore, sodium, azote, hydrogène, oxygène, carbone uploads/Industriel/ agriculturebiodynamique-pdf.pdf

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