Question 3 : De quelles façons l’agriculture peut elle contribuer à la préserva

Question 3 : De quelles façons l’agriculture peut elle contribuer à la préservation de l’environnement ? Synthèse des contributions Cadrage - Changement climatique: l'agriculture est une des principales sources de gaz à effet de serre mais en même temps elle permet de fixer du dioxyde de carbone (agroforesterie, prairies). Par ailleurs, l'agriculture des pays en développement peut être la première victime de l'augmentation des températures et de la baisse de la pluviométrie - Biodiversité: l'agriculture est accusée de restreindre la biodiversité mais elle peut gérer des ressources vivantes et des habitats naturels. - Pollutions locales: certaines pratiques agricoles peuvent provoquer l'érosion mais d'autres sont source de matière organique. De façon générale, l'agriculture doit trouver un équilibre afin de préserver ses facteurs de production. L'exigence de sécurité alimentaire est-elle compatible avec le respect de l'environnement? Quels sont les systèmes de production qui permettent de réduire la consommation d'engrais et de pesticides, sans réduire les quantités produites? Les situations d'intensification ne sont pas les mêmes partout. En moyenne, au niveau mondial, l'augmentation de la production se fait par un accroissement des rendements. Ce n'est pas le cas en Afrique, où elle se fait surtout par une augmentation des surfaces. Dans ce cas, comment raisonner l'intensification pour privilégier l'augmentation durable des rendements sur les surfaces cultivées plutôt que poursuivre les défrichements? En Asie, les techniques de la révolution verte plafonnent (il n'y a plus d'augmentation significative des rendements agricoles), les risques de dégradation des sols et de pollution des eaux sont forts. Quelles seront les nouvelles étapes écologiques des systèmes de production? Est-ce qu'une solution peut provenir de la mise au point de produits chimiques n'ayant pas d'effets irréversibles sur l'environnement? Une production plus écologique entraîne souvent des coûts de production plus élevés et des investissements. Comment ces charges peuvent-elles être assumées par les agriculteurs des pays en développement ? Les consommateurs du Sud et du Nord peuvent-ils y contribuer et par quel système de labels? Faut-il recourir à des financements publics et notamment à de l'aide internationale? De nombreux financements internationaux ont des conditionnalités environnementales, sont-ils réellement accessibles aux agriculteurs du Sud? Et sinon, comment améliorer cette accessibilité? Les variétés génétiquement modifiées, comme celles Bt, peuvent-elles contribuer à la préservation de l'environnement? Comment peut-on encourager la recherche à s'intéresser à des caractères plus en lien avec l'environnement, tels que la tolérance à la sécheresse ou la fixation de l'azote? La production de biocarburants destinés à l'usage local peut-elle avoir un intérêt pour les pays en développement? Cet intérêt relève-t-il d'une politique environnementale? Dans quelle mesure la production de biocarburants peut-elle améliorer la sécurité énergétique? Son caractère renouvelable constitue-t-il une option de long terme? Introduction: Quel environnement? Avant de s'interroger sur les liens entre l'agriculture et la préservation de l'environnement, certains contributeurs posent la question "quel environnement"? Jean-Marc BOUSSARD commence par rappeler que "l’agriculture est une activité non-naturelle". Ainsi, "la question est de savoir si l’on veut revenir à la situation de l’homme de Néanderthal (auquel cas, il faut envisager d’euthanasier les 99/100 de l’humanité), ou si l’on cherche des solutions « agréables ». Je parie pour la seconde alternative." poursuit-il. Régis PELTIER a la même approche, même si avec des termes différents: il rappelle que "l’homme fait partie de tous les écosystèmes de la planète et que sa présence a Forum électronique “Qui va nourrir le monde?” – Synthèse des contributions 2 contribué à les modifier à des degrés divers, depuis des millénaires, au même titre que l’éléphant ou le bison." Il ne faut donc pas opposer les zones agricoles, les zones pastorales et les zones forestières, elles font toutes partie de "l'environnement planétaire". Enfin, selon le même auteur, les champs sont des écosystèmes parmi d'autres ayant la particularité d'être "fortement anthropisés". Hubert DE BON poursuit la même réflexion: "Quelle préservation de l'environnement veut-on faire ? Une attitude totalement conservatoire, basée sur la philosophie que la nature est bonne, où les techniques de l'homme ne sont pas les bienvenues, ou une attitude dynamique où la société humaine et son environnement interagissent pour améliorer le bien-être de tous les hommes? Je me situe dans l'attitude 2" affirme-t-il. La question est donc délimitée: il ne s'agit pas de remettre en question l'agriculture mais d'analyser ses impacts sur les ressources naturelles et de voir comment une hausse de la production agricole peut se faire en minimisant les externalités environnementales négatives. Selon Hubert DE BON, il faut avoir pour objectif "que l'agriculture préserve le monde vivant à peu près comme il est, avec sa population humaine, ses saisons, sa diversité biologique et un climat qui ne change pas trop." 1) Des techniques pour limiter les impacts environnementaux de l'agriculture Les contributeurs ont, dans la plupart des cas, commencé par énumérer les impacts positifs et négatifs de l'agriculture. Mais très vite, on se rend compte que tout dépend des techniques utilisées et du contexte dans lequel elles sont appliquées, une analyse globale n'est pas possible. De façon générale, l'activité agricole comporte des risques pour l'environnement, parmi lesquels Michel GRIFFON, interviewé, cite la "baisse des nappes phréatiques, les pollutions dues à l’emploi massif d’engrais et de produits phytosanitaires, la salinisation des sols, la déforestation …".Mais "en comparaison avec d'autres secteurs (industrie, transport...), le risque de l'agriculture reste modéré" relativise Seghir CHIG. De plus, il existe de nombreuses techniques et pratiques culturales qui permettent de réduire ces risques et d'y faire face. "Le couvert (cipan) des sols limite l’érosion, fixe les éléments minéraux facilement assimilables, les recycle sous forme organique au bénéfice de la culture suivante. Les plantes à fort développement racinaire remontent à la surface des éléments minéraux qui seraient perdus dans les couches profondes du sol, du sous-sol et des nappes. L’enfouissement des reliquats organiques, la diversité, la rotation des cultures sont autant de facteurs favorables à la limitation des intrants, des salissements des sols, du développement des parasites (animaux,végétaux)… des pesticides en moins." explique Bertrand DEGHILAGE. Sans oublier que "nos plantes et nos forêts contribuent à fixer le CO2". Pour sa part, Régis PELTIER décrit le système de production agroforestier comme un des modes de production contribuant "à la conservation de l’environnement" par la "conservation de la biodiversité, la fixation de carbone, la faible consommation d’énergies fossiles et d’intrants, la préservation de l’eau et des sols". En effet, l'agroforesterie associe dans une même parcelle "plusieurs dizaines d’espèces végétales de tailles et de durées de vie très variables, comme, par exemple, des arachides, du maïs, des cacaoyers, des bananiers, des arbres à pain, des palmiers à huile et des durians. Certaines espèces sont introduites et améliorées, d’autres ont poussé seules, existaient déjà au moment du défrichement partiel ou ont été arrachées en forêts." Ernest GOTHARD- BASSEBE énumère lui aussi les bienfaits de l'agroforesterie. Serge VALET détaille d'autres techniques permettant de limiter la dégradation des sols: "techniques de contrôle total ou partiel de la formation du ruissellement (mulch, semis direct, cultures associées, BRF ou Bois Rameaux Fragmentés, cultures intercalaires, terrasses, banquette algérienne, barrages ou jessr, henchir) ; techniques de maintien d’un ruissellement contrôlé non érosif (clôture, fascines, haies vives, rideaux de végétation, affdiss, et talus enherbés); techniques de piégeage quasi intégral du ruissellement (½ lune, « zaï ou Tasselas », gradin, jessour, magden, tranchée d’infiltration)". Mais quel est l’impact de ces techniques sur la productivité agricole? 2) Respecter l'environnement ou produire plus, faut-il choisir? Dans le contexte actuel caractérisé par une tension importante sur les marchés mondiaux des produits agricoles et par des problèmes considérables d'approvisionnement des pays du Sud, le débat a abordé la question de la compatibilité entre la nécessité d'augmenter la production agricole pour satisfaire la demande croissante et l'importance de protéger les ressources naturelles. Olivier BARRAS exprime des craintes: "j'ai plutôt peur que dans ce contexte de "ruée vers l'or" que l'écologie en prenne un coup[...], pour se préoccuper d'environnement il faut avoir le ventre plein". Selon Hubert Forum électronique “Qui va nourrir le monde?” – Synthèse des contributions 3 DE BON, les solutions techniques permettant d'allier production et environnement sont peu nombreuses car "elles conduiront, si on se base sur les avancées obtenues en agriculture biologique à des baisses de rendement, et/ou à des baisses de la diversité […] offert[e] localement." Ce avec quoi Laurent PACHETEAU exprime son désaccord en affirmant que "passer de 5 quintaux à 10 quintaux par hectare, peut se faire sans chimie, juste avec quelques bases techniques, et surtout avec des pratiques environnementales proche de la bio[...]L'agriculture bio ou plus généralement l'agriculture durable sont à même d'aider à réussir ce pari de produire plus en respectant l'environnement. " Cette idée est en partie reprise par Michel GRIFFON qui explique qu'"il est possible de concilier accroissement de la production et respect de l'environnement, en veillant en particulier au renouvellement des ressources naturelles." En effet, la solution résiderait "dans le développement d’une agriculture qui utilise mieux et plus intensivement les fonctionnalités naturelles des écosystèmes. Les qualificatifs à ce sujet ne manquent pas: agriculture écologiquement intensive, agriculture à haute valeur environnementale, révolution doublement verte, agro-écologie, éco- agriculture, agriculture de conservation..." En tout uploads/Industriel/ q3-synthese.pdf

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