REPUBLIQUE DU SENEGAL MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR, DES UNIVERSITÉS ET
REPUBLIQUE DU SENEGAL MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR, DES UNIVERSITÉS ET DES CENTRES UNIVERSITAIRES RÉGIONAUX ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ------------------ UNIVERSITE DE THIES INSTITUT SUPÉRIEUR DE FORMATION AGRICOLE ET RURALE (ISFAR) Par DR SALIOU DIANGAR Enseignant-Chercheur Décembre 2011 TECHNOLOGIE DE PRODUCTION DES SEMENCES DES GRANDES CULTURES 1. Introduction Au Sénégal, l’agriculture occupe une grande place dans les activités économiques du pays (70% de la population active). Malgré les potentialités importantes, le secteur agricole connaît de plus en plus des difficultés liées entre autres à un déficit chronique de semences certifiées (ISRA, 1995 et 1996). Le manque de semences est provoqué par : 1) la baisse de la pluviométrie; 2) la dégradation des sols; 3) l'utilisation de techniques culturales inadaptées; 4) les coûts élevés des intrants; et 5) le faible taux d'adoption des variétés améliorées. La semence est définie comme le premier intrant en agriculture (Bono, 1981). Elle permet d'augmenter le rendement de l'ordre de 25 à 30%, particulièrement l'utilisation de semences de variétés améliorées. Les variétés améliorées valorisent mieux les autres intrants tels que les engrais minéral ou organique, les produits phytosanitaires ainsi que l’eau d’irrigation et constituent l’un des moyens le plus accessible et le moins onéreux pour augmenter la production agricole. Par ailleurs, l’intrant « semences » même s’il contribue significativement à l’accroissement des rendements, ne doit pas être traité de manière isolée. Au contraire, il doit s’intégrer dans un agro- système paysan durable, prenant en compte des besoins du producteur (crédit de campagne, circuit de commercialisation, sécurisation de la production avec l’amélioration des équipements et la gestion de la fertilité du sol). Ces importants défis à relever ont créé une dynamique nouvelle d’inscription, à la demande des producteurs, d’activités de production de semences de qualité dans les plans d’actions de nombreux projets, programmes et ONGs. Parmi les défis majeurs à relever figure la résorption du déficit vivrier par la fourniture de semences de qualité et quantité suffisante. En effet, chaque année, l'État sénégalais est confronté à un manque de semences, plus particulièrement d'arachide. Le but de ce cours est de former des professionnels de la production des semences en vue de reconstituer le capital semencier national et d'accroître durablement le rendement des cultures et, par séquent, la production agricole. Il s'agit aussi de créer les conditions d'une agriculture performante et de susciter l'intégration des jeunes cadres dans l'agriculture avec la création de nouveaux métiers. 2. Problématique de la reconstitution du capital semencier national au Sénégal 2.1. Historique de la production de semences Depuis son accession à l’indépendance, le Sénégal a tenté la mise en place de divers programmes de développement de la filière semence. C’est pourquoi l’évolution dans le temps de la politique semencière a nécessité des modifications institutionnelles, comme mesures d’accompagnement, afin de rendre la mise en œuvre des obligations de service public de l’Etat en adéquation avec les exigences de chaque étape de cette évolution. Jusqu’en 1972, la politique semencière de l’État, entendue dans le sens des mesures prises pour couvrir les besoins en semences des producteurs chaque année, avait consisté à récupérer une partie de la production des agriculteurs à chaque campagne, constituée par le remboursement en nature des semences ayant été distribuées à crédit avant semis. Cette politique de reconstitution du stock semencier à partir des productions paysannes avait à la longue abouti à des mélanges variétaux, qui dans le contexte du début de péjoration climatique à la fin des années 60, compromettaient sérieusement le niveau de la production. C’est pourquoi dès 1972, l’État créa le Projet Semencier IRHO (Institut de Recherches sur les Huiles Oléagineuses) avec un financement du Fonds Européen pour le Développement (FED). L’objectif de ce projet était de définir la carte variétale, particulièrement arachidière, et de reconstituer dans ce cadre le capital semencier à partir des variétés pures issues de la Recherche Agronomique. En outre le projet avait comme objectif l’identification et l’encadrement des producteurs semenciers, l’équipement des laboratoires d’analyses de semences et la construction de stations de conditionnement de semences d’espèces vivrières. A la fin du projet en 1976, le Service Semencier fut créé pour continuer cette politique de reconstitution du Capital Semencier son rôle a été clairement défini par la direction générale de la Production agricole. II est notamment chargé de la responsabilité et de l’exécution des tâches ci- dessous: la planification et programmation ; l’organisation ; la réglementation ; le contrôle, de la production ainsi que de la formation de son personnel. C’est ainsi que la politique de reconstitution du capital semencier, entamée dès les années 70 était essentiellement basée sur celui de l’arachide, par l’intervention directe des structures publiques 3 (CRAD, ONCAD, SONAR, SONAGRAINES) et la reconstitution des semences dites d’espèces diverses (riz, mil, maïs, sorgho, niébé) par les Sociétés Régionales de Développement Rural (SRDR). Dans le cadre de cette politique semencière, la Recherche Agronomique fournissait les pré-bases, le Service Semencier produisait les bases et les sociétés régionales de développement ou d’intervention produisaient les semences certifiées des différents niveaux (N1 et N2 selon le cas). Dans ce système de reconstitution, les producteurs semenciers, encadrés par les services techniques, étaient chargés de produire, sous contrat, des semences certifiées pour le compte des structures publiques, grâce à la mise en place de lignes de crédit de campagne et de commercialisation. Cette politique de reconstitution du capital semencier a connu des limites dès les années 80, et s’est traduite par un endettement insupportable du monde rural obligeant l’Etat à se désengager des fonctions marchandes des différentes filières agricoles. C’est dans ce contexte difficile que l’État, avec le concours financier des bailleurs de fonds (AFD, DCE), optait pour une politique de privatisation de la production et de la commercialisation des semences sélectionnées et confiait cette mission dès 1990 au Projet Autonome Semencier (PAS). L’exécution de ce projet avait permis de renforcer les capacités des structures intervenant dans la filière, la formation et l’encadrement de groupements de producteurs et d’opérateurs privés, la construction de magasins semenciers villageois et la réhabilitation des stations de conditionnement de semences d’espèces vivrières. L’objectif visé par ce projet était la création de conditions favorables à un transfert progressif des fonctions de production (reconstitution de capital semencier) et des fonctions marchandes (collecte, conditionnement, conservation et cession de semences) au secteur privé par des appuis institutionnels en vue d’une professionnalisation des opérateurs privés. C’est ainsi que furent créés l’Union Nationale Interprofessionnelle des Semences (UNIS) regroupant les opérateurs privés semenciers et le Comité National Interprofessionnel de l’Arachide (CNIA) qui regroupe les organisations partenaires de la filière arachide (producteurs, opérateurs semenciers, collecteurs, transformateurs, transporteurs, fournisseurs d’intrants et organisations des élus locaux). Le secteur horticole avait bénéficié du concours technique et financier de la FAO et de la BOAD, par la mise en place du Projet de Production de Semences Légumières (PSL). Ce projet, basé à Sangalkam, avait contribué à l’identification et à la formation de producteurs aux techniques de production de semences de légumes, principalement la pomme de terre, l’oignon et les légumes de 4 type africain (gombo, aubergine africaine, piment, bissap, manioc) avec le concours technique du Centre de Développement Horticole de Cambérène (CDH). Malgré la mise en place de moyens techniques et financiers importants pour la réalisation de ces programmes, la reconstitution du capital semencier a toujours connu jusqu’à nos jours des problèmes de qualité, de quantité et une faible implication des communautés de base. La précédente analyse historique des différents programmes de la filière semence fait ressortir ainsi trois séquences distinctes : Une période allant de l’indépendance à la fin des années 80, caractérisée par l’intervention de l’Etat qui, en sa qualité de maître d’œuvre, avait en charge la gestion globale de la filière semence. Les besoins en semences certifiées des principales cultures étaient généralement couverts par des programmes de multiplication spécifiques. Une période allant de 1989 à la fin des années 90 caractérisée par le désengagement de l’Etat des activités de production et de commercialisation de semences. Cette période reste marquée par la liquidation de nombreuses sociétés qui assuraient les fonctions semencières et par la clôture des projets maïs et semences légumières. La politique de privatisation de la filière n’a pas produit les résultats escomptés au double plan quantitatif et qualitatif. Les offres en semences (céréales, légumes, arachide) ont subi une baisse considérable. Une période partant de la fin des années 90, marquée par le développement des initiatives locales et prenant en compte l’ensemble du potentiel qu’offre l’environnement institutionnel actuel ainsi que la maturité affichée par les producteurs et leurs organisations professionnelles. 2.2. Organisation de la production de semences au Sénégal 2.2.1. Cadre institutionnel L'organisation de la filière semencière au Sénégal repose pour l'essentiel sur trois composantes : l'Etat à travers la recherche, le contrôle et la certification, les producteurs privés 2.2.1.1. L'Etat Malgré le désengagement de l'Etat des activités de la production des semences, la puissance publique assure les fonctions de recherche, de contrôle et de certification des semences. La Recherche 5 La recherche est détentrice et pourvoyeuse du matériel de départ. Elle uploads/Industriel/ cours-de-production-semences.pdf
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- Publié le Sep 30, 2022
- Catégorie Industry / Industr...
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