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www.fondapol.org Robin RIVATON Relancer notre industrie par les robots (1) : les enjeux Décembre 2012 www.fondapol.org Relancer notre industrie par les robots (1) : les enjeux Robin RIVATON 4 La Fondation pour l’innovation politique est un think tank libéral, progressiste et européen. Président : Nicolas Bazire Vice-président : Charles Beigbeder Directeur général : Dominique Reynié La Fondapol publie la présente note dans le cadre de ses travaux sur la croissance économique. 5 RÉSUMÉ Alors que les débats sur la compétitivité de l’économie française se suivent et se répètent, les solutions conjoncturelles qui en ressortent se limitent bien souvent à explorer la seule facette du coût du travail. Pour autant, la prospérité des systèmes économiques modernes trouve plutôt son origine dans la qualité de leur outil de production, sa modernité et son degré d’automatisation. C’est la raison pour laquelle les usines du monde entier, du Mittelstand allemand aux ateliers chinois en passant par les chaebol sud-coréens, se convertissent aux robots industriels, dont les améliorations rapides offrent de formidables gains de productivité pour l’industrie. Il faut d’emblée écarter tout déterminisme géographique qui laisserait penser que, tel un problème de riches, la robotisation n’épouserait pas les contours de la mondialisation. En réalité, la robotisation est partout à l’œuvre, y compris dans les pays émergents. Prisonnière d’un appareil productif vieillissant, la France a de plus raté la révolution robotique, manquant des opportunités d’exportation pour se replier sur le marché national. Toute accumulation supplémentaire de retard écarterait encore davantage le pays de cette révolution industrielle et de ses conséquences positives en termes de production et de richesse, mais aussi d’emploi, car il n’est pas de vision plus naïve que celle qui consiste à voir dans les robots les ennemis des ouvriers. En rendant de la compétitivité à l’outil industriel français, les robots sont bien au contraire l’allié de l’emploi industriel. 6 7 À l’heure où la robotique connaît une médiatisation croissante 1, il est frappant de constater que le sujet de la robotisation de l’outil de production français reste sagement maintenu hors du débat public, qu’il soit l’œuvre des think tanks, des acteurs économiques, producteurs comme investisseurs, ou des organismes publics de production intellectuelle. Les raisons de cet état de fait sont multiples : méconnaissance, voire inquiétude, des Français sur ce sujet, manque d’expertise des opérateurs économiques, absence d’intérêt de la part des associations professionnelles internationales, indifférence des élites administratives pour un sujet jugé trop technique… Toujours est-il que la France fait figure d’exception dans un contexte international incroyablement favorable (l’année 2011 a été la meilleure année en termes de ventes de robots industriels depuis la première installation de l’un d’entre eux, en 1961). Comment peut-on ignorer un sujet susceptible d’irriguer des domaines aussi sensibles que la compétitivité structurelle et, par là même, la balance commerciale 2, le rétablissement d’un appareil productif national et ses conséquences sur l’emploi, alors que réindustrialisation, made in France et relocalisation n’ont pas cessé de dominer le discours politique ces dix-huit derniers mois ? Difficile à comprendre tant la robotique est annoncée comme un domaine de croissance et d’innovation susceptible de provoquer une intense réorganisation de l’économie et de la société pour le 1. Voir notamment l’exposition « Et l’homme créa le robot ! » organisée au musée des Arts et Métiers du 30 octobre 2012 au 3 mars 2013. 2. Pour rappel, l’industrie représente plus de 75 % des exportations françaises de biens et services en 2010. Relancer notre industrie par les robots (1) : les enjeux Robin RIVATON Consultant en stratégie fondapol | l’innovation politique 8 XXIe siècle. La réflexion que mène le pouvoir en place sur la compétitivité de la France, via les conclusions de la commission Gallois, ne saurait se limiter à la vision conjoncturelle d’une baisse, par ailleurs indispensable, des charges sociales. La définition consensuelle du robot est fonctionnelle : un robot est un dispositif permettant de réaliser des tâches en autonomie de décision pour une partie des actions élémentaires qui la composent. La robotique se divise en trois grands segments : la robotique de services, qui fut d’ailleurs le premier champ d’étude de la robotique, avec les robots d’intervention dont l’histoire débute au tournant des années 1950 dans le domaine nucléaire ; la robotique industrielle, la plus avancée aujourd’hui ; et la robotique domestique, dont le robot aspirateur Roomba® est le plus célèbre ambassadeur. Les développements actuels des techniques de captage, de codage et de traitement du signal laissent imaginer une multiplication rapide d’applications robotiques dans la vie courante. Toutefois, l’acceptation sociale reste un obstacle à franchir puisque les Français se sentent plus à l’aise avec la représentation de robots sous la forme d’un instrument industriel, tel que le bras robotisé (pour 86 % d’entre eux), plutôt que d’un humanoïde (62 %) 3. L’objet de cette note est la robotique industrielle. Celle-ci répond à une définition précise car elle obéit à la norme ISO 8373. Ainsi, un robot est un manipulateur contrôlé automatiquement, reprogrammable à usages multiples, programmable sur trois axes au minimum, qui peut être fixé sur place ou être mobile en vue d’activités de production industrielle. Il se différencie donc de la machine-outil en pouvant réaliser différents types de tâches. La robotique industrielle a déjà l’apparence d’un marché mature, puisque pas moins de 1 million de robots industriels peignent, soudent, vissent, rivettent à l’échelle de la planète. Que de chemin parcouru depuis l’installation du premier robot, le manipulateur Unimate 001, sur les chaînes de montage de General Motors aux États- Unis en 1961 ! La robotique industrielle n’en est toutefois qu’à ses balbutiements, même si les améliorations sont rapides et par paliers, conduisant à une baisse des coûts et laissant présager une diffusion massive à moyen terme. Aujourd’hui, les robots industriels s’inscrivent dans le champ plus large de l’automatisation industrielle, car l’activité de 3. Dans l’Eurobaromètre no 382 de septembre 2012, Public Attitudes Towards Robots, il est rappelé que, dans les années 1970, le roboticien japonais Masahiro Mori avait montré que plus un robot humanoïde s’approche de la ressemblance avec un être humain, plus ses imperfections nous dérangent et moins notre cerveau les accepte. Relancer notre industrie par les robots (1) : les enjeux 9 production des robots suppose presque toujours une supervision – voire une collaboration – humaine, et en ce sens conserve des caractéristiques partagées avec la machine-outil. Leur intégration conjointe est d’ailleurs une des pistes d’évolution prochaine du robot. Pour l’instant, la robotique ne représente que 4 % 4 d’un marché de l’automatisation en pleine évolution avec, par exemple, la commercialisation d’imprimantes 3D de plus en plus performantes, mais son évolution est un bon indicateur de l’automatisation en général. Il semble pertinent de voir la robotique comme l’un des vecteurs de transformation profonde de la sphère de production dans les prochaines décennies, prétendant à un rôle similaire à celui des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) au tournant des années 1980 aux États-Unis 5 puis avec une dizaine d’années de retard en Europe. Il ne s’agit pas seulement de considérer la robotique comme un nouvel ensemble de technologies au sens de l’innovation schumpétérienne, mais bien comme une révolution industrielle avec ses implications sociales. L’objet de cette note n’est donc pas de rentrer dans une perspective technique de la robotique industrielle ou de retracer les grands traits de l’histoire des robots, mais de fournir aux pouvoirs publics un état des lieux de la robotique industrielle en France, en insistant sur le caractère potentiellement transformant de cette « révolution robotique ». Un état des lieux plutôt alarmiste, auquel font néanmoins écho des recommandations envisageables pour combler, voire rattraper, un retard conséquent 6. À cet effet, afin d’aller au-delà de l’analyse qualitative, une simulation sera réalisée afin d’évaluer l’impact quantitatif d’un plan de robotisation massif sur les grandes variables macroéconomiques. Dans le cadre de cette note, la politique de robotisation industrielle sera concomitamment envisagée sous l’angle de la diffusion de robots dans l’appareil de production national et de la structuration d’une filière de production de robots sur le territoire français. Assumant une pédagogie rassurante, il semble également nécessaire de désamorcer les peurs qu’engendre le sujet de la robotisation industrielle, notamment son impact sur l’emploi, pour en assurer l’acceptabilité sociale. 4. Credit Suisse-Global Equity Research, Global Industrial Automation, 14 août 2012. 5. Johanna Melka et Laurence Nayman, « TIC et productivité : une comparaison internationale », Économie internationale, no 98, 2004/2, p. 35-57 . L’intensité en capital TIC aurait représenté un tiers des gains de productivité sur la période 1995-2001. 6. C’est grâce à l’excellent rapport Nora-Minc sur l’informatisation de la société (1977) qu’a émergé sur la scène publique le thème des technologies de l’information et de la communication, dans lequel la France avait pris du retard. fondapol | l’innovation politique 10 Dans sa première partie, cette étude s’attachera à montrer le retard français pris dans l’investissement productif en général, et en robots industriels en particulier, qui obère les capacités de l’économie française face à la concurrence internationale, du fait d’un outil industriel dépassé. En réponse à cette situation préoccupante, uploads/Industriel/ relancer-notre-industrie-par-les-robots-1-les-enjeux.pdf

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