July 2017 La croissance démographique, l’évolution des modes de vie et de conso

July 2017 La croissance démographique, l’évolution des modes de vie et de consomma- tion ont engendré une intensification des systèmes de production agricoles et des activités industrielles aboutissant à l’émission de grandes quantités de Produits Résiduaires Organiques (PRO). En présence d’un système de ges- tion inadéquat ou déficient, ces PRO peuvent causer des nuisances pour l’en- vironnement et la santé humaine. La méthanisation et les technologies de production de biogaz à partir des PRO sont uniques, comparées aux autres sources d’énergie renouvelable en ce sens, qu’elles permettraient à plusieurs secteurs économiques prioritaires en Afrique subsaharienne d’en tirer parti. La production d’énergie propre et d’électricité décentralisée contribue dans le cadre d’un mix énergétique à réduire l’impact négatif de l’utilisation du bois et des énergies fossiles comme combustibles. Une meilleure gestion des sources de déchets et des pollutions ainsi que la mise en œuvre d’un mode de cuisson propre contribuent à une amélioration de l’assainissement, de l’hygiène et de la santé. Le recyclage des biodigestats sur les sols cultivés contribue à l’amélioration des performances agricoles et à la sécurité alimentaire. Enfin, la méthanisation génère également de nouveaux modèles commer- ciaux et des opportunités, contribuant à l’emploi et aux moyens de subsis- tance. L’adoption des énergies renouvelables dans les économies en développe- ment augmente rapidement. En 2005, l’initiative Biogas Africa a été lancée à Nairobi. Depuis lors, de nombreux acteurs ont participé à diverses initiatives et programmes de partenariat pour soutenir le développement de la mé- thanisation. Cependant sa diffusion en Afrique subsaharienne rencontre des obstacles clés, tels que : contraintes de mobilisation des résidus organiques issus des activités humaines, couts élevés de construction, maturité insuf- fisante des programmes nationaux de biogaz, barrières techniques, institu- tionnelles et socioculturelles. Des informations et des modèles novateurs sont nécessaires pour soutenir le secteur privé, les gouvernements et la société civile afin de permettre une plus large adoption et dissémination de la méthanisation et d’accroître en- core la proportion d’énergies renouvelables en Afrique. Recommandations 1. Pris à sa juste mesure dans le cadre d’un mix énergétique, le biogaz (méthanisation) contribuerait à la couverture énergétique des pays d’Afrique de l’ouest. Il est essentiel de stimuler des processus intégrés de plani- fication et de coordination qui permettent de surmonter les approches sectorielles. 2. Le recyclage des Produits Résiduaires Orga- niques (PRO) en fertilisants agricoles et en énergie à travers la méthanisation nécessite la maîtrise de ces ressources. Les pouvoirs publics doivent instaurer au niveau de tous les secteurs générateurs de PRO, une systé- matisation de la collecte des statistiques. 3. Le développement de la méthanisation ne peut se réaliser sans l’appui institutionnel au niveau national et local. Aujourd’hui, les subventions se focalisent sur l’installation de l’unité de méthanisation. Une réparti- tion rationnelle de la subvention autour de l’investissement à l’équipement et de l’écoulement des sous-produits du traite- ment (fertilisant et biogaz) pourrait appuyer ce développement et sa pérennisation. 4. Disposer d’une masse critique de spécialistes est l’un des facteurs clés du développement de la méthanisation en Afrique de l’ouest. Il faudrait impulser l’élaboration et la diffusion de curriculums incluant les outils d’aide à la décision pour la formation des techniciens à tous les niveaux (écoles professionnelles, instituts technologiques, universités, etc.). 5. L’accès aux informations relatives à la dis- ponibilité des ressources organiques au niveau local, à la valorisation des sous-pro- duits, aux sources de financement, aux tech- nologies appropriées doit être facilité aux porteurs de projet, aux praticiens à travers des incubateurs locaux. Appuyer la mise en place de ces structures d’accompagnement décentralisées qui regroupent les autorités locales, les services techniques et les com- munautés est nécessaire. Développement intégré de la méthanisation en Afrique de l’Ouest Les bio-wastes, qu’est-ce que c’est ? L’Afrique dispose d’un potentiel abondant de biomasse sous forme de résidus organiques d’origine végétale ou animale, agricole, agro-industrielle et urbaine, ce qui est théorique- ment suffisant pour produire la bioénergie complémentaire nécessaire dans le mix énergétique pour satisfaire la de- mande totale/nationale d’électricité. Environ 850 millions de personnes cuisinent et chauffent leurs habitations à l’aide de foyers traditionnels et de poêles simples qui brûlent de la biomasse (bois, fumier d’animaux et résidus de récolte) et du charbon en Afrique subsaharienne. Il existe des possibilités d’utiliser durablement la biomasse disponible. Dans WABEF, bio-wastes signifie déchets biodégradables. Ce sont les Produits Résiduaires Organiques (PRO) au sens large issus des activités humaines agricoles, agro-industrielles et urbaines tels que les fumiers, lisiers, déchets d’abattoirs, dé- chets alimentaires, les biodéchets des ménages au sens strict de la Directive-cadre Européenne, les boues d’épuration et de vidange. Le potentiel d’utilisation des PRO pour produire de l’énergie et des fertilisants est basé sur la connaissance des volumes accumulés. Cependant, dans la plupart des pays, ces gise- ments sont méconnus et ne sont pas qualifiés ; laissant les décideurs politiques et les entrepreneurs sans informations de base pour définir une politique incitative ou sur comment et par quoi démarrer un projet. Ainsi, pour chaque étape de la chaîne de valeur, WABEF propose un outil opérationnel per- mettant de répondre aux questions : quelle disponibilité des PRO ? Quel approvisionnement pour quelle technologie de méthanisation ? Quelle valorisation pour le biogaz et quelle gestion agronomique des digestats ? Quelle faisabilité pour l’ensemble de la chaîne de valeur ? Et quelles connaissances et savoirs transmettre aux décideurs et aux praticiens. Filière de méthanisation et questions à adresser pour élaborer un plan d’affaires viable et pour aider à la prise de décision raisonnée wabef.cirad.fr WABEF a effectué une analyse du secteur du biogaz et des technologies disponibles dans un certain nombre de pays de l’UE et d’Afrique, en ciblant le fonctionnement, l’environ- nement, l’intégration dans les structures organisationnelles existantes ainsi que les conditions sociales, économiques et politiques. Les leçons à retenir pour les pays d’Afrique de l’Ouest sont 1) de sécuriser le flux d’approvisionnement en PRO ; 2) de bénéficier d’une politique d’incitation proposée par l’Etat ; 3) de sécuriser l’écoulement et le recyclage des digestats. Leçons et défis Les technologies sont disponibles, fiables et de plus en plus compétitives en termes de coûts. La mobilisation des inves- tissements nécessaires exige que les gouvernements et l’en- semble des acteurs concernés travaillent à l’instauration d’un climat politique favorable et de cadres réglementaires. Une approche intégrée doit également permettre une gestion adé- quate de l’information, de la chaîne technologique adaptée, des ressources de PRO et le recyclage des digestats. Potentiel bioénergétique • Le Centre pour les Energies Renouvelables et l’Efficacité En- ergétique de la CEDEAO (CEREEC) suggère que l’alimentation électrique de l’Afrique de l’Ouest peut être basée jusqu’à 54% sur les énergies renouvelables en 2030, y compris l’hydroé- lectricité. La plupart des pays de la CEDEAO ont fixé des ob- jectifs d’une utilisation de 10% à 20% d’énergie renouvelable (hors hydroélectricité) en 2020 et 2030 respectivement. • Bénin importe près de 80% de son électricité, alors qu’il dis- pose d’une capacité annuelle de production de biomasse (PRO agricoles et biodéchets des ménages) en principe suf- fisante pour satisfaire la demande nationale d’électricité. En 2025, le Bénin vise un mix énergétique comprenant 25% d’énergies renouvelables. • Au Sénégal, WABEF a calculé la disponibilité potentielle des PRO agricoles et municipaux (en tonnes de matière sèche par an, base 2013). Les déjections animales maitrisables repré- sentent 2,311 millions de tonnes ; la production de résidus de cultures : 2,426 milliards de tonnes ; les biodéchets des ménages : 0,216 million de tonnes et les boues de vidange maitrisables : 8,713 millions de tonnes. Afin de gérer durablement le développement urbain et rural, une planification et une coordination adéquates sont nécessaires pour assurer des synergies dans le nexus entre les aliments, les déchets, l’eau et l’énergie adaptées au contexte local. L’éva- luation correcte des flux nationaux et locaux de PRO, des be- soins de développement et des marchés doivent donner lieu à des approches qui s’inscrivent dans l’élan du développement. Unité d’alimentation du Transpaille® et les gazomètres à Teriya Bugu Songhaï au Bénin Songhaï est un système original de développement intégré, crée depuis 1985, qui place le développement du capital humain et la bioénergie au centre de la pyramide des pro- duction primaire, secondaire et tertiaire. La production des bioénergies est basée sur : le solaire photovoltaïque offrant de l’électricité, et sur la biomasse provenant des résidus organiques des plantes, des animaux, des poissons, offrant par méthanisation du biogaz et par gazéification du syngaz. Actuellement, le Centre Songhaï de Porto-Novo produit en moyenne 1 300 m3 de biogaz par mois, alimentant deux gé- nérateurs d’une puissance totale de 75 kW pour la produc- tion d’électricité. Cette production d’électricité hors réseau satisfait 10% des besoins énergétiques des trois secteurs de production du Centre à un tarif moyen de 111 FCFA/kWh. Les digestats (11 tonnes/semaine) sont utilisés pour la fertili- sation de 5 ha de cultures maraichères et fruitières et 2 ha d’étangs piscicoles ce qui permet d’éviter l’utilisation de 1,4 tonnes d’engrais chimique par an. Les interactions entre les différents secteurs du Centre, les uns étant sources de résidus organiques ou d’énergie les autres étant des uploads/Industriel/ ruaf-policy-brief-wabef-fr.pdf

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