L' agro-industrie est un concept à base technique qui englobe les sec- teurs de

L' agro-industrie est un concept à base technique qui englobe les sec- teurs de transformation de matiè- res premières d'origine agricole, au sens large. Dans cette acception, il comporte plusieurs filières de fabrication, fortement hétéro- gènes: - produits alimentaires (de loin les plus importants, en terme de volumes, de valeur ajoutée et de chiffre d'affaires) - produits non-alimentaires: - matériaux traditionnels (textiles, cuirs, en déclin, du fait de la concurrence des pro- duits de synthèse) - nouveaux matériaux (dérivés chimiques du carbone, concurrents de la pétro-chimie, en développement) . - bio-carburants (éthanol de canne, de bet- terave ou de céréales, diester d'oléagineux, qui devraient connaître une croissance signi- ficative dans les années à venir). Les agro-industries non alimentaires repré- sentent à ce jour moins de 10 % des débou- chés du complexe agriculture + industries alimentaires, soit environ 40 Mds de F en 1991 pour la France (cf. schéma 1). Une approche «descendante» (de la matière première vers les produits finis) n'est guère pertinente en économie de marché où le problème essentiel est de générer des chif- fres d'affaires et des marges, en phase avec une demande et non pas de valoriser dans n'importe quelle condition des matières pre- mières. Un outil méthodologique puissant, l'analyse de système doit être substitué aux démar- ches obsolètes issues des dogmes techni- cistes. En effet, les systèmes économiques contem- porains sont composés d'un ensemble sou- vent complexe d'acteurs dont les décisions sont guidées par la satisfaction de besoins de consommation exprimés sur un marché. La théorie des systèmes conforte ainsi les fondements du marketing. Au concept d'agro-industrie, il convient donc de préférer celui de couples produits x marchés. Il devient ainsi possible de définir non pas un mais des systèmes agro-industriels dont les caractéristiques communes sont les sui- vantes: - systèmes finalisés, c'est à dire orientés par un marché de consommation; - systèmes exploitant des matières premiè- (') Chaire d'Economie et Gestion des Entreprises - Ensa, Montpellier. 4 MEDIT W 1193 TENDANCES LOURDES DE L'AGRO- INDUSTRIE MONDIALE JEAN-LOUIS RASTOIN (*) 1 Abstract The agro-food system demand is slowly çr.owing. Within ea.ch countr~, different consumption models exist, depending on cultural trad.tlOns and productlOn potent.alities. However, SlUce some years ago, a convergence of world consumption models is taking place. The agro-food industry is the first sector of the world industry, in terms of tu~nover and employment. It has a fringe oligopoly structure in high income countries and .t is not so concentrated in relation to the other industrial sectors. Strategically, before the continuaI saturation of food demand by high income countries, multinational firms are following new ways, both for the market area and for their own behaviour. As for location, interest towards Eastern and Southern countries is unavoidable and new technological and indus trial partnerships are needed to be competitive on the world market. 1 Résumé En général, le système agro-alimentaire est caractérisé par une faible croissance de la demande. Dans chaque pays il y a nombreux modèles de consommation, liés aux traditions culturelles et aux potentialités de production. On doit toutefois constater qu'ily a quelques ans, une convergence mon- diale de ces modèles s'est réalisée. L'industrie agro-alimentaire constitue, en termes de chiffre d'affaires et d'emploi, le premier sec- teur de l'industrie mondiale. Elle a une structure d'olygopole àfranges dans les pays à haut revenu et elle est peu concentrée, par rapport aux secteurs industriels. En termes strategiques, face à la saturation de la demande alimentaire des pays à haut reven~, les multinationales s'intéressent à des nouveaux scénarios, concernant aussi bien l'aire de marche que leur mème comportement. Pour ce qui est de la localisation, on ne peut pas éviter que l'intérêt se concentre sur les pays de l'est ed du sud, en rendant nécessaire le développement de nouvelles for- mes de partenairiat téchnologique et industriel, afin d'être compétitifs sur le marché mondial. res d'origine biologique, ce qui induit de fortes spécificités et contraintes: hétérogé- néité des produits, périssabilité, fluctuations importantes dans les volumes, la qualité des productions, les délais de livraison, coûts élevés pour s'affranchir de la dépendance des variables agro-climatiques; - systèmes partiellement déterminés (par les politiques macro-économique de trans- fert et de régulation); - systèmes aléatoires (en raison des con- traintes pesant sur la matière première); - systèmes ouverts, du fait de la substitua- bilité entre produits et de la concurrence internationale. Nous traiterons, dans cette perspective, du cas de l'industrie alimentaire. Tableau 1 Evolution de la consommation des ménages . France . 1980/90 (variation annuelle moyenne, en volume et en %). Services médicaux et santé .. 6,5 Loisirs, culture, enseignement. .. 4,2 Logement. .. 2,9 Transport et communications ... 2,7 Produits alimentaires ... 1,5 Habillement. .. 0,9 Consommation nationale ... 2,6 Source: INSEE (1991). Le cadre d'analyse de l'industrie alimentaire Ce cadre est celui du système agro- alimentaire. Le système agro-alimentaire peut être défini d'une part comme l'ensemble des flux de biens et services concourant à la satisfaction des besoins alimentaire d'un groupe de con- sommateurs dans un espace géographique donné (région, Etat, entité supra-nationale, etc ... ), d'autre part comme un réseau inter- dépendant d'acteurs (entreprises, institu- tions financières, organisations publiques, consommateurs) portant les-dits flux. Si l'analyse de système parait l'outil global le plus pertinent pour aborder cet ensemble pluri-sectoriel, elle doit être confortée par l'utilisation de méthodes telles que l'analyse de filière qui permet de bien prendre en compte les séquences techno-économiques de production-transformation-distribution des produits et l'analyse stratégique qui per- met d'identifier les déterminants du com- portement des acteurs dans le système. Le système agro-alimentaire se caractérise en premier lieu par une demande à faible crois- sance si on examine les tendances des bud- . gets des ménages sur la longue période (cf. tableau 1). Le coefficient budgétaire des dépenses con- sacrées à l'alimentation est passé en France de 36% en 1959 à 18,2% en 1990. Il se situait, à la fin des années 80, à 21 ,9% en Allemagne, 22,5% en Italie, 39,9% en Grèce et près de 52 % en Algérie. Cependant si globalement la consommation alimentaire progresse faiblement, on relève de fortes disparités selon les produits, avec dans les pays industrialisés, une baisse en volume du pain, des légumes secs, du beurre, des vins courants et au contraire une progression des produits laitiers frais, des fruits exotiques, de la viande de volaille, des eaux minérales et des vins A.O.C (cf. gra- phique 1). Par ailleurs, la structure de la dépense ali- mentaire évolue rapidement sous la pression de phénomènes de société: urbanisation, journée continue, travail féminin, sodo- styles. Ainsi, on assiste à un développement important de la restauration hors-foyer (R.H.F.) qui atteint 25% du budget alimen- taire en France et 45% aux Etats-Unis (Ras- toin, Viala, 1991). On constante des disparités dans les modè- les de consommation alimentaire selon les pays, en liaison avec les traditions culturel- les et les potentialités locales de produc- tion ('). Cependant, on assiste depuis quel- ques années, en raison du développement sans précédent des communications inter- nationales (tourisme, migrations profession- nelles, médias), à une convergence mon- diale des modèles de consommation, con- sidérablement amplifiée par la restauration hors foyer. Cette convergence se fait sur la base de produits industrialisés empruntés à différentes sources: hamburger/coca-cola, pizza/vin, préparations asiatiques/thé, etc ... Internationalisation des systèmes agro-alimentaires La demande agricole et alimentaire expri- mée sur les marchés internationaux connait les mêmes rythmes lents d'évolution que la demande domestique. Les exportations agri- coles mondiales ont atteint 415 milliards USD en 1989, soit 12,2% des exportations totales, contre 46% en 1950, traduisant le déclin continu de l'agriculture dans l'éco- nomie au profit de l'industrie et surtout des services. Ce phénomène, bien décrit par les économistes (') s'explique par les gains de productivité considérables réalisés par l'agri- culture et le glissement progressif des acti- vités vers les secteurs secondaires et tertiai- res rendu possible par le progrès technique et les mutations de la demande, au sein même du système agro-alimentaire et dans l'ensemble de l'économie (Malassis, 1979, pp 136-157). Le commerce agricole international s'est accru au taux annuel moyen de 1,8% en volume sur la période 1980-89, alors que celui des produits manufacturés a été de 5,7%. Les prix agricoles sur le marché mon- dial sont particulièrement «volatils», du fait de leur très forte élasticité par rapport au niveau des récoltes et des stocks: le prix du cacao, par exemple est passé de l'indice 26 en 1970 à 48 en 1989, en passant par un pic à 146 en 1977 (base 100 en 1980). Le ratio d 'internationalisation de la pro- MEDIT W 1193 Tableau 2 Matrice du commerce mondial de produits agricoles et alimentaires, année 1988. Destination Pays dév. e.m. P.V.D. Pays de l'Est Monde Origines Pays dév.e.m. 76% 18% 5% 100% P.V.D. 68% 20% 12% 100% Pays de l'Est 39% 24% 36% 100% Monde 71% 19% 10% 388 Mds USD Source: Rastoin (1990), d'après GATT. Le commerce international 88-89, vol.Il , Genève, (1989). Tableau 3 La chaine agro-alimentaire française en 1990. Branches IAA Mds FRF % Agrégats compta. nat. Mat. prem. agricoles 217 36% C.1. uploads/Industriel/ tendance-agro-industrie.pdf

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