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I CT i · 2, R,,, Crnté 7 5 0!73 LES VISAGES DE L'AVENIR . Collection dirigée par Gérard Klein ANNIE BATLLE LES TRAVAILLEURS DU FUTUR SEGHERS Ce titre a déjà été utilisé pour une série d'articles du même auteur, , publiés dans Le Monde du Dimanche. Éditions Seghers, Paris, 1986 ISBN 2-221-01309-3 SOMMAIRE Préface ...........................................: 9 Introduction , Chemins faisant.................................. 17 1. DES FAUCONS A LA PUCE La Rand Corporation ............................ 23 SRIInternational ............................... 32 Institut pour le futur ............................. 49 2. LES COUSINS D'AMÉRIQUE Gamma ....................................... 61 3. LES FUTURS DE CULTURE La prospective, un produit français ................ 79 Association Internationale Futuribles .............. 88 Apprendre la prospective au CNAM ............... 102 4. LES VOIX DU CAPITOLE Le Club de Rome ............................... 113 5. YALTA DU FUTUR IIASA ......................................... 127 6. AU PAYS DES MUTANTS CALMES Institut pour les technologies du futur .............. 145 Nomura Research Institute ....................... 155 7. L'ESPOIR QUI VIENT DU FROID Secrétariat suédois d'études sur le futur ............. 171 8. THÉ SANS SUCRE SPRU ......................................... 189 8 LES TRAVAILLEURS DU FUTUR 9. RAPPORTS EN COMMUN . Les programmes sur le futur ...................... 211 Interfuturs ..................................... 212 Fast ........................................... 238 Fastl ......................................... 239 Fast 2 : la maturité .............................. 261 10. UN AVENIR SUR MESURE Le Plan en plan ................................. 267 11. LE CÉLESTE EMPIRISME Société chinoise pour les études du futur ............ 285 Conclusion : Demain... peut-être ....................... 295 Annexes Boîte à outils ................................... 303 La clef universelle: World Future Society ........... 309 Bibliographie ................................... 311 PRÉFACE La prétention à prévoir l'avenir social remonte à l'Antiquité au moins, comme le montre le beau livre de Bernard Cazes, Histoire des futurs. C'est toutefois seulement à partir des années soixante de notre siècle qu'elle s'institutionnalise, se dote de méthodologies, prend la forme d'un effort collectif, s'industrialise en quelque sorte pour reprendre l'expression d'Annie Batlle dans Les Travailleurs du futur. La rencontre de ces deux ouvrages et leur publication presque simultanée dans la collection « Les Visages de l'avenir », pour large- ment fortuite qu'elle soit, a donc presque valeur de symbole. L'éditeur aurait aimé en avoir eu l'intention. Il n'en a été que l'occasion. Ce qui lui permet de souligner sans trop d'impudeur que l'ensemble formé par ces deux livres est à peu près équivalent puisque, sans prétendre à l'exhaustivité, ils couvrent de l'histoire à l'actualité, tout le champ des efforts effectués pour penser l'avenir. Les ouvrages nous dépeignant l'avenir sous des couleurs euphoriques ou sombres abondent. Ceux qui proposent des évaluations sur les anticipations du passé sont déjà moins nombreux et ils se bornent pour la plupart à distribuer de bon ou de mauvais points, ou s'attardent avec jubilation sur la naïveté suppo- sée de nos prédécesseurs, comme s'il convenait de les accabler pour leur audace à prédire l'avenir. Les deux livres d'Annie Batlle et Bernard Cazes sont d'une autre bouteille. Ils décrivent et évaluent, non pas des résultats, mais des procédures, des méthodes, des façons - de penser, des moyens. Au lieu de goûter pour nous les plats, ils nous ouvrent les portes des cuisines. Peut-être, en effet, l'heure est-elle venue de l'évaluation et de la réflexion sur la portée, les limites et la nécessité de la prospective. Ce n'est pas que cette réflexion ait jamais fait défaut. Elle est présente à 10 LES TRAVAILLEURS DU FUTUR chaque page ou presque du classique de Bertrand de Jouvenel, L'Art de la conjecture. Mais elle s'exerçait jusqu'ici a priori, comme une inquiétude préliminaire, une précaution philosophique et un peu abs- traite témoignant de la solitude et des appréhensions du chercheur. Elle peut s'exercer aujourd'hui a posteriori, sur un matériau abondant, t, réuni et élaboré collectivement en réponse à une demande sociale manifestée dans tout le monde industrialisé et même préindustriel. Au u lieu de se dire, un peu frileusement : « Mon Dieu, où vais-je mettre les pieds ? » on peut se demander désormais: « Où ont-ils mis les pieds et par où sont-ils passés ? » Cette description et cette évaluation des ambitions, des méthodes et des procédures sont aujourd'hui nécessaires parce que la prédiction de l'avenir social (lui inclut bien entendu la science, la technologie et leurs effets) est en crise, parce que plus que jamais elle apparaît intellectuellement légitime, et enfin parce qu'elle est désormais indispensable. Que la prédiction de l'avenir social soit en crise ressort discrète- ment encore que clairement de l'enquête d'Annie Batlle. Comme elle y a insisté peut-être davantage dans nos conversations que dans son texte définitif je voudrais revenir sur ses constatations auxquelles je souscris largement sans partager pour autant son pessimisme à long terme sur l'avenir de la prospective. Cette crise se traduit crûment par . le fait que la plupart des organismes s'occupant de futurologie et de prospective ont vu, après les grandes espérances et les brillantes envolées des années soixante et de la première moitié des années soixante-dix, leurs ambitions et leurs moyens décroître. Ils se sont donc tournés vers des activités plus terre à terre et plus immédiate- ment rentables et se livrent surtout à des excursions dans l'avenir à moyen terme et à des études de marché. Sauf dans le domaine mili- taire, leurs commanditaires ont changé ou ont vu leurs moyens dimi- nuer substantiellement, d'abord en raison de la crise, ensuite à cause de l'idéologie en faveur du moins d'Etat qui s'est manifestée un peu partout dans le monde industrialisé par des réductions budgétaires, à commencer par les Etats-Unis : parmi les clients, moins d'administra- tions et plus d'industriels, et, par conséquent, moins de grandes syn- thèses géopolitiques et plus d'interrogations sur l'avenir des portes de fours domestiques. De même, l'avenir des grands projets du type Interfuturs ou Fast paraît provisoirement compromis. A dire vrai, cette évolution - ou cette régression - n'est nullement propre au domaine de la prédiction sociale et concerne tout aussi bien et beau- coup plus lourdement encore ceux de la recherche scientifique fonda- mentale. Il convient donc de la relativiser et peut-être de la considérer PRÉFACE 11 comme un phénomène transitoire. La question est de savoir s'il s'agit d'un adieu aux avenirs, comme le pense peut-être Annie Batlle, ou d'un repli momentané, comme f ai tendance à le croire. Au-delà de ces facteurs économiques et idéologiques, le profil bas adopté en moyenne par la prédiction sociale traduit aussi un indénia- ble désenchantement issu de la grande crise des années soixante-dix et de l'échec - discutable - à la prévoir qu'elle aurait rencontré. Mais, à y regarder de plus près ce désenchantement vise surtout une école du domaine, celle de la futurologie, dont l'exemple le plus bruyant reste L'An 2000 d'Herman Kahn et Anthony Wiener (Robert Laffont), et laisse à peu près intacte celle de la prospective. Et comme la futurolo- gie jut essentiellement américaine, on comprend que, dans les pays les plus ardemment tournés vers l'avenir, son insuccès ait laissé des traces. Bien loin de tenir cette révision déchirante pour une condamnation de tout effort en vue d'explorer les avenirs, je la considère au contraire comme salutaire. Le terme de futurologie me fait penser à celui d'intelligence artificielle : un mot mal choisi pour désigner une ambi- tion insoutenable. Il implique qu'il n'y aurait qu'un seul futur, déjà écrit, et qu'il serait possible de lire à l'avance, à condition de trouver les bons algorithmes, un destin manifeste en quelque sorte. La futuro- logie porte le projet d'une colonisation de l'avenir. Puisqu'il serait en somme déjà là, la seule question serait de savoir quel empire, ou quelle part de marché, s'y tailler. Que l'événement ait rapidement déçu une prétention aussi réductrice et aussi impérialiste et ramené à plus d'humilité les tenants d'un optimisme aussi puéril, version informati- sée du progressisme positiviste du siècle dernier, ne peut être que bénéfique. Ne peuvent s'en plaindre que ceux qui voyaient dans la prédiction du futur une incantation et un panégyrique. La prospective, elle, d'origine européenne sinon latine, cherche moins à décrire un ou des avenirs qu'à repérer dans l'histoire des tendances contextuelles, dans le présent, des faits porteurs d'avenir, et, enfin, qu'à dire pour la suite ce qui se passerait, à vue humaine et l'état de l'art, si telles ou telles conditions étaient réunies. Certaines de ces conditions peuvent être extrêmement improbables, mais leurs effets, si elles apparaissaient, peuvent être si graves qu'il est préféra- ble de s'y préparer au moins intellectuellement. Pour prendre un exemple extrême, lorsque des scientifiques de l'Est et de l'ouest ' décrivent l'hiver nucléaire comme un effet probable et jusque-là imprévu d'un conflit nucléaire étendu, ils se livrent à un exercice de prospective et, soulignant qu'il n'y a pas de victoire concevable, ils s'efforcent d'éviter une éventualité catastrophique. Il n'est plus possi- ble ensuite aux décideurs de dire: « Je n'avais pas voulu cela. » La 12 LES TRAVAILLEURS DU FUTUR . prospective est donc toujours implicitement, et souvent explicitement, t, normative. Cherchant à renforcer ou à éviter une tendance, elle réintroduit 4ans la prévision sociale la question des valeurs. Son principal présupposé, au fond optimiste, est uploads/Industriel/ xx-cne-prospective-000681-pdf.pdf

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