Collection Pluriel fondée par Georges Liébert et dirigée par Pierre Vallaud HEN
Collection Pluriel fondée par Georges Liébert et dirigée par Pierre Vallaud HENRI LEPAGE La «nouvelle économie» industrielle HACHETIE © Hachette, 1989. Sommaire Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 1. Les impostures de l'économie mixte...... 23 Il. Il n'y a pas de monopole «naturel» . . . . . 49 III. La véritable histoire des « services publics» .............................. 95 IV. Comment et pourquoi privatiser les ondes 115 V. Le mythe de la concentration croissante.. 145 VI. Les grandes entreprises ne sont pas un danger pour la concurrence . . . . . . . . . . . . . 181 VII. Un autre regard sur les choix d'organisa- tion industrielle et de distribution: la théo- rie économique des contrats.. . . . . . . . • . .. 231 VII 1. Plaidoyer pour un libre-échange agricole.. 281 IX. Pour une approche libérale de l'environne- ment............ ...................... 323 X. Propriété industrielle, propriété intellec- tuelle et théorie de la propriété .. . . . . . .. 349 Annexes: 1. L'erreur scientiste de Léontieff.......... 385 2. Politiques industrielles: les mauvais argu- ments................................. 396 3. Le contrôle des concentrations dans la CEE .................................. 403 4. La théorie économique de la franchise... 416 5. La fausse libéralisation du droit français de la concurrence...................... 429 6. La concurrence des États rend inévitable le recul de l'économie mixte . . . . . . . . . . .. 436 Table des matières........................... 443 Introduction Qui n'a jamais entendu ce discours? « Évidemment que je suis un libéral convaincu! J'ai toujours été un ardent combattant de la cause pour la libre entreprise ... L'écono- mie de marché? Bien sûr que je suis pour; en tant que chef d'entreprise je sais ce que c'est! Mais ... Mais il est normal qu'il y ait des règles du jeu. Les gens ne peuvent pa~ faire n'importe quoi. Il faut bien qu'il y ait un peu d'Etat. Pour « moraliser» le marché .. ., Empêcher les « abus » ... « Protéger» les plus faibles ... Eviter la concur- rence «sauvage »... Encourager la recherche... Promou- voir l'investissement... Régulariser les cycles de la conjoncture ... Défendre l'environnement... Et puis il y a les « services publics» indispensables: l'électricité, le télé- phone, les télécoms, les transports ... On peut en « priva- tiser» le fonctionnement, mais qui peut nier qu'il s'agit d'un domaine où on ne peut pas se passer d'une « régula- tion» publique? .. Il y a aussi l'agriculture: qui songerait à contester que la protection que l'Etat accorde à nos agriculteurs n'est pas dans notre « intérêt collectif?» C'est ce Mais ... qui forme le sujet des pages qui suivent. Ce livre reprend les cas difficiles du libéralisme; tous ces problèmes limites où même ceux qui croient aux valeurs de la libre entreprise et de l'économie de marché acceptent de resonnaître le besoin prima facie d'une intervention de l'Etat. Il analyse les limites, les défauts, et 10 LA «NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE les incohérences des arguments scientifiques utilisés pour justifier le caractère inévitable et nécessaire de l'inter- vention des pouvoirs publics. L'ensemble des chapitres est un peu disparate. Sont ici rassemblés des travaux, des articles, des notes rédigés au cours des quatre dernières années, dans des circonstances et à des fins très diverses. Certains ont déjà été publiés. D'autres ont conservé une circulation confidentielle. Mais derrière la multiplicité des sujets se cache une unité de fond. Il s'agit d'illustrer comment les plus récents déve- loppements de la science économique remettent en cause la plupart des concepts fondateurs de l'économie publique contemporaine. « The New 1.0. » La démarche est la même que celle adoptée dans les ouvrages précédents, publiés dans la même collection (Demain le capitalisme, 1978; Demain le libéralisme, 1980; Pourquoi la propriété, 1985). L'objectif est de familiariser le public français, d'abord le public universi- taire, mais aussi - pourquoi pas? - tous ceux qui se piquent d'être « informés », avec des travaux qui restent peu connus dans notre pays, à l'exception d'un petit noyau de professeurs libéraux. Un événement important est en effet en train de se pro- duire dans le petit monde de la pensée universitaire. A travers le maniement d'un certain nombre de concepts nouveaux (comme les notions de « passager clandestin », d' «investissement spécifique », de «quasi-rente » ... ), on assiste à l'émergence d'analyses microéconomiques dont la particularité est d'offrir enfin une explication ration- nelle à une gamme de comportements industriels et commerciaux dont la théorie économique était jusqu'à présent incapable de rendre compte de manière satis- faisante (sauf à imaginer la trace d'un comportement « douteux» des entreprises). Cette nouvelle discipline a déjà un nom. Les écono- INTRODUCTION Il mistes de Los Angeles (qui y jouent un rôle leader: Armen Alchian, Harold Demsetz, Ben Klein, Bruce John- son ... ) l'ont déjà baptisée The New 1.0. - le 1. et le O. intervenant pour Industrial Organization. A travers ces travaux, il semble qu'un grand pas soit actuellement en train de s'accomplir dans l'avancement d'un domaine de recherche qui restait jusqu'à présent à peine défriché: celui d'une théorie générale de la production et des échanges susceptible de renqre compte de la variété des formes de propriété et de contrats que l'on rencontre directement dans le monde industriel réel. Pour la pre- mière fois apparaissent des théories d'économistes sur l'industrie, ses structures, ses comportements, la concur- rence ... qui convergent avec l'intuition interne qu'en ont les hommes d'industrie. C'est là, dans le monde de la théorie économique, une nouveauté suffisamment impor- tante pour être mise en valeur. Le vrai rôle de l'État: créer des «rentes» Ce livre est composé de plusieurs blocs. Le premier concerne ce que j'ai baptisé: « Les impostures de l'écono- mie mixte.» Le chapitre 1 reprend des éléments tirés d'un rapport écrit en 1986 et portant sur «la politique industrielle », auxquels ont été ajoutées des réflexions présentées lors d'un colloque organisé par Alain Madelin et le parti répu- blicain sur «l'économie mixte », en avril 1989. J'y rap- pelle que le même problème de connaissance et de savoir qui rend impossible une planification totale par un orga- nisme central, rend également vain tout espoir d'amé- liorer le fonctionnement de l'économie par des mé- thodes partielles de «guidage» du marché. Les termes d' « économie mixte », de « politique industrielle» sont des « anticoncepts », des notions qui ne veulent en définitive rien dire puisqu'elles expriment l'idée d'un objectif (faire mieux que le marché) dont on démontre qu'il est par défi- 12 LA «NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE nition irréalisable, hors d'atteinte d'êtres humains qui ne se prennent pas pour des dieux. A quoi servent-ils donc? L'une des idées fortes de la «nouvelle économie» industrielle est que les régle- mentations publiques, loin d'être mises en place pour ser- vir les intérêts des consommateurs et des usagers, répondent à une logique de marché politique et sont une forme de protectionnisme, de restriction artificielle à la production dont la finalité est de faire apparaître des «rentes de rareté» qui sont ensuite partagées entre les entreprises ainsi protégées contre l'entrée de nouveaux compétiteurs plus dynamiques, et les autorités de tutelle chargées de mettre en place puis d'administrer l'applica- tion des règlements. C'est cette hypothèse qui se trouve développée dans les trois chapitres suivants consacrés aux « mythes et réalités des services publics ». Au fond rien n'a vraiment changé depuis l'Ancien Régime. Seul le mode d'attribution des «rentes », leur nature, et leurs bénéficiaires ont évolué. Mais l'État re.ste fondamentale- ment celui qui a le pouvoir de créer et de monnayer la dis- tribution de rentes. Comment réintroduire la propriété? Le chapitre II rappelle que la justification du monopole des services publics et de nombreuses réglementations est liée au postulat qu'il existe des « monopoles naturels ». Il y est montré que la théorie repose sur la description d'un monde exactement inverse de la réalité, et qu'on ne peut absolument pas en tirer les principes de politique écono- mique qui justifient l'économie mixte. En reprenant l'histoire des grands monopoles publics (l'électricité, le téléphone), le chapitre III suggère que son véritable rôle n'est pas de nous offrir le moyen de lutter contre des gas- pillages (qui n'existent pas), mais de légitimer aux yeux de l'opinion la permanence de certaines rentes profes- sionnelles et corporatives dont l'existence est occultée par le raisonnement habituel. Il fait clairement apparaître le INTRODUCTION 13 caractère non naturel des monopoles publics, et le rôle essentiel des facteurs institutionnels dans la naissance de ce que nous avons plutôt tendance à considérer aujourd'hui comme allant de soi. Nous ne sommes pas loin de penser que la théorie traditionnelle du « monopole naturel» n'est qu'un alibi, une sorte de « théorie couver- ture » offerte par les économistes à des groupes de pres- sion dont les avantages acquis se sont ainsi trouvés, uploads/Industriel/la-nouvelle-economie-industrielle-pdf.pdf
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- Publié le Jul 12, 2021
- Catégorie Industry / Industr...
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