« Nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants
« Nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. » alors... « il ne s’agit pas de prévoir l’avenir, mais de le rendre possible » Antoine de Saint-Exupéry. « Les méthodes utilisées dans le management de la qualité forment un ensemble extrêmement vaste et diversifié. Elles font appel à des pratiques aussi différentes que l’analyse statistique et la communication interpersonnelle. Elles ont vocation à s’appliquer à tous les aspects de la gestion d’une organisation qu’il s’agisse de la conception et du développement de nouvelles activités, ou bien de la maîtrise des procédés en fabrication, en distribution, dans les services ou dans les traitements administratifs. » François KOLB. La qualité. Essai sur l’évolution des pratiques de management. ■ Hermel distingue quatre périodes dans l’histoire des pratiques en matière de qualité : du début du siècle à 1930, l’inspection est la pratique dominante, puis de 1930 à 1950, c’est le contrôle qualité qui s’impose, ensuite, de 1950 à 1970, l’assurance qualité vient au premier plan, tandis que les années soixante dix et quatre-vingts, voient s’affirmer l’âge de la qualité totale. ■ Le « mouvement de la qualité » est passé, au cours d’une histoire presque centenaire, du seul souci de la qualité du produit final, à une méthode de management systémique globale qui concerne aujourd’hui pratiquement tous les aspects du management d’un organisme public et sanctionné par un audit… nous sommes passés, au cours de cette histoire, « du management de la qualité à la qualité du management ». ■ Une préhistoire de la qualité méconnue : la collectivité publique à la base de la qualité ? ■ La prépondérance de la qualité dans le management des entreprises industrielles puis, de manière générique, de tous les types d’organisations, se présente comme un phénomène récent, dont l’origine est généralement imputée aux orientations adoptées par le Japon dans un souci de modernisation d’un appareil industriel détruit à l’issue de la seconde guerre mondiale, sous l’autorité du Général Douglas MacArthur. ■ Pourtant, il est admis que les modèles qui ont inspiré les pratiques japonaises initiales sont nord américains: nul n’étant prophète en son pays, Juran et Deming ont connu au Japon une notoriété que leur patrie leur avait, dans l’immédiat, refusée. Interrogeant cette « réimportation » de la qualité, Mitchell (1987) revendique l’antériorité des Etats-Unis dans l’invention des cercles de qualité. En effet, à l’initiative du gouvernement fédéral, des comités d’ateliers (shop committees) et conseils du travail (work councils) étaient mis en place dans les secteurs directement impliqués dans les activités liées à la guerre dès 1917- 1918 : armement et construction navale, administration des carburants, administration des chemins de fer... Pour le gouvernement, ces instances étaient destinées à établir des relations sociales paisibles en vue de régler les différends et de réduire le risque de grèves dans les industries stratégiques. ■ Ces structures semblent avoir constitué la première expérimentation formalisée d’équipes mixtes de résolution de problèmes associant l’encadrement et les ouvriers. Issues du temps de guerre ces expériences d’initiative gouvernementale, furent imitées volontairement par des compagnies comme Kodak, Goodyear, Procter & Gamble, Standard Oil of New Jersey. De 1919 à 1922, le nombre des comités d’ateliers passa ainsi de 225 à 725, concernant, en 1924 plus d’un million de salariés. Si l’amélioration de la productivité semble n’avoir focalisé l’activité que d’un nombre restreint de comités d’ateliers, l’expérience la plus connue et la plus durable, celle des B & O Railroad, aboutit, entre 1923 et 1941 à la formulation de plus de 32 000 suggestions dont 80 % furent acceptées et mises en œuvre. ■ En général ces structures dépérirent avec la grande dépression, pour ne réapparaître de façon plus extensive, à l’initiative encore du gouvernement fédéral, que lors de la seconde guerre mondiale et s’éteindre à nouveau avec le « retour à la normale ». La recherche de gains d’efficience et de productivité redevint ainsi une affaire d’ingénieurs et de responsables du personnel. ■ Il est ainsi fréquemment considéré que l’attention portée à la qualité est née avec l’« organisation industrielle » et donc à la suite des travaux et réflexions de Fayol et Taylor, visant à rationaliser la production. Les trop rares travaux de recherche consacrés aux pratiques se réclamant de la qualité, semblent en effet en accord pour dater le développement de ces pratiques du début du 20e siècle. Hermel distingue ainsi quatre périodes dans l’histoire des pratiques en matière de qualité: du début du siècle à 1930, l’inspection est la pratique dominante, puis de 1930 à 1950, c’est le contrôle qualité qui s’impose, ensuite, de 1950 à 1970, l’assurance qualité vient au premier plan, tandis que les années soixante dix et quatre-vingts, voient s’affirmer l’âge de la qualité totale. ■ Cette vision semble cependant réductrice et ne paraît considérer les pratiques de la qualité qu'à partir du moment où le mot qualité est explicitement employé. Une « préhistoire » de la qualité, ne manquerait pas d’enrichir la perspective et de mettre davantage en lumière les évolutions de longue période qui en scandent la trajectoire. ■ Il est permis de penser que l’histoire de « la » qualité commence en fait avec ce qu’il est convenu d’appeler la Révolution Industrielle. ■ Dans la production artisanale et manufacturière, chaque produit est en effet singulier, et ses qualités propres, susceptibles d’orienter les préférences et le choix d’un acheteur, relèvent d’une spécificité. Chaque unité produite pourra être ainsi choisie en considération des variations qui la distinguent des autres et s’ajustent aux critères de préférence d’un utilisateur déterminé. ■ La production industrielle de séries d’objets multiplie les exemplaires d’un produit désormais caractérisé par ses propriétés invariantes. La variabilité apparaît dès lors comme un défaut qui ne devient acceptable que s’il est réduit quantitativement dans les limites d’une zone de tolérance. La production industrielle s’est construite contre la variabilité de l’artisanat. ■ La stabilisation des caractéristiques du produit apparaît en effet d’emblée comme le but de la production industrielle. Lorsque l’objet à produire est constitué de différentes pièces, le critère de performance de la standardisation est donné par l'interchangeabilité des pièces. Aux Etats-Unis, cette innovation est généralement attribuée à Eli Whitney, dont la place dans l’histoire économique et technologique ne le cède en rien à celle occupée par Benjamin Franklin, Thomas Edison ou Henry Ford. Inventeur, en 1793 de l’égreneuse qui, en mécanisant la séparation de la graine et de la fibre, permet l’industrialisation du tissage du coton, Eli Whitney est à l’origine de l’extension foudroyante de la culture du coton, et, indirectement, de son corollaire, l’esclavage, dans les Etats du Sud, et par suite, de la guerre de sécession. Si l’impact économique et social de cette innovation a été considérable, il tend à faire oublier le fait qu’Eli Whitney est aussi et surtout reconnu comme ayant introduit le principe de l’interchangeabilité des pièces dans la production de fusils, ce qui était une condition de leur industrialisation. Désireux d’utiliser des machines (il est aussi considéré comme l’inventeur de la fraiseuse) et de supplanter l’activité artisanale traditionnelle des armuriers, il doit démontrer que différents lots de pièces sont aptes à être assemblés en une arme fonctionnelle. Si tel est le cas, l’assemblage final n’exige aucun ajustement particulier et peut donc être assuré par des ouvriers dépourvus de la qualification, particulièrement longue à acquérir, des armuriers. ■ En fait, le succès de Whitney entre 1798 et 1802 intervient après l’insuccès d’une tentative identique conduite, en France depuis 1785 par Honoré Blanc et qui devait déboucher sur une expérimentation effectuée en 1790 pour le service de l’artillerie sur 1 000 pièces de fusil. Un atelier constitué dans le donjon du fort de Vincennes était censé permettre de satisfaire les besoins de la révolution en fusils, de se débarrasser de l’ancien régime des manufactures, de se passer d’armuriers âpres au gain et enfin de donner du travail aux vagabonds sans qualification. ■ Le lien entre ces deux démarches tient en un homme, Thomas Jefferson, Ambassadeur des Etats-Unis en France de 1785 à 1790, et qui dès l’année de son arrivée à Paris, va visiter à Vincennes l’atelier d’Honoré Blanc et alerte un compatriote. C’est lui qui en 1799, devenu vice-président des Etats-Unis, initie le projet de Whitney, que, devenu Président, il couronnera en 1802. Dans cette affaire très illustrative de la justesse des idées de Schumpeter, le véritable inventeur est le français, mais l’innovateur, celui qui a finalement fait fortune dans la production d’armes, est l’américain. ■ Quoiqu’il en soit, dans les deux expériences vécues par Blanc et Whitney, c’est la commande publique qui est à l’origine de l’innovation technologique: les besoins de la défense provoquent des commandes impliquant une production de masse, tandis, qu’au-delà des avantages économiques d’abord incertains, voire inexistants attendus de l’interchangeabilité, c’est ce que l’on appellerait aujourd’hui la maintenabilité des armes dans les conditions du champ de bataille qui constituent l’atout décisif. La réponse française consistant à mettre en place une manufacture publique se soldera par une faillite retentissante et Blanc poursuivra comme entrepreneur privé fournissant à l’armée 4 000 fusils en uploads/Industriel/management 56 .pdf
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- Publié le Aoû 10, 2021
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