ASTRID les années 2015-20 sont décisives. Pierre Péguin janvier 15. La construc
ASTRID les années 2015-20 sont décisives. Pierre Péguin janvier 15. La construction à Marcoule (près de Bagnols/Cèze dans la vallée du Rhône) du réacteur Astrid se prépare discrètement, même s’il prend du retard. Pour l’instant le budget pour l’étude préliminaire est assuré jusqu’en 2015, l’Avant ProjetDétaillé (APD) est programmé de 2016 à 19 pour aboutir à une décision de construction, mais pour l’instant sans financement pour cette étude. Néanmoins, on constate que tout se met en place petit à petit, et gageons que la nucléocratie saura imposer la décision de poursuivre dans cette voie si nous n’y prenons pas garde. Ils ne peuvent en effet renoncer à plus d’un demi- siècle d’efforts et de dépenses considérables pour aboutir au graal, « le nucléaire durable »... Il s’agit d’un réacteur destiné à relancer la filière plutonium,de la taille de près d’un demi Superphénix, refroidi au sodium métallique liquide, c’est le summum de dangerosité de ce qu'a construit l'humain ! C’est très grave, il ne faut pas laisser faire. Six semaines après son élection, le président François Hollande aurait signé l’autorisation de poursuivre l’étude préliminaire à la construction du réacteur ASTRID, décision passée pratiquement inaperçue, mais d’importance considérable. Quel est l’enjeu pour le CEA? Il s’agit de la relance de la filière plutonium-sodium, suite de Phénix et Superphénix, par la construction d’un réacteur dit de IV° génération ou surgénérateur, ou encore réacteur à neutrons rapides (RNR), avec comme combustible du plutonium associé à l’uranium “appauvri”, et comme fluide caloporteur le sodium liquide qui explose au contact de l’eau et s’enflamme à l’air. Ce réacteur d’une puissance de 600MW, soit quasiment un demi Superphénix, représenterait l’aboutissement de l’acharnement du CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) à développer une filière “française”, relativement autonome vis à vis des ressources en uranium, s’appuyant sur les stocks disponibles en plutonium et uranium appauvri, avec la possibilité théorique de régénérer du plutonium. Il faut bloquer ce projet mais la bataille sera dure. Et c’est actuellement que cela se joue. L’enjeu pour le CEA est considérable, les nucléocrates du Corps des Mines ne reculeront devant rien pour défendre « leur » filière qui implique la poursuite à la Hague du “retraitement” des combustibles usés pour en extraire le plutonium, et la construction de réacteurs utilisant ce combustible de la plus haute dangerosité. Le CEA avait perdu la bataille contre EDF avec l’abandon de la filière graphite-gaz au profit de la filière Westinghouse à eau pressurisée (réacteurs PWR de la 2ème génération, et EPR de la 3ème tournant au fiasco). Cela s’était joué en 1969 et cela avait donné lieu à des grèves de protestation dans les centres et même à une grève de la faim. Depuis, le CEA a obtenu (arbitrage Rocard) d’imposer le combustible au plutonium (MOX) dans une partie des réacteurs à eau (les 900MW), mais surtout son influence reste suffisamment puissante pour imposer à l’État des investissements considérables pour le développement de la 4ème génération. La stratégie du CEA. Après les difficultés de fonctionnement, les nombreuses pannes de Phénix à Marcoule, et le fiasco de Superphénix à Malville, il n’était plus possible de présenter officiellement cette filière comme celle qui assurerait l’avenir du nucléaire français. Les nucléocrates s’entêtant, ils s’appuient sur la Loi de programme n° 2006-739 du 28 juin 2006 relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs. Ils prétendent développer le 3ème volet de la loi “Bataille”, c’est à dire celui de la “transmutation” des déchets radioactifs les plus encombrants à gérer. Ils obtiennent ainsi de l’État 650 millions d’€ dans le cadre de l’Emprunt National de 2010 (Sarkosy-Rocard), pour l’étude d’un avant projet de construction à Marcoule du réacteur Astrid. En effet, officiellement, Astrid est destiné à montrer la capacité à “incinérer”, les actinides dits mineurs, atomes d’extrême radiotoxicité et de très longue vie (millénaires), voisins du plutonium. On voit là la subtilité rassurante du langage, car on n’incinère pas des atomes comme des ordures, ils ne brûlent pas. Par contre on peut les briser sous bombardement neutronique, c’est la “transmutation”, générant de ce fait de nouveaux éléments radioactifs de durée de vie moins longue (siècles), avec inévitablement de nouvelles nuisances. Où en est le projet? T out laisse penser qu’un accord tacite existe pour progresser dans l’ombre. Le calendrier prévoyait avant fin 2012 un avant- projet phase 1, permettant à l’État de décider de la poursuite du projet, ce qui semble bien avoir été fait discrètement: Des terrains sont retenus jouxtant Marcoule (sur la commune de Chusclan); un Institut de Chimie Séparative est créé pour trier les fameux atomes actinides à briser, et annonçant œuvrer à la préparation d’un “nucléaire durable”. Le pilotage du projet est assuré par Cadarache, il est découpé en lots d’études qui sont confiés à différents partenaires industriels, et une dizaine d’accords ont déjà été signés avec Alsthom, Bouygues, T oshiba, EDF, etc. Le planning prévoyait que fin 2014 l’avant projet soit finalisé et que l’État donnerait son accord. Des retards comme toujours repoussent les écheances, et le financement de la préétude n’est pour l’instant budgétisé que pour la 2ième phase de l’avant projet sommaire en 2015 ce qui engendre une inquiétude des personnels. l’Avant ProjetDétaillé (APD) est programmé de 2015 à 19 pour aboutir à une décision de construction, mais pour l’instant sans financement pour cette étude. Mais cela avance, ainsi le 30 octobre dernier, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a annoncé préparer l'examen des options de sûreté du projet de réacteur Astrid,au cours de l'année 2015. Des équipes bénéficiant d’un large financement travaillent à Saclay, Lyon, Cadarache et bien sûr Marcoule. Elles nous préparent cet avenir ir-radieux dont on ne veut pas, avec ses dangers décuplés par rapport aux centrales actuelles. Rappelons de plus que Marcoule repose sur une zone de risque sismique encadrée de deux failles actives supportant la poussée de la plaque Afrique, celle de Nîmes et d’Alès- Cévennes. L ’ « arnaque ». Un rapport scientifique du Sénat avait déjà exprimé à la fin des années 90 que cette voie n’était pas crédible. La multiplicité des isotopes créés par les réactions nucléaires, et leurs difficultés à capter des neutrons pour être brisés, rendent très aléatoire cette technique (tout physicien sait que la section efficace de capture d'un neutron par un noyau instable de produit de fission est dérisoire). La transmutation est, certes, une réalité physique, mais son utilisation à échelle industrielle se heurte à un obstacle économique rédhibitoire. Seule une partie des déchets serait ainsi transmutée à un coût exorbitant, et impliquerait d’accompagner les réacteurs à eau, de la construction en France de 7 ou 8 RNR pour briser une toute petite partie des déchets... Cette « arnaque » destinée aux politiques a permi de justifier le projet et un financement public. En effet au delà du prétexte officiel, le but inavoué est de relancer cette filière à laquelle travaille le CEA depuis plus de 50 ans, avant que tous ses acteurs ne partent à la retraite, et ainsi de la sauver. Il s’agit bien d’une duperie, duperie lourde de conséquences. Mais l’arnaque est dénoncée par l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire). Avis n° 2013-AV-0187 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 4 juillet 2013 sur la transmutation des éléments radioactifs à vie longue, nous en extrayons le texte ci-dessous “Ainsi, l’ASN considère que les gains espérés de la transmutation des actinides mineurs en termes de sûreté, de radioprotection et de gestion des déchets n’apparaissent pas déterminants au vu notamment des contraintes induites sur les installations du cycle du combustible, les réacteurs et les transports, qui devraient mettre en œuvre des matières fortement radioactives à toutes les étapes. (...) “En conséquence, l’ASN considère que les possibilités de séparation et de transmutation des éléments radioactifs à vie longue ne devraient pas constituer un critère déterminant pour le choix des technologies examinées dans le cadre de la quatrième génération.” Le récent rapport de la Commission Nationale d'Evaluation de l'application de la loi sur la gestion des déchets radioactifs (rapport d’évaluation N°8, juin 14), permet d'avoir quelques informations, et ... quelques soucis sur l'obstination du lobby : - La Commission s’inquiète : « Si la France renonce à la filière RNR, le plutonium devra être considéré comme un déchet... » , en fait c’est surtout pour inquiéter les décideurs, et préparer le changement d’objectif d’Astrid. - La Commission soutient toujours la « capacité » pour les RNR de transmuter l’Americium (« actinide mineur ») qui pollue dangereusement nos déchets, mais reconnaît que ce n’est pas gagné, depuis que l’Autorité de Sureté Nucléaire a émis des doutes sur la fiabilité de cette opération. Aussi ce n’est plus cela qui Justifierait la construction d’une « flotte » de RNR, il a fallu trouver une parade. - La Commission a trouvé comment sauver Astrid et la filière, il suffit de faire fonctionner les RNR en sous-génération, pour que leur mission soit de consommer le plutonium, d’en faire diminuer les stocks. De cette façon le projet reste éligible à la loi sur les déchets, au chapitre «T ransmutation uploads/Ingenierie_Lourd/ 1-astrid-alerte.pdf
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- Publié le Oct 16, 2021
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