Trois jours avant Noël, Ainslie fait la connaissance d'Elijah Vanaldi, un homme
Trois jours avant Noël, Ainslie fait la connaissance d'Elijah Vanaldi, un homme d'affaires richissime, qui lui propose très vite un travail : s'occuper de sa nièce à présent orpheline. Même si elle ne sait presque rien de son nouveau patron, Ainslie ne peut qu'accepter cet emploi inespéré, tant sa situation financière est difficile. Mais n'a-t-elle pas commis une erreur ? Car pour conserver la garde de sa nièce, Elijah a besoin de faire croire aux services sociaux qu'il en a fini avec sa vie de play-boy. Et il exige bientôt qu'Ainslie se fasse passer pour sa fiancée... 1. Coincée au milieu des passagers tassés les uns contre les autres, incapable de bouger, Ainslie s'efforçait de surveiller du coin de l'œil son sac à dos posé à côté de la porte. En plus d'étouffer littéralement dans cette rame de métro bondée, son esprit ne lui laissait aucun répit, ressassant interminablement la même angoissante question : où aller?... Elle pouvait se rendre à Earl's Court, bien sûr, le point de chute de tous les routards australiens débarquant à Londres. Mais Ainslie n'était pas une routarde. Elle était venue ici pour travailler, ce qu'elle avait fait pendant trois mois, jusqu'à ce renvoi brutal. Elle se sentit brusquement gagnée par un accès de panique mais tenta de réfléchir posément. Elle avait des amies, pour la majorité des nurses comme elle, rencontrées au parc ou au cours de fêtes organisées pour les enfants dont elles s'occupaient. Petit à petit, les jeunes femmes en étaient venues à sortir ensemble, explorant les possibilités infinies de la capitale anglaise. A cette heure-ci, elles devaient être installées dans un pub, certainement en train de commenter la nouvelle, stupéfaites de savoir qu'Ainslie avait été mise à la porte après avoir été accusée de vol. Qu'elles le croient ou non n'avait pas vraiment d'importance : leurs employeurs évoluaient dans les mêmes milieux et se connaissaient tous ; désormais cataloguée comme voleuse, elle n'avait aucune chance de retrouver un emploi de nurse. Soudain, le métro freina brutalement et Ainslie sentit un coude lui meurtrir le dos. — Scusi. La voix grave et virile avait résonné près de son oreille. Tournant légèrement la tête, elle aperçut tout contre elle un bébé endormi dans des bras masculins. — Ce n'est rien, répondit Ainslie, sans lever les yeux. Le métro s'immobilisa dans le tunnel entre deux stations. Elle essaya de reculer un peu mais il lui fut impossible de bouger, si bien qu'elle dut se pencher légèrement en arrière pour essayer de ne pas déranger l'enfant. Elle grimaça. La transpiration collait désagréablement son chemisier à la peau de son dos. En dépit du froid qui sévissait à l'extérieur en ce mois de décembre, il faisait horriblement chaud dans le métro. Des dizaines de personnes étaient agglutinées les unes contre les autres, vêtues d'épais manteaux humides de pluie, transformant l'intérieur de la rame en un sauna inconfortable. Le bébé avait l'air d'avoir trop chaud lui aussi. Emmitouflé dans son petit anorak, ses moufles et son bonnet de laine à oreillettes, qui le faisait ressembler à un pilote d'avion d'autrefois, il avait le visage très rouge. Comme il est mignon ! songea brièvement Ainslie. Aussitôt, les larmes lui montèrent aux yeux à la pensée de Jack et Clemmie, à qui elle n'avait même pas été autorisée à dire au revoir. Mais elle n'eut pas le temps de s'apitoyer plus avant : un mouvement de foule l'avait poussée contre le bébé. — Excusez-moi, lâcha-t-elle machinalement. Le petit visage s'était crispé dans son sommeil et de nouveau elle tenta de se dégager au maximum. Elle leva brièvement les yeux sur le père, afin de lui exprimer son impuissance. Aussitôt, elle se sentit effectivement plus impuissante que jamais face au trouble qui l'envahissait. Pendant un instant, elle eut l'impression d'être perdue tandis qu'elle contemplait le visage le plus séduisant qu'elle eût jamais vu d'aussi près. Les épais cheveux noirs et brillants de l'inconnu étaient décoiffés et ses cils sombres aussi longs que ceux de son fils. Des yeux bleu clair, presque transparents, empreints d'une lassitude extrême, croisèrent les siens. Les lèvres sensuelles esquissèrent une ébauche de sourire quand l'homme hocha la tête pour montrer à Ainslie qu'il savait que ce n'était pas sa faute. Puis il baissa les yeux sur son fils, qui s'était réveillé et gigotait désormais dans tous les sens. Il essaya de l'apaiser en lui parlant italien mais sa voix profonde au timbre velouté n'eut aucun effet sur l'enfant. Celui-ci continuait à s'agiter ; il avait écarquillé ses grands yeux, aussi bleus que ceux de son père, mais il semblait ne pas le reconnaître et se mit soudain à hurler. — Allons, allons, Guido, ce n'est rien... A présent, l'homme lui parlait dans un anglais teinté d'un fort accent. Comme il ne la regardait plus, Ainslie pouvait l'observer avec plus d'attention. Même s'il était beau comme un dieu, il était visiblement exténué. De grands cernes violets soulignaient ses yeux, et il avait besoin de se raser. — Guido, ce n'est rien..., répéta-t-il d'une voix plus forte au moment où le métro se remettait en marche. Mais cela ne fit qu'incommoder davantage le bambin. Arquant le dos tel un chat en colère, il s'accrocha à son père en se renversant en arrière. Comme il n'avait pas de place, son visage rouge de colère vint s'appuyer contre Ainslie tandis que l'inconnu essayait de le retenir. — Ce n'est rien..., dit à son tour Ainslie, sans savoir si elle s'adressait au père qui s'excusait ou à son fils. L'homme réussit à le redresser et à le garder contre lui mais le bébé était paniqué. Durant quelques secondes, la jeune femme avait senti sa joue brûlante contre la sienne. Instinctivement, elle posa la main sur son front : il était brûlant. — Il a très chaud..., murmura-t-elle en levant de nouveau les yeux vers le bel inconnu. Il a de la fièvre... — Oui, il est malade, approuva l'homme. A cet instant précis, le métro déboucha dans une station. Dès que les portières s'ouvrirent, nombre de passagers sortirent du wagon mais d'autres prirent aussitôt leur place, si bien qu'elle se trouva séparée de l'homme et de l'enfant. Elle aurait pu les oublier aussitôt. N'avait-elle pas déjà suffisamment de problèmes en tête ? Il lui fallait trouver un endroit où passer la nuit, avant de se mettre à la recherche d'un nouvel emploi — sans avoir de références. Ensuite, elle devrait prouver son innocence, sans oublier de prévenir sa mère qu'elle avait changé de poste. Mais, même étouffés, les cris du petit garçon lui parvenaient encore. Et puis l'expression du visage de son père, sa fatigue extrême, sa voix, ses yeux, restaient gravés en elle. Cet étranger avait fait vibrer ses sens. Elle avait remarqué qu'il portait un épais manteau gris en cashmere, mais elle avait aperçu par l'échancrure le col de sa chemise et la veste de son costume. Peut-être était-il passé prendre le petit garçon chez une nourrice ou dans une crèche ? Et peut-être venaient-ils de sortir de chez le médecin? D'un bref mouvement de tête, Ainslie chassa de son esprit ces questions oiseuses : le métro s'arrêtait à la station Earl's Court. D'après son guide, c'était le quartier où échouaient tous les Australiens venus à Londres. A présent, elle n'avait plus qu'à trouver l'auberge de jeunesse. Tout en s'excusant, elle joua légèrement des coudes pour récupérer son sac à dos, resté par miracle là où elle l'avait laissé, et se retrouva sur le quai. Heureuse de s'être enfin dégagée de cette foule compacte, elle respira profondément. Soudain, elle entendit son mobile sonner et s'assit sur un banc avant de le sortir de son sac à main. Elle constata avec appréhension que l'appel provenait d'Angus, son ancien employeur. Elle ne se sentit pas le courage de lui parler et, se demandant malgré tout ce qu'il pouvait bien avoir à lui dire, elle laissa la messagerie s'enclencher. Même si Angus Maitlin était un chirurgien réputé, qui apparaissait régulièrement à la télévision et dans les magazines, il travaillait également aux urgences, preuve de son caractère profondément humain. Ainslie avait vite découvert son côté sage et perspicace et il l'avait souvent fait sourire tandis qu'elle l'écoutait raconter une histoire à ses enfants ou leur poser des questions sur la journée qu'ils avaient passée. Mais à présent, ce souvenir ne la faisait plus sourire du tout, et la jeune femme se demanda comment elle pourrait mentir à cet homme intelligent et tellement aimable — car il allait bien falloir inventer un mensonge... « Ainslie, c'est Angus. Gemma vient de me raconter ce qui s'était passé. Je ne sais pas quoi dire. Ecoutez... Je n'aime pas l'idée que vous soyez à la rue sans argent et sans références. J'espère que vous avez des amis chez qui aller. Si vous avez besoin d'argent... nous pourrions trouver une solution. Ce soir, je travaille tard, mais je vous rappellerai demain... » Pour la première fois depuis que l'affreux incident s'était produit, Ainslie sentit les larmes rouler sur uploads/Ingenierie_Lourd/ amoureuse-dun-homme-daffaire-carol-marinelli-pdf.pdf
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- Publié le Dec 20, 2022
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