1 Dossier pédagogique / EAUX Architecture & Eaux 2 Dossier pédagogique / EAUX S

1 Dossier pédagogique / EAUX Architecture & Eaux 2 Dossier pédagogique / EAUX Sommaire Sommaire Introduction Territoires Architectures palafittes Architectures flottantes Architectures littorales Pistes pédagogiques FORMES Liquides Flux Vagues Pistes pédagogiques MATériaux Façades Climats Pistes pédagogiques 2 3 4 4 5 6 7 9 9 9 9 11 12 12 12 14 3 Dossier pédagogique / EAUX Réalisé en collaboration avec Géraldine Juillard et Nadine Labedade, enseignantes missionnées par le rectorat de l'académie d'Orléans- Tours auprès du service des publics du Frac Centre, ce dossier pédagogique thématique a été réalisé à l'occasion de "Eaux. Cycle d'expositions en région Centre - Val de Loire". Pensé comme un outil de travail à destination des enseignants, ce document propose une introduction à chacune de ces thématiques ainsi que des pistes d'exploitation pédagogique. Introduction L’eau est partout. En nous et hors de nous : ressource indispensable à toute vie, elle constitue 65 % d’un corps humain adulte et recouvre 71 % de la surface de notre planète « bleue », ne laissant que 29 % de zones « terrestres ». L’augmentation de la population mondiale et les conséquences du réchauffement climatique rendent plus sensible encore ce rapport à l’eau : l’accès à l’eau potable est devenu une question extrêmement prégnante notamment dans les pays dits « en voie de développement ». L'eau constitue également un élément fondamental de notre imaginaire, tant dans la mythologie que dans les arts, la littérature et la poésie. Mais c'est peut-être d'abord avec la création architecturale que l'eau entretient la relation la plus puissante, la plus complexe et la plus ambigüe. Si l’Homme en a besoin pour survivre, il doit aussi se prémunir de ses possibles exactions. Souvent, c'est sur un mode autoritaire voire conflictuel qu’est envisagé ce rapport, depuis la canalisation jusqu’à l’affrontement. L’eau semble pourtant réfractaire à ces architectures censées la contrôler. L’histoire et l’actualité ne manquent pas d’exemples qui témoignent de sa toute puissance et de sa capacité à réduire à néant les empiètements parfois intempestifs sur ses territoires : crues, raz-de-marée, montées des eaux, tempêtes et pluies diluviennes... Aujourd'hui de nombreux architectes contemporains développent une relation alternative à l'eau, envisagée comme un territoire, comme un matériau aux qualités propres ou comme une forme liquide, inspirant une architecture aux formes fluides et mouvantes. Cette l'approche plurielle laisse émerger une eau composite et changeante, où se croisent sciences et poésie, technologie et expérimentation, création et développement durable. 4 Dossier pédagogique / EAUX Territoires Dans les années 1960, l’aspiration de toute une génération à s’émanciper des contraintes et à jouir pleinement de la vie se traduit architecturalement par une quête de nouveaux modes d’habiter intégrant des principes de mobilité et d’évolutivité. Mais l'explosion démographique pousse également à chercher de nouveaux espaces, se posant comme une alternative à l’engorgement des villes dans un cadre propice aux loisirs. Étendre les habitations et la ville sur l’eau apparaît alors comme une solution. Architectures palafittes : de nouveaux territoires Les premiers villages sur pilotis construits en bordure ou à proxi- mité d’un lac sont semble-t-il apparus au Néolithique. Ce type de construction dit "palafitte" consiste à planter très profondément dans le sol sous-marin des pieux de bois assurant la stabilité de la structure déployée au-dessus de l’étendue aquatique. Ce type de construction était très répandue dans les Alpes, au point d'intervenir comme un des mythes fondateurs de l’identité nationale suisse. C’est également selon ce principe de construction que sont conçues Venise ou Amsterdam, et que sont réalisés les Piers et les jetées promenades qui apparaissent sur le littoral au cours du 19e siècle. Guy Rottier le transpose dans son projet Nice-Centre. L’architecte imagine une structure ovoïde fixée sur pilotis, évoquant notamment le Casino de la jetée, bâti à Nice en 1885. Reliée par un passage sous- terrain, la bulle surgit de la mer et donne aux usagers l’impression d’une immersion totale avec l’environnement marin. Le projet Dock en Seine réalisé par Jakob + MacFarlane pour la Cité de la mode et du design à Paris participe de cet héritage, en se donnant aussi comme une structure prolongeant les espaces de promenade des rives du fleuve. Vivre au-dessus de l’eau est à la fois une façon de se ressourcer en renouant avec les éléments naturels mais aussi une solution archi- tecturale répondant à la crise du logement. La Ville spatiale de Yona Friedman transpose le schéma des cités lacustres : les habitations se situent à 35 mètres du sol sur une grille modulaire métallique surélevée et maintenue par un système de « pylônes ». L’habitant s’émancipe des contraintes urbanistiques et déplace librement son logement à travers cette trame fixe et collective, le laissant jouir librement de l’espace et profiter du spectacle environnant. Cette armature « villes-ponts » per- met l’occupation totale du territoire, pouvant même relier les conti- Guy Rottier, Nice-Centre, Bulle en mer, 1969 Jakob+MacFarlane, Docks en Seine, 2005 David Georges Emmerich, Pont sur la Manche, s.d. 5 Dossier pédagogique / EAUX nents entre-eux, selon l’architecte qui imaginera des projets au-des- sus de rizières, de la Seine ou de la Manche. David Georges Emmerich déploie à son tour une structure « autotendante » au-dessus de la mer. Sa proposition, elle aussi au-dessus de la Manche, prend la forme d’un pont permettant un prolongement sur l’étendue maritime (Pont sur la Manche, s.d.). Il utilise le principe de tenségrité qu’il expérimente dès 1958 : ce système se fonde sur un jeu de tension et de compression entre des tirants et des boutants pour créer une structure au sein de laquelle les forces sont réparties et s’équilibrent. Vittorio Giorgini se sert également de ce type de système dans Rivercrane. Une structure suspendue sort de l’eau et « se projette vers le ciel » comme une conti- nuation aérienne du site. Le support principal est un arbre posé sur un « trépied » et stabilisé par un système de câbles : ceux-ci soutiennent également l’ossature porteuse octaédrique de l’ensemble des mo- dules. Architectures flottantes : une nouvelle mobilité Certains architectes envisagent quant à eux de répondre aux bou- leversements sociétaux et aux problématiques urbanistiques nais- santes par le biais de projets flottants. L’élément aqueux renou- velle alors la définition même du " territoire " : à la fixité de la terre ferme répond la fluidité et le mouvement de la surface aquatique. A la pérennité sclérosée de l’architecture et de la ville traditionnelles répond la mobilité et l’évolutivité de l’architecture flottante : le contact physique entre l’eau et l’architecture favorise un transfert de ses propriétés matérielles et/ou symboliques à l’élément archi- tectural. Dans le projet Floating cities, Charles Simonds propose une nouvelle répartition de l’espace urbain par une ville sur la mer, conçue comme une critique de notre société traditionnelle reposant sur la propriété individuelle. La configuration tient à celle des mouvements aléatoires des flux maritimes, à l’image d’un système naturel, avec la capacité de se diviser et de se multiplier. Cette quête de mobilité est également celle de la ville que Chanéac propose d’implanter sur le lac du Bourget (Aixila, 1963-1968) et composée de cellules en plastique. Les habitats cellulaires se juxtaposent et se superposent comme une structure organique qui, sur l’eau, retrouverait ses origines naturelles. Associée aux activités de plaisance et de villégiatures, les étendues d’eau sont l’occasion de rapprocher voire de fusionner habitat et loisirs, vivre et jouir. Justus Dahinden (Theatre-Boat, Lake of Zurich, 1970) et Pascal Häusermann (Théâtre mobile, 1968-1971) proposent aux usagers de vivre de nouvelles sensations dans des lieux de divertissement et des complexes de loisirs flottants. Pour Klaus Gartler et Helmut Rieder, l'eau agit comme un élément destructeur et créateur qui permet de faire table rase du passé pour donner naissance à une nouvelle architecture : ils proposent la création d’un lac artificiel submergeant la ville autrichienne de Graz pour ensuite développer une mégastructure flottante pouvant accueillir une communauté de plus de 200 000 habitants (Die Vertikale Stadt, 1964). Klaus Gartler et Helmut Rieder, Die Vertikale Stadt, 1964 Justus Dahinden, Theatre-Boat, Lake of Zurich, 1970 Vittorio Giorgini, Rivercrane, 1993 6 Dossier pédagogique / EAUX Architectures littorales : un spectacle renouvelé Vivre sur le littoral ou sur la rive, c’est assister au spectacle sans cesse mouvant des flots. L’habitant devenu spectateur désire une architecture qui offre une visibilité sur le paysage, qui le mette en scène en cadrant et en organisant le regard. Manfredi Nicoletti redessine le littoral de la ville de Monaco par la construction d’une ville satellite constituée de collines artificielles ouvertes en amphithéâtre sur la mer, rappelant l’esthétique de Marina- Baie des Anges (Ville satellite, Principauté de Monaco, 1966-1973). Les différents niveaux permettent de changer le regard sur la mer et d’appréhender l’espace par une nouvelle circulation. Dans le projet de ville nouvelle du Vaudreuil (1967-68), Jean Renaudie voit dans la pente le site idéal pour construire. L’architecte déploie des formes arrondies complexes pour reconstituer les différentes strates de la ville qu’il souligne par l’appropriation du relief en surplombant la Seine. En opposition à l'urbanisme linéaire traditionnel, James Guitet place les habitations de manière discontinue en retrait uploads/Ingenierie_Lourd/ architecture-amp-eaux-dossier-pedagogique-eaux.pdf

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