1. Comment Lexi avait-elle pu ne pas reconnaître ce pas familier sur le gravier

1. Comment Lexi avait-elle pu ne pas reconnaître ce pas familier sur le gravier de l’allée ? Elle était tellement absorbée par la création d’une nouvelle paire de boucles d’oreilles en argent qu’elle faillit ignorer l’impérieux coup de sonnette. L ’esprit encore occupé par son travail, elle alla ouvrir et crut recevoir une flèche en plein cœur. L ’imposante silhouette de son mari, planté sur le seuil du cottage, semblait occulter toute la lumière. Comme un halo, les rayons du soleil jouaient dans sa chevelure d’ébène, et soulignaient l’immobilité de sa posture. Elle n’avait pas revu Xenon depuis leur séparation. La dernière image qu’elle gardait de lui surgit à sa mémoire : Xenon nouant à son cou, d’une main tremblante de rage, une cravate de soie d’un bleu aussi électrique que le regard furieux qu’il dardait sur elle. En cet instant, ce même regard cobalt la détaillait lentement de la tête aux pieds, et Lexi eut soudain l’impression qu’il la déshabillait. Xenon ne lui avait-il pas dit, un jour, que, lorsqu’un homme contemple une jeune femme, il ne peut s’empêcher d’imaginer qu’il lui fait l’amour ? S’il le disait, c’était sans doute vrai, avait-elle pensé alors. Il avait, sur de tels sujets, une connaissance qu’elle était bien loin de posséder. Lexi sentit son cœur battre follement dans sa poitrine. Que faisait-il là ? Si, au moins, elle avait pris la peine de se recoiffer ! Non qu’elle se souciât de plaire à Xenon. Elle n’en était plus là ! Néanmoins, elle avait sa fierté. Sur son visage, elle lut un étonnement qui n’avait d’égal que le sien. Celle qui avait ouvert la porte ne devait lui apparaître que comme le pâle reflet de la créature sophistiquée qui avait, autrefois, fixé sur lui un regard énamouré à travers un voile de tulle. Aujourd’hui, l’allure de Lexi était celle d’une femme ordinaire. Tout comme son mode de vie. Fini les toilettes de grands couturiers et les voitures de sport ! D’une main, elle fit passer une mèche rebelle derrière son oreille. Les rendez-vous réguliers chez les coiffeurs de renom, cela aussi c’était de l’histoire ancienne. Par contre, rien n’avait changé dans l’apparence de Xenon Kanellis. Avec son mètre quatre-vingt-dix, ses yeux d’un bleu intense et son teint basané, il dégageait toujours le charisme fascinant qui faisait de lui une légende vivante dans sa Grèce natale. Une légende aux traits anguleux, à la beauté ténébreuse, dont Lexi avait espéré ne plus jamais croiser la route. — Xe… Xenon, bredouilla-t-elle, comme si elle butait sur ce prénom qu’elle n’avait pas prononcé depuis longtemps. Le sourire sardonique qu’elle connaissait si bien se peignit sur le visage de Xenon. — Ah, lâcha-t-il, tu m’as fait peur ! J’ai cru que tu ne me reconnaissais plus. Lexi faillit éclater de rire. Comment aurait-elle fait pour ne pas reconnaître Xenon Kanellis ? Ridicule. L ’oublier était totalement impossible ! Certes, elle avait cessé d’être continuellement obsédée par son souvenir, comme cela avait été le cas après leur séparation. Lexi avait vite pris conscience qu’elle ne se remettrait jamais de cette rupture, si elle ne se reprenait pas en main. Elle s’était sermonnée, et cela l’avait aidée à surmonter les périodes les plus difficiles, à affronter la détresse de ces moments où Xenon lui manquait si cruellement qu’elle avait l’impression qu’une poigne d’acier lui broyait le cœur. Malgré tout, elle avait fini par guérir. Ne guérit-on pas de tous les chagrins, même de ceux que l’on croit irrémédiables ? De plus, Lexi ne s’était-elle pas sortie de situations bien plus délicates, au cours de sa vie, que d’un mariage qui n’aurait jamais dû advenir ? — Tu n’es pas le genre d’homme que l’on oublie facilement, Xenon, dit-elle. C’est d’ailleurs fort dommage. Le rire que laissa échapper Xenon la déconcerta, peut-être simplement parce qu’il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas entendu un homme rire dans sa maison. Comme il y avait longtemps qu’aucun homme ne l’avait contemplée avec une telle arrogance. Les prunelles outremer de Xenon dardaient sur elle un regard troublant. — Tu ne me proposes pas d’entrer ? s’enquit-il. Quelque chose dans son attitude fit naître une pointe d’appréhension en Lexi. — Pour quoi faire ? — Tu n’es donc pas curieuse de savoir ce qui m’a poussé à faire toute cette route depuis Londres, jusque dans cet endroit reculé où tu as choisi de t’installer. — J’imagine que tu as tes raisons. Mais elles ne m’intéressent pas. Nous n’avons plus rien à nous dire. — A ta place, Lexi, je ne serais pas aussi catégorique. — Inutile d’user de menaces voilées avec moi, Xenon. Tu refuses de m’accorder le divorce que je demande. Alors, à moins que tu n’aies apporté les papiers pour me les faire signer, tu n’as rien à faire ici. Désolée si tu as fait toute cette route en vain. Lexi s’apprêtait à fermer la porte, lorsque la pointe d’une chaussure italienne se glissa dans l’espace encore entrouvert. Quel culot ! s’indigna-t-elle en son for intérieur. Il ne serait d’aucune utilité qu’elle pèse de tout son poids sur la porte. Elle avait beau avoir un physique athlétique, ce n’était rien en comparaison de Xenon. Elle se remémora la première fois où il l’avait soulevée de terre pour l’emporter jusque dans son lit. Aussi facilement que si elle n’avait été qu’un fétu de paille. Dire que, ce jour-là, elle s’était lovée contre lui en ronronnant de plaisir ! Comment avait-elle pu se comporter de la sorte ? se demanda-t-elle en frémissant. — Pas la peine de jouer les gros bras, dit-elle. Ils se mesurèrent du regard, et Lexi comprit qu’elle ne gagnerait pas. — Je suppose que je n’ai pas d’autre choix que de te laisser entrer, conclut-elle d’un air pincé. Tant que tu y es, pourquoi ne te frappes-tu pas la poitrine comme un gorille ? — En effet, je pourrais. Je n’oublie pas que les comportements de macho t’ont toujours excitée. Ne réponds pas ! s’intima Lexi in petto. Il suffisait de voir le sourire qui flottait sur les lèvres de Xenon pour comprendre qu’il prenait grand plaisir à la situation. Mais n’adorait-il pas le conflit ? Le frisson d’adrénaline que procure une tractation difficile, et l’ivresse de la victoire lui étaient aussi nécessaires que l’air qu’on respire. C’était à cela, d’ailleurs, qu’il devait son exceptionnelle réussite professionnelle. Par-dessus l’épaule de Xenon, Lexi aperçut sa somptueuse limousine garée au bout de l’allée qui menait à son cottage. On n’aurait pas pu faire moins discret. Pourvu que les voisins ne soient pas chez eux ! La célébrité aussi était, pour elle, de l’histoire ancienne. Lexi s’en était suffisamment lassée pour s’efforcer désormais de passer inaperçue. Elle avait fait de son mieux pour s’intégrer à la population locale, comme n’importe quel habitant du village. Il n’était pas question que Xenon réduise tous ses efforts à néant en faisant étalage de son insolente richesse. — Ton bolide rutilant encombre le passage, lança-t-elle. — Si tu veux, je peux demander à mon chauffeur de se déplacer. Elle peut aller m’attendre plus loin. Elle ? Lexi ne put s’empêcher de tiquer à ce mot. — C’est une femme qui conduit ta voiture ? questionna-t-elle, surprise de sentir la jalousie la transpercer. — Pourquoi pas ? Est-ce que tu ne m’as pas répété sans arrêt que je devrais m’habituer à l’idée d’égalité entre les sexes ? — Certes ! Tu as même tendance à remettre en question le droit de vote pour les femmes. A t’entendre, le sexe faible ne saurait être autorisé à prendre le volant. Tu as assez critiqué ma conduite ! Refermant la porte derrière lui, Xenon la gratifia d’un sourire condescendant. — Cela n’a rien à voir, dit-il. Tu es un danger public sur la route, Lex. C’est certainement dû à ton tempérament d’artiste. Il y avait à peine cinq minutes que Xenon avait refait surface dans sa vie, et déjà Lexi avait envie de hurler. Mais mieux valait être en colère. Une saine montée d’adrénaline était la garantie de ne pas être submergée par la souffrance. Comme autrefois. De plus, c’était préférable à cette sensation inopportune, dont elle avait cru être débarrassée pour toujours, et qui pourtant recommençait à la tarauder. C’était à n’y rien comprendre ! Malgré elle, Lexi retrouvait intact le désir que Xenon lui avait toujours inspiré. — Bon, lança-t-elle, dis-moi plutôt ce que tu fais ici ! J’imagine que tu n’es pas venu dans le seul but de me prouver combien j’ai eu raison de vouloir échapper à ton indécrottable sexisme. Pendant quelques secondes, Xenon laissa son regard errer sur Lexi sans prendre la peine de répondre. Très lentement, il refaisait connaissance avec cette femme qu’il avait connue mieux que n’importe quelle autre. A vrai dire, ce qu’il voyait ne laissait pas de le surprendre. Lorsqu’il était tombé éperdument amoureux d’elle, Lexi était une pop star à l’allure tapageuse, une vedette au faîte de la gloire, que le public adulait. La presse l’avait surnommée Sexy Lexi. Ce qui uploads/Ingenierie_Lourd/ auteur-inconnu-a-la-merci-de-son-e-poux-sharon-kendrickpdf.pdf

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