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■ L’Actualité Poitou-Charentes ■ N° 94 ■ 28 G arance, réséda, indigo, genêt des teinturiers, pastel, bois de Campêche... Au Critt horticole de Rochefort, ces vocables d’allure désuète sont d’une chatoyante actualité. La structure a développé une expertise nationale dans le domaine des colorants végétaux appliqués notamment aux sec- teurs du textile, des cosmétiques ou de la peinture. Pour nuancer les pelotes de la gamme Natura de Bergère de France, teindre caractérisation (analyse des molécules contenues dans l’extrait) et les applications... élaborées en partenariat avec les industriels. Il faut, pour chaque innovation, optimiser les extraits, adapter le procédé au cahier des charges, éprouver la solidité des teintes à la lumière pour un tissu d’ameublement, au lavage pour un T-shirt, à la température pour un fard à lèvres... Après avoir étudié quatre-vingts plantes, le Critt en a sélectionné une vingtaine dont les pigments Critt horticole Les plantes en couleurs Après avoir reconstitué une collection de plantes tinctoriales, le Critt horticole de Rochefort est devenu le spécialiste français des colorants végétaux. Par Astrid Deroost Le Critt a transféré ses savoir-faire et créé une société privée Couleurs de Plantes. Cette filiale fait produire les végétaux, élaborer les extraits et vend les produits à échelle industrielle. Le Critt horticole a co-organisé en avril 2011, avec le CNRS, le Symposium international ISEND 2011 Europe sur les teintures et colorants naturels. Ce colloque scientifique a accueilli à La Rochelle 520 participants venant de 56 pays. des tissus imprimés comme les toiles de Jouy ou accompagner la création d’une col- lection couture – artisanale – aux couleurs de la Réunion, le Critt use d’un savoir-faire patiemment construit. «Jusqu’en 1870, les plantes tinctoriales étaient utilisées comme source de colorant quasiment unique, la couleur était natu- relle. Cela représentait des millénaires de savoir-faire mondiaux. Avec la synthèse des molécules colorantes à partir des dérivés du pétrole, il y a eu une extinction très rapide de la culture des plantes, des connaissances sur la manière de les cultiver et de les utiliser (pour leurs propriétés colorantes), surtout dans les pays occidentaux», rappelle la di- rectrice Anne de la Sayette. Le salut est venu, il y a environ vingt ans, de l’art et de ses restaurateurs en quête de pigments naturels et, plus généralement, de la préoccupation écologique. Les indus- tries du cosmétique ont aussi fleuré l’intérêt marketing de rouges à lèvres écolabellisés. Fort de ce constat, le Critt a alors lancé l’ambitieux projet de re- constituer une collection de plantes tinctoriales des pays tempérés. Il y a eu l’épopée botanique à travers jardins et abbayes puis la mise en culture sous serres ou en plein champ, la recomposition de tous les paramètres agronomiques (temps de culture, période de récolte, semis ou boutures) jusqu’au laboratoire conçu pour l’extraction, la livrent une palette complète de couleurs. Un de ses récents projets a généré l’explora- tion de végétaux sauvages et invasifs de la Réunion et de Madagascar. Il s’agissait d’ac- compagner une jeune designer réunionnaise dans la création de vêtements écologiques, faits des fibres naturelles ou recyclées et intégrant un procédé de teinture respectueux de l’environnement. À partir d’une quinzaine de plantes locales, le Critt a développé une gamme sur lin et a transféré son process à la taille et au matériel de la petite entreprise. «Tout est possible sauf peut-être des cou- leurs flashy. L’idée n’est pas d’imiter les colorants synthétiques, c’est une autre gamme au rendu très spécifique. On a par exemple travaillé avec les coloristes d’Hermès et ils ont trouvé l’expérience très riche», précise Anne de la Sayette en soulignant, à l’ère du bilan carbone, les bonnes performances environnemen- tales du colorant naturel – origine végétale, extraits à base d’eau et d’alcool agricole ensuite recyclé... – au regard des produits de synthèse connus pour leur caractère polluant. n Pigments issus de plantes tinctoriales. Critt horticole ■ L’Actualité Poitou-Charentes ■ N° 94 ■ 29 29 Sur la piste de la stévia Le Critt horticole, associé au Critt agro-alimentaire et à Valagro, a lancé des recherches sur la stévia, plante à très haut pouvoir sucrant, susceptible de remplacer le sucre et les édulcorants synthétiques comme l’aspartame. Au printemps 2010, 21 000 plants ont été mis en culture en Charente-Maritime, des récoltes ont eu lieu et le groupe explore les pistes de valorisation des extraits obtenus, extraits pour lesquels des entreprises ont déjà manifesté leur intérêt. CRITT Horticole ARRDHOR Créé en 1989 11 salariés 1 entreprise essaimée : Couleur de Plantes Budget 2010 : 800 000 e 22 rue de l’Arsenal 17300 Rochefort Tél. 05 46 99 17 01 Fax : 05 46 87 28 63 www.critt-horticole.com Le Critt horticole participe au développement des filières végétales en Poitou-Charentes via des projets innovants en horticulture, agronomie, botanique et phytochimie. Quatre domaines d’activité : animation de la filière horticole ; recherche et innovation (colorants végétaux, toitures végétalisées) ; ingénierie pour la construction de serres et les nouvelles technologies horticoles ; études économiques et de filières. Architecture de serres Le Critt horticole est l’un des spécialistes français dans le domaine de l’ingénierie de serres et met son savoir-faire au service de projets – programmation ou maîtrise d’œuvre – privés ou publics de construction et d’aménagement de serres. La structure rochefortaise a récemment travaillé pour l’École normale supérieure de la rue d’Ulm et le CNRS dont le Centre d’étude et de recherche en écologie expérimentale et prédictive (Cereep) s’intéresse à l’impact des changements climatiques sur l’évolution des écosystèmes. Pour l’étude de l’interaction plantes- insectes, le Cereep souhaitait une serre susceptible de maintenir l’activité végétative des plantes tout au long de l’année. La technologie mise au point avec le Critt a permis d’optimiser le climat créé et de répondre aux exigences d’une serre de recherche : diversité des essais, confinement, performances fiables et reproductibles. Des coquilles sous les végétaux D epuis 2008, le Critt horticole mène des travaux sur les toitures végé- tales. Malgré l’engouement suscité par ces toitures depuis une dizaine d’années, dans le cadre de la démarche HQE (Haute qualité environnementale), les techniques utilisées en France sont le plus souvent transposées d’Allemagne. L’absence de recherche et d’innovation sur le territoire national, ajouté au fait que le secteur était essentiellement aux mains des professionnels du bâtiment, a conduit le Critt à constituer un centre des ressources (recherche, conseil, expé- rimentation) pour répondre aux problé- matiques des industriels qui installent des toitures végétalisées ou fournissent des constituants. Ce millefeuille com- posé d’une couche drainante, d’un filtre anti-racines, d’une couche de culture ou substrat et d’une couche de végétation est placé sur la structure porteuse (toiture en béton, bac-acier ou bois) et sur une couche d’étanchéité. Exemple... Une entreprise de la région souhaitait améliorer sa démarche envi- ronnementale en remplaçant la couche de culture, jusqu’alors composée de roches volcaniques d’Auvergne et de tourbe des Pays Baltes, par des matériaux locaux. Le Critt a mis au point un substrat composé de coquilles d’huîtres et de moules (inven- dus, sous-produits...). Après avoir identifié le matériau, vérifié ses performances et fait l’essai grandeur nature, le Critt a constaté la pertinence de l’innovation. Le Critt effectue aussi des recherches sur la diversification des plantes employées dans les toitures végétales, écosystèmes particuliers. Une vingtaine de végétaux sont régulièrement utilisés. Les investigations menées à Rochefort ont enrichi la gamme d’une soixantaine de nouvelles plantes. Étude d’un substrat de cultures pour toitures végétalisées à base de coquilles de moules et d’huîtres. Critt horticole uploads/Ingenierie_Lourd/ colorants-vegetaux 1 .pdf

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