Université de Béjaia Faculté de technologie Département d’architecture Année un
Université de Béjaia Faculté de technologie Département d’architecture Année universitaire 2020-2021 Deuxième année Licence académique Anthropologie de l’espace Premier semestre Mr. BADIS 2ème Cours: Les notions d’espace en architecture Sommaire: 1) Introduction 2) Définition de l’anthropologie de l’espace. 3) Les notions d’espace en architecture: 3-1) Espace conçu (pensé). 3-2) Espace vécu (utilisé). 3-3) Espace projeté (matérialisé). 3-4) Espace rêvé (imaginé). 4) Le rapport entre l’architecture et l’anthropologie. 5) La problématique socio-spatiale, entre producteurs et consommateurs de l’espace. 6) Bibliographie. 1) Introduction: L’architecture aujourd’hui, par souci de se perfectionner et de se transcender au rang de discipline plus humaine et davantage humaniste; ainsi que par sa nature même de métier pluridisciplinaire, ne cesse d’introduire et d’incorporer de nouvelles disciplines assistantes à son domaine, car elle a pour vocation de représenter et de traduire sur le terrain de la réalité, toute la complexité de l’homme, englobant en sa perspective, plusieurs de ses aspects civilisationnels et existentiels, tels que l’art, le social, le technique, l’historique, le culturel,,,etc). (1) Par cette entreprise réaliste (autrefois idéaliste), l’architecture se sert ici de la socio-anthropologie, dans le but de mieux connaître la société qu’elle sert et qu’elle bâtit, et afin de se reconnaître surtout au sein d’elle, étant donné que l’une et l’autre sont deux aspects existentiels de cet homme social (la société comme corps social, et l’architecture comme expression sociale du social). La socio-anthropologie de l’architecture en général, essaie, par cette attitude sociologisante de la réalité architecturale, de répondre à la question lancinante et problématique suivante: Quelle architecture pour quel homme ?; Par cette question, elle s’est mise à spécifier à chaque société et à chacune de ses cultures distinctes, sa propre architecture et son propre savoir-faire architectural (d’où le qualificatif : ArchitectureS, au pluriel), afin de fuir les standards architecturaux de la mondialisation, car une architecture occidentale reste toujours un produit historique de la société occidentale, et ne peut en aucun cas représenter une société africaine par exemple, sauf que, si celle-ci se passe, contradictoirement, pour occidentale. --------------------------- Il suffit de lire l’architecture de l’homme pour comprendre la civilisation de l’homme. Mr. BADIS. 2) Définition de l’anthropologie de l’espace: L'anthropologie de l'espace, est dorénavant, une discipline socio-architecturale, issue des sciences sociales (non comme intruse, mais comme invitée et sollicitée), principalement de la sociologie, de l’anthropologie sociale et culturelle, et de la psychologie sociale et individuelle; Elle est récemment édifiée, il y a à peu près 30 ans, suite à l’émergence d’une soudaine prise de conscience et un besoin récurrent de comprendre et résoudre objectivement et scientifiquement les imperfections architecturales et les problèmes sociaux qui y sont issus, ou bien, ceux liés essentiellement à l’espace bâti et à l’environnement architectural; et ce, pour servir d’outil de travail et approche d’investigation, utilisée accessoirement comme discipline d’accompagnement, aux mains des architectes et des urbanistes, afin de mieux moraliser, rationaliser et adapter ces spécialités tant techniques, au domaine subjectif de l’humain et variable du social, du socio-urbain et du soci-architectural; c’est-à- dire, rendre le domaine architecturo-urbanistique plus humain et plus social, plus ouvert à la société (sortir du bureau d’études), en mettant à l’esprit, qu’ils devraient travailler, dès lors, pour le compte de la société et le bien-être de l’homme ainsi que son épanouissement. Cette nouvelle recrue se penche à étudier, ou bien, se fixe comme objet et objectif de recherche, de bien saisir: Les représentations socio-spatiales des usagers (comment interpréter l’espace), la production/reproduction de l’espace (comment produire, qui produit, et pour qui produire l’espace); L’appropriation/désappropriation/réappropriation de l’espace; (comment se procurer l’espace); et les usages sociaux de l'espace; (comment utiliser et rentabiliser l’espace). 3) Les notions d’espace en architecture: 3-1) Espace conçu (pensé): L’espace comme produit socio-spatial, qu’il soit matériel et physique (Ex; la place publique, l’appartement) ou immatériel et social (Ex; les ‘’réunions‘’ des chômeurs et des retraités dans la place publique, ou la réunion ‘’familiale’’ habitant l’appartement)*, est d’abord une production, une schématisation, une conceptualisation et une contextualisation de l’architecte, pour ne pas dire de l’architecture de manière générale, car chaque architecture renvoie à l’idéal de(s) l’architecte(s) qui l’a(ont) fondée; comme l’architecture française, japonaise, algérienne, sénégalaise,,,etcetera. ----------------------- * Les réunions de chômeurs, de retraités et de familles, sont des espaces sociaux symboliques et affectifs, où se rencontrent des individus, liés entre eux par des valeurs communes ou par des traits sociaux communs, et regroupés dans un espace physique, qui joue le rôle de support matériel de ces entités sociales (Ex, un parti politique, un syndicat, un club, un ordre des architectes,,,etc, sont des espaces sociaux (culturels, spirituels, psychologiques, politiques,,,etc,) qui réunissent en leur sphère morale et intellectuelles, des militants politiques, des syndicalistes, des artistes, ou des professionnels architectes, dans des locaux physiques, du parti, du syndicat, de l’équipe, ou de l’ordre). L’espace conçu est schématisé et structuré par l’architecte ou l’urbaniste, par le biais du ‘’plan’’, du ‘’volume’’, de ‘’l’échelle’’, ainsi que par la ‘’notion ou le principe‘’ répondant à la vocation architecturale de l’espace produit; (espace habitable, espace de travail, de détente, d’apprentissage, de circulation, de guérison,,,etc); c’est-à-dire que les propriétés physiques, fonctionnelles, esthétiques, et symboliques de l’espace conçu, seront projetées et matérialisées plus tard dans la phase du projet, telles que définies et arrêtées par la conception architecturale et urbanistique initiales. Le concepteur, qui est non seulement un architecte, mais un visionnaire et un intellectuel, agit ici, et intervient en maître tout au long du processus architectural, d’où son nom d’ailleurs de maître d’ouvrage, car c’est à lui que revient le mérite et la tache principale de définir le projet ou le programme à réaliser, et que toute erreur de réalisation serait d’abord, probablement, une erreur de conception. 3-2) Espace vécu (utilisé): L’architecture, en recourant à la responsabilisation de la société pour sa mauvaise intégration dans le cadre urbain tel que conçu par elle, et qui est expliqué essentiellement, selon elle, par son manque de culture urbaine et spatiale, ne cesse de lui reprocher la non-conformité de ses ‘’usages spatiaux’’ pervers, et de ses ‘’habitudes habitantes’’ négatives, avec les œuvres architecturales telles que conçues par les architectes. Aussi, ce non-conformisme à l’espace, tel que vécu par la société vis-à-vis de l’espace architectural conçu par l’architecture, est dû aussi, d’abord, et selon la société cette fois-ci, à un autre type de non-conformisme, de l’architecture, en ce qui concerne les besoins primaires de l’habiter, et secondaires du cadre de vie de la société et de sa culture; étant donnée que l’architecture adoptée, surtout standardisée, est étrange et étrangère aux coutumes habitantes locales. Le dogmatisme architectural, c’est-à-dire, la rigueur théorique, le souci d’ordre, et le principe d’orientation, d’accompagnement et d’encadrement du changement social par l’architecture, ne prend pas en compte la flexibilité, la variabilité, et les traits socioculturels distinctifs de la société (cultures locales et environnementales), c’est-à-dire que c’est à travers la première (l’architecture) qu’on contrôle la deuxième (la société). C’est à partir de ce constat conflictuel et interactif qu’une problématique, tournée vers le ‘’redressement’’ et le ‘’perfectionnement’’ de l’architecture, aidée par les sciences sociales, est née; car l’architecture est un produit de la société (la société détermine le savoir-faire architectural et les contraintes architecturales) qu’elle doit connaître, et qui est elle-même, en même temps, un produit de la société, que la socio-anthropologie et l’histoire peut éclaircir. Les non-conformismes architecture/espace pose la problématique de la non coopération entre les deux domaines, et les mauvaises manières de vivre l’espace autrement, attestent ,ou sont interprétées en sociologie, comme indicateurs d’un refus social ou une remise en cause du produit architectural. Les nouvelles contraintes de l’architecture, qui pèsent aussi sur les usagers comme des contraintes psychosociologiques, ont contraint, à leur tour, ou de leur coté, les habitants et usagers à entreprendre, ou à développer des stratégies, ou attitudes habitantes et comportements spatiaux échappatoires, comme une réponse à l’endoctrinement et à la doctrine adoptée par les architectes. D’une part, la crise de l’habitat, saisie comme un disfonctionnement et une incohérence des attitudes de l’homme avec son milieu de vie, a engendré une crise de l’habiter, saisie comme une inadaptation et une incompatibilité de ses manières de vivre, et ses comportements habitants vis-à-vis de ce milieu; Et d’autre part, la crise du logement, a engendré une crise d’usages de l’espace habité, et une remise en cause interventionniste sur du produit spatio- architectural, chose qui a laissé les habitants entreprendre des interventions, ou des atteintes tout court, à l’espace conçu. 3-3) Espace rêvé (imaginé) L’espace rêvé, est une sorte de mise en espace imaginée, idéalisée et souvent imaginaire, correspondant généralement à une théorie utopique (comme la cité de dieu de Platon, et sa version islamique antinomique de la cité vertueuse, المدينة الفاضلةde Al Farabi); à une idéologie politique (comme les villages socialistes, existant même en algérie, et les villes communistes de l’ex union soviétique, URSS); ou à une architecture révolutionnaire (comme la cité radieuse de Le Corbusier). Cette manière de penser l’espace, est du domaine réflexif des grandes théories fondamentales et fondamentalistes, qui théorisent des modèles et des schémas spatiaux selon une certaine philosophie de production et de gestion de l’espace, qui tend à uploads/Ingenierie_Lourd/ cours-2-les-notions-despace-en-architecture-1.pdf
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- Publié le Jul 11, 2022
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