Olivier De Cazanove Bacanal ou Citerne ? À propos des salles souterraines de la

Olivier De Cazanove Bacanal ou Citerne ? À propos des salles souterraines de la Domus II à Bolsena et de leur interpétation comme lieu de culte dionysiaque In: L'antiquité classique, Tome 69, 2000. pp. 237-253. Citer ce document / Cite this document : De Cazanove Olivier. Bacanal ou Citerne ? À propos des salles souterraines de la Domus II à Bolsena et de leur interpétation comme lieu de culte dionysiaque. In: L'antiquité classique, Tome 69, 2000. pp. 237-253. doi : 10.3406/antiq.2000.2437 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/antiq_0770-2817_2000_num_69_1_2437 ?& Bacanal ou citerne ? À propos des salles souterraines de la Domus II à Bolsena et de leur interpétation comme lieu de culte dionysiaque* En 1967, les fouilles entreprises sur les terrasses nord-ouest et sud-est du Poggio Moscini, à Bolsena en Etrurie méridionale, arrivaient à leur terme (fig. 1). Les vestiges mis au jour - une domus à atrium du IIe s. av. J.-C. et, derrière celle-ci, un petit temple oblitéré par un nymphée à l'époque augustéenne, pour ne citer que les plus importants - allaient être publiés, avec une remarquable célérité, quatre ans plus tard1. Mais, lors de la même campagne 1967 était également commencé «le dégagement partiel d'une nouvelle habitation»2, au sud-est de la première, en contrebas. 3 pièces seulement étaient alors fouillées3, et 5 autres l'année suivante4. Comme celles-ci sont d'époque impériale5, l'ensemble fut alors provisoirement baptisé «insula»6. Il était déjà clair qu'on n'en possédait que l'arrière parce qu'il était limité, au nord-est et au sud-est, par deux puissants murs de soutènement (Q et T) qui, contenant les terres de terrasses surplombantes, interdisaient de ce côté tout débouché vers une me7. En 1969, la progression de la fouille se fait donc vers le sud-ouest où l'on savait devoir se trouver l'entrée8. 4 nouveaux espaces (I-L) sont mis au jour, qui Les réflexions qui suivent constituent le développement d'une recension à l'ouvrage de Jean-Marie PAILLER, Bacchus. Figures et pouvoirs, Paris, Les Belles Lettres, 1995, 1 vol. 14,5 x 21,5 cm, 230 p. (Collection Histoire). Prix : 180 FRF.ISBN : 2-251- 38029-9. 1 A. Balland, A. Barbet, P. Gros et G. Hallier, Bolsena IL Les architectures (1962-1967) (Suppl. aux MEFR, 6, 2), 1971. 2 P. Gros, dans Chronique, MEFR, 80 (1968), p. 365-375, part. p. 373. 3 Ibid., fig. 9, p. 367 et fig. 17, p. 374. 4 J. Andreau, P. Gros, Bolsena (Poggio Moscini). Les nouveaux éléments d'architecture des zones sud et sud-est, dans MEFR, 81 (1969), p. 119-136, part. p. 128 et suiv. Les pièces découvertes sont distinguées par les lettres A à H (fig. 2, p. 122). 5 Comme le montrent les techniques de construction, les pavements et les décors picturaux. Sur ceux-ci, A. Barbet, La maison aux salles souterraines. 2. Décors picturaux (murs, plafonds, voûtes) (Suppl. aux MEFR, 6, 5, 2), 1985. Un résumé commode des phases de construction de la maison se trouve aux p. 10-13. 6 P. Gros, dans Chronique, MEFR, 81 (1969), p. 409; cf. J. Andreau, A. Barbet, J.-M. Pailler, art. cit. infra n. 9, p. 188, n. 2. 7 ... sinon, éventuellement, à l'étage supérieur : J. Andreau, P. Gros, art. cit. supra n. 4, p. 129. 8 J. Andreau, dans Chronique, MEFR, 82 (1970), p. 545-546. 238 O.DECAZANOVE Fig. 1. Bolsena, Poggio Moscini : les terrasses occidentales (plan Di Grazia, d'après P. GROS, Bolsena. Guide des fouilles (Suppl. aux MEFR, 6, 1), 1981, p. 40, fig. 4). 1. zone du bastion de tuf (et citerne); 2. citernes communicantes; 3. nymphée; 4. domus II («aux peintures» ou «aux salles souterraines»); 5. domus / («à atrium»); 6. sanctuaire de la terrasse sud-est et sa citerne. Ech. : 1 : 600. «semble(nt) s'organiser autour d'une grande pièce, K»9. Un effondrement dans le sol de celle-ci révèle l'existence d'un escalier souterrain, large de 1,10/1,15 m, dont l'extrémité supérieure débouche au niveau du dégagement L10. Vers le bas, par contre, l'escalier s'interrompt au bout de 10 marches, et fait place à un plan incliné qui conduit à «une grande salle carrée de 4,60 m de côté tout entière enduite, haute de 2,50 m et surmontée d'une voûte en campane qui la domine de plusieurs mètres. À l'imposte se trouve une grosse moulure arrondie, peinte en rouge, dont le diamètre extérieur est de 2,50 m. Au sommet se voit un oculus qui n'a pas encore été débouché»11. 9 J. Andreau, A. Barbet, J.-M. Pailler, Bolsena (Poggio Moscini) : Bilan provisoire des trois dernières campagnes, dans MEFR, 82 (1970), p. 187-235 (la citation se trouve à la p. 212). 10 Avec lequel il communique au moyen du seuil B, mais au prix d'un virage à angle droit des 2 dernières marches de l'escalier : ibid., p. 231. 1 ' Ibid., p. 232 (et p. 234, sur les 4 couches superposées qui remplissaient, sur 1,20/1,60 m de hauteur, la pièce souterraine). BACANAL OU CITERNE? 239 Fig. 2. Bolsena, Poggio Moscini : la «maison aux salles souterraines», état de la fouille à la fin de la campagne 1970 (plan G. Hallier, dans J.-M. PAILLER, MEFRA, 83, 1971, p. 386, fig. 9). Ech. : 1 : 200. 240 O. DECAZANOVE G \ 6} Fmir I i ? 1 J Fig. 3. Bolsena, Poggio Moscini : la «maison aux salles souterraines», salles et réseau souterrains (plan G. Hallier, dans J.-M. PAILLER, MEFRA, 83, 1971, p. 387, fig. 10). Éch. : 1 : 200. Cette dernière opération aura lieu l'année suivante. La poursuite des travaux, toujours en direction du sud-ouest, permet de constater qu'en définitive, c'est à une domus presque canonique qu'on a affaire, parce qu'au sud de la pièce K (en fait un tablinum) s'étend un atrium à alae12 et impluvium central. Contre celui-ci se trouve l'orifice circulaire qui communique avec la salle souterraine.Deux états successifs ont pu être observés. Une dalle (réemployée) percée d'un trou rond d'une trentaine de centimètres de diamètre recouvrait une ouverture plus large (diam. d'env. 57 cm) pratiquée dans deux dalles accolées13. Le noyau originel de la domus, quant à lui, est daté du début du IIe s. av. J.-C, parce qu'il est stmcturé par des murs (T, S, X sur la fig. 2) dont l'appareil, dit en damier, est caractéristique de cette période14. Par ailleurs, la salle carrée et son dromos d'accès se révèlent alors appartenir à tout un réseau de pièces et de passages, également souterrains (fig. 3). Au niveau le 12 Seule l'aile gauche est normalement développée. Le départ de l'aile droite n'est qu'esquissé, grâce à l'angle droit que forment le mur x et le seuil e. Cette dissymétrie s'explique par la présence du mur T, et de la terrasse en surplomb située derrière, qui ont empêché que l'habitation ne s'étende davantage vers le sud-est : J.-M. Pailler, Bolsena 1970. La maison aux peintures, les niveaux inférieurs et le complexe souterrain, dans MEFRA, 83, 1971, p. 367-403, part. p. 382. 13 Ibid., p. 384 et fig. 8. Les données stratigraphiques permettraient de dater la deuxième phase du IIIe siècle de notre ère (ibid.). 14 A. Balland, A. Barbet, P. Gros et G. Hallier, op. cit. à la n. 1, p. 1 16 et suiv. BACANAL OU CITERNE? 241 plus bas se situe une citerne de plan rhomboidal [3], présentant un revêtement en opus signinum et un solin d'étanchéité. À son extrémité nord-ouest, un puits d'alimentation [4], profond de 5,8 m, s'ouvre juste à la limite de la maison, sous l'un de ses murs périmétraux (le mur S : fig. 2). À son extrémité sud-est se trouvait également un «orifice... où l'on venait puiser l'eau depuis la première salle»15. Il débouche en effet dans une niche [2] attenante à la grande pièce souterraine carrée. Le comblement de cette citerne, effectué en une seule fois, date des IIF-IVe s. de notre ère. Son sol a été retrouvé couvert d'une couche de boue. Au milieu, était posé un petit trépied métallique. La datation de cette citerne devrait être fixée dans la deuxième moitié du IIP s. av. J.-C, on verra plus loin pourquoi. Il existe un aménagement encore plus ancien : la galerie 1 (fig. 2 ; [6] sur la fig. 3), un cuniculus, haut de 1,65 m, large de 45 cm. En effet son débouché a été obstmé au niveau du tuf aplani, c'est-à-dire au niveau de pose des stmctures en pierres à sec, qui précèdent les murs de la maison et qu'on date généralement de la deuxième moitié du IIP s. av. J.-C. Le plafond du dromos qui conduit à la salle souterraine carrée coupe ce cunicule (fig. 5, 1). On notera enfin la présence de plusieurs autres cuniculi [5], [11], [12]. La fonction de la galerie [5] en forte pente, au moins, semble claire. Il s'agit d'évacuer les eaux de la salle souterraine en les convoyant vers le puits [10]. On ne dispose pas de comptes rendus ultérieurs sur la continuation de la fouille de cette «maison aux salles souterraines»16, et pas davantage d'une publication définitive des architectures de celle-ci. Vers le sud-ouest, les stmctures arasées au niveau de fondation ne permettent plus de restituer l'aspect originel de l'entrée, uploads/Ingenierie_Lourd/ de-cazanove-bacanal-ou-citerne-a-propos-des-salles-souterraines-de-la-domus-ii-a-bolsena-et-de-leur-interpetation-comme-lieu-de-culte-dionysiaque.pdf

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