UNE SOCIETÉ EN MÉTAMORPHOSE DE QUEL.LE.S INGÉNIEUR.E.S A-T-ON BESOIN ? M'hamed
UNE SOCIETÉ EN MÉTAMORPHOSE DE QUEL.LE.S INGÉNIEUR.E.S A-T-ON BESOIN ? M'hamed Drissi Abdellatif miraoui Gaston BERGER Nous tenons à remercier chaleureusement tous les acteurs qui nous ont aidés à composer cet ouvrage. En premier lieu Béatrice Decoop de l'agence So Youth ! qui nous a assistés dès le démarrage du projet. Nous remercions également le service communication de l’INSA Rennes pour la relecture et la réalisation graphique. Au-delà de nos expériences, nous avons souhaité élargir l’angle d’observation au travers du témoignage de grandes personnalités. Leur retour ainsi que leur vision ont contribué à éclairer l’ensemble des dimensions de l’équation complexe et systémique qui s’invite dans la formation de l’ingénieur.e 5.0. Qu’ils trouvent toute notre reconnaissance et nos chaleureux remerciements. remerciements Demain est moins à découvrir qu'à inventer Nous avons fait le choix de l’écriture inclusive pour le terme ingénieur.e afin de ne pas reproduire les stéréotypes qui pèsent sur cette fonction. Nous voulons aussi marquer notre engagement en faveur de la diversité et de la mixité des talents, notamment dans les établissements d’enseignement supérieur et les entreprises industrielles, les secteurs scientifiques et tech nologiques. Nous n’avons pas étendu le principe de l’écriture inclusive pour l’ensemble du texte dans un souci de facilité de lecture. Directeur de la publication : M'Hamed DRISSI Auteurs : Prof. M'Hamed DRISSI Prof. Abdellatif MIRAOUI Réalisation graphique : Service communication INSA Rennes ISBN : 978-2-9582042-1-1 EAN : 9782958204211 Février 2022 Impression : Media Graphic Imprimé sur du papier 100 % recyclé par un imprimeur certifié « imprim’vert » Crédits photographiques : ©Alexis Chézière / ©Frédérique Touitou / ©Adobe Stock avant-propos A ccélération ou réorientation, les crises sont bien souvent des catalyseurs de changement et celle-ci n’échappera pas à la règle. L’urgence clima tique, les grands défis sociétaux, la révolution numérique, la remise en question de la globalisation, l’avènement de l’industrie 4.0, impliquent une métamorphose de nos manières de produire, de consommer, de travailler, de "vivre ensemble"… Mais aussi de former nos étudiants, futurs ingénieur.e.s de ce monde qui nous apparaît, tout à coup, bien en chantier. Nous savions, avant la crise sanitaire, tout ce qu’il nous semble aujourd’hui devoir être repensé et impulsé sans délais. Entrer pleinement dans cette nou velle ère numérique et écologique nécessitera des efforts considérables pour changer de perspective, évoluer d’un système relativement cloisonné et hiér archisé vers l’hybridation, l’ouverture et l’horizontalité. Ce sont des défis que nous avions déjà imaginés, au regard de nos expériences respectives, ayant l’un et l’autre occupé des postes à responsabilité en France et à l’international. La crise de la Covid-19 nous a incités à prendre le dossier à bras le corps. Et c’est ainsi que nous avons pris le parti de nous réunir tous les samedis matin de l'année 2021, pour exprimer, ensemble, notre vision d’une grande école et de son modèle pédagogique et scientifique. Notre réflexion et nos débats nous ont ainsi amenés à repenser le modèle et élaborer les éléments fondamentaux pour réussir la métamorphose de la grande école de demain. Le rôle des ingénieur.e.s, tel que nous le connaissions, va muter. Les entrepris es attendent des profils "augmentés", à la fois scientifiques experts, techno logues, stratèges et philosophes en action, capables de penser et de prendre des risques, d’agir digital et de gérer des systèmes complexes, de piloter le changement et les processus avec agilité, mais aussi de mobiliser l’intelligence collective ; des ingénieur.e.s curieux, créatifs, ouverts et résolument optimistes ; des bâtisseurs responsables du monde de demain, et de fait, des éclaireurs et entrepreneurs à fortes responsabilités sociétales qui feront entendre leur voix. Cette contribution est une ouverture sur ce que pourrait être l’ingénieur.e 5.0 dans le contexte des grandes transitions mais aussi une réflexion sur ce monde qui est en train de se défaire et de se recomposer, dans lequel le numérique devient omniprésent. La crise sanitaire nous questionne également ! Nous sommes tous témoins de cette accélération, surtout à une époque où les baby-boomers quittent le marché de l'emploi avec leur expertise, le plus souvent tacite et pas toujours transmise aux générations suivantes. Loin de ne faire référence qu’au numérique, le qualificatif "5.0" que nous accolons à l’ingénieur. e et au modèle d’école englobe une vision beaucoup plus large, une rupture, un état d’esprit. Nous savons combien le numérique dépasse sa propre existence en tant qu’outil d’aide pour recomposer la nôtre, nos manières d’être, de sentir et d’agir pour et avec les autres. En tant qu’acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, nous avons notre responsabilité. Nous formons ces ingénieur.e.s, acteurs en première ligne des transitions, qui vont construire, par leurs inventions, le nouveau monde qui se profile. Il en va de notre responsabilité collective et de notre vision, de leur donner les clés de compréhension de ce monde complexe et de leur transmettre les valeurs qui feront de notre planète un monde habitable de manière durable, humaniste et juste. Abdellatif MIRAOUI M'Hamed DRISSI avant-propos SORTIR DU GRAND PARADOXE UNE SOCIÉTÉ EN TRANSITIONS L’ÉCOLE D’INGENIEUR.E.S 5.0 UNE DOUBLE PERSPECTIVE 04 07 13 35 45 75 un préalable pour penser et réinventer la société « Penser » la société Intellectuels de l’agir technologique Le numérique s’impose partout Préserver notre planète Management : adopter une nouvelle posture Les entreprises attendues sur le terrain social Nous vivons dans un monde plus hybride que jamais Construire une écologie de la connaissance Des exemples inspirants pas forcément les plus attendus ! Pour mettre les étudiants en capacité d’agir, de faire et de s’engager Pourquoi les Sciences Humaines et Sociales ont-elles un rôle central dans la formation de l’ingénieur.e 5.0 ? Maîtriser les sciences fondamentales S’approprier la démarche scientifique Inclure les enjeux environnementaux dans chaque discipline, chaque projet, chaque défi Un environnement propice à l’empowerment Identifier et développer son potentiel humain Entrer pleinement dans l’ère numérique Adopter la culture des tiers-lieux inclusifs et propices à l’innovation Des espaces d'apprentissage, de partages et d'innovation sommaire HYBRIDER 9 UNE SOCIÉTÉ EN MÉTAMORPHOSE, DE QUEL.LE.S INGÉNIEUR.E.S A-T-ON BESOIN ? CHAPitre 1 D e la machine à vapeur à l’ordinateur, les ingénieur.e.s, par leurs inventions, ont toujours été acteurs des principaux changements sociétaux, de l’industrialisation des États modernes à la diffusion des nouvelles technologies, en passant par les métamorphoses de la société de consommation. Sous l’impulsion de la révolution digitale, les ingénieur.e.s sont encore, et plus que jamais, acteurs de la mobilité du futur, avec l’Interloop ou les voitures autonomes ; des progrès de la qualité des services urbains avec les smart cities ; de l’amélioration des réseaux de communication mobile à très haut débit avec la 5G et les générations à venir ; la protection des données et l’internet quantique. Leurs inventions nous laissent entrevoir un avenir où les technologies sont dominantes. Elles sont au cœur de tous les espoirs mais aussi de tous les fantasmes, que ce soit dans les domaines du travail, de la santé, de l’énergie, du transport, du logement, etc. Il n’y a pas un jour sans qu'il soit fait référence aux avancées effectives, imminentes ou imaginaires, de l’intelligence artificielle, de l’internet des objets, du Cloud, des biotechnologies, etc. UN PRÉALABLE POUR PENSER ET RÉINVENTER LA SOCIÉTÉ SORTIR DU GRAND PARADOXE 1 10 11 UNE SOCIÉTÉ EN MÉTAMORPHOSE DE QUEL.LE.S INGÉNIEUR.E.S A-T-ON BESOIN ? Chacun d’entre nous peut constater que ces innovations ont un impact fondamental sur l’organisation de la vie professionnelle et personnelle ; qu’elles structurent notre rapport au monde, au temps et à l’espace ; qu’elles recomposent nos relations à autrui, nos manières de communiquer et d’interagir. Cet impact substantiel sur notre quotidien nous renvoie aux usages et aux questions éthiques qui doivent accompagner tout nouveau projet technologique ou scientifique. La société est bien une affaire d’ingénieur.e.s ! De fait, il est assez paradoxal de constater que les ingénieur.e.s sont aussi peu formés pour "penser" la société. Certes, les écoles intègrent dans leurs maquettes pédagogiques, outre les fondamentaux, de plus en plus de Sciences Humaines et Sociales (SHS). Cependant, les cours se limitent en général à une finalité pratique. Ils sont axés sur l’économie, la comptabilité, l’organisation du travail, le management, la conduite de projets,… Il convient de rappeler que les humanités - terme encore en usage dans les écoles d’ingénieur.e.s aujourd’hui - sont intégrées au XIXe siècle dans les cursus pour fournir une "langue de culture" commune aux élites de la nation. Le colloque organisé en 2019 par la Conférence des Grandes Écoles a tenté de faire le point sur les pratiques en cours. Lors de ce colloque, Eric Godelier, directeur du département des Humanités et Sciences Sociales à l’École Polytechnique, souligne qu’il existe une difficulté récurrente à définir les SHS dans les Grandes Écoles, tant en termes de périmètre, de statut que de contenus. Avec les nouveaux défis qui se posent à la société, technologiques, environnementaux, sociaux, on voit bien aujourd’hui que les ingénieur.e.s ont besoin d’un éclairage beaucoup plus conséquent sur les liens entre sciences, techniques et projets de société. Si les SHS sont bien présentes dans les écoles d’ingénieur.e.s, il devient urgent de s’interroger sur leur place, uploads/Ingenierie_Lourd/ etude-ingenieurs.pdf
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- Publié le Fev 06, 2021
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