L'ÉCOLOGIE, C'EST MAINTENANT La Convention régionale d'EÉLV (1) a été un moment

L'ÉCOLOGIE, C'EST MAINTENANT La Convention régionale d'EÉLV (1) a été un moment fort du débat sur la transition énergétique. Avec plus de 130 participants, ne bou- dons pas notre plaisir (même si la presse régionale, elle, a boudé notre manifestation...) d'avoir réussi à apporter notre pierre à l'édi- fice d'un grand débat national que nous voulons à la hauteur des défis qui nous attendent : limiter le changement climatique, dimi- nuer les émissions de GES, notamment dans le logement et les trans- ports, et ainsi répondre aux difficultés croissantes de nos concitoyens souffrant aujourd'hui de précarité énergétique. Les 20 mesures du plan d'investissement pour le logement annon- cées par le Président de la République sont une première étape face à l'urgence - manque de logements sociaux et nécessaire réhabilita- tion thermique du parc ancien. Avec une TVA à 5 %, c'est aussi une bouffée d'oxygène pour le secteur du bâtiment. Ce plan est le résul- tat du volontarisme de notre ministre du Logement, Cécile Duflot, mais aussi de la ministre de l'Environnement, Delphine Batho. Mais ce n'est là qu'une première étape. La TVA à 5 % devrait pouvoir s'appliquer à l'ensemble des rénovations du parc ancien car il n'est pas nécessaire de vivre dans un logement social pour souffrir de précarité énergétique. Nous connaissons tous des propriétaires occupant de véritables passoires thermiques et n'ayant pas les moyens d'engager une rénovation. Le lancement d'un véritable ser- vice public de la rénovation énergétique, avec des financements renforcés et incitatifs pour les ménages modestes et les classes moyennes, est aussi une bonne mesure. L'accompagnement est une nécessité, avant, pendant et après la rénovation par des personnes n'ayant rien à vendre... Tout cela ne doit pas nous faire oublier que la France seule ne peut réussir la transition énergétique et écologique de son économie. Yannick Jadot, à propos de l’annonce par l’industriel Bosch de l’aban- don de ses activités dans le photovoltaïque, souligne certes qu'il s'agit d'un drame social pour les employés, mais aussi que cette fer- meture est le révélateur d’un profond problème de stratégie indus- trielle de la France et de l’Union européenne. Elle est le symbole de l’échec collectif des Européens à porter une vision du futur industriel et à engager la transformation écologique de l’économie. Nous sommes confrontés à une désindustrialisation massive, qui menace de déstructurer en profondeur nos sociétés, nos économies et nos territoires. L’économie verte, sobre, renouvelable et efficace, doit offrir des réponses rapides à la perte d’emplois dans l’automobile, la chimie, la sidérurgie ou les énergies fossiles et nucléaire. Plus que jamais, les écologistes doivent faire entendre leur voix : nous ne pouvons manquer ce tournant vital pour notre économie, pour une énergie sûre, sans nucléaire et sans gaz de schiste. Brigitte Monnet et Bernard Lachambre Cosecrétaires régionaux (1) Voir comptes rendus dans ce numéro. AVRIL 2013 / n°184 / 1,70 € POUR PROLONGER LA RÉFLEXION 2 La Convention sur la transition énergétique, organisée par EÉLV Franche-Comté à Morre le 16 mars dernier, a été un franc succès, tant par la parti- cipation -130 personnes - que par la qualité des débats. Tout au long de la journée, se sont succédés des exposés, des tables rondes et des ateliers. Les discussions ont porté à la fois sur des approches globales (l'évolution du climat, les politiques française et européenne, le scénario Néga- Watt) et sur les politiques concrètes, communales ou régionales, ancrées dans le territoire franc-comtois : rénovation thermique des bâtiments, diverses initiatives de production d'énergies renouvelables, engagement citoyen vers la sobriété, etc. Pour prolonger cette réflexion, La Feuille Verte d'avril publie les trois pre- miers comptes rendus de cette journée mémorable, en espérant que d'autres sui- vront dans les prochains numéros. La rédaction Transition énergétique Samuel Courgey, référent «Bâtiment et environne- ment », introduit la problématique en présentant un dia- porama. Comment aller vers l’efficacité énergétique et la sobriété ? Le bâtiment, en France, c’est environ un tiers des émis- sions de gaz à effet de serre (GES). Cependant, ce secteur est aussi celui pour lequel la technologie permettant d’at- teindre le facteur 4 existe déjà, contrairement aux trans- ports. Les possibilités d’amélioration sont donc impor- tantes. (Rappelons que le facteur 4 correspond à un ob- jectif de division par 4 de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, afin de contenir le réchauffement cli- matique à un niveau de 2°C. Cet engagement avait été pris par le président Jacques Chirac à Kyoto le 11 dé- cembre 1997 et il est entré en vigueur le 16 février 2005.) Priorité à la rénovation thermique du parc Les objectifs : - social : lutter contre l’insalubrité, la précarité énergé- tique et l’exclusion ; - économique : baisser les charges (des particuliers, des entreprises, de l‘Etat et des collectivités), améliorer la balance commerciale extérieure, augmenter de 11 à 18 % le chiffre d’affaire du bâtiment, créer 200 000 à 350 000 emplois, augmenter la valeur patrimoniale des biens ; - environnemental : lutter contre les changements cli- matiques, lutter contre la pollution, préserver les res- sources - énergétique : assurer la sécurité énergétique en deve- nant indépendant par rapport à la matière première et en sortant du nucléaire. La mise en œuvre :Il s’agit d’isoler fortement les bâti- ments, d’installer des ventilations efficaces et d’ajuster les équipements thermiques. Le niveau de performance à at- teindre est le BBC (Bâtiment basse consommation), au rythme de 940 000 logements et 27 millions de m² de ter- tiaire à réhabiliter par an, à partir de 2020. Actuellement, le programme est de 500 000 logements par an. Il est intéres- sant de savoir que 33 millions de logements sont concernés en France. Les conditions de réussite : Un programme de cette ampleur ne peut s’improviser. Il doit être validé par un large consensus afin qu’il perdure au-delà des alternances poli- tiques. Le niveau de prestation est élevé et nécessite de : - former les acteurs et de structurer les filières ; - poursuivre la recherche et accompagner l’innovation : des questionnements techniques subsistent, les prestations actuelles peuvent encore s’améliorer au niveau environne- mental ; - mettre en place des outils financiers adaptés car cela n’existe pas encore ; adapter la réglementation, ajuster la fiscalité. Quelle trajectoire pour atteindre le mix énergé- tique en 2025, voire 2050 ? Une première projection n’atteint pas l’objectif. Les con- sommations électriques ne permettent pas d’entrevoir une sortie sereine du nucléaire et les consommations 2020 nous enlisent dans la précarité énergétique. Transition énergétique : une table ronde EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE DES BÂTIMENTS 3 Une deuxième projection prévoit dès 2013 un pro- gramme de réduction d’électricité (« Crash programme MDE »), d’ambitieuses économies de chauffage (« Kit pre- mières économies »), la promotion des énergies renouve- lables, l’évolution des niveaux BBC en BBC+ (niveau passif pour le neuf en 2020, 65 kWh/m2/an au lieu de 80 pour la rénovation en 2035). Quels bénéfices peut encore apporter la transi- tion énergétique ? Le bâtiment, c’est également une foule d’autres pistes à fort potentiel environnemental, sachant que le Gre- nelle puis le « Plan Bâtiment Durable » ont déjà commencé à aborder la plupart de ces sujets : - un urbanisme favorisant le « vivre ensemble », les transports en commun limitant les besoins de voiture indi- viduelle - un accompagnement du monde immobilier pour limiter la spéculation - la lutte contre la précarité énergétique, l’éradica- tion de l’habitat insalubre - le développement des matériaux, matériels et ser- vices écoperformants (notions de bilan carbone, d’énergie grise, …) - le développement de l’ESS (Economie sociale et solidaire) - l’amélioration de la qualité de l’air intérieur, l’éti- quetage des matériaux - la production d’habitat collectif, d’habitat médian (petit collectif) - le soutien à l’innovation, pour les PME et les TPE - la réhabilitation des professions manuelles, de l’ar- tisanat, mais également de la place du concepteur. Bernard Maillary, de la SA doloise des HLM du Jura, vient ensuite apporter un exemple concret de réhabi- litation de bâtiments collectifs dans la ville de Dole. Les immeubles concernés dataient des années 1950. Beau- coup de logements restaient vides ; les autres étaient oc- cupés par des personnes vivant du RSA ou qui ne pou- vaient plus payer le loyer. Des moisissures apparaissaient dans les intérieurs car les gens ne chauffaient plus, des dégradations étaient constatées et le coût d’entretien montait en flèche. En 2009, la SA doloise a décidé de rompre avec le cercle infernal de la paupérisation du quartier et s’est en- gagée dans un ambitieux processus de rénovation, en vi- sant le niveau BBC, dans l’objectif de vaincre la précarité énergétique. Les choix se sont portés sur l’isolation des bâtiments, le changement des menuiseries, l’installation de ventilation double flux, de chaudières à condensation et d’électricité à basse consommation. Il a également fallu lutter contre l’insalubrité des caves. Des composteurs col- lectifs ont fait leur apparition. Des appartements pour les personnes à mobilité réduite ont été prévus, ainsi que la sécurisation des logements du rez-de-chaussée, pour favo- riser l’installation des personnes âgées. uploads/Ingenierie_Lourd/ fv-avril-2-mail-pdf.pdf

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