LA CONTRIBUTION AMERICAINE A LA NAISSANCE DE L'ARCHITECTURE MODERNE HTA FES S4

LA CONTRIBUTION AMERICAINE A LA NAISSANCE DE L'ARCHITECTURE MODERNE HTA FES S4 2011 INTRODUCTION Après l'indépendance des États Unis en 1781, les rapports culturels avec les états européens deviennent paradoxalement beaucoup plus étroits. Une spécificité de l’Amérique est celle des habitants initiaux de ce continent, du fait qu’ils représentaient le principal obstacle aux desseins de l'Occident renaissant. Un autre aspect singulier de l'Occident en Amérique c'est le protestantisme "puritain". La division incessante du protestantisme n'est qu'une des nombreuses manifestations de ladispersion dans la multiplicité (par opposition à l'unité dans la diversité étudiée en HTA3 & 4) qui se retrouve partout dans la vie et la science modernes. L'architecture occidentale de l'Amérique se trouve être plus dégagée de la tradition que l'architecture européenne surtout durant la décennie 1880-90. Trois types architecturaux particuliers ont véhiculé toute l'innovation architecturale en Amérique et constituent la source de l'architecture moderne aux U.S.A. : • l'architecture résidentielle : la maison américaine ; • l'architecture commerciale : le building américain ; • la ville américaine et son plan en damier. I - L'ARCHITECTURE DOMESTIQUE EN AMERIQUE Les premiers colons produisaient des systèmes de construction usuels de leurs pays : les murs en maçonnerie et la charpente en bois, matériaux disponibles alors que la main d'œuvre et les instruments pour les travailler font défaut. On effectue un maximum en usine par la construction en bois et un minimum sur le chantier. Les modes de construction européens apparaissent très vite inadaptés au climat américain plus rude : très chaud en été et très froid en hiver. La formation de l'architecte américain suit le modèle européen pendant toute la première moitié du 19e siècle. 1° L'architecture coloniale A partir de 1781, les valeurs importées de l'Europe se sont vite développées de façon autonome dans leur nouveau contexte. Au 18e siècle, les colonialistes simplifient au maximum la préparation des matériaux : l'équarrissage des bois et la cuisson des briques : il fallait vite occuper les terrains des "Indiens". a - Le balloon frame Il s’agit de recouvrir toute la maison d'une nouvelle peau protectrice faite de larges planches horizontales posées en recouvrement l'une de l'autre, et aussi à l'intérieur. La maçonnerie à l'intérieur n'étant plus utile a cédé la place à un vide d'air plus efficace pour l'isolation thermique. On en est arrivé au système de construction qui subsiste encore : le balloon frame, où l'ossature est aussi légère que l'air, homogène, simple et économique. Ce système présentait à sa naissance l'immense avantage d'être réalisé rapidement et par une main d'œuvre peu nombreuse et peu qualifiée. Le problème des ouvertures était résolu par des petites fenêtres éloignées les unes des autres pour une meilleure isolation thermique. Des extensions extérieures pouvaient résoudre le problème de la chaleur étouffante de l'été. b - Contexte architectural Deux aspects formels différencient la maison américaine de celle européenne : la flexibilité-élasticité et la surface plane. Cette architecture domestique est une architecture de programme qui part de l'intérieur. C'est dans ce contexte qu'on doit restituer l'apparition du "Shingle Style" (style Bardeau) qui s'est développé de 1870 à 1900. 2° Le classicisme et le matérialisme "Les règles classiques sont conçues d'un point de vue matérialiste comme des données de fait, le problème de les accorder aux nécessités fonctionnelles consiste uniquement en un choix entre les données matérielles du même ordre." Benevolo a - Le matérialisme Ce terme, ne datant que du 18e siècle, fut inventé par le philosophe Berkeley qui s'en servit pour désigner toute théorie qui admet l'existence réelle de la matière. Pour cette conception, rien n'existe autre que la matière et ce qui en procède. Ce mot représente alors un état d'esprit, indépendant de toute théorie philosophique. Etat d'esprit consistant à donner la prépondérance aux choses de l'ordre matériel et aux préoccupations qui s'y rapportent, d'apparence spéculative ou purement pratique. Toute la science "profane" qui s'est développée au cours des derniers siècles n'est que l'étude du monde sensible, et ses méthodes ne sont applicables qu'à ce seul domaine. Certains philosophes, tel Kant, vont jusqu'à déclarer "inconcevable" ou "impensable" tout ce qui n'est pas susceptible de représentation. C'est la matière qui est principe de division et multiplicité pure même dans le domaine social. b - Le classicisme en Amérique (T. Jefferson 1744-1826) Le classicisme en Amérique est idéologique, véhiculé de l'Europe par Jefferson, homme d'état, architecte et ambassadeur en France de 1774 à 1779. Ses travaux serviront de modèle pendant plusieurs décennies avec une architecture monumentale permettant l'application des normes classiques. En tant qu'homme d'état, il fait approuver en 1785 la Land Ordinance pour la colonisation des territoires de l'Ouest. En tant que secrétaire d'Etat, entre 1789 et 1794, il participe à la fondation de Washington et lance le concours pour le Capitole. En tant que vice-président, il contrôle, dès 1801, les travaux publics dans toute la confédération. La Land Ordinance prévoit les limites du nouveau territoire selon une trame orientée pour les morcellements agricoles et les terrains constructibles appuyant la colonisation des territoires indiens. La grille a été portée à l'échelle géographique pour définir les frontières des nouveaux états. Cette disposition fondamentale a laissé une trace spécifique dans le paysage tant urbain que rural des U.S.A. par la généralisation des tracés en damiers. c - Transformations dans la construction Ces transformations ne sont pas comparables à celles européennes car elles s'appuient sur un développement industriel bien inférieur. En 1850, la production sidérurgique américaine représente le un/sixième de celle anglaise et est pratiquement égale à la production française. Ce n'est qu'entre 1830 et 1840 que se propage l'utilisation des piliers en fonte et en 1855 commence la production de poutrelles et de rails en fer laminé. 3° Le Shingle Style (1870-1900) Ce mouvement trouve son origine dans les théories sur le pittoresque et la diversité, analogue au mouvement Art Nouveau. Deux points de vue caractérisent ce mouvement • C'est une première manifestation "américaine" ; • C'est un contexte des premières œuvres de F.L. Wright. Les maisons de ce style représentent un certain nombre de caractéristiques communes : • elles refusent toute hiérarchie évidente ; • c'est une architecture "inclusive" de multitude d'intentions différentes ; • ces maisons sont caractérisées par l'ambiguïté du rapport intérieur-extérieur. Cette fluidité intérieure est présente chez Wright qui voudra à tout prix casser la boîte. II - LA VILLE AMERICAINE Le potentiel des apports culturels européens, se réalisant dans un cadre "plus simple", rencontre moins de résistances et se manifeste plutôt en Amérique qu'en Europe. (Benevolo) Le protestantisme, se reflétant dans l'espace urbain par la dispersion dans la multiplicité, se retrouve en marquant l’organisation dans "l'urbanisme colonial". Elément fondamental et "leitmotiv" de la colonisation dans l'espace, le protestantisme est dans le domaine religieux l'analogue de ce qu'allait être le "rationalisme" en philosophie. 1° Le protestantisme En réaction aux abus du catholicisme par l'introduction du "libre examen", le résultat fut une dispersion en une multitude de sectes dont chacune ne représente que l'opinion de quelques individus. La doctrine passant au second plan, la morale prit la première place : d’où cette dégénérescence en "moralisme" du protestantisme actuel. La morale protestante finit par dégénérer en ce qu'on appelle la "morale laïque", incorporée au pragmatisme au nom duquel on préconise l'idée d'un Dieu limité. Cette "morale laïque" compte parmi ses partisans les représentants de toutes les variétés du protestantisme libéral, aussi bien que les adversaires déclarés de toute idée religieuse. La religion est pour beaucoup une simple affaire de "pratique", d'habitude ou de routine. 2° L'urbanisme colonial La plupart des nouvelles villes américaines sont construites sur des plans d'une géométrie régulière : le plan en damier. Le plan baroque est typique des nouvelles villes européennes (Mannheim) ou des extensions de villes anciennes (plan de Barcelone par Cerda). Les villes américaines sont le résultat d'un tout autre processus que celui qui aboutit au plan baroque ou haussmanien. a - la ville baroque Dans les villes baroques, le plan reste un élément de composition urbaine : c'est un bâtiment dominant de la ville qui définit les axes de la ville. Le critère premier reste dans l'espace et dans les relations spatiales des éléments urbains entre eux et la ville est lisible comme une totalité. b - la ville américaine Dans la ville américaine, la vision ne semble pas être un critère : les rues sont indifférenciées et les seuls éléments différents s'intercalent comme des exceptions ou des interruptions dans une maille homogène. Ce n'est pas une entité formelle, elle est ouverte dans toutes les directions. Le processus administratif est dominant et non celui architectural avec un découpage rationnel du terrain où tous les objets architecturaux peuvent varier avec le temps. La façon de concevoir un cadre de référence rigide vise à laisser toute liberté aux éléments intérieurs de se distinguer entre eux et de se modifier avec le temps. Cette isolation et ce déracinement de l'objet seront vrais aussi bien à l'échelle de l'immeuble dans la ville que du meuble dans l'architecture. 3° Le plan de New York Entre la guerre d'indépendance et la guerre de sécession, la uploads/Ingenierie_Lourd/ la-contribution-americaine-a-la-naissance-de-l-x27-architecture-moderne-hta.pdf

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