LA LENTEUR EN ARCHITECTURE OLIVIER DUFOND à travers le processus de conception
LA LENTEUR EN ARCHITECTURE OLIVIER DUFOND à travers le processus de conception et de réalisation LA LENTEUR EN ARCHITECTURE à travers le processus de conception et de réalisation LA LENTEUR EN ARCHITECTURE OLIVIER DUFOND à travers le processus de conception et de réalisation Grand TFE Faculté d’architecture de l’ULB La Cambre-Horta 19 place Flagey - 1050 Ixelles - Belgique Deuxième année du grade de master en architecture Année scolaire 2011-2012 Mémoire réalisé en vue de l’ obtention du diplôme d’architecte Promoteur : Bernard Deprez 9 Remerciements Merci à mon mentor, Bernard Deprez, d’avoir été le miroir incisif et percutant de mon travail. Merci pour ses conseils avi sés et pointus et pour avoir tiré le meilleur de moi-même. Merci à Isabelle Prignot, qui a nourri ma culture de nouvelles lectures. Merci également pour nos séances culinaires de tra vail. Merci à Mario Garzaniti, Pierre Hebbelinck et au Docteur Peuch pour leur disponibilité et contribution à ouvrir de nou veaux champs de réflexion. Un merci particulier à Denis Delpire, avec qui j’ai très certainement établi le nouveau re cord de l’interview le plus long. Merci à Pierre Thibault pour avoir été le déclencheur de cette aventure. Merci à ma famille pour la patiente lecture et pour avoir inau guré ensemble le concept de « canon littéraire ». Un merci à mes parents pour leur soutien discret et indéfectible sans qui ce « rêve de gosse » n’aurait pu se réaliser. Merci à Nelka, Thémis, Cachou, Méline et Titou pour avoir contribué à leur façon, à ralentir mon processus de réalisation. Enfin, au-delà de ce travail de mémoire qui fait le trait d’union entre cinq années d’études architecturales et la pratique profes sionnelle, merci à tous ceux, professeurs, praticiens et personnel de l’institut, qui ont éveillé en moi le plaisir de l’architecture. 11 Avant propos A l’origine, il y a une intuition. Si j’ai accepté d’emblée la naïveté de mon propos c’est parce qu’elle aura permis à la question initiale d’exister. Petit à petit, au gré de la re cherche, une réflexion s’est construite ; toujours curieuse, elle tente de répondre à l’intuition première en se nourris sant de ses propres découvertes. Je vous emmène donc sur les chemins de mon investiga tion telle que je l’ai vécue. Ce mémoire est une photogra phie de mon travail au moment où je le publie et ne saurait constituer un achèvement. Bonne lecture… 12 13 Si l’architecte doit jouer un rôle au vingt-et- unième siècle, dans un monde complexe et plus conscient des contraintes environnementales et des différences culturelles, un monde où la technique continuera néanmoins de s’étendre à l’échelle de la planète, il doit méditer sur des stratégies propres à révéler la capacité de sa dis cipline à concrétiser une intentionnalité éthique Alberto Perez-Gomez 14 15 A mes parents PREMIERE PARTIE 18 19 Introduction Genèse du mémoire « Un demi pour cent de la production bâtie au Canada, parle d’architecture ». Cette phrase prononcée par Eric Gauthier, architecte montréalais, lors d’une conférence donnée à l’école d’architecture de l’Université Laval à Québec, provoque en moi deux réactions1. Ma première réaction est existentielle : A quoi bon étudier les préceptes de l’architecture si visiblement on a peu de chance de l’exercer par après ? Ma deuxième réaction raisonne comme un constat ac cablant pour la pratique de l’architecture : Que se passe t-il entre l’obtention du diplôme et la pratique en agence pour qu’il y ait un tel décalage? Cette phrase, un brin provocatrice, peut susciter d’autres réactions. Il est probable, voire certain, que si j’avais à l’entendre après la rédaction de ce mémoire, je réagirais tout différemment. Mais au moment où je l’entends, les premières interrogations qu’elle provoque, coïncident 1 : vernissage de son exposition monographique, novembre 2010. 20 avec un certain nombre de questions sur ma pratique fu ture. A cette époque je me trouve au Québec pour une année d’échange. La confrontation de deux pédagogies, celle de La Cambre et celle du pays d’accueil, favorise la réflexion sur la manière d’appréhender l’architecture, la mienne en particulier. Où ai-je envie de travailler ? Avec qui ? Pour qui ? Dans quelles conditions ? Pour quelle architecture ? Pour quelle architecture ; c’est bien là que se trouve la question ; de quelle architecture parle t-on ? De quelle architecture parle Eric Gauthier dans son allocution ? Si l’on se réfère au sens commun, l’architecture c’est la con ception de la construction. Bien souvent dans le langage populaire architecture et construction sont confondues. L’architecte lui, s’il souscrit à cette définition, voit derrière le terme « conception », un rapport au contexte physique, social, culturel et économique, un rapport à la matière, sa production et sa mise en œuvre, un rapport à l’édifice et à sa signification, enfin un rapport à l’espace, sa forme, sa structure, sa lumière, sa fonctionnalité et sa poésie. Le décalage est donc avant tout sémantique et révèle dans la parole d’Eric Gauthier, la frustration du discours d’une architecture pas suffisamment prise en considération. Absence du débat d’idées ? Il a lieu pourtant : dans des publications, dans certaines revues spécialisées, dans des collectifs, dans de nombreuses agences, heureusement et dans les écoles ( ?!). Pourquoi n’est-il alors pas plus présent au stade de la production ? Le mémoire pourrait s’emparer de cette question mais 21 j’ai choisi de la poser différemment. Durant l’année 2011 et mon séjour au Québec, j’ai travaillé au contact de Pierre Thibault2 pendant plusieurs mois. D’abord dans l’atelier qu’il animait à l’école d’architecture, puis au sein de son agence. J’ai aimé sa façon d’aborder l’architecture, de prendre le temps de la réflexion. J’ai appelé cela «l’architecture lente» car elle contrastait avec une cer taine pratique québécoise dans l’attribution des marchés publics où le budget le plus petit est systématiquement récompensé. Il en résulte des projets bâclés, « cheap » et « vite fait ». Des projets qui ne souffrent d’aucun débat. Quelle est la place d’une architecture face à une réalité économique et politique qui impose des délais toujours plus courts au projet ? Cela revient à interroger ce que la lenteur peut apporter dans un projet ? Voilà j’ai mon su jet : comprendre l’apport de la lenteur pour défendre l’idée du débat. Permettre à une architecture qui ferait fi de la contrainte temporelle pour permettre au projet de grandir en tenant compte de l’ensemble des enjeux inhérents au projet. Une façon de prendre du recul par rapport à un contexte professionnel et économique pour placer le pro jet et lui seul au cœur des préoccupations. Le positionne ment de l’architecte entre enjeux et envies est clairement interrogé, et au-delà, le mien ! Questionner la lenteur dans le processus de création est une manière pour moi de m’interroger en profondeur sur ma pratique future. J’y vois une opportunité d’asseoir 2 : www.pthibault.com 22 les principes fondateurs non négociables d’une vision de l’architecture que je n’aurai dès lors, de cesse de re chercher et défendre ; premiers jalons à une éthique pro fessionnelle. 23 Le mouvement slow Ma première, toute première démarche, dès le thème de mon mémoire entériné, est de me constituer une bibli ographie traitant du sujet. Une sorte de collection de do- cuments qui me servirait de nourriture intellectuelle pour les mois à venir. Comme tout étudiant qui se respecte, je me mets devant mon ordinateur avec une connexion inter net et tape dans un moteur de recherche les termes « archi tecture lente ». Et là, surprise : rien ! Aucun document ne traite d’un sujet dont l’association est « architecture » et « lent », si ce n’est une conférence qui eu lieu au Québec en 2008 et qui réunissait Michael Gies et Pierre Thibault3. Elle s’intitulait : « Prendre une pause de la planche à des sin - Contribution de l'architecture lente à l'architecture durable ». Si j’accepte bien l’idée d’une pause dans le tra vail pour parler d’architecture durable, ce n’est pas vrai 3 : Michael Gies, architecte à Freiburg et Pierre Thibault, architecte à Québec. Je connais ce dernier pour avoir passé quatre mois dans son unité de projet à l’école d’architecture de la ville de Québec, puis deux, dans son atelier comme stagiaire (2011). 24 ment la lenteur au sens où je l’imagine. Je décide d’élargir la recherche en transformant « lent » par « lenteur ». Un résultat : le thème d’un forum : « Len teur de l’architecte : casser le contrat ou pas ? » Il y est dé battu de la rupture de la collaboration avec un architecte lorsque celui-ci est trop lent. Encore une fois, ce n’est pas le résultat escompté. Néanmoins, il m’enseigne la ré- flexion que trop de lenteur est possiblement préjudiciable. Cette absence de référence m’interpelle autant qu’elle me motive. M’interpelle, parce que les sens donnés à une architecture lente ne sont pas ceux que mon in tuition préfigure. Il y a là, matière à préciser : le champ d’investigation et la définition des termes utilisés. Il y a uploads/Ingenierie_Lourd/ mtaarchi2013-olivier-dufond-tfe.pdf
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- Publié le Fev 21, 2022
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