CONSULTATION INTERNATIONALE POUR L’AVENIR DU PARIS METROPOLITAIN GRAND PARI DE

CONSULTATION INTERNATIONALE POUR L’AVENIR DU PARIS METROPOLITAIN GRAND PARI DE L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE CHRISTIAN DE PORTZAMPARC Architecte-urbaniste, mandataire LABORATOIRE C.R.E.T.E.I.L. Institut d’urbanisme de Paris Université de Paris XII, co-traitant Pour affronter le vertige de la question métropolitaine, la crise qu‘ elle représente, il nous a fallu analyser son système, cet ensemble vivant, ses dynamismes et ses blocages. Ce système n’est plus celui de la ville. De nouvelles notions se révèlent, de nouveaux outils conceptuels sont nécessaires pour le comprendre et agir. A partir de la reconnaissance de la métropole comme point et interface dans un réseau avec les autres métropoles du monde, comme immense phénomène que seule l’efficacité récente des liens immatériels a pu faire croître au-delà des capacités de ses réseaux de transports matériels, nous avons observé le système de pôles et de liens qui traversent et rendent complémentaires centre et périphéries . Nous avons repéré une possible croissance en rhizome, à travers les coupures et l’enfermement généralisé des lieux entre les « tuyaux » de transports rapides. La métropole est la chance pour beaucoup de vivre la modernité du monde en évolution. Mais c’est aussi le gaspillage environnemental et économique des ressources, le très grand danger de fixations dans l’espace des différences sociales et culturelles. Conjurer cette évolution, empêcher l’étouffement du fragile artefact technique qui constitue cet univers, le vivre différemment et mieux, exigent d’agir. Agir sur le système d’ensemble et d’abord sur les urgences, les points nodaux du dynamisme économique et la fluidité des liaisons. Agir pour réconcilier de proche en proche espaces fonctionnels à l’échelle métropolitaine et espaces physiques de proximité, agir pour satisfaire aux exigences d’une gestion durable des ressources. LABORATOIRE C.R.E.T.E.I.L. Institut d´urbanisme de Paris - Université Paris XII, co-traitant GRAND PARI DE L´AGGLOMÉRATION PASISIÈNNE 3 TABLE DES MATIÈRES PENSER I. LA MÉTROPOLE EST-ELLE ENCORE UNE VILLE? MÉTROPOLE ET AGGLOMÉRATION UN ENSEMBLE HÉTÉROGÈNE ET DISCONTINU LA DISJONCTION HESTIA-HERMES UN LABYRINTHE IN-APPRÉHENDABLE LA CRISE DES METROPOLES COMME CRISE DE LA MAITRISE DU MONDE MATERIEL II. UNE CROISSANCE PARADOXALE LE PARADOXE MÉTROPOLITAIN LA MÉTROPOLE PARISIENNE, UNE MÉTROPOLE EN PANNE L’APRÈS-KYOTO : UN CHANGEMENT DE PARADIGME III. DES PRINCIPES POUR L’ACTION PENSER LE TOUT : UN SYSTÈME VIVANT PENSER APRÈS KYOTO PENSER L’HÉTÉROGÈNE ET LE DISCONTINU, LE TEMPS L’APPROPRIATION PAR LE CORPS, LA PERCEPTION, L’IMAGINAIRE. ACCOMPAGNER LE VIVANT DE LA GOUVERNANCE AGIR I. DANS LA GRANDE DIMENSION : Pour des fonctionnalités métropolitaines intensifiées AMPLIFIER LA DYNAMIQUE DES RHIZOMES STRUCTURER DES COMMUTATEURS METROPOLITAINS GARANTIR LA FLUIDITE METROPOLITAINE II. LES THEMES D’INTERVENTIONS GÉNÉRIQUES SUR L’ESPACE ASSEMBLER HESTIA ET HERMÈS –CRÉER DE NOUVEAUX AXES DE VIE LE DURABLE C’EST LE TRANSFORMABLE. DES « RÈGLES DU JEU » CONTRE LES TERRITOIRES « BLOQUÉS ». FAIRE ARCHIPEL CRÉER DES BALISES MIX-CITÉS – L’APPROPRIATION PAR LA PRATIQUE ET LA PERCEPTION III. SIX ETUDES DE TERRAIN : La « fenêtre de projet » comme méthode RHIZOME SUD: TROIS FENÊTRES › Massy - Saclay, Orly - Massy, Evry-Grigny RHIZOME NORD: TROIS FENÊTRES › Bobigny, Roissy - Le Bourget, Gare Europe CHRISTIAN DE PORTZAMPARC Architecte-urbaniste, mandataire 4 Cette étude intervient à un moment historique. Il y a près de quarante ans, le plan Delouvrier donnait un grand schéma d’ensemble pour construire la Région Parisienne. Depuis lors, nous avons poursuivi ce plan, celui des villes nouvelles, mais nous n’avons pas vraiment continué à penser au tout. Car entre-temps, à partir des années 70, l’idée que la planification était dépassée, impropre à engager le futur, a succédé à la période planificatrice, progressiste, des « 30 glorieuses ». Ce basculement était comme un écho dans l’urbanisme du glissement général des modèles de pensée dominants vers l’hégémonie du marché et l’affaissement des régulations publiques. L’économie privée prenait le relais, dans les années 80, des efforts de l’Etat, de la Caisse des Dépôts, pour répondre à la crise du logement et aux besoins d’équipements appelés par les mutations économiques. Pendant les trente glorieuses, la première croissance urbaine avait équipé et construit les cités qui ont permis de reloger les bidonvilles, crée la Défense et les villes nouvelles. Nous étions dans l’économie fordiste dominée par l’automobile et l’exode rurale. Il fallait loger en quantité. La planification et l’urbanisme, ce que l’on a appelé le mouvement moderne, cherchaient à municipaliser les sols et dessinaient les « plans masses » de logements collectifs. Soudain, avec l’entrée des opérateurs privés dans les villes d’Europe, a émergé la recherche de modèles alternatifs, biens repérables dans les villes nouvelles par exemple : néo-moderne, néo-village, maisons, « new-urbanisme ». Après les certitudes, le désarroi .Tout était essayé. Sans un mot, dans les ateliers d’urbanisme d’Europe et des Etats-Unis, on s’est mis à prôner un retour à la ville ancienne. Après l’universel et les systèmes industriels qui pouvaient s’installer n’importe où, c’était le retour en force du contingent, de l’idée d’un urbanisme de quartiers qui répondait à des lieux et d’une architecture vouée à faire ville. INTRODUCTION Bref retours sur les mutations des politiques publiques d’aménagement du territoire et d’urbanisme. Les conditions générales rendant possible le pilotage du développement métropolitain ont profondément changé pendant la deuxième moitié du 20ème siècle tant au Nord qu’au Sud de la planète. Dans les années 1950 et 1960 nombre d’Etats, sans oublier les Etats les plus récents issus des processus d’indépendance post coloniale, recourent à la planification, soit impérative, soit indicative, pour mettre en oeuvre leur stratégie de développement national, dans un cadre autoritaire ou au contraire démocratique. Le marché est alors orienté ou contraint par les interventions publiques centrales et cela se traduit dans l’espace. Cet appareillage et cette régulation neokeynésienne sont LABORATOIRE C.R.E.T.E.I.L. Institut d´urbanisme de Paris - Université Paris XII, co-traitant GRAND PARI DE L´AGGLOMÉRATION PASISIÈNNE 5 Les années 80 ont été celles du dynamisme de l’économie libérale. La notion de vitesse du retour sur investissement a guidé partout dans le monde les efforts de construction. Dans de nombreux pays, l’urbanisme a alors disparu, vécu comme contraignant et retardateur d’opération. Le phénomène urbain se mondialisait, les logiques techniques qui le sous-tendent - principalement immatérielles -, se développaient, une nouvelle ère s’ouvrait. La conjonction de cette économie libérale et de l’organisation du monde en réseaux immatériels, imposant le rythme nouveau d’une «cyber-économie», faisait apparaître les métropoles. L’idée de planification était rejetée, le mot même était devenu « ringard », soviétique, trop déterministe face à un monde changeant. Le marché n’était peut-être pas une boussole mais au moins rendait-il l’avenir visible en faisant croître les villes, et vite. Une sorte de vision idéologique était même théorisée, qui empruntait à l’économie libérale le principe autorégulateur du marché, la fameuse « main invisible ». Vision à laquelle on doit la notion de « ville émergente » promue dans les années 90, qui théorisait l’idée que le « chaos » de l’urbanisation actuelle n’est qu’apparent et que la ville qui se prépare est une ville que nous ne savons pas voir encore, une ville dont les vertus vont se révéler. Nous avions découvert dès 1970 que les modèles, les bâtiments types, les grands zonings, ne pouvaient plus s’appliquer et qu’il fallait mesurer combien chaque cas était particulier. Mais nous nous opposions à l’idée des vertus immanentes dont était crédité ce chaos urbain. Nous pouvions en mesurer de façon massive et caricaturale les effets catastrophiques dans d’autres pays. L’exemple de Barra da Tijuca à Rio est éclatant à cet égard : le « marché » a produit, en vingt ans, quatorze kilomètres de ville formée de « gated communities », de bureaux et « shopping », le long de la côte, sans espace public, sans transports en commun, protégé contre les « favelas » voisines. Dans un tout autre registre, à la même période, la reconstruction de Berlin Mitte, ville dense classique, démontre qu’aucune réflexion n’a été faite sur la rue et l’îlot à notre époque : même si le résultat fonctionne et ne présente pas le caractère désastreux de l’exemple brésilien, il y a là le même aveuglement. Parallèlement, la vitesse vertigineuse des urbanisations dans certains pays a entraînée l’obsolescence des « modes stylistiques », la prolifération des essais de toutes sortes et de la diversité ad nauseum. abandonnés au cours des années 70 – 90 tant aux Etats-Unis qu’en Grande-Bretagne en raison de l’essor des idées et pratiques du libre-échange et du libéralisme économique dans le monde, de la disparition du système collectiviste, de l’effritement du fordisme, de l’influence croissante des institutions financières privées et des cycles raccourcis des retours sur investissement. L’examen des politiques territoriales mises en œuvre en France durant les cinquante dernières années illustre l’ampleur des transformations qui ont régi les rapports de la société et de son territoire, à diverses échelles. Le rôle de l’Etat centralisé apparaît dominant pendant la reconstruction, puis pendant les « Trente Glorieuses » (1945-1975) aux cours desquelles se déploie une politique nationale d’aménagement du territoire, pilotée par la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale (DATAR) créée en 1963, et dépendante du Premier Ministre. L’Etat surplombe alors la société et édicte territo- rialement par des schémas et des politiques spécifiques ce qu’est l’intérêt général uploads/Ingenierie_Lourd/ portzamparclc-02.pdf

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