Orthod Fr 2016;87:347–351 c ⃝EDP Sciences, SFODF , 2016 DOI: 10.1051/orthodfr/2

Orthod Fr 2016;87:347–351 c ⃝EDP Sciences, SFODF , 2016 DOI: 10.1051/orthodfr/2016031 Disponible en ligne sur : www.orthodfr.org Article original Histoire d’orthodontie Clinique et varia La naissance de l’Edgewise ou le dernier et le meilleur mécanisme d’Angle Julien Philippe* 6 rue Chanzy, 28000 Chartres, France (Reçu le 21 janvier 2016, accepté le 4 juillet 2016) MOTS CLÉS : Bracket / Edgewise / Histoire de l’orthodontie / Mécanique orthodontique / Occlusion RÉSUMÉ – Introduction : L ’application de forces mécaniques sur les dents constitue une part non négligeable du traitement orthodontique. La mécanique la plus utilisée, l’« Edgewise », née il y a 88 ans, s’est imposée à travers le monde. Son invention par E.H. Angle en 1928 représente, pour l’histoire de l’orthodontie, un évènement qui mérite d’être rappelé. Matériels et méthodes : Cet article expose brièvement les raisons qui ont poussé Angle à mettre au point une nouvelle mécanique. Résultats : Pour présenter le premier système mécanique agissant dans les trois plans de l’es- pace, Angle a montré des schémas et donner des modes d’emploi précis, rappelant à plusieurs reprises que sa mécanique n’est pas compliquée et qu’une étude attentive doit permettre d’en surmonter toutes les difficultés. Discussion : La conception thé- rapeutique d’Angle n’a été suivie que pendant une courte période, son auteur étant décédé peu de temps après sa présentation. Mais les mécaniques inventées par la suite conservèrent les principes de l’Edgewise, rendant ainsi hommage à une grande invention. KEYWORDS: Bracket / Edgewise / History of Orthodontics / Orthodontic mechanics / Occlusion ABSTRACT – The birth of Edgewise or the last and best Angle’s mech- anisms. Introduction: Mechanical forces applied to the teeth constitute a not- insignificant feature of orthodontic treatment. Edgewise, the most commonly used type of mechanics, was introduced 88 years ago and has become a standard world- wide. The invention of Edgewise by E.H. Angle in 1928 is an event in the history of orthodontics which deserves to be recalled. Materials and methods: Starting with the initial search for this method and leading up to a presentation of the technique itself, this paper provides an overview of the history of Angle mechanics. Results: In order to demonstrate the first mechanical system to function in the three planes of space, Angle provided precise diagrams and instructions for use while insisting, on several occasions, that his mechanics was not complicated and that careful study should allow users to overcome any potential difficulties. Discussion: The mecha- nism as devised by Angle, who died shortly after launching his invention, was only used for a short length of time. However, all subsequently invented therapeutic tech- niques incorporated the mechanical principles underpinning Edgewise, paying tribute in this way to a great invention. 1. Introduction Le traitement orthodontique ne se réduit évi- demment pas à l’application de forces mécaniques sur les dents, loin de là. Toutefois, cette application * Auteur pour correspondance : julien.philippe28@wanadoo.fr constitue, dans bien des cas, une part non négli- geable du traitement. De tous les mécanismes utilisés pour dépla- cer les dents, le plus employé dans le monde est certainement le système Edgewise, en comprenant ses variantes. C’est aussi celui qui a été utilisé Article publié par EDP Sciences 348 Orthod Fr 2016;87:347–351 Clinique et varia le plus longtemps : déjà 88 ans. Son invention par Edward H. Angle représente donc un évènement im- portant dans l’histoire de l’orthodontie. Elle mérite d’être célébrée, même si l’on peut supposer que le procédé a peut-être plus de passé que de futur. 2. Pourquoi Angle a-t-il cherché un nouveau mécanisme ? L ’idée d’Edward H. Angle, exposée dans sa fa- meuse édition de 1907, est qu’une bonne occlusion dentaire entraîne une bonne fonction occlusale et que celle-ci provoque une croissance adaptative de la partie des mâchoires qui ne s’étaient pas bien déve- loppées jusque-là puisque la fonction occlusale était mauvaise. Toutefois, cette croissance correctrice peut être perturbée par une autre dysfonction (ventila- tion buccale, mauvais comportement labial, lingual ou digital). Angle refusait les extractions pour que l’occlu- sion ne soit pas diminuée; aussi était-il fréquem- ment amené à avancer les incisives, en les versant vestibulairement avec son « E-Arch ». Selon sa théo- rie, la partie antérieure du maxillaire et de la man- dibule devaient présenter, durant la contention, une croissance vers l’avant qui entraînerait les apex des incisives et donc redresserait leur axe. Or, après quelques années, Angle s’aperçut que les incisives ne se redressaient pas spontanément durant la conten- tion. . . Pour les aider et pour hâter leur mouvement, Angle invente en 1912 le « Pin and tube appliance » qu’il qualifie, en une expression révélatrice, de « bone growing appliance » (l’appareil qui fait grandir l’os). Il est d’un maniement très difficile. En 1916, Angle le remplace par le « Ribbon Arch », encore impar- fait (les brackets à insertion verticale s’accordent mal avec le tube molaire horizontal) [3]. Après bien des essais et tâtonnements, Angle trouve la formule de l’Edgewise, qui lui donne pleine satisfaction. 3. La présentation du nouveau mécanisme Angle a dit qu’une première conférence sur son nouveau mécanisme eut lieu le 2 juin 1925, mais ce n’était qu’une ébauche (a draft). Après quelques corrections, un nouvel exposé fut fait en décembre 1926. Enfin, le système fut présenté, dans la forme qui sera imprimée, le 28 juin 1928. Tous ces exposés furent prononcés devant l’« Edward H. Angle Society of orthodontists » qui réunissait les anciens élèves d’Angle. Les auditeurs connaissaient donc ses principes et, pour la plupart, le maniement du « Ribbon-Arch ». 4. La publication L ’article d’Angle fut présenté dans la revue « The Dental Cosmos », sous le titre : « The latest and the best in orthodontic mechanism ». La première partie de l’article parut dans le nu- méro de décembre 1928. Elle comporte 15 pages. La deuxième partie parut dans le numéro de fé- vrier 1929 en 11 pages ; la troisième partie dans le numéro de mars 1929 en 10 pages ; enfin, la qua- trième et dernière partie en avril 1929 en 13 pages. La présentation du nouveau mécanisme nécessite donc 49 pages. Les divisions paraissent bien peu lo- giques et semblent dues à l’éditeur et non à l’auteur. La date d’une invention étant celle de sa publica- tion, l’Edgewise est donc né en 1928. On remarquera que le titre de l’article est : « The latest and best in orthodontic mechanism », alors que, dans le texte, Angle parle du « nouveau mé- canisme » et qu’une conférence d’A. Brodie donnée juste après la publication de l’article a pour sujet : « a discussion on the newest Angle mechanism » [1]. Le terme « Edgewise » n’apparaît pas. Certes, dans le texte, Angle écrit que l’arc doit être placé « edge- wise » (sur champ) dans les brackets, il n’en reste pas moins que le terme « edgewise » utilisé pour dé- signer ce procédé, est plus un surnom, sanctionné par l’usage, que le nom voulu par son inventeur. 5. Le numéro de décembre 1928 du Dental Cosmos L ’article commence par des conseils généraux et l’exposé des qualités que doit présenter une occlu- sion de fin de traitement. Angle rappelle qu’une fonction normale stimule la croissance des parties qui n’avaient pu se développer tant que la fonc- tion était pervertie. C’est là, dit-il, « la loi et les pro- phètes ». Puis sont dessinés et décrits : – les bandes métalliques pour faire les bagues, avec le bracket soudé (Fig. 1) ; Philippe J. La naissance de l’Edgewise ou le dernier et le meilleur mécanisme d’Angle 349 Clinique et varia Figure 1 Les diverses parties du nouveau mécanisme. Figure 2 La confection des arcs. – les nouveaux brackets à ouverture horizontale, avec ou sans ailettes; – les minuscules œilletons ou anneaux à souder sur les bagues ; – le fil à ligature, en cuivre ; – les instruments nécessaires : pinces spéciales, tourillon, et aiguille en tungstène pour tenir les œilletons lors de leur soudure. L ’ajustage des bagues et la position qu’il faut donner au bracket sont expliqués en une page. Par contre, plus de quatre sont nécessaires pour dire comment former l’arc (Fig. 2). Figure 3 La pose des ligatures, avant qu’elles ne soient serrées par la pince à serrer les ligatures. 6. Le numéro de février 1929 du Dental Cosmos L ’article commence par des conseils sur le manie- ment de l’arc, puis aborde une importante question : les mouvements du premier ordre. Quatre pages lui sont consacrées. Angle s’étend longuement sur la correction des rotations par une disposition judi- cieuse du bracket et de l’œilleton. La façon de faire les ligatures, soit pour fixer l’arc dans le bracket (se- lon le type de bracket), soit pour exercer une traction sur un œilleton soudé sur la bague ou sur l’arc, est longuement détaillée (Fig. 3). 7. Le numéro de mars 1929 du Dental Cosmos Les mouvements du deuxième ordre sont abor- dés dès le début de l’article. La façon d’effectuer les courbures uploads/Litterature/ 10-1051atorthodfrat2016031.pdf

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