ZÄS 2019; 146(1): 45–53 Mounir Habachy De la lecture des graphies synthétiques
ZÄS 2019; 146(1): 45–53 Mounir Habachy De la lecture des graphies synthétiques de noms de couronnement ptolémaïques Le cas de Ptolémée IX Sôter II https:/ /doi.org/10.1515/zaes-2019-0006 Summary: In the present study, when a comparison is made between the combination of divine attributes sḫm and onX represented at the end of the “long complete” car- touches, and those held by the divinities inside “synthetic complete” cartouches of Ptolemy V and Ptolemy XII, the reading sXm-onX-Jmn is acceptable. But, when the same method is applied to the cartouches of Ptolemy IX Soter II, the reading becomes problematic. We are trying, then, to examine the reading of the Coronation name of this king. Keywords: Cartouche ‒ Ptolemy V ‒ Ptolemy IX ‒ Ptolemy XII. ‒ royal name Après l’accession de Ptolémée II Philadelphe au trône d’Égypte1, le roi rétablit de bonnes relations avec le clergé de Ptah, notamment en restaurant la fonction de pontife2. Ce changement survint après des années de marginalisa- tion tant du clergé que de la cité, pendant lesquelles les prêtres d’Amon étaient parvenus à maintenir des dynasties de grands prêtres en Thébaïde. Sachant que Philadelphe disposait déjà d’une titulature3, ces « bonnes relations » ne seront identifiables que dans les titulatures de ses suc- * Ce travail a bénéficié du soutien du LabEx ArcHiMedE au titre du programme « Investissement d’Avenir » ANR-11-LABX-0032-01. Pour des raisons de commodité, les noms d’Horus, d’Horus d’Or, de cou- ronnement et Personnel seront abrégés respectivement en NH, NO, NC et NP. Les graphies des noms sont évoquées ici avec réserves dans les cas où il était difficile de les vérifier sur photographies ou sur place. 1 Grâce à son père, comme l’indique son NO : sXo~n-s(w)- jt⸗f « son père l’a fait apparaître (l’a couronné) », voir von Beckerath 1999, p. 234‒235 (§ 2G) ; Hölbl 1992, 275 ; pour un repère historique voir Bevan 1968, 53 ; Hazzard 1987 , 148‒152 ; Chauveau 1992, 141 ; Hölbl 2001, p. 24‒25 et pour plus de bibliographie sur la corégence de Ptolémée II à son père voir Hölbl 2001, 33, n. 69. 2 Gorre 2009, 293 (b) et 625. 3 Élaborée par un autre clergé. En effet, seuls Amon et Rê figurent dans le protocole royal de Philadelphe, Ptah n’y apparaît pas voir von Beckerath 1999, 234‒235 [§ 2, T1‒T4]. cesseurs. Il est probable que ce soit pour cette raison que le nom du dieu Ptah a commencé à figurer systématiquement dans les protocoles royaux dès son successeur et jusqu’à Ptolémée XII Néos Dionysos4. Sous Philopatôr, le nom de Ptah apparaît pour la première fois dans les cartouches de couronnement des souverains lagides devant ceux d’Amon et de Rê5. Ainsi débute une nouvelle mise en exergue de la « trinité Amon / Rê / Ptah6 » dans les titulatures ptolémaïques, réunissant désormais les trois grands dieux d’Égypte dans le NC des Lagides, telle une règle. On peut la schématiser de cette manière7 : 4 Pour la présence de Ptah (de Ptah-Tatjénen ou du taureau Apis) dans les protocoles royaux des successeurs de Philadelphe, voir NO et NP de Ptolémée III (von Beckerath 1999, 236‒237 , § 3 G et § 3 E) ; NO de Ptolémée IV (von Beckerath 1999, l.c., § 4 G) ; NO et NC de Ptolémée V (von Beckerath 1999, l. c., § 5 G et § 5 T1, von Beckerath 1999, 237–238, § 5 T2 et § 5 E) ; NH, NO, NC et NP de Ptolémée (VI) Phi- lométor (von Beckerath 1999, 238‒239, § 6 H, § 6 G, § 6 T1‒T2 et § 6 E) ; NH, NO, NC et NP de Ptolémée VIII Évergète II (von Beckerath 1999, 240‒241, § 8 H1, § 8 G, § 8 T et § 8 E) ; NH, NO, NO, NC et le NP du pre- mier règne de Ptolémée IX Sôter II (von Beckerath 1999, l. c., § 9 H1 et von Beckerath 1999, 242‒243, § 9 G1, § 9 T1‒T3 et § 9 E) ; NH, NO et NC du deuxième règne de Ptolémée IX Sôter II (LdR IV, 358 [XLII A,B] ; von Beckerath 1999, l. c., § 9 G2) ; NH, NC et NP de Ptolémée X Alexandre I (von Beckerath 1999, l. c., § 10 H, § 10 T1 à § 10 T1‒2 et § 10 E) ; et finalement le NH, le NC et le NP de Ptolémée XII Néos Dio- nysos (von Beckerath 1999, 244‒245 § 12 H, § 12 T1 à § 12 T3 et § 12 E1). Pour plus de variantes graphiques des NC, NP des exemples précé- dents voir Hallof 2010. 5 Certains spécialistes considèrent que le pontife memphite Harma- chis n’intervient dans la conception des noms royaux qu’à partir de Ptolémée V Épiphane (Grenier 1987 , 98). Or, ce pontife est déjà en fonc- tion au début du règne de Ptolémée IV (Maystre 1992, 187 ; Quaegebeur 1980, 72) ; par conséquent, des termes de de vocabulaire memphite sont déjà présents dans la titulature, en particulier, l’antéposition de la graphie Ptah par rapport à celles d’Amon et Rê dans les cartouches de couronnement. Pour l’ordre de ces graphies, voir Ritner 2011, 100‒101. 6 Pour la « nouvelle triade de l’état », voir Hornung 1986, 199‒201. La présence de ces trois grands dieux d’Égypte dans le cartouche est à comparer aux grands sanctuaires, cf. Cauville 1987 , 18 (§ 4) ; Cau- ville 2010, 1‒42. 7 Quelques exceptions sont cependant attestées sur toute l’étendue de la période ptolémaïque, voir Hallof 2010, 93 (P. 6/T. 140–141) ; 139 (P. 8/T. 213) ; 251 (P. 12/T. 219‒223), mais elles sont insignifiantes par rapport aux centaines de variantes dont on dispose. Mounir Habachy: E-Mail: mounir_habachy@hotmail.com 46 Mounir Habachy, De la lecture des graphies synthétiques de noms de couronnement ptolémaïques Jwo-n(y)-(AB) + X-(n)-Ptḥ + Y-(n)-Ro + Z-(n)-Jmn AB renvoie au nom du culte dynastique des prédéces- seurs ou á l’épithète grecque traduite en égyptien. X, Y et Z (qu’on appelle éléments) correspondent ici à des parti- cipes, substantifs simples ou composés qui accompagnent les noms des dieux, écrits à l’aide de phonogrammes ou sous forme idéographique8. Dans le tableau 1, chaque NC a été divisé en deux « Parties » : La « Partie I », comprenant les parents divinisés, fit l’objet d’études poussées des généalogies ptolémaïques9. Elle est composée de jwʿ-n(y) + Nom de culte des prédé- cesseurs. La « Partie II » est divisée en trois segments reprenant chacun un élément (stp~n, jr-m#o.t…) attaché au nom de l’un des trois grands dieux, dans leur graphie tradition- nelle. Pour résumer, le schéma des NC se compose de « deux parties » : la première reprend le précédent couple royal « reconnu »10 et la deuxième réfère à la « nouvelle triade d’État »11. Il s’agit donc de la juxtaposition du monde de l’homme « première partie » et de celui des dieux « deu- xième partie ». On s’intéressera dans cette étude à un jeu graphique utilisé dans la « Partie II » du NC de trois rois ptolé- maïques : Ptolémée V Épiphane, Ptolémée XII Néos Dio- nysos et Ptolémée IX Sôter II respectivement12 – quel que soit la morphologie de la Partie I. 8 Un autre schéma pour les NC fut proposé par Sales 2005, 169, mais ce dernier est fondé sur les translittérations de Kurth, D., LÄ IV, 1982, 1193‒1197 s. v. „Anhang : Liste der Namen der make- donischen und ptolemäischen Könige‘‘, spécialement 1194–5 et de von Beckerath 1999, 235‒247. Les noms de culte sont modifiables et permettent de préciser des évolutions chronologiques au sein du règne d’un même roi. Le NC de Ptolémée IX ne sera pas classé dans le tableau 1 bien que qu’il soit soumis à ce schéma de lecture. Le nom fera l’objet de cette étude. 9 À propos des généalogies ptolémaïques, voir Minas 2000. 10 Une exception est connue à cette règle. Ayant pris le pouvoir suite à Ptolémée VI Philométor et Cléopâtre II, Ptolémée VIII Évergète fit référence à ses parents « les dieux Épiphanes » et non ses prédéces- seurs directs, les « dieux Philométors ». 11 Hornung 1986, 199‒201. 12 Seule cette partie sera donc rendue en translittération. Par ail- leurs, seuls les exemples non détériorés seront conservés. Précisons tout d’abord que, pour que la « Partie II » soit exploitable, il est indispensable de disposer de sa forme « complète », c’est-à-dire de la forme dans laquelle tous les hiéroglyphes qui serviront à donner un son et un sens sont écrits, sans avoir recours à une quelconque restitution. Il faut également distinguer deux versions complètes : une « longue » et une « courte (abrégée/synthétique) » ; ce critère est purement graphique et n’a rien à voir avec la sémantique du nom20. 13 Pour la notion de la transmission héréditaire dans les titulatures égyptiennes de la dynastie ptolémaïque, voir Sales 2009, 217‒226. 14 Pour la lecture du NC de ce souverain, voir Habachy 2016, 125–134 et Preys 2017 , 330–332. uploads/Litterature/ 10-1515-zaes-2019-0006.pdf
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- Publié le Jan 10, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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