100 TITRES SUR LA LANGUE FRANÇAISE Toute bibliographie raisonnée, a fortiori lo

100 TITRES SUR LA LANGUE FRANÇAISE Toute bibliographie raisonnée, a fortiori lorsqu’elle rassemble des ouvrages récents, a pour ambition implicite de cartographier une problématique: ce recueil n’échappe pas à la règle, qui offre au lecteur, en ce début de millénaire, un «état de la question» sur une question cruciale entre toutes, la question de la langue. Cruciale, parce que de tous les liens que nouent les hommes dans la Cité, le lien de la langue — qui fonde le sentiment d’appartenance à une communauté — est sans doute le plus fort (quoique le moins visible). En l’occurrence, une mise au point s’imposait. Sa nécessité tient au changement profond de statut qu’a connu la langue française au cours du demi- siècle écoulé et que caractérisent notamment deux évolutions récentes. La première concerne le mythe d’une langue universelle, qui cède peu à peu la place, dans les perceptions collectives, à la réalité d’une langue d’influence mondiale (cette lente substitution explique pour partie le sentiment d’un recul général du français). La seconde adpf ministère des Affaires étrangères • Vient de paraître/Hors-série n°5/ septembre 2005 Daniel DELAS est professeur émérite à l’Université de Cergy-Pontoise. Ses travaux portent sur la poétique et la poésie française et francophone contemporaine associés à l’étude sociolinguistique du français aujourd’hui. Anne-Marie LILTI est maître de conférences à l’Université de Cergy-Pontoise. Elle a consacré sa thèse (à paraître) à la relation de la langue maternelle avec les langues étrangères dans la poésie française contemporaine. adpf association pour la diffusion de la pensée française Ministère des Affaires étrangères Direction générale de la coopération internationale et du développement Direction de la coopération culturelle et du français Division de l’écrit et des médiathèques ISBN: 2-914935-56-0 ©septembre 2005 adpf • 6, rue Ferrus, 75014 Paris ecrire@adpf.asso.fr SOMMAIRE 5 PRÉFACEE 9 INTRODUCTIONE 13 QUESTIONS GÉNÉRALES E 24 HISTOIRE DU FRANÇAISE 31 UNITÉ ET DIVERSITÉ DU FRANÇAIS E 35 GRAMMAIRE ET BON USAGE 38 LES MOTS ET LES DICTIONNAIRESE 44 FRANÇAIS ÉCRIT, FRANÇAIS ORAL 47 APPROCHES SOCIOLINGUISTIQUES 50 FRANCOPHONIEE 58 LANGUE, DISCOURS ET LITTÉRATUREE 63 INDEXE par Daniel DELAS par Xavier NORTH PRÉFACE 5 Toute bibliographie raisonnée, a fortiori lorsqu’elle rassemble des ouvrages récents, a pour ambition implicite de cartographier une problématique: ce recueil n’échappe pas à la règle, qui offre au lecteur, en ce début de millénaire, un «état de la question» sur une question cruciale entre toutes, la question de la langue. Cruciale, parce que de tous les liens que nouent les hommes dans la Cité, le lien de la langue — qui fonde le sentiment d’appartenance à une communauté — est sans doute le plus fort (quoique le moins visible). En l’occurrence, une mise au point s’imposait. Sa nécessité tient au changement profond de statut qu’a connu la langue française au cours du demi-siècle écoulé et que caractérisent notamment deux évolutions récentes. La première concerne le mythe d’une langue universelle, qui cède peu à peu la place, dans les perceptions collectives, à la réalité d’une langue d’influence mondiale (cette lente substitution explique pour partie le sentiment d’un recul général du français). La seconde évolution intéresse les liens que la langue française entretient avec les autres langues, le français n’ayant plus à se situer (ou accessoirement seulement) par rapport aux langues régionales, comme il l’a fait pendant plusieurs siècles, mais par rapport à une langue de communication dominante (l’anglais), aux langues de ses voisins européens et, plus généralement à la diversité des langues du monde, dont certaines ont été importées sur son territoire par les flux migratoires. Pour apprécier l’importance de ce basculement ou de ce double changement de perspective, qui est un des effets de la mondialisation, peut-être faut-il courir le risque des fausses symétries en rapprochant symboliquement deux dates, que deux siècles exactement séparent, 1792 et 1992. 1792, c’est l’année où, en plein cœur de la Révolution française (dont le projet unificateur, égalitaire et centralisateur allait, comme on sait, imposer progressivement l’usage du français), les Fédérés marseillais, en marchant sur les Tuileries, mettent à bas la monarchie; or les régiments qui entonnent le Chant de guerre de l’armée du Rhin ne parlent pas le français, mais le provençal, et les langues qualifiées aujourd’hui de «régionales» prédominent sur le territoire de la nation. Pas plus que Racine ne l’était à Uzès lorsqu’il écrivait «Phèdre», les auteurs de la «Déclaration des droits de l’homme» et autres textes porteurs de «l’universalité de la langue française» n’eussent été compris dans leur ville natale. PRÉFACE Xavier NORTH PRÉFACE 6 100 TITRES SUR LA LANGUE FRANÇAISE ... ... Sautons deux siècles: en 1992, au moment où le Conseil de l’Europe ouvre à la signature la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, le français a définitivement triomphé et, par une coïncidence qui ne doit rien au hasard, c’est l’année où le français s’inscrit dans la Constitution de la Ve République (art. 2: «La langue de la République est le français»). La réhabilitation des langues régionales induite par la Charte — que la France signera en 1999 (pour en constater aussitôt après l’inconstitutionnalité!) — ne peut dès lors que relever d’une forme de repentance, la Grande Guerre de 14-18 (en brassant les régiments dans les tranchées), l’école publique, gratuite et obligatoire (en diffusant le français dans les campagnes les plus reculées), et surtout le déracinement des Trente Glorieuses (en coupant la population française de ses terroirs) ayant eu raison (ou peu s’en faut) de la merveilleuse diversité des parlers dans l’Hexagone. 1999, en effet, c’est aussi l’année où une enquête «Famille» réalisée par l’INSEE et conçue avec le concours de l’Institut national d’études démographiques montre que, si près d’un quart des Français a reçu en héritage une langue autre que le français, seuls 9 % d’entre eux ont eu à cœur de la transmettre à leurs enfants. Or, par une suprême ironie de l’Histoire, au moment même où la langue nationale paraît portée au pinacle par une évolution irréversible, un doute horrible s’insinue: face à l’hégémonie grandissante d’une langue à prétention globale (l’anglais dit «de communication internationale»), le français aurait-il encore un avenir? Et la problématique des langues communautaires ou vernaculaires, que le triomphe du français avait semble-t-il reléguée dans un passé révolu, ne fait-elle pas une réapparition fracassante avec les langues de l’immigration, l’arabe dialectal, le berbère, les créoles? De ces débats, les 100 titres ici rassemblés portent témoignage. Ces ouvrages ont en effet pour dénominateur commun de rendre «visible» la langue dans la multiplicité de ses fonctions. Et de faire apparaître quelques-uns des enjeux de la politique des langues aujourd’hui. Car si la langue est un objet d’étude, elle est aussi pour nos concitoyens un objet de passion et le lieu où s’inscrivent toutes les tensions culturelles, économiques et sociales de notre pays. Par quels moyens garantir le droit des citoyens à disposer d’une information et à s’exprimer dans leur langue? PRÉFACE 7 Comment faire de la langue française un outil de cohésion sociale? Le français peut-il continuer à rendre compte des réalités du monde contemporain? Quelle sera, demain, sa place dans la polyphonie universelle des langues? «J’ai une maladie: je vois le langage», disait Roland Barthes. Regarder la langue, comme nous y invite cette anthologie, c’est aussi se regarder soi-même dans le plus fidèle des miroirs. Xavier NORTH Délégué général à la langue française et aux langues de France 9 Les Français passent pour l’un des peuples les plus attachés à leur langue qui soient. Les questions concernant le passé des mots (l’étymologie), la correction de telle ou telle construction (règles de la grammaire normative) ou les subtilités d’une orthographe sophistiquée passionnent nombre de nos concitoyens. Nous n’avons pas cherché à écarter ces questions ni les ouvrages où elles sont étudiées. Il n’aurait toutefois pas été sérieux de laisser croire que l’étude de la langue française se réduit à des querelles passionnées sur des points d’érudition. Étudier la langue française ne se conçoit plus dans un univers logique ou philosophique faisant abstraction de sa relation avec la société, l’histoire, et l’usage qu’en fait chaque individu. Il est désormais nécessaire d’avoir une idée des points de vue que l’on peut adopter dans l’étude d’une langue et qui va déterminer, non seulement la nature de la recherche, mais aussi sa démarche. Le fondateur de la linguistique structurale, Ferdinand de Saussure, disait à juste titre que «le point de vue crée l’objet» parce que la langue est polymorphe et qu’il n’y a pas une approche unique, comme ont pu le penser les philosophes du langage, antiques ou classiques. Dans une première rubrique ont été regroupés, sans systématisme, des ouvrages qui évoquent les questions d’ensemble; ouvrages transversaux pour les uns, ouvrages théoriques pour les autres. On retrouvera ici des noms célèbres (Derrida, Meschonnic, Saussure) de penseurs qui ont tenté, dans une historicité donnée, tant de faire état des possibilité de réponse à certaines questions comme «Qu’est-ce que la langue?», «Comment les langues peuvent-elles vivre ensemble?», «Chaque langue détermine- t-elle la vision du monde de celui qui la parle?», «Quel est le principe explicatif central de l’activité langagière?», que d’examiner les multiples uploads/Litterature/ 100-titres-sur-la-langue-francaise.pdf

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