P AY S - P AY S A G E , A S S O C I A T I O N L O I 1 9 0 1 1, PLACE ATTANE 875

P AY S - P AY S A G E , A S S O C I A T I O N L O I 1 9 0 1 1, PLACE ATTANE 87500 SAINT-YRIEIX-LA-PERCHE FRANCE TÉL + 33 (0) 5 55 75 70 30 FAX + 33 (0) 5 55 75 70 31 centre des livres d’artistes centre des livres d’artistes c e n t r e d e s l i v r e s d’ a r t i s t e s c e n t r e d e s l i v r e s d’ a r t i s t e s herman de vries les livres & les publications exposition ➨ 08/04/05 ➨ 03/07/05 assis dans le train d'arnhem à francfort, je regarde au-dehors les champs enneigés. des mottes de terre noire forment des motifs réguliers mais jamais identiques. des poneys se promènent dans un terrain neigeux changeant sans cesse de position les uns par rapport aux autres. en face, sur le bord du quai de la gare d'emmerich, on distingue la ligne ondulante et irrégulière de la neige fondue qui imprègne le béton. il recommence à neiger et le vent projette les flocons mouillés sur la plate-forme du quai abrité par un toit où ils forment l'espace d'un instant des points blancs sur la pierre grise pour ensuite se muer en taches foncées. une longue file de wagons de charbon se glisse le long du quai. un chargement d'énergie en route pour la hollande. une corneille arrive en volant, se pose sur le bord du quai pour repartir aussitôt. des probabilités et des variations résultant d'une structure complexe variable et fortuite. quelques états perçus parmi une série infinie : tout temps, tout lieu, tout. champs et dessins, arbres et sculptures, sculptures et champs, il n'y a pas de différence. la probabilité est universelle, les conditions sont déterminantes. «chance & change», écrivais-je dans mon carnet de notes le 4 juillet 1970, à téhéran, parti d'arnhem en route pour bombay et les seychelles en vue d'y acheter une île avec des amis, pour y vivre. on n'a pas acheté l'île, chance et changement, changement et chance. herman de vries. 1975 traduit de l'allemand par thomas von kayser dans le foisonnement du monde «assis dans le train…»1. j'aime ce texte qu'écrit herman de vries en 1973. texte court, en noir et blanc auxquels s'ajoute un peu de gris. récit de mouvements. le déplacement prévu du train qui va d'arnhem à francfort. les mouvements fortuits vus par la fenêtre : ceux des poneys ou des flocons de neige, celui d'une corneille. le mouvement (changement) de la pensée : le charbon devient chargement d’énergie. le mouvement de la vie : […] «chance & change», écrivais-je dans mon carnet de notes le 4 juillet 1970, à téhéran, parti d’arnhem en route pour bombay et les seychelles en vue d’y acheter une île avec des amis, pour y vivre. on n’a pas acheté l’île, chance et changement, changement et chance. ces mouvements – ces flux – sont des changements qu'évoque déjà herman de vries dans un texte de 1968, «de lijnen»2. […] les lignes sont comme des digues dans l’eau. l’œil doit sauter par-dessus comme sur un obstacle. il peut aussi la contourner, comme le fait l’eau. une autre possibilité consiste à suivre la ligne, à marcher sur la digue et à regarder de là les changements dans l’environnement. en effet, l’endroit où l’œil se trouve est un point de perception par rapport à la surface. la ligne est donc une série de «points d’un argument». la longer, la contourner ou passer par-dessus signifie changer de perspective et de point de vue. à regarder de là. herman de vries porte et pose son regard sur le monde qui l'environne. les choses vues, captées – l'ensemble des éléments du monde qui l'entoure – sont expérience et source (aliment) de son œuvre. le sens se manifeste partout, écrit-il en 1968 en conclusion de la note qui accompagne le texte in der landschaft [dans le paysage]3, et le texte de l'affiche de l'exposition complète de luang prabang est explicite : «poésie actuelle. exposition complète de luang-prabang comprenant tous les éléments de paysage de ville et tous les objets, vivants et morts de la région de luang-prabang. l'exposition est ouverte tous les jours, par tous les temps à continuer partout et par tous»4. dans le foisonnement du monde, le point de vue est un point de vie. par les livres qu'herman de vries publie, qu'il fabrique, qu'il édite, il nous transmet ce regard, il porte à notre connaissance, révèle. libre à nous de partager ce 1 – sans titre (in de trein van arnhem naar frankfurt…). texte original en néerlandais. première publication in : journal de l'exposition herman de vries. random line - and dot grid structures / chance & change situations, galerie swart, amsterdam, 1974. 2 – «de lijnen» [les lignes] texte original en néerlandais in : «de lijnen v 68 – 161». [arnhem] : edition integration [herman de vries éditeur], 1968. 3 – in : egoist n° 15, adam seite éditeur, francfort-sur-le-main, 1968. ce texte est construit à partir de phrases extraites au hasard de livres choisis, au hasard, par herman de vries dans sa bibliothèque. la première phrase ainsi trouvée sert de titre. la justesse du titre est fortuite ; à ce propos, dans un courrier, herman de vries m'écrit «it was good luck». 4 – portfolio asiatische & eschenauer texte bern : artists press, 1975. regard, de voir ou de ne pas voir. publier : rendre public et notoire. les livres et les publications d'herman de vries sont des œuvres de communication et de relation. et [je] regardais, regardais autour de moi, comme souvent5. regarder de là. il s'agit très précisément de cela dans trois des publications de herman de vries : «catalogue incomplète d’exposition complète de luang-prabang. a random sample of my visual chances, 18-1-1975», «look out of any window» de 1973 et «les très riches heures de herman de vries», projet de 1982 publié en 2004. le 18 janvier 1975 herman de vries se déplace dans la ville de luang prabang et prend les trente-cinq photographies de catalogue incomplète d’exposition complète de luang-prabang. a random sample of my visual chances, 18-1-1975 entre 13 h 21 et 15 h 33. chaque cliché est pris d'un point particulier. un protocole aléatoire détermine l'instant de la prise de vue et le degré de rotation qu'opère herman de vries pour, dans son déplacement, prendre la photo. l'emplacement de prise de vue est changeant, multiple. à l'inverse de cette mobilité, le point de perception dans look out of any window est fixe : les fenêtres de la maison d'eschenau sont photographiées depuis l'intérieur des pièces. il l'est plus encore dans les très riches heures de herman de vries. les 131 images du livre sont prises, en l'espace de quatre heures, depuis une petite place au milieu de la végétation dans la forêt aux environs d'eschenau. l'idée de permanence (d'un lieu…) rejoint celle de mobilité. le rapport au monde qu'entretient herman de vries est une relation manifeste au temps (durée, actualité) et à l'espace6 (étendue ou milieu mais aussi au sens de trajet, de distance). la réalité même du livre october, february, june7 publié en 1977, nous met à l'épreuve – du temps. au recto des trois feuillets du livre, un spécimen de feuille de peuplier est collé. du premier feuillet au troisième, d'un mois à l'autre, le spécimen est de plus en plus altéré. la feuille collectée en octobre – tard dans le rythme des saisons – paraît la plus neuve, elle évoque la verdeur de juin. la dernière des trois feuilles a été collectée en juin de l'année suivante, elle fait penser à octobre. fin et début d'un cycle ne sont pas là où on les attend. l'ordre conventionnel et duel du monde (jeunesse/vieillesse, début/fin, avant/après…) est mis à mal. si october, february, june dit le temps – le temps dans lequel nous sommes, the dust of some roads and a leaf from a tree8, publié juste après, dit l'espace – là où nous sommes. au recto des trois premiers feuillets du livre, trois pochettes de 5 – les très riches heures de herman de vries pfäffikon sz [suisse] : seedamm kulturzentrum - stiftung charles & agnes vögele, 2004. 6 – «milieu sans bornes qui contient tous les êtres étendus» nous dit «le larousse». singulier télescopage entre cette définition et le texte de l'affiche de l'exposition complète de luang prabang. 7 – october, february, june. the eschenau summer press publications 8, 1977. 8 – the dust of some roads and a leaf from a tree. the eschenau summer press & temporary travelling press publications 9, 1977. papier cellophane contenant un échantillon de poussière de terre sont collées. au recto du dernier feuillet un spécimen de feuille de tilleul (ou de pommier) est collé. il y a la poussière de «quelques» routes (déplacements et chemins empruntés, mobilité – et les grains uploads/Litterature/ 2005-cdla-catalogue.pdf

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