1 ELEMENTS D’HISTOIRE DU ROMAN EN FRANCE DU XVIIème s. A NOS JOURS DEFINITION :
1 ELEMENTS D’HISTOIRE DU ROMAN EN FRANCE DU XVIIème s. A NOS JOURS DEFINITION : un roman est : - un récit (ce qui implique l’existence d’un narrateur, c’est une différence avec les pièces de théâtre, constituées uniquement des dialogues des personnages et d’indications de mise en scène). - Un récit racontant une histoire fictionnelle, inventée (même si certains romanciers se servent d’événements ou de personnages réels, ils les transforment en les transposant dans leurs romans). - Un récit en prose. - Un récit assez long (sinon, il s’agit d’une nouvelle). I/ LES ORIGINES DU GENRE Au moyen-âge le mot « roman » apparaît. Il désigne tout d’abord la langue parlée au quotidien, l’ancien français, par opposition au latin (langue de l’Eglise, des universités, de l’administration). Puis, par extension, il désigne les œuvres écrites dans cette langue, et principalement les histoires d’amour et de chevalerie : Tristan et Iseult ou les histoires des chevaliers de la Table ronde, par exemple. Chrétien de Troyes (XIIIe s.) est le plus grand « romancier » de l’époque. Ces romans sont écrits à destination de la noblesse et lui renvoient une image idéalisée d’elle-même. Ils ne sont pas du tout réalistes. Autre particularité : ils sont écrits en vers. Cela changera par la suite. II/ LE ROMAN AU DIX-SEPTIEME SIECLE Il y a à l’époque dans les mentalités l’idée qu’il existe une hiérarchie des genres (au théâtre, la tragédie est jugée supérieure à la comédie). Dans cette perspective, le roman est un genre un peu méprisé, considéré comme inférieur à l’épopée et au théâtre. 1. Les romans héroïques et précieux : ce sont des romans irréalistes racontant des histoires d’amour dans un cadre idyllique ; la société aristocratique s’y dépeint sous les traits de personnages légendaires ou de berger(e)s raffiné(e)s ; la délicatesse des sentiments des personnages lui renvoie d’elle-même une image idéalisée. Ce sont des romans fleuves comme L’Astrée d’Honoré d’Urfé (5000 pages). 2. Deux genres plus réalistes : - Le roman picaresque est un genre romanesque espagnol, né au XVIe s. et en vogue jusqu’au XVIIIe. : un héros d’origine misérable, mais débrouillard traverse toute la société au cours d’aventures pleines de rebondissements. Ce genre a eu du succès dans toute l’Europe. - Les histoires comiques : ce sont des romans français dont les personnages sont des gens ordinaires du peuple ou de la bourgeoisie ; les romans racontent les « aventures » triviales qui leur arrivent. Réalisme et comique sont ici indissociables. (Exemples : Scarron : Le Roman comique ; Furetière : Le Roman bourgeois). 3. Le roman d’analyse (= analyse psychologique) : La Princesse de Clèves Ce roman de Mme de La Fayette (1678) raconte une histoire d’amour impossible à la cour du roi Henri II, au XVIe s. et vaut surtout pour l’analyse qui y est faite des sentiments des personnages et de la passion amoureuse. Cela aura une profonde influence sur le roman français. 2 III/ LE ROMAN AU DIX-HUITIEME SIECLE Les progrès de l’alphabétisation permettent à une population plus importante et socialement plus variée d’accéder à la lecture. Cette évolution va profiter essentiellement au roman et accompagner certains changements. 1. Roman et réalité : au XVIIe s. un roman évoquant la réalité, la vie du peuple ou de la bourgeoisie, le faisait nécessairement de façon comique. Ce n’est plus le cas au XVIIIe s. Par exemple, dans La Vie de Marianne, Marivaux invente le personnage d’une jeune orpheline, Marianne, qui raconte sa vie et ses amours de façon tantôt comique, tantôt pathétique. On a donc un progrès du réalisme. Suivre ainsi un personnage sur une longue période de sa vie permet d’ailleurs de donner plus d’intérêt aux personnages dont la psychologie devient plus complexe, et dont on suit l’évolution. 2. Le roman sensible : le pathétique et l’attendrissement prennent une place importante dans certains romans. C’est notamment le cas de ceux de l’anglais Samuel Richardson : Paméla ou la vertu récompensée (1741) raconte par exemple comment une fille de paysans vertueuse, élevée par une dame noble, résiste aux avances du fils de sa bienfaitrice, un jeune libertin sans scrupule, et parvient à le rendre amoureux et à s’en faire épouser. Richardson a eu beaucoup d’influence sur des écrivains comme Rousseau ou Diderot en France. 3. Roman et philosophie : le XVIIIe s. est le siècle des Lumières. Certains des philosophes de ce mouvement utilisent le roman pour exprimer leurs idées, comme Diderot (La Religieuse, Le Neveu de rameau, Jacques le Fataliste), Rousseau (La Nouvelle Héloïse). 4. Le roman épistolaire : Il s’agit de romans entièrement constitués de lettres, écrites soit par un seul personnage, soit par plusieurs (roman polyphonique). Ce genre connaît un grand succès parce qu’écrire des lettres est une activité socialement importante à l’époque. Les Lettres persanes de Montesquieu, La Nouvelle Héloïse de J.J. Rousseau, ou Les Liaisons dangereuses de Laclos, sont des romans épistolaires. L’intérêt de ce genre romanesque est de faire entendre directement la voix des personnages et de faire sentir ainsi leur personnalité. IV/ LE ROMAN AU DIX-NEUVIEME SIECLE Le XIXe s. est l’apogée du roman. Il domine la littérature de cette époque et gagne ses lettres de noblesse. 1. Le roman romantique : Le romantisme est le mouvement qui domine la littérature de la première moitié du XIXe s. Les thèmes traités sont l’exaltation des passions, la mélancolie … Ces romans sont souvent écrits à la première personne (cf. René de Chateaubriand). Ils prennent aussi souvent la forme de romans historiques (Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, La Reine Margot d’Alexandre Dumas…). 2. Le roman réaliste et le roman naturaliste : a) Durant la première moitié du XIXème s., certains romanciers cherchent aussi à évoquer la réalité sociale de leur époque, même s’ils ne se qualifiaient pas eux- mêmes de réalistes. C’est le cas de STENDHAL (1783-1842) qui écrit dans Le Rouge et le noir : « un roman est un miroir que l’on promène le long d’un chemin » (cette métaphore signifie qu’un roman doit refléter la réalité, quelle qu’elle soit) ; ce roman, publié en 1830, est d’ailleurs inspiré d’affaires judiciaires ayant eu lieu en 1827 et 1830. 3 C’est aussi le cas d’Honoré de BALZAC (1799-1850): celui-ci se considère comme l’historien des mœurs de son époque ; il conçoit donc son œuvre comme une sorte de complément aux ouvrages des historiens qui évoquent les grands personnages et les grands événements. Il regroupe ainsi ses romans sous le titre collectif : La Comédie humaine. Au sein de cet ensemble, il classe ses romans et nouvelles (95) en différentes catégories, de façon à représenter les différents milieux sociaux de son époque : on y trouve ainsi les scènes de la vie parisienne, les scènes de la vie de province, les scènes de la vie de campagne, les scènes de la vie privée, les scènes de la vie politique, les scènes de la vie de campagne, ou les scènes de la vie militaire. Pour faire de ses romans une sorte de double du monde réel, il invente le procédé du retour des personnages : certains personnages circulent d’un roman à l’autre, tantôt comme personnages importants, tantôt comme simple figurants, donnant ainsi au lecteur l’impression de les suivre ou de les croiser au fil du temps. b) Le mouvement réaliste apparaît véritablement durant la deuxième moitié du XIXème s. autour du peintre Gustave Courbet (1819-1977) : celui-ci prône une peinture réaliste, c’est-à-dire une peinture qui choisisse des sujets contemporains, empruntés à la vie quotidienne, à l’existence des gens ordinaires ; une peinture qui représente les choses et les êtres sans les embellir, sans les idéaliser. Ce mouvement s’étend ensuite à la littérature, sous l’influence d’auteurs comme Champfleury ou les frères Goncourt. Il s’agit d’une rupture d’avec le romantisme : les romans romantiques s’attachaient à exprimer la vie intérieure des personnages, leur quête d’un idéal ; le roman réaliste, lui, s’intéresse aux réalités sociales. Parmi les écrivains les plus importants de cette période, on peut citer Gustave FLAUBERT (1821-1880) : celui-ci récusait l’étiquette de réaliste, ne souhaitant pas se laisser enfermer dans un courant, mais certains de ses romans peuvent malgré tout être qualifiés comme tels, parce qu’ils mettent en scène des personnages contemporains qui échouent à réaliser leurs rêves, leurs aspirations, du fait de leur médiocrité et de celle de la société dans laquelle ils vivent (Madame Bovary, L’Education sentimentale). Flaubert a eu une grande influence sur Guy de Maupassant, dont il fut le parrain en littérature. c) Le NATURALISME est un mouvement littéraire de la deuxième moitié du XIXème s. dont le chef de fil fut Emile ZOLA (1840-1902). Celui-ci ajoute au réalisme une dimension scientifique. Il considère en effet que la littérature ne doit pas rester à l’écart du mouvement et des progrès réalisés par la science XIXème siècle. Pour Zola, un romancier ne doit pas seulement décrire la réalité, il lui faut aussi chercher à l’expliquer. Il doit donc pour cela écrire des romans en adoptant la méthode expérimentale des scientifiques : il place ses personnages dans un certain uploads/Litterature/ 400-histoire-du-roman.pdf
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- Publié le Dec 16, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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