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www.comptoirlitteraire.com André Durand présente ‘’Les Chouans’’ (1829) roman de BALZAC (420 pages) pour lequel on trouve un résumé puis un commentaire Bonne lecture ! 1 Résumé Vers la fin du mois de septembre 1799, un contingent de conscrits bretons avance sur la route de Fougères à Mayenne. Il est escorté par les soldats du commandant Hulot, chargés de défendre la république dans une région fidèle au trône et à l'autel. La colonne se fait attaquer par des partisans royalistes, les Chouans. Le ministre de la police, Fouché, espère arrêter cette nouvelle insurrection de la Bretagne en capturant son chef. Il s'agit du marquis Alphonse de Montauran, qui a dix-sept ans et est appelé « le Gars », qui doit tomber dans un piège tendu par l'agent secret Corentin (qui a vingt- deux ans et passe pour le fils naturel de Fouché) et par la belle espionne Marie de Verneuil, fille naturelle du duc de Verneuil, qui a vingt-six ans et est envoyée pour séduire et trahir le marquis. À leur première rencontre, le Gars et Marie s'éprennent l'un de l'autre. Le récit, à partir de ce moment, fait alterner les tableaux du combat qui oppose les républicains aux Chouans et les scènes d'un amour tumultueux entre les deux protagonistes. Ceux-ci triomphent des manoeuvres de Mme du Gua, aventurière royaliste au passé tumultueux, surnommée « la grande garce » et « la jument de Charrette » par les Chouans, rivale de Marie, mais se brisent contre le stratagème de Corentin, qui étant amoureux de Marie, lui fait croire que le marquis la trompe. Elle ordonne à Hulot de réduire les rebelles, mais, dessillée, vient auprès du chef chouan. Leur passion finit tragiquement, peu après que les rebelles bretons ont échoué à prendre d'assaut Fougères. Commentaire L’édition de 1829 : Le roman parut d’abord sous le titre “Le dernier chouan ou La Bretagne en 1800”, par M. Honoré Balzac, l'édition se composant de quatre tomes in-12 dont chacun portait sur la page de titre la même épigraphe du livre de Judith dans l'Ancien Testament, le texte se divisant en trente- deux chapitres sans titre. Dans l’introduction, Balzac insista longuement sur le sous-développement de la Bretagne. Une de ses meilleures pages est celle où il explique la chouannerie par le paysage breton, expression de modes séculaires de propriété et de travail et creuset de la mentalité paysanne. Il entendait, par une dramaturgie originale, dépasser le simple relevé de faits historiques. Pour ne pas heurter des personnages redevenus puissants sous la Restauration et qui auraient pu se reconnaître dans le roman, il atténua et transposa certaines scènes. Si on y trouve une exposition historique à la Walter Scott, il s’agit, avant tout, d’une intrigue d’amour, et les conversations galantes, les progrès de l’amour et ses trahisons occupent une bonne partie du livre qui est plein d'amazones intrépides, de chefs héroïques, de coups de feu, de coups de foudre et de coups de sang. On peut trouver l'intrigue éculée : l'espionne tombant amoureuse du bel ennemi qu'elle doit arrêter, et réciproquement. Mais quel amour, baigné par les sombres feux de la mort ! Le jeune marquis de vingt ans aux boucles blondes et au menton Bonaparte, est lui-même manoeuvré par la dernière maîtresse de Charette et a été dépêché par les princes pour embraser la Bretagne, avec une devise fatale, «Persévérer jusqu'à la mort», et un sens absolu de la déclaration : «Madame, je me demandais à quoi sert un bonheur qui va s'enfuir. Le secret de ma tristesse est dans la vivacité de mon plaisir». Même s’il faut bien avouer que ses considérations sur la psychologie féminine ont mal vieilli, il faut reconnaître que le jeune Balzac bâtissait là l'un des premiers romans féministes. En guise d'héroïne, une Parisienne de vingt ans elle aussi, agente de Fouché, en mission dans le bocage pour ramener la tête d'un chef blanc, une Judith à la mode romantique, mais «pas de celles qui se font des rentes avec un lit de plumes», une pasionaria aux formes pleines, portant le spencer à brandebourgs, à la repartie haute, et renvoyant les muscadins chez maman tout en donnant des ordres aux vieux briscards républicains un brin machos. «Je ne sais pas servir là où les belles filles commandent», déclare le vieux Hulot avant de briser son sabre pour donner sa démission, tandis que la pétroleuse court déjà le bocage en robe de bal, une branche de houx dans les cheveux et un poignard de sultane à la ceinture. On badine, on rivalise d'épigrammes et de saillies, et pendant ce temps on égorge soixante-cinq soldats bleus enivrés de cidre, sur la paille d'une étable, à bout portant, un père qui n'a même pas trahi, saigné comme un porc devant son fils de dix ans, au couteau de chasse, sa tête accrochée par les cheveux au chambranle de la porte. 2 D’autre part, tandis que Walter Scott s'engluait dans les médiévisteries, Balzac s'empara de l'histoire récente, et c’est ce qui fait l’intérêt du roman et de la destinée tragique des deux héros, la période qu’ils vivent et la politique dont ils sont les acteurs et peut-être les jouets étant : 1799, la troisième guerre de Vendée dont les cendres sont encore chaudes, surtout à la lisière de la Normandie et de la Bretagne, la République tombée aux mains d’arrivistes. Bonaparte, devenu Premier consul, guerroie dans toute l’Europe et a besoin de soldats (la conscription obligatoire est l’une des causes du soulèvement). La politique n’est plus faite par le peuple de 1789, qu’incarne le loyal soldat Hulot, mais par des policiers retors exécutant les plans secrets d’hommes d’État pour lesquels, d’ailleurs, Balzac ne cache pas son admiration. Il n’est pas tendre pour les Chouans, qui apparaissent dès les premières pages, farouches paysans de la lande vêtus de peaux de bique dont les poils se confondent avec les mèches sales de leurs cheveux, qui parlent le bas-breton, qui sont une horde de gueux faunesques et fantastiques, à la mentalité primitive, aussi revêches que la chouette, ce chat- huant, ce « chuin » dont ils contrefont le cri sinistre et qui les nomme, à qui l'on donne, pour chaque Bleu fusillé, une indulgence de plus pour le paradis. Car ils sont dirigés par des aristocrates ambitieux et des curés démagogues. Et Balzac, qui s’était déjà documenté sur la Révolution et qui, avant d’écrire le roman, était allé passer six semaines à Fougères pour s’imprégner des lieux, prit des risques en dressant un monument à l'héroïsme républicain en pleine Restauration et résurrection des liens du trône et de l'autel, opposant à la franche loyauté des officiers bleus les harangues manipulatrices des prêtres et les calculs intéressés des ci-devant. L’édition de 1841 : Après la révolution de 1830 qui avait mis sur le trône Louis-Philippe, le roi bourgeois, Balzac, qui était auparavant un jeune libéral attiré par les idées de Saint-Simon, devint légitimiste, cédant ainsi à son mépris de la plèbe et à ses ambitions aristocratiques. Une deuxième édition du roman parut en 1834 chez Ch. Vimont sous le titre ‘’Les Chouans ou la Bretagne en 1799’’, par M. de Balzac. Il s’était donc attribué une particule, avait rectifié, conformément à la vérité historique, l'année où reprit la guerre civile en Bretagne et, en passant du « Dernier Chouan » aux « Chouans », il avait déplacé l'accent de l'individuel vers le collectif. Les deux volumes in-8° de cette édition ne portaient plus d'épigraphe, mais, sur leur page de faux titre, figurait le texte suivant : ‘’Oeuvres de M. de Balzac - Romans historiques’’. Cette nouvelle édition témoignait ausi d'importants remaniements. Balzac y procéda à de nombreuses contractions dans le but de réduire l'exubérance du style romantique qu'il avait pratiqué en 1829. Ainsi disparut tout un vocabulaire satanique qui avait servi, d'après la recette du roman gothique, à désigner la perfidie de Corentin et de Mme du Gua ; certaine longue rêverie nocturne qui ressemblait à une envolée ossianique fit place à une brève notation atmosphérique. La même volonté de simplifier s'appliqua aux dialogues entre Marie de Verneuil et le Gars. Plusieurs de ces échanges furent ramenés à un tiers de leur ancien volume : Balzac non seulement les abrégea, mais il les purgea des nombreux tirets intérieurs au discours, qu'il avait encore préconisés dans l'introduction de 1829. Cette épuration du style d'abord assez entortillé, « hérissé de fautes » (Balzac dans la préface de l'édition Furne) entraîna deux conséquences majeures. D'un côté, elle conduisit à la recomposition de certaines scènes, comme la description de Fougères ou la rencontre des amoureux dans la maison de Galope- Chopine. De l'autre, elle induisit une perception différente du caractère de Marie qui, dans l'édition originale, possédait une personnalité excessive, scindée entre l'angélique et le diabolique. L'édition Vimont, tout en précisant les antécédents de Marie - de protégée de Danton elle devient son ancienne épouse - en fait plus nettement une passionnée à la recherche d'un amour sublime. Il apporta à son texte plusieurs modifications pour le rendre plus royaliste. Enfin, uploads/Litterature/ 67-balzac-les-chouans.pdf

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