Objet d’étude : La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation, du
Objet d’étude : La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours [Nous ferons systématiquement apparaître dans nos propositions de corrigés, les différentes étapes qui doivent structurer votre devoir ; cela vous permettra de voir plus facilement comment doivent se construire vos réponses. Cette présentation n’est évidemment pas à reproduire dans vos devoirs.] Question (4 points) Comment ces auteurs nous enseignent-ils à accepter la culture des autres peuples ? Proposition de corrigé Introduction [1. Phrase d’accroche sur le thème du corpus] Les grands voyages d’explorateurs comme Marco Polo ou Vasco de Gama ont ouvert la voie, au XVe siècle, à la découverte de nouveaux peuples, de nouvelles cultures, qu’il a souvent s’agit de rallier, avec plus ou moins de violence, à nos propres cultures. Mais déjà, durant l’Antiquité, les ventes d’esclaves avaient pour conséquences de mettre en rapport des peuples et des cultures différentes. [2. Présentation du corpus dans une phrase rédigée, en lien avec l’accroche] De nombreux auteurs se sont penchés sur ce phénomène, de Plutarque, dans sa Vie de Nicias, au philo sophe des Lumières Jean-Jacques Rousseau, dans le Discours sur les fondements et l’origine de l’inégalité parmi les hommes, qu’il publie en 1755 ; l’anthropologue Claude Levi-Strauss poursuit cette réflexion dans son œuvre Race et Histoire, publiée en 1952. [3. Reprise de la question posée, puis annonce du plan]. Ainsi, nous pouvons nous demander comment ces auteurs nous enseignent à accepter la culture des autres peuples. Nous analyserons dans un premier temps les différentes thèses des auteurs sur ces cultures nouvelles, avant de nous pencher sur l’efficacité de leur argumentation. Développement : premier argument Tout d’abord, nous pouvons remarquer que les trois auteurs partagent le même avis sur la confrontation entre les cultures : il s’agit avant tout pour eux de savoir être tolérants face aux différences culturelles, ne pas les rejeter sans réfléchir, ne pas chercher non plus à les assimiler aux nôtres à tout prix. Plutarque fait de ce partage culturel une raison suffisante pour avoir la vie sauve, ou pour retrouver sa liberté. Il prend l’exemple des Athéniens partageant avec leurs geôliers leur connaissance du poète et dramaturge Euripide pour justifier le pouvoir du partage de la culture : « Plusieurs même durent leur salut à Euripide. » Le philosophe précise ensuite « qu’ils avaient été affranchis pour avoir appris à leurs CNED Première – FR10 – 2018 1 Corrigé-type du devoir 1 FRANÇAIS – FR10 maîtres ce qu’ils se rappelaient de ses poèmes, les autres, qu’en errant après le combat ils avaient reçu à manger et à boire pour avoir chanté ses vers. » On perçoit bien ici le pouvoir de la poésie sur la violence de l’esclavagisme ou sur celle liée aux combats. Rousseau déplore quant à lui que l’on veuille toujours « lire » les cultures nouvelles selon nos propres références, sans être capables d’y porter un regard neuf et tolérant ; il le dit en ces termes : « encore paraît-il aux préjugés ridicules qui ne sont pas éteints, même parmi les gens de lettres, que chacun ne fait guère sous le nom pompeux d’étude de l’homme que celle des hommes de son pays. » Revenant plus spécifiquement sur les comptes rendus de voyages, Rousseau regrette qu’ils ne décrivent pas réellement les différences de mœurs et de culture : « On n’ouvre pas un livre de voyages où l’on ne trouve des descriptions de caractères et de mœurs ; mais on est tout étonné d’y voir que ces gens qui ont tant décrit de choses, n’ont dit que ce que chacun savait déjà, n’ont su aper cevoir à l’autre bout du monde que ce qu’il n’eût tenu qu’à eux de remarquer sans sortir de leur rue, et que ces traits vrais qui distinguent les nations, et qui frappent les yeux faits pour voir ont presque tou jours échappé aux leurs. » Claude Levi-Strauss enfin, peut-être plus clairement encore que Rousseau, dénonce dans cet extrait de Race et Histoire la tendance des hommes à porter un jugement négatif sur les formes culturelles différentes des nôtres. Il le précise dans cette phrase sonnant comme une vérité générale : « L’attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides puisqu’elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situa tion inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. » Comme Rousseau et comme Plutarque qui le font de manière plus implicite, il prône la tolérance culturelle : « En refusant l’humanité à ceux qui apparaissent comme les plus ‘’sauvages’’ ou ‘’barbares’’ de ses représen tants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie. » Développement : deuxième argument Par ailleurs, pour convaincre leurs lecteurs, les auteurs utilisent des procédés argumentatifs effi caces. Deux d’entre eux, Rousseau et Levi-Strauss, condamnent l’attitude la plus commune des hommes face aux cultures nouvelles, avant d’en appeler à la tolérance. Plutarque quant à lui passe par un procédé inverse, c’est-à-dire qu’il condamne l’attitude des Siciliens ayant fait prisonniers les Athéniens, pour mieux valoriser l’attitude des Athéniens partageant leur culture avec leurs geôliers. Ainsi, on retrouve chez Plutarque des termes péjoratifs pour décrire l’attitude des Siciliens (« cette ignominie »), tandis que les Athéniens sont décrits en termes mélioratifs, suscitant l’adhésion du lecteur (« leur modestie et leur bonne conduite »). L’échange de culture est également décrit en termes très positifs, l’auteur utilisant des noms appartenant au champ lexical de l’amour et du partage : « Il paraît qu’entre tous les Grecs du dehors, il n’en était pas qui eussent pour ses poésies autant de passion que ceux de Sicile. Chaque fois que les voyageurs leur en apportaient des fragments et leur en faisaient goûter quelques essais, ils les apprenaient par cœur, et se les transmettaient avec amour les uns aux autres. » Rousseau et Levi- Strauss sont davantage dans la condamnation d’une attitude ; par exemple, le philosophe des Lumières n’hésite pas à utiliser des termes péjoratifs pour dénoncer l’attitude qui consiste à aller observer sans répit les autres peuples : « Depuis trois ou quatre cents ans que les habitants de l’Europe inondent les autres parties du monde et publient sans cesse de nouveaux recueils de voyages et de relations », « chacun ne fait guère sous le nom pompeux d’étude de l’homme que celle des hommes de son pays ». L’auteur manie également l’ironie à plusieurs reprises, pour se moquer des conquêtes religieuses d’une part, mais aussi lorsqu’il emploie l’expression « ce bel adage de morale » pour évoquer le fait que « les hommes sont partout les mêmes » selon ces observateurs. Levi-Strauss attaque également notre atti tude de rejet des cultures nouvelles, et condamne l’attitude qui consiste à d’abord répudier ce que l’on ne connaît pas : « on refuse d’admettre le fait même de la diversité culturelle ; on préfère rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit. » L ’anthropologue utilise différents exemples pour soutenir ses arguments, en particulier des exemples linguistiques : le mot « barbare » dans l’Antiquité et le mot « sauvage » dans nos cultures occidentales. Les deux extraits s’achèvent sur un appel à la tolérance, l’un par une question rhétorique (« Ne verra-t-on jamais renaître ces temps heureux… ? »), l’autre par une phrase sonnant comme un adage : « Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie. ». 2 CNED Première – FR10 – 2018 corrigé 1 Conclusion : bilan Ainsi, ces trois auteurs, à des époques différentes, continuent à en appeler à la tolérance culturelle. L ’efficacité de leur argumentation repose sur des procédés différents, mais tous condamnent l’attitude qui consiste à rejeter les nouvelles cultures, ou à vouloir les rapporter à nos propres repères culturels. Travail d’écriture (16 points) Commentaire Rappel du sujet Vous ferez le commentaire du texte de Levi-Strauss. Proposition de corrigé Introduction « en entonnoir » [1. Accroche] Selon l’UNESCO, la « diversité culturelle multiplie les choix, nourrit un éventail de compé tences, de valeurs humaines et de visions du monde et tire du passé la sagesse nécessaire pour éclairer l’avenir. » Pourtant, il ne nous est pas toujours évident d’accepter les différences culturelles et de les considérer comme des richesses ; au contraire, ce qui est différent de nos coutumes, de nos mœurs, nous fait généralement peur et suscite une réaction de rejet de notre part. [2. Présentation de l’auteur et de son œuvre en général] C’est d’ailleurs ce qu’affirme l’anthropologue Claude Levi-Strauss, dans l’un de ses ouvrages, Race et Histoire, publié pour la première fois en 1952. Cet ethnologue rencontrera le succès auprès du grand public lors de la parution de son ouvrage Tristes tropiques, en 1955 ; mais déjà apparaissent dans Race et Histoire les uploads/Litterature/ 7fr10ctpa0118.pdf
Documents similaires










-
46
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 09, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 2.2539MB