JEAN-LUC GODARD À BOUT DE SOUFFLE par Jean-Philippe Tessé LYCÉENS AU CINÉMA 2 S

JEAN-LUC GODARD À BOUT DE SOUFFLE par Jean-Philippe Tessé LYCÉENS AU CINÉMA 2 SOMMAIRE 2 ÉDITORIAL 3 SYNOPSIS MODE D’EMPLOI 4 LE RÉALISATEUR L ’artiste en jeune homme. 5 GENÈSE Petites économies 6 CHAPITRAGE 7 ANALYSE DU RÉCIT Vitesse, lenteur, suspension 8-9 POINT DE VUE, PARTI PRIS Un chef-d’œuvre trivial OUVERTURE PÉDAGOGIQUE 1 10-11 ACTEUR / PERSONNAGE Belmondo, les bras en l’air OUVERTURE PÉDAGOGIQUE 2 12-13 MISE EN SCÈNE Nature et artifices DÉFINITION OUVERTURE PÉDAGOGIQUE 3 14-15 ANALYSE DE SÉQUENCE Une séparation ATELIER 1 16 1, 2, 3 Dialectique à deux ATELIER 2 17 FIGURE Des visages ATELIER 3 18 POINT TECHNIQUE Le son d’après ATELIER 4 19 PROLONGEMENT PÉDAGOGIQUE 20 LECTURE CRITIQUE 21 FILIATION / ASCENDANCE Un fils fragile 22 PASSAGES DU CINÉMA Jacques Monory, une balle dans le dos 23 SÉLECTION BIBLIOGRAPHIQUE, EN LIGNE 24 PHOTOS Directeur de publication : Véronique Cayla. Propriété : CNC (12 rue de Lübeck, 75784 Paris Cedex 16, tél 01 44 34 36 95, www.cnc.fr). Directeur de collection : Jean Douchet. Rédacteur en chef : Emmanuel Burdeau. Coordination éditoriale et conception graphique : Antoine Thirion. Auteur du dossier : Jean-Philippe Tessé. Rédacteur pédagogique : Laurent Canérot. Conception et réalisation : Cahiers du cinéma (12 passage de la Boule Blanche, 75012 Paris, tél 01 53 44 75 75, fax : 01 53 44 75 75, www.cahiersducinema.com). Sources iconographiques : Bifi, Ciné Classic, Bridgeman Art Library. Les textes sont la propriété du CNC. Publication septembre 2005. Dossier maître et fiche élève sont à la disposition des personnes qui participent au dispositif sur : www.lyceensaucinema.org ÉDITORIAL E n mars 1960, la sortie d’À bout de souffle, premier film de Jean-Luc Godard, alors critique de cinéma âgé de 29 ans, est une révolution à plus d’un titre. Révolution technique et artistique, mais surtout révolution par la liberté qu’il revendique et le ton qu’il adopte. À bout de souffle consacre la Nouvelle Vague, mouvement sans équivalent, bien qu’il soit annonciateur d’une nouvelle vitalité du cinéma en Europe, et bientôt outre- Atlantique. Suivront vite une rafale de films, pour la plupart signés par de jeunes cinéastes critiques aux Cahiers du cinéma (Truffaut, Rivette, Rohmer, Chabrol, etc.) ou gravitant autour de la revue (Resnais, Varda…). À bout de souffle est une rupture à plusieurs ti- tres, et la promesse d'un cinéma nouveau dont les propositions sont multiples. De ce programme, ce dossier essaie de tracer deux grandes lignes : quelle modernité invente-t-il ? Et quelle liberté ? 3 MODE D’EMPLOI Ce livret est découpé en deux niveaux. Le premier est le texte principal, rédigé par un membre de la rédaction des Cahiers du ci- néma. Il se partage entre des parties infor- matives et d'autres plus strictement analy- tiques. L'accent y est porté sur la précision des rubriques, dans la perspective de dé- gager à chaque fois des cadres diffé- rents pour la réflexion et pour le tra- vail : récit, acteur, séquence… ou encore : enchaînement de plans, archétypes de mise en scène, point technique, rap- ports du cinéma avec les autres arts, etc. Variété des vitesses et des angles d’ap- proche : s’il veille à la cohérence, le discours ne saurait viser l’unicité. De même, l’éventail de ses registres – critique, historique, théorique – ne prétend pas of- frir une lecture exhaustive du film, mais propose un ensemble d’entrées à la fois lo- cales et ouvertes, afin que ce livret puisse être pour le professeur un outil disponible à une diversité d’usages. Signalé par les zones grisées, rédigé par un enseignant agrégé, le deuxième niveau concerne la pédagogie proprement dite. Il se découpe lui-même en deux volets. Le premier est constitué d’« Ouvertures péda- gogiques » directement déduites du texte principal, le second d'« Ateliers » dont l'objectif est de proposer des exercices impli- quant la participation des élèves. À BOUT DE SOUFFLE France, 1959 Réalisation : Jean-Luc Godard Scénario : Jean-Luc Godard, d’après une histoire originale de François Truffaut Image : Raoul Coutard Conseiller technique : Claude Chabrol Son : Jacques Maumont Montage : Cécile Decugis, Lila Herman Assistant : Pierre Rissient Costumes : Milena Canonero Musique : Martial Solal ; Concerto pour clarinette et orchestre K. 622 de Mozart Producteur : Georges de Beauregard, S.N.C. Distribution : Imperia film Durée : 1h30 Format : 35mm Sortie française : 16 mars 1960 SYNOPSIS À Marseille, Michel Poiccard vole une voiture et monte à Paris récupérer une somme d’argent. Sur la route, il abat d’un coup de revolver un policier. Arrivé dans la capitale, Poiccard retrouve Patricia Franchini, une jeune Américaine qui vend le Herald Tribune dans la rue. Il s'installe chez elle et se met à la recherche d'un certain Antonio. La po- lice est à ses trousses, son portrait s'affiche en une des journaux, Patricia elle-même est interrogée. La jeune femme se rend à la conférence de presse d'un célèbre romancier ; de son coté, Michel vole une autre voiture pour la revendre. Alors qu'ils se sont réfugiés dans l'appartement d'un ami, Patricia dénonce Michel. Bientôt, celui-ci est abattu dans la rue. INTERPRÉTATION : Michel Poiccard : Jean-Paul Belmondo Patricia Franchini : Jean Seberg Berruti : Henri-Jacques Huet Parvulesco : Jean-Pierre Melville Liliane : Liliane David L’inspecteur Vital : Daniel Boulanger Claudius Mansard : Claude Mansard Jounaliste : Van Doude Mouchard : Jean-Luc Godard Second Policier : Michel Fabre Cal Zombach : Roger Hanin Interviewer : André S. Labarthe Soldat demandant du feu : Jean Herman Passant au moment de l’accident : Jean Douchet Homme assommé dans les W.C. : Jean Domarchi JEAN-LUC GODARD : FILMOGRAPHIE SÉLECTIVE (ANNÉES 50-60) 1953 : Opération Béton 1957 : Une Histoire d’eau 1958 : Tous les garçons s’appellent Patrick 1958 : Charlotte et son Jules 1959 : À Bout de souffle 1961 : Une Femme est une femme 1962 : Vivre sa vie 1963 : Les Carabiniers 1963 : Le Petit Soldat 1963 : Le Mépris 1964 : Bande à part 1965 : Alphaville, une aventure de Lemmy Caution 1965 : Pierrot Le Fou 1966 : Masculin-Féminin 1966 : Made in USA 1966 : Deux ou trois choses que je sais d’elle 1967 : La Chinoise 1967 : Week-End 1968 : Le Gai Savoir 1968 : One + One 1969 : Vent d’Est 4 N é en 1930 à Paris, mais de nationalité suis- se, Jean-Luc Godard s’est imposé, au long d’une carrière protéiforme et riche de plus de 80 films, comme l’incarnation même du cinéma d’auteur, le cinéaste intellectuel par excellence, celui qui aura tout dit et tout essayé. Figure intimidante, orateur redoutable dont les circonvolutions théoriques et esthétiques ont couvert tout le champ du cinéma : la Nouvelle vague dans les années 50 et 60 ; la transition vers un cinéma politique et engagé au tournant des an- nées 70 ; les expérimentations diverses (vidéo, télévision) jusqu’au début des années 80 ; puis un retour à la fiction et une gigantesque entreprise de bilan et d’archives entrepris durant toute la dé- cennie 90 avec les Histoire(s) du cinéma. L’extrême diversité de ses expériences, l’exégèse monumentale qui lui est consacrée, les passions irréconciliables qu’il déchaîne (génie et monu- ment intouchable pour les uns, imposteur pour les autres) rendraient vaine toute tentative de ré- sumer en quelques paragraphes une telle trajec- toire. On s’en tiendra ici aux années 50, partagées entre la critique et les premiers essais derrière la caméra, afin de voir par quels chemins est passé Godard avant À bout de souffle, son premier coup d'éclat. Godard critique Initié au cinéma grâce à l’effervescence des ciné- clubs après la guerre, Godard entre aux Cahiers du cinéma en 1952. Sous le patronage bienveillant du critique et théoricien André Bazin, il y forme avec Eric Rohmer, François Truffaut, Jacques Rivette ou encore Claude Chabrol la bande des fameux « jeunes turcs », cinéphiles enflammés qui vont bouleverser la façon de parler du cinéma en introduisant la métaphysique, l’ésotérisme et surtout la figure du metteur en scène comme créateur, auteur unique et souverain de ses films, dont la moindre image reflète la vision du monde. Moins polémiste que Truffaut, moins théoricien que Rohmer, le Godard critique, parfois dissimu- lé sous le pseudonyme de Hans Lucas, n’en reste pas moins provocateur. Très attentif, comme ses compagnons, à l’érotisme des actrices américai- nes, il se choisit des objets d’élection singuliers, tels les comédies de Frank Tashlin, les mélodra- mes de Douglas Sirk ou des séries B, bref un ci- néma commercial, relevant a priori d’une sous- culture, qu’il s’emploie à sublimer. Ses textes abondent en citations et digressions, ne se privent pas de détours fantaisistes ni de considérations apparemment futiles, et leur propos se construit dans cet éclatement contrôlé. Cet art de la frag- mentation dans l’écriture sera reconduite au ciné- ma, affirmant ainsi un lien fort entre le travail aux Cahiers et le passage à la mise en scène Presmiers gestes Parallèlement à l’écriture d’articles, Godard com- mence à réaliser des films courts. Son premier essai est un documentaire sur la construction d’un barrage, Opération Béton, tourné en 1954. Cette entrée en uploads/Litterature/ a-bout-de-souffle-de-jean-luc-godard-pdf.pdf

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