Histoire le Siècle des intellectuels (chapitres 1 à 28) Le siècle des intellect
Histoire le Siècle des intellectuels (chapitres 1 à 28) Le siècle des intellectuels M.Winock Partie I Les années Barrès La visite à Barrès *Chapitre introductif qui présente différents protagonistes de l’affaire Dreyfus ainsi que le rapport des « intellectuels » au nationalisme, thème qui structure cette première partie, à travers l’anecdote de la rencontre entre Léon Blum et Maurice Barrès, le premier voulant faire signer une pétition en faveur de Dreyfus au second * 2 camps Dreyfusards : 3 groupes Hommes politiques : Clémenceau, Auguste Scheurer-Kestner Universitaires : Lévy-Bruhl, Lucien Herr Ecrivains : Bernard Lazare, cercle de la Revue Blanche (revue d’avant-garde à tel point qu’on parle d’un « milieu Revue blanche » qui compte notamment Proust, Léon Blum, Jules Renard, Julien Benda, Alfred Jarry, Charles Péguy…) Antidreyfusards : représentés ici par Maurice Barrès *Portrait de Maurice Barrès : parti de l’exploration du moi individuel et d’un certain égotisme qui en font une référence pour la jeunesse( Culte du moi, L’Ennemi des lois, Un homme libre) il s’achemine vers la découverte du moi social et soutient que la meilleure défense de l’individu est la nation : il va théoriser le nationalisme (et réintroduire le mot dans l’usage courant, auparavant abandonné après avoir été forgé lors de la Révolution Française). Un exemple : Les déracinés roman dans lequel de jeunes Lorrains suivent leur professeur de philosophie à Paris où il doit jouer un rôle politique. Nourris par les idées abstraites de la philosophie kantienne, éloignés de leur terre natale, ils sont victimes de toutes les tentations (l’un d’eux, Racadot, finit guillotiné…) Allégorie du platane : un des étudiants dans le roman cité ci-dessus va rencontrer Hippolyte Taine qui le mène devant un platane au square des Invalides et qui lui dit « Chacun s’efforce de jouer son petit rôle et s’agite comme frissonne chaque feuille du platane ; mais il serait agréable et noble, d’une noblesse et d’un agrément divins, que les feuilles comprissent leur dépendance du platane et comment sa destinée favorise et limite, produit et englobe leurs destinées particulières » : la société est l’arbre et les individus en sont les feuilles => la société est supérieure à l’individu qui n’a pas à se défendre contre la société mais dit s’y soumettre Ceci a une conséquence : la défense de Dreyfus contre la société est inutile. Barrès suit l’instinct national et reproche à ceux qu’il baptise les « intellectuels » de croire à un monde d’idées, d’abstractions et d’oublier les réalités concrètes. Ce qui compte pour lui c’est la survie de la société comme ensemble, ce qu’il nomme la « préservation sociale » *Portrait de Lucien Herr Fils d’instituteur alsacien, normalien puis bibliothécaire de la rue d’Ulm, il va prendre le contrepied de Barrès pour représenter les « intellectuels ». A la « race française » de Barrès, il oppose « l’âme française » qui repose sur les principes humanistes, guidée avant tout par un idéal de justice. Cette réponse se fait justement dans la Revue blanche qui avait pourtant accueilli avec enthousiasme les premiers livres de Barrès. Il est par ailleurs un recruteur du « dreyfusisme normalien » par l’admiration que lui portent les étudiants pour son désintéressement et sa pensée. 2 camps s’affrontent : les « intellectuels », de gauche, ici représentés par Lucien Herr qui croient à des principes universels et défendent Dreyfus en raison d’un idéal de justice et les « anti- intellectuels », intellectuels de droite ( mais qui refusent le terme d’intellectuels )représentés par Barrès qui défendent la raison d’Etat et l’opposent aux principes universels abstraits des « intellectuels » « J’accuse… » *Zola au moment de l’Affaire est un écrivain riche et honoré mais boudé par la critique bourgeoise qui le considère comme un auteur obscène. Il a le désir d’être reconnu par l’establishment littéraire et cherche à entrer à l’Académie. Cette situation d’homme célèbre et riche mais qui reste aux portes de l’establishment explique son audace dans l’affaire Dreyfus. *Chronologie de la lutte pour la révision du procès 14 novembre 1897 : le vice-président du Sénat, Scheurer-Krestner publie une lettre ouverte au sénateur Ranc dans Le Temps pour la révision du procès. Le 25, Zola publiera un portrait élogieux de ce sénateur dans Le Figaro 16 novembre 1897 : Matthieu Dreyfus désigne le commandant Esterhazy comme le véritable coupable en arguant de ses relations suspectes avec l’attaché militaire de l’ambassade d’Allemagne 17 novembre 1897 : une enquête est ouverte sur Esterhazy mais en 3 jours il est mis hors de cause 28 novembre 1897 : Le Figaro publie des extraits de la correspondance d’Esterhazy à une ancienne maîtresse où il dit sa haine de l’armée française et admet qu’il pourrait « tuer cent mille Français avec plaisir ». Des photos de la correspondance accompagnent les extraits. La presse nationaliste qui le soutient dénonce alors un complot et forge un terme pour en désigner les artisans : « Le syndicat » 1er décembre 1897 : Zola publie un article « Le syndicat » où il se moque des nationalistes et prône la création d’un véritable syndicat pour « agir sur l’opinion, pour la guérir de la démence où la presse immonde l’a jetée », article qui exaspère les lecteurs du Figaro. 4 décembre 1897 ; la grande majorité des députés réaffirme leur confiance dans la chose jugée ; le président du Conseil, Jules Méline, dit même : « Il n’y a pas d’affaire Dreyfus.» 5 décembre 1897 : ultime article de Zola dans le Figaro où il attaque l’antisémitisme. Les colonnes du journal lui sont ensuite fermées 14 décembre 1897 :Zola publie une Lettre à la jeunesse 6 janvier 1898 : Zola publie une Lettre aux Français 10-11 janvier 1898 : Esterhazy comparaît devant le Conseil de guerre et est acquitté ; le colonel Picquart est accusé de faux et emprisonné au Mont-Valérien 13 janvier : Zola publie « J’accuse… » dans l’Aurore dont les colonnes lui sont ouvertes grâce à Clémenceau, dreyfusard, qui a une revanche à prendre ( il a lui-même été accusé à tort sur la foi d’un bordereau lors du scandale de Panama, ce qui lui a coûté les élections de 1893). Le choc que provoque l’article est si extraordinaire que « Paris faillit se retourner » (Péguy) Le 18 janvier une plainte est adressée au Garde des Sceaux par le Ministre de la guerre : Zola et le directeur de l’Aurore sont assignés Le mois de janvier est marqué par des défilés où Zola et les Juifs sont conspués ( porgroms à Alger) *Les intellectuels comme force émergent et font l’objet d’une sévère critique à droite Le 15 janvier dans un salon mondain, le critique littéraire Ferdinand Brunetière dénigre les « intellectuels » et affirme que le mot a été inventé pour désigner le fait qu’ils constituent une « sorte de classe nobiliaire » de gens de l’esprit qui veulent se classer parmi les « surhommes ».Il ajoute qu’il estime plus « la force de caractère » que les « aptitudes intellectuelles ». Le même jour Le Temps publie une liste de protestation qui émane d’universitaires, d’hommes de lettres , d’avocats d’internes des hôpitaux, d’ « intellectuels » donc ( on compte parmi eux Anatole France, Proust, Durkheim, Lucien Herr, Duclaux directeur de l’Institut Pasteur…) ; une seconde pétition est lancée demandant à la Chambre des députés de « maintenir les garanties légales des citoyens contre tout arbitraire » => les intellectuels sont en train de naître comme force ( on compte dans la pétition 261 professeurs du secondaire, 230 hommes de lettres et journalistes) La droite et l’extrême droite les critiquent vertement Drumont les qualifie « d’oligarchie immorale et vaniteuse, prétentieuse et grotesque » Barrès poursuit sa critique : « Une demi-culture détruit l’instance sans lui substituer une conscience. Tous ces aristocrates de la pensée tiennent à afficher qu’ils ne pensent pas comme la vile foule » L’anti-intellectualisme devient un grand thème de la droite, qui assimile les intellectuels aux mauvais Français qui pensent contre l’instinct vital de la nation Le procès Zola *Le procès Zola permet de mesurer la montée du nationalisme sous l’effet de l’Affaire *Un contexte politique tendu : une droite hostile et une gauche hésitante La gauche n’est pas dreyfusarde mais va progressivement évoluer sur sa position grâce à Jaurès Le 13 janvier la majorité socialiste, à quelques mois des législatives décide de ne pas suivre l’écrivain bourgeois qu’est Zola Le 19 janvier les députés placent à égale distance « les cléricaux » et « les capitalistes juifs », qui sont des bourgeois : au nom de cette prise de position Jules Guesde conseille à son électorat de ne pas s’engager pour Dreyfus. Les socialistes ne sont pas encore immunisés contre l’antisémitisme (un article du 22 janvier de Jaurès paru dans la Petite République parle de la « bande suspecte des écumeurs juifs » qui serait une partie des « forces uploads/Litterature/ a-imprimer-pdf.pdf
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- Publié le Oct 25, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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