prepa concours ecricome ANNALES OFFICIELLES 2014 z Résumé de texte ÉPREUVE ÉCRI

prepa concours ecricome ANNALES OFFICIELLES 2014 z Résumé de texte ÉPREUVE ÉCRITE ÉPREUVE COMMUNE www.ecricome.org 2 Après classe préparatoire prepa concours ecricome ÉPREUVE ÉCRITE / ÉPREUVE COMMUNE / Résumé de texte ESPRIT DE L ’ÉPREUVE sUJET corrigé RAPPORt ESPRIT DE L’éPREUVE ■  Esprit général Cette épreuve vise à tester l’aptitude à comprendre un texte, à en exprimer clairement les idées majeures sans en négliger les nuances. ■  évaluation Compréhension, mise en évidence de l’architecture logique du texte. Autonomie : le résumé doit être intelligible en lui-même, sans que le lecteur ait à connaître le texte original ; son contenu sera reformulé autant que possible. Correction de la langue (en particulier grammaire, lexique et orthographe) et du style. Respect des normes quantitatives : le texte d’environ 2000 mots sera résumé en 250 mots avec un écart toléré de 10%. Un comptage précis des mots sera exigé. SUJET ■  Résumé de texte Résumer ce texte en 250 (deux cent cinquante) mots. On tolère 10% en plus ou en moins (225 au moins, 275 au plus). Tout manquement à ces normes (par excès ou par défaut) sera gravement sanctionné. Par exemple, un résumé atteignant 300 ou n’atteignant pas 200 mots, sera noté zéro. Donner un titre au résumé (les mots du titre n’entrent pas dans le décompte des mots). Indiquer le nombre de mots utilisés en portant les mentions suivantes très lisiblement et à l’encre : repère formé d’un double trait // dans le texte écrit après chaque tranche de 50 mots, décompte chiffré cumulatif (50,100,150 etc…) en regard dans la marge, total exact en fin d’exercice. 3 Après classe préparatoire prepa concours ecricome ÉPREUVE ÉCRITE / ÉPREUVE COMMUNE / Résumé de texte ESPRIT DE L ’ÉPREUVE sUJET corrigé RAPPORt Le Père de l’Église saint Jean Chrysostome enseigne : « Le Christ ne rit pas. » Remarque intéressante ! D’après la Bible, la théologie, Dieu ne rit pas. Les écrits témoignent des rages de Dieu, des silences, des paroles même en dialogue. Quoique rarement, l’iconographie montre un Dieu le Père au bord des larmes quand il se penche sur son fils supplicié. Innombrables, les représentations de Dieu rayonnant, contemplant sa création, avec un contentement, avec une joie plus que sereins. Mais, à ce que je sache, jamais un Dieu riant. Des ironies terribles, à la limite du sarcasme, dans le Livre de Job. Mais jamais un rire, notion qui frôlerait le blasphème. Dans la tradition judéo-chrétienne, le rire est l’apanage des hommes et des diables. Aurait-il son origine dans la chute d’Adam et des anges rebelles ? Y aurait-il un lien comme ontologique – le mot est lourd, il est comme essentiel, comme capital – entre le rire et la damnation ? De quoi rirait-on au Paradis ? Peut-être n’y a-t-il eu que le serpent pour siffler « bonne blague », sachant, comme le dit Valéry, « Que l’univers n’est qu’un défaut / Dans la pureté du Non-être » ... plaisanterie en elle-même très profonde. Les dieux de l’Olympe rient. Immensément. Rires bruyants comme le tonnerre. Ils rient devant la petitesse, l’absurdité, les mesquines souffrances, les illusions de l’homme. Ils rient avec joie et malice face à leurs propres inconvenances, tel Mars surpris dans les bras de Vénus. Des rasades de rire accompagnent leurs festins. Satyres et silènes ont la bouche tordue de rire. Nous évoquons, encore de nos jours, le fameux « rire homérique ». Dans Aristophane, les variétés du rire sont prodigieuses dont, en premier lieu, le rire jaillissant de l’obscénité, du pornographique, de cette comédie des erreurs, de ces gestes souvent ridicules qui constituent l’éros. Et en effet, quoi de plus risible que la vie sexuelle ? L ’apothéose de ces rires aristophanéens – nous y reviendrons – est dans Le Banquet, de Platon. Athènes et Jérusalem : cette opposition a largement déterminé l’histoire, l’évolution créatrice de l’Occident. Dieu, Moïse, Jésus ne rient pas. Zeus, Hermès, Hercule rient à pleins poumons. Constat saisissant : la réflexion sur la tragédie, sur le tragique est l’une de nos gloires en philosophie et en littérature. Elle s’étend d’Aristote aux discours de Corneille, de Corneille à Hegel, de Hegel à Nietzsche et Walter Benjamin. Heidegger « pense » Sophocle. Rien de tel pour la comédie et le comique. C’est comme si la perte du traité d’Aristote sur la comédie – il en avait écrit un, mais il est perdu – avait creusé à travers les siècles un grand vide. Il semblerait que la substance, les formes, les métamorphoses du comique posent des problèmes plus ardus que ceux de la tragédie. Toujours – tactique défensive et révélatrice – la hiérarchie des valeurs du dignitas, dignitas esthétique, met la tragédie au sommet du Parnasse. Se pencher sur l’abîme du tragique garantit le prestige, la solennité de ce que le grand critique et poète anglais Matthew Arnold appelait « le haut sérieux ». Si on veut être du haut sérieux, on s’occupe de tragédie. Le monde du comique risque à chaque moment de sombrer dans le frivole, dans la trivialité, dans la démocratie du vulgaire. Le piège pour le tragique, c’est le pathos ; pour le comique, c’est le pet. Hante cette dichotomie la supposition émise par Platon dans les dernières lignes du Banquet. Se pourrait-il que la comédie et la tragédie se rejoignent dans une ultime symbiose ? Pour ma part, je connais trois exemples de cette mystérieuse fusion, de cette hybridation complète où comique et tragique se confondent : La Nuit des rois, de Shakespeare, la fin du Mariage de Figaro, chez Mozart, et le théâtre de Tchekhov. Le rire qui pleure. Nous sommes en larmes à force d’un trop gros rire. 4 Après classe préparatoire prepa concours ecricome ÉPREUVE ÉCRITE / ÉPREUVE COMMUNE / Résumé de texte ESPRIT DE L ’ÉPREUVE sUJET corrigé RAPPORt Aucune classification, aucune analyse sociale, psycho­ logique ou historique ne saurait circonscrire les variétés, les diversités du rire tant sont incommen­ surables les nuances individuelles, les typologies ethniques, les contextes chronologiques et sociaux. Certaines époques sembleraient rire plus que d’autres. Dans certaines cultures et certains milieux, le rire est signe d’extrême vulgarité (le Japonais se couvre la bouche avant de rire). Dans d’autres, il est signe de détente, de réjouissance collective. Rit-on jamais en faisant l’amour ? Dans le Dictionnaire philosophique, Voltaire nous prévient qu’il est sot de vouloir sonder la métaphysique du rire. Néanmoins, cette métaphysique hante notre idiome. Permettez-moi de citer trois exemples parmi une infinité. Franz Kafka lit sa nouvelle, son récit, La Métamor­ phose, à un petit noyau d’intimes dont sa fiancée, Felice Bauer, et son grand ami, Max Brod – Max Brod auquel nous devons la survie de l’oeuvre de Kafka. Les assistants sont saisis d’horreur, pure horreur. Ils ont les larmes aux yeux, ils sont près de vomir. Kafka arrive à peine à achever sa lecture tant il se tord de rire. « Il rit aux larmes. » Qu’est-ce à dire, « rire aux larmes » ? Notice physiologique, d’une part : les convulsions faciales, buccales qui accompagnent un rire intense semblent activer les glandes lacrymales. On pleure en riant. Mais est-ce là la substance, la signification de cette étrange simultanéité ? En quoi y aurait-il, au cœur même de l’hilarité, une abyssale tristesse ? Ou bien, dans les pulsions de la tristesse, un humour, un éclat de rire caché ? Se réveiller transformé en cloporte, Kafka trouvait ça amusant, hilarant, époustouflant de comique. Nous en revenons à cette interprétation du comique et du tragique qu’annonce Platon. Le rire jaune. Touche surréaliste et que ne prati­ quent pas, à ce que je sache, d’autres langues. Pourquoi ne pas « rire bleu », « rire vert », « rire rouge » ? C’est aux phrases quotidiennes que nous devons réfléchir. Ce sont les plus difficiles et les plus profondes. Pourquoi « rire jaune » ? Comme d’habitude, Littré n’aide pas du tout. Aucune explication. En anglais, on ne peut pas « rire jaune », ni en allemand, ni en italien. Le jaune, couleur aux associations complexes et contradictoires qui vont du solaire, du doré jusqu’à la jalousie, avec, au centre, la mythologie et la scatologie de l’argent et de la monnaie en tant que réjouissance et excrément. C’est chez Swift qu’il y a une série de développements époustouflants sur le jaune de l’excrément, de notre merde, qui est en même temps notre monnaie. Longtemps avant Freud, Swift avait complètement saisi la conjonction – que nous appellerions maintenant psychanalytique – entre ces deux domaines de l’expérience quotidienne humaine. « Rire jaune » pour masquer l’angoisse, la déception, l’embarras social. « Rire jaune » pour déguiser la crainte. En quoi le rire serait la dynamique mensongère de l’hypocrisie envers autrui, mais, bien plus encore, envers soi-même ? Tartufferie du moi au moment de la détresse, de la vanité bafouée. On rit jaune pour ne pas hurler. Troisième exemple et, je crois, d’une beauté trans­ ­ ­ cendante. Dans Peines d’amour perdues, de Shakespeare, Rosaline impose à Berowne une ordalie, une tâche sans laquelle il uploads/Litterature/ annale-ecricome-prepa-2014eaz-resume.pdf

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