UNIVERSITÉ DE 'AÏN-CHAMS FACULTÉ AL-ALSUN DÉPARTEMENT DE FRANÇAIS THÈSE DE DOCT
UNIVERSITÉ DE 'AÏN-CHAMS FACULTÉ AL-ALSUN DÉPARTEMENT DE FRANÇAIS THÈSE DE DOCTORAT LE FRANÇAIS DES CITÉS D'APRÈS LE ROMAN "BOUMKOEUR" DE RACHID DJAÏDANI PRÉSENTÉE PAR RANIA ADEL HASSAN AHMED MAÎTRE-ASSISTANTE AU DÉPARTEMENT DE FRANÇAIS SOUS LA DIRECTION DE PROF. DR. MONA AHMED ABDEL-AZIZ PROFESSEUR DE LINGUISTIQUE AU DÉPARTEMENT DE FRANÇAIS PROF. DR. ELWEYA SOLIMAN EL-HAKIM PROF-ADJOINT AU DÉPARTEMENT DE FRANÇAIS 2005 Abstract Nom de la chercheuse: Rania Adel Hassan Ahmed Titre de la thèse: Le français des cités d'après le roman "Boumkoeur" de Rachid Djaïdani Grade: Doctorat Al-Alsun en langue française Université de 'Aïn-Chams Faculté Al-Alsun Département de français L'année de la promotion: 1998 L'année de l'obtention du grade de magistère: 2002 L'année de l'obtention du grade de doctorat: 2005 La thèse vise à mettre l'accent sur une variété de la langue française qui ne cesse de gagner du terrain et qui, par la suite, suscite beaucoup de remous. Le français contemporain des cités est un parler qui reflète l'influence des facteurs sociaux notamment la pauvreté, l'isolement et la violence sur le comportement langagier des banlieusards. L'étude de ce parler est inséparable de l'étude du contexte social de la cité et de son histoire. Les caractéristiques de ce parler sont essentiellement lexicales. La langue des banlieues puise dans divers procédés sémantiques et formels qui sont l'objet d'étude de la thèse. Résumé Les années quatre-vingt-dix ont témoigné de l'éclosion d'un parler, notamment entre les jeunes, que les linguistes sont convenus d'appeler le français contemporain des cités (FCC). Ce parler fut un phénomène de mode, raison pour laquelle les médias, la musique et la littérature ont eu recours à son lexique, contribuant de la sorte à sa vulgarisation et sa propagation. Si les banlieues étaient le lieu d'origine de cette variété, le FCC les a dépassées et s'il était essentiellement pratiqué par les jeunes des cités, il est devenu commun à tous les adolescents, couches sociales confondues, et même à des adultes. Les fins du FCC varient en fonction des interlocuteurs; elles peuvent être identitaires, cryptiques ou ludiques. Les usagers de ce parler tentent soit d'affirmer leur appartenance à une couche sociale marginalisée, soit de rendre leurs discours mystiques devant un intrus, soit de suivre l'air du temps. La thèse braque la lumière dans la première partie sur la conjoncture sociale des cités et sur le vécu de leurs habitants. Les banlieues sont, à vrai dire, des lieux de réclusion et des ghettos de frustration. La violence juvénile liée à la cité traduit la désorientation des adolescents. Dans la deuxième partie, nous avons essayé de souligner les procédés de formation lexicale qui sont d'ordre sémantique. Ces procédés sont principalement: l'argot, les marques transcodiques et la métaphore. Des termes vieux, anglais ou arabes, des termes où il y a un glissement de sens surgissent et envahissent le FCC. Dans la troisième partie, nous avons tenu à étudier les procédés formels de formation lexicale qui sont le verlan, l'abréviation, la dérivation et la composition. Les usagers du FCC préfèrent renverser l'ordre des syllabes du mot, supprimer une syllabe au début ou à la fin du terme ou utiliser des suffixes et des préfixes notamment populaires. La thèse étudie ce parler à travers un roman de Rachid Djaïdani, Boumkoeur, dont les événements se déroulent dans les banlieues et qui constitue un réquisitoire contre la société. Introduction Depuis une quinzaine d'années, un phénomène linguistique n'a cessé de polariser l'attention vu sa vitalité et son dynamisme: c'est la propagation d'un parler qui a été baptisé le français contemporain des cités (FCC) ou, tout court, la langue des cités. Ce parler dont l'apparition date des années quatre-vingt-dix semble être une extension du français des jeunes qui avait connu une forte diffusion dans les années quatre-vingts et qui tendait à développer "sa composante (dominante) périphérique, ethnoculturelle"2 La crise des banlieues a contribué à donner au FCC une dimension sans précédent et a permis de témoigner d'une "convergence sociolinguistique générationnelle dans la connaissance et l'emploi de certaines formes lexicales, repérées comme périphériques d'un point de vue normatif"3. C'est ainsi que la langue de la rue qui "se pose en opposition au français soutenu que l'on apprend à l'école"4, a commencé à imposer son lexique et à dicter l'évolution de la langue française. Cette langue de la rue a étendu son éventail partout. Elle est sortie des tours pour se répandre dans les six coins de l'Hexagone. Le FCC constitue un champ de renouvellement de la langue française qui était précédé par un autre avec lequel il se croise, à savoir le français branché. Si le FCC est né dans les banlieues, le français branché a vu le jour dans les bistrots, les cafés parisiens de mode et les boîtes de nuit fréquentés par ceux qui s'habillent new wave dans les années quatre-vingts. Si "brancher sur", c'est être au courant de, en relation avec, le français branché est caractérisé par les termes et les tournures les plus en vogue, voire "dans le vent". Parler français branché, c'est être au goût du jour, c'est suivre la phraséologie du temps. Un véritable coup de pouce a été donné à ce mot par le président François Mitterand qui n'a pas hésité à l'employer au cours d'un entretien avec le journaliste Yves Mouroussi en 1985. Cette année même a témoigné de l'apparition de l'expression ça me branche qui signifie ça me plaît. Ce qui prouve que "[. . .] les branchés ne constituent pas une classe sociale précise: le serveur d'un restau du quartier des Halles peut être aussi branché que le patron du journal Actuel"5 Les usagers du français branché ne forment point un groupe homogène clos. Ce sont essentiellement les gens qui aiment lire les quotidiens, assister à des spectacles et 1 SEGUIN, Boris et TEILLARD, Frédéric, Les Céfrans parlent aux Français, chronique de la langue des cités, Paris, Point Virgule, Calmann-Lévy, 1996, pp. 82-83. 2 BOYER, Henri, "Le français des jeunes vécu/vu par les étudiants, enquêtes à Montpellier, Paris, Lille" in Langage et société, n: 95, mars 2001, Paris, Maison des Sciences de l'homme, p. 76. 3 Ibid., p. 85. 4 CERTA, Pascale, Le français d'aujourd'hui, une langue qui bouge, France, une coédition Radio France et Balland/Jacob-Duvernet, 2001, pp. 12-13. 5 BOYER, Henri, "Le jeune tel qu'on le parle" in Langage et société, n: 70, décembre 1994, Paris, Maison des sciences de l'homme, p. 86. "Au moment où disparaissent le corse, le breton, l'argot de Pantruche, se crée sous nos oreilles un nouveau français, mixage de voix francophones, langue d'un nouveau terroir: celui des cités de transit, des bidonvilles et des terrains vagues. "1 suivre la mode. Il s'agit donc des intellectuels certes mais aussi des cadres et des professionnels issus de la couche moyenne qui emploient cette variété relancée par la publicité. Une décennie après l'éclosion du français branché, c'est au tour du FCC de s'épanouir. La localisation sociogéographique l'emporte et les auteurs s'intéressent à nous livrer une chronique de la langue des cités et à nous proposer le "dico" de la banlieue. A l'heure actuelle, le FCC pénètre progressivement dans la langue commune, transmis par les médias et le rap. On témoigne donc d'un épanouissement de la culture des cités qui est foncièrement pluriethnique et hybride. Cette culture se manifeste à travers l'art que ce soit le cinéma, la télévision ou la production littéraire des ouvrages dits beurs. Nous assistons par la suite à un renouvellement de la culture et de la langue françaises grâce aux apports venus d'ailleurs. "La base de cette renaissance culturelle est une dynamique de métissage et de ré-appropriation linguistique dont les sources se trouvent dans les zones urbaines de la France d'aujourd'hui"6. Il nous a donc paru impossible de fermer les yeux sur ce parler qui fait tache d'huile. La télévision a, de son côté, contribué efficacement à donner un coup de pouce à cette langue, et nombre de speakers et d'émissions populaires ont donné la parole au menu peuple, et ce sous prétexte d'ôter les tabous et de faire bouger les choses. En s'insinuant dans le quotidien des gens, la télévision est parvenue à diffuser des mots et des tournures familières. Des entorses ont été faites à la langue et se sont généralisées. Tout ce qui est dit à la télévision est écouté par des millions, répété et utilisé. "On peut le constater tous les jours tant ils ont l'habitude, via le petit écran, de rentrer dans nos salons, les politiques ne rechignent pas à pimenter de pépites argotoïdes ou branchouillardes leur classique langue de bois"7 Pour sa part, la publicité ne va pas tarder à mettre cette langue au goût du jour. La naissance en masse de plusieurs expressions en sera le résultat. Certaines seront éphémères, alors que d'autres seront intégrées à la langue. La publicité a, pour ainsi dire, présenté un modèle de parler qui sera adopté par tous, notamment par les jeunes des classes moyennes. Ceux-ci trouveront bon et à la mode de "tchatcher banlieue". "D'autant que, comme le révélait déjà le sondage Médiamétrie de 1996, 88% des jeunes pensent que la uploads/Litterature/ adel-3 1 .pdf
Documents similaires










-
36
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Oct 15, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.8904MB