AL ZEITUNI QUATRAINS Livres I, II et III Poésie / OR EDITIONS OR EDITIONS, ored

AL ZEITUNI QUATRAINS Livres I, II et III Poésie / OR EDITIONS OR EDITIONS, oreditions.com, 2007, OR05. DU MEME AUTEUR A paraître : Pensées mourides volume 1, OR EDITIONS, Collection Spiritualité, 2007, OR06. 5 PREFACE Comment peut-on écrire une préface aux trois premiers livres de quatrains d’Al Zeituni ? La tâche est difficile aussi je me limiterai à dire ce que je peux d’une œuvre dont je ne suis pas certain de maîtriser tous les tenants et les aboutissants. De plus, n’étant qu’un islamophile débutant, je prierais les lecteurs érudits d’excuser les potentielles erreurs de cette préface1. L’islam, la dernière des trois grandes religions monothéistes, a développé, depuis sa fondation, en parallèle des grands courants d’interprétation tels le shiisme et le sunnisme, une tradition de spiritualité généralement dénommée « soufisme ». Cette « tradition » n’est pas structurée comme peut l’être le catholicisme, mais doit, au contraire, être vue comme une myriade de traditions, toutes islamiques, transmises au travers de « tarîqa » soufies (sortes de congrégations ouvertes aux hommes et aux femmes) originellement crées par des saints de l’islam. 1 Le lecteur avisé pourra me contacter au travers des éditions OR et je n’hésiterai pas à modifier la préface dans une édition ultérieure de cette œuvre. 6 Souvent multiséculaires, mais pas toujours2, l’enseignement dispensé dans ces tarîqa regroupe deux dimensions essentielles : une dimension intellectuelle qui est l’appréhension de la science du Coran et des écrits islamiques attachés (comme la loi islamique et la tradition prophétique) ; une dimension spirituelle qui, en plus des cinq prières quotidiennes, a pour but de développer une sensibilité à Dieu et un lien direct entre le disciple et Dieu. L’utilisation conjointe de son « cœur » et de son intellect fait du soufi un être « du milieu », « équilibré » mais surtout un individu « en progression », d’où le terme de « voie » ou de « chemin » que l’on trouve fréquemment dans les écrits soufis. La dimension du cœur enrichissant la dimension intellectuelle et vice versa, le soufi lève progressivement, au cours de sa vie spirituelle, un certain nombre de « voiles » sur la réalité. Il « voit » ainsi plus clair sur lui- même et sur le monde. Afin d’arriver à cette clairvoyance sur soi, le soufi suit l’enseignement d’un maître qui fait suivre à chaque personne sa propre voie selon ses propres moyens, faisant résonner dans le disciple tout élément de compréhension intellectuelle avec un élément de ressenti spirituel. Ainsi, au travers du maître, le disciple ouvre son cœur à Dieu et construit sa relation « personnelle » à Dieu. 2 La tarîqa des mourides par exemple est l’une des dernières tarîqa à avoir été créée il y environ un siècle par Cheikh Ahmadou Bamba. 7 Dieu étant, dans le soufisme, la seule réalité, le soufi, suivant son niveau spirituel, sera par conséquent au cours de sa vie de plus en plus en contact avec Dieu. Il n’est donc plus question, ici, de vouloir « démontrer l’existence de Dieu », comme dans le monde occidental, mais d’apprendre à « le sentir » dans toutes les choses du monde, à commencer par le sentir dans soi- même. L’obstacle à surmonter pour pouvoir sentir Dieu en soi-même est l’ego du disciple, ego qui doit être maîtrisé par diverses techniques et exercices, afin de s’éclipser pour laisser la place au ressenti de Dieu3. Nous sommes donc avec le soufisme en plein « cœur de l’islam », comme disait Cheikh Bentounès4, c’est-à-dire dans le cœur d’une religion monothéiste qui envisage la relation à Dieu comme une relation directe et personnelle entre l’homme religieux et Dieu, ce qui peut apparaître comme le sens originel du mot « foi ». Cette relation n’a pas besoin d’intermédiaires lorsqu’elle est établie, mais elle nécessite tout de même le maître afin qu’elle s’établisse et se développe. Car nombreux et difficiles sont les pièges des chemins spirituels. Certes, une « révélation » personnelle peut « ouvrir » ce lien direct à Dieu. Dans l’islam, on parlera plutôt d’« inspiration divine », le terme de révélation étant réservé pour la dénomination de 3 Les soufis disent souvent, avec un peu d’amusement, qu’il ne peut y avoir « deux propriétaires dans la même maison ». 4 Maître de la confrérie soufie Alawiya. 8 la descente du Coran, parole de Dieu, sur le prophète Muhammad. L’inspiration divine, telle que l’ont reçue de nombreux saints soufis, est un don absolu de Dieu qui vise à mener le disciple vers la voie de sa réalisation. Les grands soufis de l’histoire du soufisme vont alors d’un maître à l’autre afin de goûter aux différentes lectures et techniques de plusieurs tarîqa5. Cette voie est néanmoins réservée, la plupart du temps, aux plus grands et plus talentueux adeptes, ces derniers étant vus comme des élus de Dieu6 et donc comme des personnes ayant une mission particulière à accomplir. Ainsi, le soufisme est une façon de vivre plus qu’un ensemble de règles intellectuelles qui, si elles ont leur sens, ne sont qu’une partie de la vie du soufi. Le lecteur pourra trouver dans ce recueil une vision qui lui est adressée personnellement, en ce sens qu’il lui est possible de considérer ces quatrains comme un matériau à « travailler en lui-même », à « assimiler », comme un ensemble de graines qui ont pour but de germer et de grandir en lui. Il s’agit au cours de ces quatre- vingt dix-neuf quatrains d’adresser ces vers à l’être intérieur, de nourrir cette demande, de l’utiliser comme un outil à la transformation 5 On pourra encourager le lecteur désirant en savoir plus de se reporter aux ouvrages d’Ibn Arabi, d’Al Ghazali ou de Rûmî. 6 Certains iront même jusqu’à fonder leur propre tarîqa et donc a « inventer » ou adapter d’autres « techniques » spirituelles. 9 intérieure du lecteur. Le « symbolisme » de certains quatrains est, dans cette optique, évident, non pour jouer le jeu d’un ésotérisme factice, mais au contraire pour résonner sur les tréfonds de l’être, là où se cache la porte singulière pour aller vers Dieu. Al Zeituni dit de ces écrits qu’ils sont des écrits de jeunesse. « Meurs avant de mourir » disait le prophète de l’islam Muhammad. Ces quatrains sont, pour le poète, les quatrains de sa naissance à l’islam, de sa naissance à la conscience de Dieu, de sa naissance au fait qu’il n’y ait qu’un seul Dieu. Ce sont les quatrains des premiers voiles levés, inspirés par un don divin. En ce sens, le poète parle à Dieu, mais aussi à l’humanité tout en parlant surtout à lui- même ; il découvre la substance de l’amour qui n’est que projection humaine de l’Amour divin ; il chante les louanges de l’Ami, de l’Amant, du Bien Aimé, autant de noms parmi les plus beaux que l’islam ait donné à Dieu, autant de noms qui résonnent dans les « cœurs qui savent voir ». Prendre la beauté du monde au travers du poète, prendre en soi les graines de son propre développement intérieur, prendre ce cadeau que nous fait Al Zeituni de ses premiers mois en terre d’islam spirituel, restaurer ce lien direct entre l’individu et Dieu, voilà le programme auquel le poète nous convie. Pour les hommes et les femmes de ce monde, dont certains sont dans une insatisfaction perpétuelle ne pouvant trouver 10 leur équilibre dans des sociétés trop matérialistes, les quatrains d’Al Zeituni brossent une entrée en islam douce et faite d’amour, amour qui, aujourd’hui autant qu’hier, est d’une indéniable actualité. Gaston-Norbert Ubrab, Nice, Décembre 2006. Au nom d’Allah Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux QUATRAINS – LIVRE I 15 I. Si par bien un mauvais sort, je quittais une seconde l’aura de l’amour Pour le Bien-Aimé, âme subtile de tous tes jours Je serais alors dans l’ombre de l’éclipse de Dieu Qui, chaque jour, tant de cœurs aveugles entoure. 16 II. J’ai tant entendu parler les champions de la raison Je les ai vu s’enliser dans de froides abstractions Les mots comme les corps sont devenus poussière Oubliées les vérités d’hier et dissoutes leurs passions 17 III. Derviche ô ami qui te nourris de Sa lumière Passe ton chemin quand le jaloux te jette une pierre Il envie ta liberté et le vin qui t’enivre Il voudrait tout à coup que tu cesses de vivre 18 IV. Ma poussière une fois tamisée par le vent des déserts Rejoindra les poussières des rois et des ancêtres Personne ne les regrette à présent, ils se sont dissous Lui m’a fait venir, Il me fera partir aussi 19 V. L’avant tenait mes pieds dedans la tombe « Meurs avant de mourir » j’aurais dû l’entendre Mais les schémas sont de vieux habits noirs et collants Qui avaient mangé mon cœur devenu suspicieux 20 VI. O affres de l’angoisse, je vous côtoyais jadis J’aurais pu vous contraindre et vous nier et vous subir Comme tant de créatures se tourmentant aveuglément Mais Sa Lumière est venue comme un nectar uploads/Litterature/ al-zeituni-quatrains.pdf

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