450-75057-1res-3-fin.indd 1 450-75057-1res-3-fin.indd 1 2/11/09 7:40:43 2/11/09
450-75057-1res-3-fin.indd 1 450-75057-1res-3-fin.indd 1 2/11/09 7:40:43 2/11/09 7:40:43 450-75057-1res-3-fin.indd 2 450-75057-1res-3-fin.indd 2 2/11/09 7:40:44 2/11/09 7:40:44 450-75057-1res-3-fin.indd 3 450-75057-1res-3-fin.indd 3 2/11/09 7:40:44 2/11/09 7:40:44 DU MÊME AUTEUR Aux Éditions Gallimard AILLEURS PEUT-ÊTRE MON MICHAËL TOUCHER L’EAU, TOUCHER LE VENT SEULE LA MER AIDEZ-NOUS À DIVORCER ! UNE HISTOIRE D’AMOUR ET DE TÉNÈBRES COMMENT GUÉRIR UN FANATIQUE SOUDAIN DANS LA FORÊT PROFONDE VIE ET MORT EN QUATRE RIMES Aux Éditions Calmann-Lévy JUSQU’À LA MORT LA COLLINE DU MAUVAIS CONSEIL UN JUSTE REPOS (folio 2802) CONNAÎTRE UNE FEMME LES DEUX MORTS DE MA GRAND-MÈRE (folio 4031) UNE PANTHÈRE DANS LA CAVE (folio 4032) L’HISTOIRE COMMENCE Aux Éditions Stock MON VÉLO ET AUTRES AVENTURES 450-75057-1res-3-fin.indd 4 450-75057-1res-3-fin.indd 4 2/11/09 7:40:44 2/11/09 7:40:44 Du monde entier 450-75057-1res-3-fin.indd 5 450-75057-1res-3-fin.indd 5 2/11/09 7:40:45 2/11/09 7:40:45 450-75057-1res-3-fin.indd 6 450-75057-1res-3-fin.indd 6 2/11/09 7:40:45 2/11/09 7:40:45 AMOS OZ SCÈNES DE VIE VILLAGEOISE n o u v e l l e s Traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen G A L L I M A R D 450-75057-1res-3-fin.indd 7 450-75057-1res-3-fin.indd 7 2/11/09 7:40:45 2/11/09 7:40:45 Titre original : tmunot me- khayéï ha-kfar © Amos Oz © Éditions Gallimard, 2010, pour la traduction française. 450-75057-1res-3-fin.indd 8 450-75057-1res-3-fin.indd 8 2/11/09 7:40:45 2/11/09 7:40:45 Les héritiers 450-75057-1res-3-fin.indd 9 450-75057-1res-3-fin.indd 9 2/11/09 7:40:45 2/11/09 7:40:45 450-75057-1res-3-fin.indd 10 450-75057-1res-3-fin.indd 10 2/11/09 7:40:46 2/11/09 7:40:46 1 L’inconnu n’était pas un inconnu. Quelque chose dans son apparence repoussa et attira Arieh Zelnik au premier regard, en admettant que ce fût effectivement le cas — il croyait presque se rappeler ce visage, les longs bras qui arri- vaient presque aux genoux. Il en gardait un souvenir confus, comme d’une autre vie. L’homme rangea sa voiture juste devant le portail du jardin. C’était un véhicule poussiéreux de couleur beige, dont la lunette arrière et les vitres latérales étaient recou- vertes d’un patchwork d’autocollants multicolores : des points d’exclamation, des exhortations, des avertissements, des slogans. Il ferma l’auto à clé, prenant soin de secouer énergiquement tour à tour chaque portière pour vérifi er qu’elles étaient bien verrouillées. Après quoi, il caressa le capot à deux reprises, comme si ce n’était pas une voiture, mais un vieux cheval attaché à un piquet à qui l’on applique une tape affectueuse pour indiquer qu’on ne tardera pas. L’individu poussa ensuite le portail et se dirigea vers la ter- rasse ombragée par une vigne vierge d’une démarche bon- 450-75057-1res-3-fin.indd 11 450-75057-1res-3-fin.indd 11 2/11/09 7:40:46 2/11/09 7:40:46 12 Scènes de vie villageoise dissante et malaisée, comme s’il foulait de ses pieds nus du sable brûlant. Du fond de son hamac dans un coin de la terrasse, voyant tout sans être vu, Arieh Zelnik épiait l’intrus depuis l’instant où il avait garé sa voiture. Il avait beau se creuser la cervelle, il ne parvenait pas à se rappeler qui était cet inconnu, lequel d’ailleurs n’en était pas un. Où et quand l’avait-il ren- contré ? Au cours d’un voyage à l’étranger ? À l’armée ? Au bureau ? À l’université ? Au lycée, peut-être ? L’homme avait la mine rusée et réjouie, comme s’il se félicitait du méchant tour qu’il venait de jouer. Par-derrière, ou par-dessous le visage inconnu se dessinaient vaguement des traits fami- liers, agaçants et troublants : la fi gure de quelqu’un qui vous aurait fait du tort un jour ? Ou, inversement, à qui vous auriez causé un préjudice oublié ? Tel un rêve dont les neuf dixièmes sont cachés et seule l’extrémité est encore visible. Arieh Zelnik décida donc ne pas se lever pour accueillir le nouveau venu, mais de le recevoir dans son hamac, sur la véranda, devant la maison. L’étranger zigzagua en sautillant le long de l’allée depuis la grille jusqu’aux marches du perron, ses petits yeux lan- çaient des regards furtifs à droite et à gauche, comme s’il redoutait d’être découvert trop tôt ou, au contraire, agressé par un chien furieux qui émergerait des bougainvillées épi- neuses en bordure du chemin. Les rares cheveux fi lasses, le cou écarlate à la peau fl étrie et fl asque comme le jabot d’un dindon, les yeux humides et troubles roulant en tous sens, pareils à des doigts fureteurs, les longs bras de chimpanzé suscitaient un vague malaise. Depuis son observatoire invisible, dans son hamac à l’abri de la treille, Arieh Zelnik nota que l’homme était de haute 450-75057-1res-3-fin.indd 12 450-75057-1res-3-fin.indd 12 2/11/09 7:40:46 2/11/09 7:40:46 Les héritiers 13 taille, quoique un peu avachi, comme s’il venait de se réta- blir d’une grave maladie et qu’il s’était affaissé, ratatiné sur lui-même. Même sa veste aux poches gonfl ées, de couleur beige sale, paraissait trop grande pour lui et pendait sur ses épaules. Le chemin était sec en cette fi n d’été, pourtant l’intrus essuya soigneusement ses chaussures sur le paillasson au bas de l’escalier. Cela fait, il souleva un pied après l’autre pour inspecter la propreté de ses semelles. Satisfait, il monta, examina la moustiquaire en haut des marches et, après avoir frappé poliment à plusieurs reprises sans obtenir de réponse, il fi nit par tourner la tête et aviser le maître de céans qui semblait avoir pris racine dans son hamac parmi les vasques de fl eurs et les bacs de fougères sous la ton- nelle, dans un coin de la terrasse. L’inconnu affi cha un large sourire — c’est tout juste s’il ne s’inclina pas —, s’éclaircit la voix et déclara : — C’est un bien bel endroit que vous avez là, monsieur Zelkin. Splendide ! La Provence dans l’État d’Israël ! La Provence ? La Toscane, oui ! Et quel panorama ! Ces bois ! Ces vignes ! Tel-Ilan est tout simplement le plus beau vil- lage de ce pays levantin. Vraiment très joli ! Bonjour, mon- sieur Zelkin. Veuillez m’excuser. Je ne vous dérange pas par hasard, j’espère ? Arieh Zelnik lui renvoya sèchement son salut et corrigea l’erreur : il s’appelait Zelnik, pas Zelkin. Et à son grand regret, il n’avait pas l’habitude d’acheter quoi que ce fût à des démarcheurs. L’homme s’épongea le front avec sa manche. « Vous avez raison ! Parfaitement raison ! s’exclama-t-il. Au fond, comment savoir s’il s’agit d’un démarcheur ou d’un escroc ? Ou même, le ciel nous en préserve, d’un criminel 450-75057-1res-3-fin.indd 13 450-75057-1res-3-fin.indd 13 2/11/09 7:40:46 2/11/09 7:40:46 14 Scènes de vie villageoise venu en éclaireur pour le compte d’une bande de monte-en- l’air ? Mais moi, monsieur Zelnik, il se trouve que je ne suis absolument pas un démarcheur. Je me nomme Maftzir ! — Comment ? — Maître Maftzir. Wolf Maftzir. Du cabinet Lotem-Pro- zhinin. Enchanté, monsieur Zelnik. Je suis venu vous voir, monsieur, au sujet de… comment dire… inutile de tourner autour du pot, je n’irai pas par quatre chemins. Puis-je m’asseoir ? Il s’agit d’une question plus ou moins privée, enfi n elle ne me concerne pas moi personnellement, en aucun cas, s’il s’agissait de moi, je ne me serais jamais permis de m’imposer et de vous importuner sans prévenir, pourtant nous avons essayé, je vous assure que nous avons essayé je ne sais combien de fois, mais votre numéro de téléphone est sur la liste rouge et vous n’avez pas jugé bon de répondre à nos courriers. De sorte que nous avons décidé de tenter notre chance par une visite impromptue, et nous vous demandons humblement pardon pour le dérangement. Nous n’avons certes pas l’habitude de nous ingérer dans l’intimité des gens, surtout quand ils vivent dans l’une des plus belles régions du pays. Quoi qu’il en soit, comme je vous l’ai dit, nous ne sommes absolument pas les seuls concernés par cette question. Non, non. En aucune façon. En fait, c’est tout le contraire : il s’agit — comment pourrais-je exposer les choses avec tact ? —, disons qu’il s’agit d’une affaire personnelle, monsieur. Une affaire qui vous regarde vous et ne relève pas que de notre ressort. Plus exactement, cela touche votre famille. Votre famille en général et l’un de ses membres en particulier, monsieur Zelkin, un membre spécifi que. Pourrions-nous nous asseoir et bavarder quelques instants, si vous n’y voyez pas d’inconvénient ? Cela ne prendra pas plus de dix 450-75057-1res-3-fin.indd 14 450-75057-1res-3-fin.indd 14 2/11/09 7:40:47 2/11/09 7:40:47 Les héritiers 15 minutes, je vous promets de faire mon possible. Même si, au fond, il n’en tient qu’à vous, monsieur Zelkin. — Zelnik, rectifi a Arieh Zelnik. — Asseyez-vous, reprit-il. — Pas ici, là », ajouta-t-il aussitôt. Car le gros, l’ex-gros homme avait d’abord atterri sur le double hamac, aux côtés de son hôte, cuisse contre cuisse. De lourds effl uves émanaient de son corps : des relents de digestion, de chaussette, de talc et d’aisselle. Le parfum tenace d’un après-rasage tissait sa toile et dominait le tout. Son père s’aspergeait lui aussi de lotion pour camoufl er ses odeurs corporelles, se souvint brusquement Arieh Zelnik. À peine lui eut-on signifi é de bouger que l’homme se leva, tituba légèrement, ses bras simiesques soutenant ses genoux, il s’excusa, changea de place et posa le fond de son pantalon trop large uploads/Litterature/ amos-os-scenes-de-vie-villageoise.pdf
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- Publié le Fev 10, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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