Journal of Theological Studies, NS, Vol. 58, Pt 2, October 2007 CODEX VATICANUS

Journal of Theological Studies, NS, Vol. 58, Pt 2, October 2007 CODEX VATICANUS B: LES POINTS DIACRITIQUES DES MARGES DE MARC Abstract In the margins of the pages that contain the New Testament, Codex Vaticanus (Vat. Gr. 1209)—one of the principal manuscripts of the Greek Bible—presents the reader with dots, usually arranged horizontally in the form of an umlaut. These are diacritical marks, and the consensus is that they should be recognized as indicating variant passages. In this article, which is limited to the Gospel according to Mark, I argue that the variants signalled by these dots are Latin rather than Greek, and that they exercised an influence on the revision of the Latin version which became the Vulgate of the Gospels. Thanks to these dots we have a resource for understanding the conditions under which the textual tradition of the Gospels split in two during the fourth century, and thus left an enduring mark on the transmission of these writings. INTRODUCTION L’e ´tude pale ´ographique du Codex Vaticanus de la Bible1 s’est de ´veloppe ´e, a ` la fin du XXe sie `cle, gra ˆce a ` la publication de deux e ´ditions phototypiques, l’une du Nouveau Testament en 1968, a ` l’occasion du concile du Vatican2, l’autre de toute la Bible pour l’an 2000, anne ´e jubilaire du christianisme3. Enfin, un colloque s’est tenu a ` Gene `ve en juin 2001, permettant de confronter les diVe ´rentes the `ses concernant ce manuscrit, l’un des plus anciens de la Bible grecque, servant de texte de base pour les e ´ditions tant de la Septante4 que du Nouveau Testament5. Les prole ´gome `nes 1 Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vaticanus Graecus 1209. 2 Novum Testamentum e codice Vaticano Graeco 1209 (Codex B), C. M. MARTINI (e ´d.) (Rome, 1968). 3 Exemplum quam simillime phototypice expressum codicis Vaticani B [Vat. Gr. 1209], vetustissimi codicis utriusque Testamenti, P . CANART – P . M. BOGAERT – S. PISANO (e ´d.) (Rome, 25 de ´c. 1999). 4 La Septante du Vaticanus est de ´ja ` la base de l’e ´d. sixto-cle ´mentine (Rome, 1586) ; ce texte est reproduit dans la Polyglotte de Walton (Londres, 1654–57) ; c’est encore la base du texte e ´tabli par A. Rahlfs (Stuttgart, 1935) et toujours en usage. 5 Le NT du Vaticanus est utilise ´ par K. Lachmann (Berlin, 1831) et il devient la base de l’e ´d. de B. F . Westcott – F . J. A. Hort (Londres, 1881) ; cette publication entraı ˆne une re ´vision de la King James Version. Eb. Nestle (1e e ´d., 1898) e ´tablit un texte en utilisant ce mode `le et plusieurs autres qui lui  The Author 2007. Published by Oxford University Press. All rights reserved. For Permissions, please email: journals.permissions@oxfordjournals.org doi:10.1093/jts/flm024 Advance Access publication 8 August 2007 de l’e ´d. de l’an 2000, les actes du colloque et des e ´tudes supple ´mentaires viennent d’e ˆtre re ´unis en un volume qui sera la re ´fe ´rence des recherches a ` venir6. Le manuscrit est une bible grecque presque comple `te, contemporaine du Codex Sinaı ¨ticus, l’un et l’autre ayant e ´te ´ copie ´s dans le deuxie `me quart du IVe sie `cle. Il comprend la Septante (sauf les Maccabe ´es7) et le Nouveau Testament (sauf les Pastorales8); mais un copiste venu de Constantinople a remplace ´ au XVe les pages extre ˆmes alors manquantes : d’un co ˆte ´, presque toute la Gene `se (1,1–46,28, p. 1–40) ; et de l’autre, la fin d’He ´breux (9,14–13,25, p. 1519–1522) et l’Apocalypse (p. 1523– 1536). Le manuscrit est mentionne ´ de `s le premier catalogue de la Bibliothe `que Vaticane, en 14759. L’e ´criture du Codex Vaticanus est une onciale biblique tre `s proche de celle du Codex Sinaı ¨ticus, ce qui sugge `re que les deux bibles auraient une origine commune : ce serait deux des cinquante bibles commande ´es par Constantin a ` Euse `be de Ce ´sare ´e en 33110. Mais le mode `le des deux manuscrits est diVe ´rent : le type dominant est alexandrin dans le Sinaı ¨ticus, mais avec d’autres influences qui sont absentes du Vaticanus. Aurait-on suivi deux mode `les, si les deux bibles venaient du me ˆme atelier de copie, a ` Ce ´sare ´e ? La critique textuelle semble remettre en cause le lieu de copie du Vaticanus. On songe alors a ` une copie ordonne ´e par Athanase d’Alexandrie ; or, Athanase atteste avoir rec ¸u en 340 la commande d’une bible grecque de Constant, fils de Constantin, empereur d’Occident a ` partir de 33711 : le Vaticanus serait-il cette bible-la ` ? Autrement dit, la copie serait-elle alexandrine pluto ˆt que ce ´sare ´enne ? Mais Athanase, quand il sont apparente ´s. Le nouveau texte, e ´tabli par un Comite ´ dirige ´ par K. Aland (26e e ´d., 1979) et toujours en usage, suit encore principalement ce mode `le. 6 P . ANDRIST (e ´d.), Le manuscrit B de la Bible (Vat. Gr. 1209) (Histoire du texte biblique, 7 ; Lausanne : Le Ze `bre, 2007). 7 L’absence des Maccabe ´es a e ´te ´ rapproche ´e de la liste des livres bibliques e ´tablie par Athanase dans sa Lettre festale 39, datant de 367. Cette lettre mentionne encore la Didache ` : peut-e ˆtre celle-ci figurait-elle encore dans le manuscrit, apre `s l’Apocalypse. 8 L’absence des Pastorales (1–2 Tim. Tit) et du billet a ` Phile ´mon est probablement accidentelle ; ces lettres devaient se trouver entre He ´breux et l’Apocalypse, comme dans le Codex Alexandrinus. 9 R. DEVREESSE, Le fonds grec de la Bibliothe `que vaticane, des origines a ` Paul V (Studi e Testi, 244 ; Vatican, 1965), p. 73. 10 EUSe `BE DE Ce ´SARe ´E, Vita Constantini, 4,36. 11 ATHANASE D’ALEXANDRIE, Apologie a ` Constance, 4. Constance, d’abord empereur d’Orient (337–350), devient seul empereur, a ` la mort de son fre `re Constant ; et Athanase, qui s’est lie ´ a ` Constant, se trouve alors en difficulte ´. C O DE X VAT I CA NU S B 4 41 rec ¸oit la commande de Constant, vit en exil a ` Rome (339–346) : la copie serait-elle finalement romaine ? J’ai de ´fendu cette hypothe `se au colloque de 2001, parce qu’elle e ´claire un point de l’histoire re ´cente du manuscrit : au XVIIe sie `cle, une rapide collation de quelques variantes des e ´vangiles, e ´tablie par Lucas de Bruges12, mentionne douze fois « un manuscrit grec de la Bibliothe `que Vaticane », toujours en accord avec la Vulgate contre le « texte rec ¸u » imprime ´ d’abord par D. Erasme (Ba ˆle, 1516). Or, a ` cause de ce document, semble-t-il, le Nouveau Testament du Vaticanus subit un ostracisme qui va durer tout le XVIIIe sie `cle : J. Mill le de ´clare « latinisant », autrement dit influence ´ par la Vulgate ; et cela suYt pour que le manuscrit, qui demeure le second de la liste des te ´moins, soit absent des apparats critiques, de J. Mill (1707), J. A. Bengel (1734), J. J. Wettstein (1751–1752), jusqu’aux trois e ´d. de J. J. Griesbach (1776–1807)13. Comment un tel malentendu a-t-il pu se produire, pour un manuscrit qui devient, a ` la fin du XIXe sie `cle, la base du texte e ´dite ´? Manifestement, le manuscrit n’a pas subi l’influence de la Vulgate, puisque sa copie lui est ante ´rieure d’environ quarante ans, pour les e ´vangiles : d’ou ` viennent donc les accords entre le Vaticanus et la Vulgate ? Est-ce celle-ci qui a subi l’influence de celui-la ` ? En me ˆme temps que j’exposais l’hypothe `se d’une origine romaine du manuscrit, je de ´couvrais l’existence de points diacritiques dans les marges du Nouveau Testament, par une rapide allusion de P . Canart aux travaux commence ´s par Ph. B. Payne, car ce dernier n’avait pu assister au colloque. Et le dernier e ´tat de leur e ´tude date d’octobre 2006. Entre-temps, apre `s le colloque de 2001, j’ai cherche ´ le sens des points marginaux, en examinant la tradition textuelle grecque susceptible d’exister avant 340, spe ´cialement pour Marc, en relation avec le projet « Marc multilingue »14. Les points correspondent bien en ge ´ne ´ral a ` des variantes atteste ´es en grec ; mais celles-ci ne privile ´gient ni le « texte occidental15 », ni le type 12 Cette collation est publie ´e dans le dernier vol. de la Polyglotte de B. Walton (Londres, 1654–57). 13 C.-B. AMPHOUX, « Les circonstances de la copie du Codex Vaticanus », dans P . ANDRIST (e ´d.), Le manuscrit B de la Bible. 14 Voir J. K. ELLIOTT – C.-B. AMPHOUX – J.-C. HAELEWYCK, « The Marc Multilingue Project », Filologia neotestamentaria 15 (2002, paru en 2005), p. 3–17. 15 Les principaux te ´moins du « texte occidental » des e ´vangiles sont le Codex de Be `ze (D/d), bilingue uploads/Litterature/ amphoux.pdf

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