Los visigodos. Historia y civilización. ANTIGÜEDAD Y CRISTIANISMO (Murcia) III,
Los visigodos. Historia y civilización. ANTIGÜEDAD Y CRISTIANISMO (Murcia) III, » 8 6 . GRAMMAIRE SACMÉE ET GRAMMAIRE PMOFANE; Jacques Fontaine Paris IV (Sorbonne) La grammaire est toujours seconde par rapport à la langue; l'exercice de toute parole est premier. L'analyse des mécanismes qui gouvernent son usage procède d'une réflexion ultérieure, sur les structures de la langue et sur son fonc- tionnement; a fortiori s'il ne s'agit pas seulement de décrire, mais de concep- tualiser les règles d'un "bon usage" qui se réfère à un état de l'évolution lin- guistique considéré comme optimum. La pratique précède donc la théorie, la langue sa grammaire, la Parole de Dieu son exégèse. Cela est plus vrai encore quand il s'agit d'une Révélation parlée et transmise oralement dans une com- munauté, avant d'être écrite dans un Livre —dans "le livre"—. Mais le conflit des interprétations de cette Parole a très tôt posé aux Egli- ses ce que nous appelons "la question herméneutique": quel est le sens de cette Parole, et quels sont les critères de son interprétation correcte? En même temps, la transmission orale et écrite de la Parole de Dieu, par les moyens d'expression d'une culture gréco-romaine qui reposait sur des arts de la parole —grammaire et rhétorique au premier chef—, entraînait l'application de certaines catégories et méthodes de ces arts à l'expression et surtout à l'explication de la Parole de Dieu. Le mot même d'exégèse a d'abord désigné la quatrième opération dans laquelle culminait la tâche du grammairien antique: l'explication (exegesis) des textes de certains auteurs consacrés comme des modèles, dans la "civilisation de la paidcia". Grammaire sacrée et grammaire profane se trouvent ainsi dans une interférence inévitable dès les origines de l'exégèse biblique, —juive hellé- nistique puis chrétienne—. L'attitude d'Isidore de Seville, devant la Bible et son interprétation, se trouve donc conditionnée par ce double héritage, même si l'on fait méthodiquement abstraction de son intérêt particulier pour les traditions grammaticales anti- ques.*" Son activité littéraire se place au terme d'un demi-millénaire au cours duquel l'exégèse chrétienne s'est développée sous la double contrainte des dis- cussions sur le sens du texte, et de ce que l'on a pu appeler, dès Tertullien en Occident, la conversion chrétienne de la culture antique '2). Cette longue préhis- toire de la conjoncture exégétique du VIP siècle explique à la fois les certitudes 311 et les difficultés du Scvillan. 11 doit s'efforcer d'harmoniser un consensus des exégètes, à la manière de ce qu'avaient tenté, au niveau premier du texte, pour l'Evangile, Tatien dans son Diatessaron ou Augustin en son De consensu euan- geiistarum. Sur la majorité des livres scripturaires, il dispose d'un patrimoine exégétique si riche qu'il était devenu difficilement utilisable, dans une conjonc- ture où la crise de la culture est d'abord une crise de l'alphabétisation, au sens prope et élémentaire comme au sens figuré et chrétien: apprendre à lire, annon- cer et faire annoncer correctement l'essentiel de la Bonne Nouvelle Et ce- la, à des hommes démunis de la culture antique par la disparition des écoles romaines, à des chrétiens qui, même baptisés, ne se font souvent qu'une idée assez sommaire de leur foi. Il y a là une grave préoccupation pour un évoque qui se sent responsable de la catéchèse continuée de ses communautés, de la formation de leurs pasteurs, et même de celle des moines qui ont choisi une recherche de la vie parfaite dans laquelle la lectio diuina des Ecritures joue un rôle primordial. Il n'y avait encore que deux siècles et demi qu'en latin, le donatiste Tyco- nius s'était proposé de dormer une sore de grammaire de l'exégèse, dans un Li- ber regularum apprécié d'Augustin, et qui fut probablement connu d'Isidore— à travers Augustin, mais aussi par un compendium dont P. Cazier a repéré l'usage dans les Sentences isidoriennes < · • > . Certes, rien ne valait la pratique directe de l'Ecriture, guidée par celle des grands exégètes du I V siècle. En sa diversité, le consensus des quatre Pères de l'Eglise latine venait d'être célèbre en Espagne méridionale, au VI'' siècle, dans la patrie même de la famille d'Isidore. C'est en effet vers 595 que i'évêque Licinien de Carthagcnc invoque l'autorité "des saint Pérès antiques, docteurs et défenseurs de l'Eglise, Hilaire, Ambroise, Augus- tin, Grégoire" '".A ce texte fait écho l'hommage des Versus in bibliotheca, d'Isidore, dans le même ordre, mais à une variante près: Grégoire y est séparé des trois Pères du siècle, tandis que leur est associé l'exégète occidental par excellence: "Jérôme, traducteur si savant dans les diverses langues, toi que cé- lèbre Bethlehem, toi dont l'univers entier se fait l'écho. C'est toi qu'également notre bibliothèque offre à travers tes propres livres" («).Dans le patrimoine lit- téraire de tous ces écrivains, et éminemment de Jérôme, on sait la part considé- rable de l'exégèse. Telle est comme la toile de fond historique devant laquelle il convient d'explorer, en son développement original, l'attitude d'Isidore en- vers la Bible et son exégèse, envers leur mode d'emploi et les règles implicites de leur bon usage, en tenant toujours compte de l'intérêt primordial manifesté à travers toute l'oeuvre du Sévillan pour les catégories et les méthodes de la grammaire antique. Jérôme lui-même n'avait pas ressenti seulement sur le plan technique les difficultés considérables de la "philologie sacrée". La quasi totalité de ses oeuvres répond à des demandes personnelles précises, donc à une visée pastorale qui rapproche plus qu'on ne le penserait, des motifs du prêtre et abbé de Bethléem, les soucis pastoraux des grands évêques sermonnaires du I V < = siècle latin C'est donc un patrimoine exégétique relativement homogène que reçoit Isido- re, patrimoine encore enrichi par ces Moralia in lob que Grégoire avait desti- nés à des moines, mais dont les pasteurs d'Occident firent rapidement un bien plus large usage. Pour accéder à l'intelligence de l'Ecriture, Tyconius n'avait été ni le pre- 312 mier ni le seul à suggérer qu'entre les textes et commentaires bibliques et leurs utilisateurs, il n'était point superflu d'interposer des instruments de travail des- tinés à en faciliter l'intelligence. Jérôme, le plus "philologue" des exégètes la- tins, avait ressenti le besoin de se forger de tels instruments, ainsi que ses pré- décesseurs juifs et chrétiens: Philon, Origene, Eusèbe. Isidore retiendrait la le- çon de cette "trilogie" d'opuscules techniques de Jérôme: VOnomasticon ou Livre des noms hébreux, le Livre des lieux, enfin celui des Questions hébraï- ques Entre cette riche tradition et Isidore, s'interposent deux siècles au cours desquels le haut niveau de culture scripturaire et exégétique atteint sous la dynastie théodosienne s'est difficilement maintenu. Le problème posé à Isidore est donc d'abord le suivant: comment rétablir une communication entre ce trésor déjà ancien, et de jeunes moines ou de futurs prêtres, qui ne sont plus "portés" par la vie intellectuelle et l'école de leur temps comme l'avaient été leurs prédéces- seurs du 1V'= siècle?"' Cette préoccupation, probablement ressentie d'abord par Isidore à l'école episcopale de Seville, est l'un des motifs les plus pressants de la rédaction de toute son oeuvre littéraire, même non-exégétique. De la simple lecture à l'exégèse, il fallait donc mener de front ce que nous venons d'appeler une double "alphabétisation", ordonnée à l'intelligence chré- tienne des Écritures. C'est l'unité dernière de cette visée qui ordonne et unifie les activités d'Isidore grammairien et exégète —l'un n'étant pas separable de l'autre—. Nous voudrions montrer ici comment s'est progressivement mise en place cette articulation des savoirs profanes et sacrés, en tenant compte de l'or- dre chronologique probable des oeuvres d'Isidore. La première étape est celle des Differentiae et des trois petits manuels exégétiques: Prooemia, De ortu, Aile- goriae. La grammaire sacrée s'épanouit ensuite dans la grande oeuvre des Ques- tiones. Enfin, la compénétration raisonnée de la "grammaire sacrée" et de la "grammaire profane", annoncée dès le De natura rerum d'Isidore, trouvera son expression la plus ample et la plus nuancée dans l'encyclopédie des Etymo- logies, au terme d'un processus qui fut en réalité plus cumulatif qu'évoh/tif. La chronologie généralement admise place significativement en tête de no- tre enquête le manuel grammatical des Différences et les trois opuscules bibli- ques que nous venons d'énumérer""». Dès les Differentiae rerum apparaissent quelques points fondamentaux qui concernent l'exégèse scripturaire. Ainsi la relation typologique qui lie l'Ancien Testament au Nouveau se trouve posée, pour l'essentiel, dans une courte phrase: "Les promesses, recouvertes sous les figures des réalités sacrées, trouvent leur accomplissement dans la plénitude de l'Evangile""". Cette antithèse dense résume les correspondances qui règlent la lecture chrétienne de la Nouvelle Alliance à travers l'Ancienne: promesse- accomplissement; caché-dévoillé; figure-réalité accomplie. L'art augustinien de l'antithèse se trouve déjà ici dans cet état de "concentration didactique" que tempérera seulement, chez Isidore, certain usage pédagogique des énoncés synonymiques. Dans ce même ouvrage, une seconde antithèse oppose "la vai- ne curiosité des choses charnelles" à la Révélation du Sinai "sur la montagne, c'est-à-dire par la contemplation d'En-Haut" "^j.Cette imagerie est moins doc- trinale que tropologique-ou spirituelle, au sens moderne et personnel du mot- Vocabulaire et thème ont un ton plus intérieur; ils renvoient à un système uploads/Litterature/grammaire-sacre-e-et-grammaire-profane-isidoro-de-se-ville-et-l-x27-exe-ge-se-biblique-j-fontaine-pdf.pdf
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- Publié le Aoû 19, 2021
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