Collection dirigée par Glenn Tavennec L’AUTEUR Amy Harmon fait partie de ces ra

Collection dirigée par Glenn Tavennec L’AUTEUR Amy Harmon fait partie de ces rares auteurs auto-édités figurant au palmarès des meilleures ventes du New York Times. Dès sa plus tendre enfance, Amy a su qu’elle voulait devenir auteur, partageant ainsi son temps entre l’écriture de chansons et celle de ses histoires. Chanteuse, elle a également sorti un album de blues gospel en 2007 intitulé What I Know. Elle est l’auteur de cinq romans pour jeunes adultes. Véritable phénomène d’auto-édition aux États-Unis, Nos faces cachées a bouleversé la blogosphère et les lecteurs de tous âges. 2 www.frenchpdf.com Pour Mary Sutorius, ma mamie, qui aurait adoré me voir devenir écrivain. 6 www.frenchpdf.com Prologue Les premiers mots d’une histoire quelle qu’elle soit sont toujours les plus difficiles à écrire. C’est presque comme si, en les tirant du néant, en les couchant sur le papier, on s’engageait à aller jusqu’au bout. Comme si, une fois qu’on avait commencé, on était censé terminer. Mais comment finir quand certaines choses n’ont pas de fin ? Cette histoire est celle d’un amour qui ne finit pas… quoiqu’il m’ait fallu un certain temps avant d’en arriver là. Si je te dis d’emblée, comme ça, brutalement, dès le début, que je l’ai perdu, ce sera plus facile à supporter pour toi. Tu sauras ce qui t’attend. Certes, ça te fera souffrir. Tu auras le cœur lourd et l’appréhension te nouera l’estomac. Mais tu sauras et, psychologiquement, tu pourras t’y préparer. C’est un vrai cadeau que je t’offre là. Je t’offre cette chance. Moi, je ne m’y attendais pas. Et après sa disparition ? Ça ne s’est pas amélioré, au contraire. Loin d’être plus facile, c’est devenu plus dur de jour en jour. Le manque, toujours aussi cruel. La douleur, toujours aussi déchirante, la perspective infinie de tous ces jours encore à venir devant moi, tous ces jours sans lui, toujours aussi insupportable. À la vérité – puisque c’est tout ce qui me reste, à mon avis –, je pourrais endurer n’importe quoi. N’importe quoi. Et avec joie. Tout. Sauf ça. Mais le voilà, le cadeau que j’ai reçu, moi. Et je ne m’y attendais pas. Je ne peux pas te dire ce que ça m’a fait. Ce que ça me fait encore. Impossible. Les mots me paraissent mièvres, sonnent creux et transforment tout ce que je dis, tout ce que je ressens, en une vulgaire histoire à l’eau de rose pleine de jolies formules propres à te tirer des larmes et à susciter ton immédiate empathie. Une empathie qui n’a rien de réel et tout d’une réaction de pure sensiblerie dont tu pourras te défaire à peine le livre refermé. Une réaction qui te poussera à t’essuyer les yeux avec un soupir d’aise, bien consciente que tout ça n’était qu’une histoire. Et, surtout, que ce n’était pas ton histoire. Mais, là, ça n’a rien à voir. Parce que c’est mon histoire. Et que je ne m’y attendais pas. 7 www.frenchpdf.com PREMIÈRE PARTIE AVANT 8 www.frenchpdf.com 1. GEORGIE Moïse avait été trouvé dans un panier de linge sale, au Lavomatic, emmailloté dans une serviette, âgé de quelques heures à peine et à l’article de la mort. Une dame l’avait entendu pleurer et l’avait pris dans ses bras. Le serrant contre elle, elle s’était enveloppée avec lui dans son manteau en attendant les secours. Elle ignorait qui était la mère et si elle allait revenir. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’on ne voulait pas de lui, qu’il était en train de mourir et que, s’il n’était pas sous peu à l’hôpital, il serait trop tard. Ils l’avaient traité de « bébé crack ». C’est le nom qu’on donne aux bébés nés accros à la cocaïne parce que leurs mères se droguent pendant la grossesse. Les bébés crack sont souvent plus petits que les autres. Il paraît que c’est normal, pour des prématurés. Et puis il faut voir l’état de santé des toxicos quand elles accouchent. Ma mère dit que la cocaïne « altère les transmissions neurochimiques du cerveau ». Du coup, ils souffrent de « troubles d’hyperactivité avec déficit de l’attention et du contrôle de l’impulsivité » ou d’une « hypersensibilité maladive ». Certains font des crises d’épilepsie. D’autres ont des maladies mentales. D’autres encore ont des hallucinations. On pensait que Moïse aurait quelques-uns de ces problèmes. Peut-être même tous. Ils en avaient parlé au journal de vingt heures. C’était un super sujet, une histoire vraie, du vécu : un nouveau-né abandonné dans le Lavomatic miteux d’un quartier pourri de West Valley City. Maman dit qu’elle s’en souvient très bien : toutes ces photos pathétiques du bébé à l’hôpital, entre la vie et la mort, avec une sonde dans l’estomac et un petit bonnet bleu sur sa tête minuscule. La mère avait été retrouvée trois jours plus tard. Non que quelqu’un ait tenu à le lui rendre. Ils n’ont pas eu à le faire, d’ailleurs : elle était morte. Son décès – par overdose, apparemment – avait été constaté dès son arrivée à l’hôpital. Celui-là même où son bébé luttait pour survivre quelques étages plus haut. Elle aussi, on l’avait trouvée, mais pas au Lavomatic. Le soir même la coloc était arrêtée pour prostitution et détention de stupéfiants. Comptant sans doute s’attirer l’indulgence des flics, elle leur avait déballé tout ce qu’elle savait sur sa copine toxico et le bébé abandonné. L’autopsie du corps avait bel et bien révélé un accouchement récent. Et, plus tard, un test ADN avait confirmé que le bébé était effectivement le sien. Il en avait, de la chance ! Aux infos, il était « le bébé dans le panier » et le personnel de l’hôpital l’avait baptisé « le petit Moïse ». Mais le petit Moïse n’avait pas été trouvé par la fille de Pharaon comme le Moïse de la Bible. Il n’avait pas été élevé dans un palais. Il n’avait pas de sœur qui veillait sur lui, cachée dans les roseaux, pour s’assurer que son panier serait bien arraché aux flots du Nil. Il avait pourtant de la famille. D’après maman, tout le bled était en ébullition quand on avait découvert que la mère du petit Moïse était un peu une « fille du cru ». Une certaine Jennifer Wright, qui avait passé tous ses étés chez sa grand-mère, juste en face de chez nous. La grand- mère en question était toujours dans le coin. Les parents de Jennifer habitaient un village voisin. Et, bien qu’ils aient déménagé, beaucoup se souvenaient encore parfaitement de deux de ses frères et sœurs. Le petit Moïse n’était donc pas seul au monde, finalement. Non qu’aucun de ses proches ait voulu d’un bébé malade auquel on prédisait déjà toutes sortes de problèmes. Jennifer Wright leur avait brisé le cœur. Elle avait quitté une famille à bout et en miettes. C’est la drogue qui fait ça, d’après ma mère. Alors ce n’était pas vraiment étonnant qu’elle leur ait laissé un bébé crack sur les bras. C’était juste une fille normale quand elle était jeune, il paraît. Jolie, gentille, intelligente même. Mais pas assez pour résister à la méthamphétamine, à la coke et à tous les autres trucs auxquels elle deviendrait accro. J’imaginais Moïse, le bébé crack, avec une fêlure géante de la tête aux pieds, comme s’il avait « craqué » à la naissance. Comme si on l’avait cassé. Bon, je savais bien que ce n’était pas ce que « crack » signifiait. Mais je ne parvenais pas à me tirer l’image de la tête. C’est peut-être ça, cette fêlure, qui m’a attirée dès le début. Ma mère m’a dit que tout Levan avait suivi les aventures du petit Moïse Wright quand c’était arrivé, les gens scotchés aux infos, prétendant connaître les dessous de l’histoire, quitte à inventer ce qu’ils ignoraient rien que pour se faire mousser. Mais je n’ai jamais connu le petit Moïse, moi, parce que, trimballé entre les différents membres de la famille Wright, envoyé chez le voisin dès qu’il devenait trop ingérable, transféré chez un autre frère ou une autre sœur, qui le supportait un temps avant de forcer la main du suivant pour qu’il prenne le relais, le petit Moïse avait grandi pour devenir juste Moïse. Tout ça s’était passé avant ma naissance et, quand je l’ai finalement rencontré et que ma mère m’a raconté ses mésaventures pour m’aider à « le comprendre et à être gentille », c’était déjà du réchauffé : plus personne ne voulait en entendre parler. Les gens adorent les bébés. Même les bébés malades. 9 www.frenchpdf.com M ême les bébés crack. Mais les bébés deviennent des ados. Et personne ne veut d’un ado perturbé. Or, Moïse était perturbé. Quand j’ai rencontré Moïse, les ados perturbés n’avaient déjà plus aucun secret pour moi. Mes parents ont servi de famille d’accueil à un paquet d’ados perturbés. Du plus loin que je remonte dans ma mémoire, ils ont toujours accueilli des enfants placés. J’avais bien deux grandes sœurs et un grand frère, mais je n’avais pas encore six ans qu’ils avaient déjà quitté la uploads/Litterature/ amy-harmon-la-loi-du-coeur-frenchpdf.pdf

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