Cours d’analyse du roman/ S3 La Curée de Zola Partie 3 Explication complète de
Cours d’analyse du roman/ S3 La Curée de Zola Partie 3 Explication complète de différentes étapes de l’analyse d’un texte littéraire : 1) Première étape : la lecture attentive du passage : - Le 1er passage à analyser concerne les premières lignes de l’œuvre au programme. Il s’agit de ce qu’on appelle habituellement l’incipit. Il désigne « les premiers mots d’une œuvre musicale ou d’un texte littéraire ». - l’explication des mots difficiles pour bien comprendre le texte et ses visées. - NB. Vous trouverez dans la zone Commentaires (à droite de l’extrait) quelques remarques préliminaires qui vont nous aider à bien analyser le passage suivant: De « Au retour, dans l’encombrement des voitures qui rentraient (…)» jusqu’à « (…) d’un air parfaitement calme» (pp. 17/19) « Au retour, dans l’encombrement des voitures qui rentraient par le bord du lac, la calèche dut marcher au pas. Un moment, l’embarras devint tel, qu’il lui fallut même s’arrêter. Le soleil se couchait dans un ciel d’octobre, d’un gris clair, strié à l’horizon de minces nuages. Un dernier rayon, qui tombait des massifs lointains de la cascade, enfilait la chaussée, baignant d’une lumière rousse et pâlie la longue suite des voitures devenues immobiles. Les lueurs d’or, les éclairs vifs que jetaient les roues semblaient fixés le long des réchampis jaune paille de la calèche, dont les panneaux gros bleu reflétaient des coins du paysage environnant. Et, plus haut, en plein dans la clarté rousse qui les éclairait par- derrière, et qui faisait luire les boutons de cuivre de leurs capotes à demi pliées, 1 retombant du siège, le cocher et le valet de pied, avec leur livrée bleu sombre, leurs culottes mastic et leurs gilets rayés noir et jaune, se tenaient raides, graves et patients, comme des laquais de bonne maison qu’un embarras de voitures ne parvient pas à fâcher. Leurs chapeaux, ornés d’une cocarde noire, avaient une grande dignité. Seuls, les chevaux, un superbe attelage bai, soufflaient d’impatience. _ Tiens, dit Maxime, Laure d’Aurigny, là-bas, dans ce coupé… Vois donc, Renée. Renée se souleva légèrement, cligna les yeux, avec cette moue exquise que lui faisait faire la faiblesse de sa vue. _ Je la croyais en fuite, dit-elle… Elle a changé la couleur de ses cheveux, n’est-ce pas ? _ Oui, reprit Maxime en riant, son nouvel amant déteste le rouge. Renée, penchée en avant, la main appuyée sur la portière basse de la calèche, regardait, éveillée du rêve triste qui, depuis une heure, la tenait silencieuse, allongée au fond de la voiture, comme dans une chaise longue de convalescente. Elle portait, sur une robe de soie mauve, à tablier et à unique, garnie de larges volants plissés, un petit paletot de drap blanc, aux revers de velours mauve, qui lui donnait un grand air de crânerie. Ses étranges cheveux fauve pâle, dont la couleur rappelait celle du beurre fin, étaient à peine cachés par un mince chapeau orné d’une touffe de roses du Bengale. Elle continuait à cligner des yeux, avec sa mine de garçon impertinent, son front pur traversé d’une grande ride, sa bouche, dont la lèvre supérieure avançait, ainsi que celle des enfants boudeurs. Puis, comme elle voyait mal, elle prit son binocle, un binocle d’homme, à garniture d’écaille, et, le tenant à la main sans se le poser sur le nez, elle examina la grosse Laure d’Aurigny tout à son aise, d’un air parfaitement calme » 2 3 Cours d’analyse du roman, /S3 La Curée de Zola Partie cinq Après l’explication faite nous pouvons dégager les axes suivants (à titre indicatif ; c’est-à-dire vous pouvez lire et analyser le passage autrement. De ce fait, vous pouvez trouver d’autres axes et d’autres fils conducteurs. Les axes proposés : (à titre indicatif) ; 1- L’originalité de l’ouverture « in media res » ; (au milieu même du récit) 2- Les indices spatio-temporels ; 3- Premier portrait du personnage ; (surtout Renée : dégager quelques caractéristiques de la description naturaliste chez Zola) Rédaction proposée de quelques paragraphes de l’analyse du passage: (avec des commentaires (à droite de notre texte) qui indiquent les différentes étapes de la démarche méthodique adoptée) La Curée est le 2e roman du cycle des Rougon-Macquart de l’écrivain français Emile Zola (1840-1902). Il se présente à la fois comme une véritable description de la société française sous le Second Empire (1852-1870) et une critique sévère des nouvelles valeurs qui mettent en scène : l’argent, la chair, l’hypocrisie sociale, etc. Le passage en question, vu comme une scène d’ouverture et d’exposition, fonctionne comme une entrée ‘in medias res’. Notre étude analytique essaiera de montrer les formes d’originalité du texte en 4 question. Dans ce cadre, nous examinerons les différentes fonctions de ce début immédiat, ensuite nous analyserons les indices spatio-temporels, pour finir par une étude de quelques caractéristiques du premier portrait de Renée qui s’inscrit dans le cadre de l’écriture naturaliste d’Emile Zola. Tout d’abord, une impression d’une entrée in medias res s’installe. En effet, nous assistons à une feinte de transgresser les protocoles d’ouverture réaliste et naturaliste dans le premier paragraphe. Au fait, les quatre premières lignes nous placent subitement en plein Bois de Boulogne aux alentours de Paris devant une calèche anonyme. Cette entrée déroutante s’expliquerait par le fait que La Curée est le deuxième roman des Rougon-Macquart après La Fortune des Rougon. Nous sommes donc censé avoir préalablement les éléments nécessaires pour aborder le roman. Il s’avère effectivement que le texte revient très vite vers les fondamentaux de l’ouverture classique (Balzac, Flaubert). L’ « automne », « octobre », « l’après-midi » indiquent précisément le cadre temporel. Parallèlement, « la chaussée », « les voitures », « les promeneurs » … définissent le caractère citadin du roman qui sera amplement bourgeois et parisien. C’est de cette sorte que se construit une esquisse de la mondanité parisienne. Ce microcosme du Bois de Boulogne renvoie métonymiquement à un Paris comme un lieu pour réalisation de tous les rêves. C’est la tentation sociologique du naturalisme qui s’affiche clairement ici. La mondanité trouve également son écho dans le dialogue entre Renée et Maxime à propos de Laure d’Aurigny. Cette conversation se caractérise par la platitude des propos et du motif. On évoque le nouvel amant, la couleur des cheveux et la grosseur de la demi-mondaine entretenue (Laure d’Aurigny). 5 Pour bien ancrer le roman dans son environnement d’ailleurs bien décrit, le narrateur a bien cité les lieux : « le lac », « la cascade », « la chaussée », « les Bois ». Ce dernier lieu fait référence au Bois de Boulogne qui fut aménagé en promenade en 1858. Les dates précises sont absentes, cependant nous pouvons évidemment remarquer l’indication de quelques indices temporels comme : « octobre », « le coucher du soleil ». Il est à noter que toutes ces indications expriment l’idée de la fin (fin d’année, fin de journée « le dernier rayon ») dès les premières lignes du roman. (Exercice : rédigez la suite de cet axe : deux autres paragraphes) Une fois le cadre spatio-temporel du roman mondain est installé, l’aspect bourgeois est également dévoilé. En fait, les expressions (les mots et expressions soulignés en jaune dans le texte) formant un champ lexical de l’argent et de l’or qui se succèdent tout au long du passage. Ainsi, les expressions telles que : « lueurs d’or », « jaune », « luire », « ornés », « orné », envahissent la totalité du texte et annoncent déjà l’un des thèmes majeurs du roman. En effet, on peut aisément remarquer que La Curée en tant que roman de la ville a pour thème majeur l’argent (l’or), l’ascension sociale et l’amour tragique (interdit). Comme nous l’avons déjà souligné, le passage en question est considéré comme étant une scène d’exposition et de présentation des indices spatio- temporels, des thèmes majeurs et des personnages principaux. En effet, le narrateur brosse un tout premier portrait de Renée. Au fait, tous les traits évoqués de son caractère physique ou moral seront confirmés tout au long de ce roman. Il s’agit d’une personne rêveuse comme l’indique l’expression « éveillée du rêve triste ». Ce qui est frappant dans ce premier portrait de Renée qui commence sous le signe de la tristesse vague et de la faiblesse physique et morale : « faiblesse de 6 vue », « chaise longue de convalescente », « silencieuse », etc., c’est que Renée a le pouvoir ‘magique’ de transformer les défauts en charme quand elle fait de la « faiblesse physique » une « moue exquise ». Cette tendance à se transformer voire à se métamorphoser chez Renée s’affiche dans son caractère quasi- masculin : « binocle d’homme », « garçon impertinent », etc. (Devoir : continuez la rédaction de cet axe ensuite proposez une conclusion à cette analyse) 7 Cours d’analyse du roman/ S3 Le passage « Cette folle de Renée (…) » (Suite) I- Les axes proposés : (à titre indicatif : vous pouvez trouver une autre manière d’analyser le texte tout en uploads/Litterature/ analyse-roman-356789.pdf
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- Publié le Jan 02, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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