2 3 TRENTE-SIX DEGRES 4 Du même auteur : La Symphonie Mozart, Edilivre, Paris,
2 3 TRENTE-SIX DEGRES 4 Du même auteur : La Symphonie Mozart, Edilivre, Paris, 2011. 5 André Ngoah TRENTE-SIX DEGRES Editions Soleil 6 ©André Ngoah et Joel Nya (le guitariste) en lecture-spectacle chez lui, Juin 2016. 7 André Ngoah Éditions Soleil editionssoleil@yahoo.com Tel : (+237) 697 39 16 20 Toute reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par le code de la propriété intellectuelle. 8 9 La poésie est le miroir brouillé de notre société. Et chaque poète souffle sur ce miroir : son haleine différemment l’embue. Louis Aragon, Chronique du bel Canto 10 EN QUELQUES MOTS « La poésie, pour moi, est comme une arme de destruction massive. Je me sers d’elle pour me défendre et pour cracher la vérité à tous ceux qui ne veulent pas voir la réalité en face… Ce recueil de poèmes a pour principal objectif de faire comprendre à tous les amateurs d’écriture que la poésie peut être faite par n’importe qui. Du moment où nous avons nos mots à dire en toute sincérité, nous commençons déjà à comprendre ses mystères. Le titre de ce livre a été choisi avec une méthode quasiment surréaliste qui n’a rien à voir avec la multitude des thèmes exposés ». André Ngoah 11 À Mamita et à Ingrid… sans t’oublier toi aussi mon cher frère et ami Essama Ela Gilbert Petis. 12 EN GUISE DE PREFACE Cher André, Tout d’abord, je te remercie de m’avoir amicalement associé à cet exercice ludique en publiant directement sur ma page cette invite d’un autre genre. Je suis ravi, pour ma part, d’avoir prêté à ce jeu, à quoi tu m’as convié, une attention des plus particulières. J’ai en effet découvert la contrée de l’évasion, en ces lieux discursifs, dont les traits cartographiques ont pris nettement forme sur la toison de cette échappée poétique hautement brillante. C’est très peu dire que de dire que ce voyage lyrique me fut quantitativement et qualitativement plaisant ; pour moi qui, étrangement, avais embarqué la navette spatiale pour cette randonnée lunaire comme un passager clandestin… J’ai ainsi adoré scruter ces lignes majestueuses dans leurs courbures biscornues, leurs tournures épicées et dans les sens impérissables d’où elles tirent sans complexe leur précieux nectar. Ces lignes prennent des hauteurs titanesques et gargantuesques, comme l’obélisque que forgèrent autrefois des architectes trop éclairés pour leurs temps. Je me suis ainsi laissé border par une poésie saisissante dont la force des images qu’elle renvoie a fait détoner mes émotions comme des petits feux d’artifice de grandes fêtes foraines. De manière inéluctable, 13 m’engluant à perte de vue dans les trajectoires bigarrées où ces lignes m’ont déporté, j’ai été pénétré, il me semble, par la mystique de ce romantisme sans déchet. Une sorte de fée m’y a fougueusement damné. Comme les sorciers antiques d’essence pure sur le territoire du Dahomey, trois textes précisément pratiquent le vodou : « Que veux-tu que je fasse », « Le marchand de la vergogne et la femme », « Elle ». Mais alors que je croyais la magie à son dernier seuil paroxysmique dans un horizon quasi indépassable, un autre texte me fit sortir de cette naïveté ronronnante : « Le photographe et la belle ». La sorcellerie qu’il opère en moi met tout mon entendement en péril… On dirait que chaque strophe qu’il contient forme un puissant rite impénétrable. A la lecture de cette Odyssée de la beauté féminine, on est forcément totémisé, transfiguré par une réalité de plus en plus esthétisante. Sorte d’œuvre initiatique pour virtuose accomplie, il parle tant mais, curieusement, sans mot dire. Et l’extase qu’il respire en sol majeur remplit une fonction cathartique dans le cœur… O quels délices indicibles, ce texte splendide !!! Serge Armand Mbienkeu 14 15 BAMENDA SONG Bamenda chante une chanson Triste et mauvaise depuis quelques jours Cette chanson se joue avec des larmes et du sang Pour des raisons idiotes Et les autochtones font une danse macabre Pour l’accompagner vers l’enfer Et pourtant cette mélodie Ne nous fera jamais oublier Que nous sommes camerounais Et fiers de l’être malgré ces malentendus Bamenda chante une chanson Triste et mauvaise depuis quelques jours Cette chanson se joue avec des notes de violence Et de rage qui n’ont plus leur place dans notre beau pays Nous avons peur pour nos enfants Nous avons peur pour nos familles La belle ville meurt petit à petit La colère a atteint son comble Elle gronde partout et se laisse manipuler Et récupérer politiquement par des irresponsables Bamenda chante une chanson Triste et mauvaise depuis quelques jours Dans tous les coins de la rue 16 La meute des vandales fait sa loi Elle se mélange avec la honte et l’incivisme La république est insultée La république est méprisée Et pourtant ce cauchemar devrait s’arrêter L’unité et la paix sont une priorité Bamenda chante une chanson Triste et mauvaise Dans les mairies et les commissariats Ça brûle de tous les côtés Les négociations n’aboutissent pas Elles deviennent froides et muettes La meute continue sa haine Alors que nous sommes tous camerounais Et fiers de l’être depuis des générations Bamenda chante une chanson Triste et mauvaise Loin des revendications Et des grèves légitimes Qui n’ont rien à voir avec le fédéralisme Les vautours et les hyènes Veulent dévorer la carcasse de notre histoire Mais le Cameroun notre beau pays Restera uni et à jamais Malgré ce malentendu 17 JE RESPIRE… (ET JE T’ATTENDS PRES DE MON OMBRE) Je respire les mots Que je ne saurais pas Te dire sous les sensations Je respire les phrases Que tu aimerais tant Que je te dise au creux de ton oreille Mais hélas je suis si timide Que je tremble comme une feuille morte Quand je suis près de toi Je respire les rêves Les images du bonheur Que le peintre dessine sur sa toile Et je te vois comme l’éclat d’un cristal J’ai pourtant couru dans le temps J’ai pourtant couru dans le silence J’ai pourtant couru pour te rattraper dans l’instant Mais tu es partie si vite que je me suis perdu Entre les carrefours de l’oubli Je respire les frissons Et même les tempêtes Qui me font chavirer sur les océans 18 Je respire le parfum de ta beauté Je respire ton sourire depuis les rayons du jour Et même tes caresses Qui me rendent fou de toi Ne m’en veux pas si quelquefois Je suis (si) bavard Ne m’en veux pas si quelquefois Je n’arrive pas à t’embrasser Tu es tellement belle Que je ne sais plus qui je suis Je respire les mélodies du jazz Je respire les flammes de la pluie Je respire… Et je t’attends près de mon ombre 19 ELLE Elle danse seule sous la nuit Sous la lueur des étoiles Sur la prairie de mon regard Sur le gazon qui se nourrit de ses secrets Sa peau vibre sous le rythme des planètes Ses cheveux s’abandonnent aux vents Et moi j’aime cette façon De faire Elle danse seule sous la nuit Sous la lueur des étoiles Et elle chante avec les anges Et toujours rayonnante comme la clarté du jour Je la dévore des yeux Tous les mystères de sa liberté S’enchaînent dans chaque vibration qu’elle crée En une flamme d’admiration Et moi j’aime cette façon De faire Sous la musique qui percute les tympans Sous le mélange du jazz Du blues et du tango Comme une bête elle se déchaîne 20 Sa robe de satin vole Et ses escarpins jaillissent en acoustique Et moi j’aime cette façon De faire 21 LES OMBRES DU PASSE À Kwendjassi Jean Les ombres du passé Me suivent partout là où je vais Et nulle part je ne peux leur échapper Que me reste-t-il donc à faire Si ce n’est que fuir mon propre Cœur qui saigne à laisser Suinter chaque goutte de poème Qui déborde le vase De mon existence Moi aussi je voudrais danser Au rythme tropical au rythme du soleil En hélant le nom propre de l’espoir Pour l’inscrire dans chaque feuille Que mes nuits ont ouverte Avec la clé des fortuites Et aussi dans chaque rictus Qui ont cerné le souffle de mon ombre Je réclame ma souffrance et la certitude Que demain moi aussi je serai L’unique triomphe qui bannira ma peine Parce que… 22 Les ombres du passé Me suivent partout là où je vais Et nulle part je ne peux leur échapper 23 MA LIBERTE DE DIRE ET DE PENSER On veut me couper La langue parce que Je ne sais pas comment taire Ce qui m’accable À l’intérieur de mon être prisonnier Dans un continent Qui se vautre dans le mensonge Alors faudra-t-il paraître lâche Ou bien fuir sans raison Avec le ventre des peuples Aux mains couvertes de sang Ou encore faudra-t-il Que les fidèles citoyens de ce pays Soient métamorphosés En squelette par la redoutable disette Non Je ne pense pas Que l’on me coupera Comme ces pains de la république Que Marianne uploads/Litterature/ andre-ngoah-e-book-360.pdf
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- Publié le Fev 17, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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