Antigone Pièce de théâtre contemporain Jean Anouilh, XXème siècle (1910-1987),

Antigone Pièce de théâtre contemporain Jean Anouilh, XXème siècle (1910-1987), Français Paris, 1 ère représentation sur scène le 4 février 1944, pendant l’Occupation allemande Thématique : Art, Ruptures et Continuités Domaine : Art du visuel Biographie Jean Anouilh est un dramaturge français né en 1910 à Bordeaux. T rès tôt, il découvre la passion pour le théâtre dans les coulisses des casinos où travaillait sa mère -Molière, Marivaux et Musset. Il a des nombreux métiers: secrétaire, employée dans une agence de publicité et à partir de 1932 il se dédie au travail d'écrivain (Hermine). Quand la Seconde Guerre éclate en France, il ne s'engage ni dans la Résistance, ni dans la collaboration. Son œuvre théâtrale est contrastante parce qu'il écrit des nombreuses comédies, mais aussi des tragédies qui présentent le destin tragique d'un "héros" qui prend une dimension ordinaire. Il meurt en 1987. Identification Antigone est d’abord une tragédie grecque de Sophocle écrite vers 441av JC, inspirée elle-même d’un mythe grec. Elle appartient au cycle des pièces thébaines avec Œdipe-Roi et Œdipe à Colone, décrivant le sort tragique d’Œdipe et de ses descendants. Contexte historique L'Occupation allemande de la France commence avec l'armistice du 22 juin 1940 et s'achève avec la Libération du territoire en août 1944. La France, d'abord divisée en deux zones, la zone occupée au Nord et la zone dite « libre » au Sud, qui est sous l'autorité du régime collaborationniste de Vichy, se trouve de fait soumise à l'Allemagne nazie durant cette période. Des nombreux français qui s’opposent au régime de Vichy décident de suivre le général de Gaulle et forment un grand groupe qui s’appelle « la Résistance ». Les deux personnages principaux, Créon et Antigone, symbolisent le régime de Vichy (le maréchal Pétain) et la Résistance. Résumé Antigone est la fille de Jocaste et Œdipe, le roi et la reine de Thèbes. Après la découverte de l’inceste, Jocaste se pend et Œdipe crève ses yeux et part avec Antigone à Colone. A Thèbes, il reste Polynice et Etéocle, les deux fils de Œdipe qui doivent régner chacun à son tour. Suite à un conflit, les deux frères s’entretuent et leur oncle, qui devient le roi de Thèbes, décident d’enterrer Etéocle et de laisser Polynice sans sépulture. Antigone, arrivée à Thèbes, est complétement en désaccord avec son oncle et, agissant au nom des lois divines, préfère affronter la mort pour accomplir les rites funéraires. Ismène, sa sœur, tente de la dissuader de s’opposer au pouvoir mais en vain : Antigone enterre le corps de Polynice au prix de sa vie. I. Les ressemblances avec le mythe antique Par rapport à l’histoire : Comme le résumé l’a dit, l’histoire n’a pas été beaucoup changée : le mythe est repris, l’intrigue est la même, les faits et les circonstances lui sont fidèles, sauf quelques innovations qu’on va aborder dans la deuxième partie. Comme dans chaque pièce de théâtre, le récit commence par la scène d’exposition dans laquelle on donne des informations sur le cadre spatio-temporel, les personnages et l’intrigue. C’est à ce moment-ci où le spectateur connaît d’avance la fin, la fatalité réglée par une logique implacable : il est « tranquille », il n’y a pas d’espoir possible, pas de hasard. De plus, pour le rôle du Prologue, ANOUILH garde le chœur qu’il utilisera tout au long de l’histoire. Donc, la question qu’on se pose c’est « Comment arriver à cette fin ? » Au milieu de la pièce, le nœud, se trouve le dialogue argumenté, l’affrontement des deux personnages principales Antigone et Créon. Le spectateur se pose la question d’un dénouement heureux si Créon sauve Antigone ou d’un dénouement tragique s’il ne réussit pas. Par rapport à la langue : T out au long de l’histoire, certains vers sont repris de chez Sophocle (ex. Ô tombeau, ô lit nuptial !), vers qui rend la majesté héroïque de cette pièce. De même, ces répliques montrent le vocabulaire soutenu d’Antigone, l’héroïne tragique, par rapport à celui de la garde, de la nourrice ou d’Hémon qui ont des préoccupations triviales en langage prosaïque. Par rapport au genre et registre: ANOUILH choisit de ne pas tout changer sur la forme de sa pièce et il garde encore des règles précises qu'on retrouve chez Sophocle. Le respect de la règle de bienséance car il n'y a pas de violence, de sang sur scène: les meurtres se passent dans les coulisses et sont racontés par un témoin (le messager) Le respect de la règle des 3 unités: temps: l'histoire commence le matin et s'achève vers 5 heures de l'après-midi lieu: l'action se passe à Thèbes, dans le palais royal action: l'histoire présente une seule intrigue: Antigone brave la loi pour enterrer son frère Il met en scène des personnages historiques nobles (la famille des Labdacides) qui ont un rôle politique. Il fait alterner les deux registres qui apparaissent dans toutes les tragédies : le registre pathétique et le registre tragique qui sont en général suscités par Antigone. Dans le premier cas, il inspire la pitié devant l’intensité du malheur qui frappe les êtres : au début, Antigone est présentée comme un enfant fragile qui ne peut se confier à personne (ex. la scène de quiproquo avec la nourrice où Antigone n’est pas comprise par la nourrice qui pense qu’elle vient de se voir avec son amoureux « Nourrice : T u as un amoureux ? » et « Antigone : Oui, nourrice, oui, le pauvre. J’ai un amoureux ! ») . Après, on la voit sensible à la vie, à la nature, à la beauté. Par contre, comme son âge la montre, elle a des doutes par rapport à cette situation : elle se préserve d’Hémon pour garder sa force « S’il te plaît, pars, Hémon. C’est tout ce que tu peux faire encore pour moi, si tu m’aimes ». De l’autre côté, Antigone suscite la terreur par le caractère d’une femme forte : elle est prête à renoncer à la vie parce qu’elle connaît son destin et veut accomplir cette fatalité. Dans la scène de quiproquo avec la nourrice, la gravité de la situation est immense : l’héroïsme de l’acte accompli par rapport à ce que la nourrice l’accuse présente une grande différence. Dans le dialogue avec Hémon, elle aimerait bien devenir mère, le spectateur la voit comme une mère protectrice, mais elle est aussi déterminée de se suicider si Hémon ne l’écoute pas => chantage. II. Les innovations : Par rapport à l’histoire Anouilh choisit de changer la composition de la pièce car il ajoute des scènes (ex. Antigone et Hémon ou Antigone et les gardes), il enlève des personnages (ex. Tirésias) tout ça pour présenter les personnages avec le plus de détails. Il présente aussi la pièce dans une atmosphère intemporelle : le décor est neutre, comme les costumes ; la pièce n’est ancrée ni dans la réalité, ni dans la modernité : elle se pose comme vraie de tout temps. L’actualisation se perçoit aussi dans la représentation des personnages qui sont perçus dans leur intimité (attitudes banales comme la reine qui tricote, vie privée des gardes => une rupture de bienséance) Par rapport à la langue En ce qui concerne la langue, elle semble être totalement modifiée : le texte n’est plus en vers, mais en prose. Le vocabulaire employé est la plupart du temps courant, voire familier à l’exception des tirades d’Antigone. Anouilh utilise aussi des anachronismes pour rendre les personnages plus proches de nous, plus humains (ex. jeu de carte, chewing-gum) Par rapport au genre et registre Cette pièce de théâtre se base sur le mélange des registres tragique et comique qui modifie complétement le sens de cette œuvre : la tragédie d’Anouilh n’offre plus aucune référence religieuse, elle est totalement désacralisée. Antigone ne va plus mourir au nom des lois divines, elle va mourir… pourquoi ? Cette question sera expliquée dans le dialogue entre Créon et Antigone où le problème se pose sur les deux visions du pouvoir et les deux visions du bonheur. Pour Créon, le pouvoir est une tâche à accepter et il est prêt à faire des compromis même avec soi-même. Il représente un personnage réaliste et pragmatique. Par contre, Antigone préfère dire non à ce pouvoir ; c’est le refus de compromis, au nom d’une liberté d’agir selon ses convictions « sans chercher comprendre ». Elle représente le personnage idéaliste. C’est à ce moment-ci où le spectateur comprendre le lien entre le contexte historique et la pièce : Antigone (la Résistance) refuse d’obéir à des lois injustes (régime de Vichy). La deuxième version, celle du bonheur, représente un changement dans l’histoire : Antigone, qui a été presque convaincue par Créon après l’histoire du pouvoir, elle revient de nouveau à ses idées quand Créon prononce le mot « bonheur ». Pour Créon, le bonheur est représenté par les choses simples, banales, quotidiennes (ex. enfant, banc, outils= « travail, famille, patrie » de Pétain). Pour Antigone, la définition du bonheur est différente : amour absolu, sans compromis, sans la médiocrité du uploads/Litterature/ antigone 2 .pdf

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