LES TERMES TECHNIQUES D’EUSTATHE DANS SON COMMENTAIRE AU CHANT VI DE L’ILIADE :
LES TERMES TECHNIQUES D’EUSTATHE DANS SON COMMENTAIRE AU CHANT VI DE L’ILIADE : QUELQUES REMARQUES SUR LA TRADUCTION DES TERMES TECHNIQUES CHEZ EUSTATHE. Georgia Kolovou ABSTRACT Eustathius of Thessalonica, the Byzantine commentator of the 12th century, wrote his Parekbolai on Homer, frequently incorporating technical terms in his commentary. His work can be considered as an anthology of extracts from commentaries on Homer, where we also see a kind of anthology of different dialects. The linguistic basis of his commentary is the Attic language of the 12th century, but obviously this language is adapted to the particularity of his commentary where Eustathius adds quotes, names, passages written in different dialects: Ionian, Aeolian, Dorian, Attic, and where he also uses term, elements, synonyms and antonyms from the common language of his time. In this linguistic framework of his commentary, the technical terms play an important role.The objective of this work is to make "a lexicon" of these terms attested in his commentary on the book VI of the Iliad and to make some remarks on their translation. The attempt to translate these terms could facilitate the reading and understanding of his grammatical-philological work based on a choice of extracts compiled from different comments on Homer. Keywords : Eustathius of Thessalonica, 12th century, Homer, book VI of the Iliad. RESUME Eustathe de Thessalonique, le commentateur byzantin du XIIème siècle, écrit ses Parekbolai sur Homère en intégrant fréquemment des termes techniques dans son commentaire. Son œuvre peut être considérée comme une anthologie des extraits de commentaires sur Homère où on voit également une sorte d’anthologie de différents dialectes. La base linguistique de son commentaire est la langue atticisante du XIIème siècle, mais évidemment cette langue est adaptée à la particularité de son commentaire où Eustathe ajoute des citations, des noms, des passages écrits aux dialectes : ionien, éolien, dorien, attique, et où il utilise également des termes, des éléments, des synonymes et des antonymes de la langue commune de son époque. Dans ce cadre linguistique de son commentaire, les termes techniques jouent un rôle important. L’objectif de ce travail est de faire « un petit lexique » de ces termes attestés dans son commentaire au chant VI de l’Iliade et de faire quelques remarques sur la traduction. Cette tentative de traduire ces termes pourrait faciliter la lecture et la compréhension de son œuvre grammatical et philologique reposant sur un choix d’extraits compilés de commentaires sur Homère. Mots-clés : Eustathe de Thessalonique, XIIème siècle, Homère, chant VI de l’Iliade. Eustathe de Thessalonique, le commentateur byzantin du XIIème siècle1, écrit les Parekbolai sur Homère. D’après le dictionnaire de Liddell-Scott-Jones,2 le verbe παρεκβάλλω au sens littéral signifie : «throw out at the side» et en s’appuyant sur cette explication on propose la traduction : « jeter à côté ». Evidemment, il s’agit d’un sens très proche de l’interprétation étymologique du terme : παρὰ + ἐκ + βάλλω «jeter à côté ou mettre à côté ». Mais selon le dictionnaire, ce mot a aussi un sens figuré, et en particulier, il s’agit de la compilation d’un ensemble de remarques critiques. Le terme au pluriel, c’est à dire παρεκβολαί, indique une suite de notices qui forment une sorte de commentaire suivi et continu sur un même texte. C’est exactement le nom qui désigne le type particulier des deux Commentaires d’Eustathe sur Homère. D’après A. Kambylis3, ces deux significations : « extrait» et « commentaire» sont intimement liées l’une à l’autre et nous donnent évidemment la clé pour comprendre les deux réalités principales auxquelles se réfèrent les Parekbolai d’Eustathe. Dans son œuvre, il analyse et explique le texte homérique en s’appuyant sur les recueils de scholies anciennes sur Homère et il enrichit constamment ces scholies, qui constituent son point de départ, avec des extraits, des citations ou des notes d’autres auteurs, comme des poètes, des lexicographes, des grammairiens, des historiens, des géographes, des rhéteurs et des philosophes, de même qu’avec des remarques personnelles. Il s’agit de remarques qui soit prolongent, clarifient et expliquent les scholies anciennes de même que les extraits ou les citations des autres auteurs, soit paraphrasent le texte homérique. Ces remarques d’Eustathe ont une nature différente, il n’y a pas de lien étroit entre elles et il est possible qu’elles n’aient pas de rapport direct avec le texte d’Homère. Autrement dit, il s’agit d’un choix et d’une compilation d’extraits de commentaires sur Homère qui constituent une sorte d’anthologie et servent aussi à créer un nouveau commentaire autonome et indépendant sur le texte homérique. 1Sur la vie d’Eustathe de Thessalonique, voir les études suivantes: Nous les citons en suivant un ordre alphabétique:Angold (1995); Bonnis (1953); Browning (1995); Cohn (1907); Karpozilos (2009), Kazhdan (1984 ;1991); Kukules (1950); Kyriakidis (1961); Laurent (1967);Magdalino (1993;1996); Odorico (2005);(Schönauer (2004); Smith (1867); Wirth, (1960 ; 1980). 2 παρεκβάλλω I ) throw out at the side, Sch. E. Hipp., 237, II) extract and compile the remarks of others Eust. 3.1; παρεκβολή I) digression, Iamb.Bab.8. II) compilation of a set of critical remarks, as those of Eust. on Homer, Pindar and Dionysius Periegeta, LIDELL-SCOTT-JONES, A Greek-English Lexicon, Oxford at the Clarendon Press, 1968 ( p.1334). 3 Kambylis (1991) (p. 16, note 35). Par conséquent dans son commentaire sur l’Iliade, on voit également une sorte d’ «anthologie» de différents dialectes. La base linguistique de son commentaire est la langue atticisante du XIIème siècle1, mais évidemment cette langue est adaptée à la particularité de son commentaire où Eustathe ajoute des citations, des noms, des passages écrits aux dialectes : ionien, éolien, dorien, attique, et où il utilise également des termes et des éléments de la langue commune de son époque. Tout d’abord, Eustathe de Thessalonique suit la technique de son époque : il écrit en langue atticisante, mais son vocabulaire, la morphologie, et la syntaxe de son discours renvoient fréquemment aux modèles classiques de la langue grecque2, comme le montre aussi H. Hunger (: 1963) dans son article «On the Imitation (Μίμησις) of Antiquity in Byzantine Literature»3 où il développe la théorie de l’imitation des modèles antiques dans la littérature byzantine. Eustathe écrit donc son commentaire dans une langue qui imite les modèles classiques, et à côté de cette imitation se développe progressivement l’atticisme linguistique. Autrement dit, la langue atticisante du XIIème siècle ne constitue pas une imitation absolue des modèles classiques, mais il s’agit d’une sorte d’évolution de la langue grecque, ou bien d’une nouvelle analyse de la langue, comme le dit aussi de son côté P. Wirth4 (:1976) dans son article sur la situation linguistique au 12ème siècle et sur la renaissance de l’atticisme à cette époque. Par ailleurs, Eustathe lui-même caractérise dans les Opuscula5 ceux qui écrivent en langue atticisante à son époque comme des personnes qui aiment la nouveauté et connaissent bien la beauté de l’éloquence: «Ἀττικοῖς ἀνδράσι τὸ τοιοῦτον φίλτατον, οἷς ἐπίσημον τὸ φιλόκαινον, ταὐτὸν δὲ φάναι, ἀνθρώποις διεξεσμένοις εἰς κάλλος λογιότητος (…)». Dans ce cadre linguistique, Eustathe ajoute fréquemment dans son commentaire des termes techniques pour expliquer le texte homérique à ses élèves du XIIème siècle. 1 Triantafillidis (1937), p. 1-21; Tripanis (1984), p. 7-26 ; 40-44 ; Hedberg (1935) ; Hedberg ( 1946), p.208-218 ; Wirth (1976),p.3-54. 2 Browning (1989), p. 103 ; 119. 3 Hunger (1963) p.70 :17-38. 4 Wirth (1976), p. 24. 5 Eust., Opusc., 202, 87-90. L’objectif de cet article est de faire « un lexique » des termes techniques attestés dans le commentaire d’Eustathe de Thessalonique au chant VI de l’Iliade1 et de proposer une traduction de ces termes dans le contexte de son œuvre grammatical et philologique. Nous avons isolé ces termes, et nous les présentons en ordre alphabétique dans la liste ci- après. Les critères de notre sélection sont les suivants : i) la fréquence, ii) la constance de ces termes dans l’ensemble du commentaire, et iii) le même usage que ces termes présentent dans l’œuvre. Il nous faut signaler que quelques termes techniques qui se répètent dans le commentaire posent fréquemment des problèmes de traduction. Dans la plupart des cas, nous les traduisons d’une manière précise et littérale car nous estimons qu’Eustathe comprend et tente d’interpréter Homère dans son ensemble d’une manière littérale et précise. Toutefois, pour montrer le sens exact des termes techniques qui posent des difficultés, il est indispensable parfois de traduire par une périphrase. A titre indicatif, nous citons quelques mots tirés de la liste suivante pour indiquer les difficultés de traduction et les propositions que nous faisons. En fait, le terme « πολυωνυμία » qu’on trouve fréquemment dans l’ensemble du commentaire et qui est attesté aussi dans le commentaire du chant VI ne peut pas être traduit avec un seul mot, comme « polyonymie» ; c’est la raison pour laquelle nous avons proposé la traduction du terme par une périphrase «en fonction de la diversité du vocabulaire ». De manière analogue, le terme « ὀνοματοποιῒα » dans le texte d’Eustathe ne peut pas être traduit constamment comme «onomatopée » car Eustathe conçoit et traite le mot dans la plupart des cas d’une manière littérale selon l’étymologie du terme «ὄνομα+ ποιῶ uploads/Litterature/ article-termes-techniques.pdf
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- Publié le Dec 22, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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