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Licence accordée à Rémy Bernabeu bernabeubond@gmail.com - ip:82.228.180.173 Licence accordée à Rémy Bernabeu bernabeubond@gmail.com - ip:82.228.180.173 Licence accordée à Rémy Bernabeu bernabeubond@gmail.com - ip:82.228.180.173 Licence accordée à Rémy Bernabeu bernabeubond@gmail.com - ip:82.228.180.173 SOMMAIRE NARTHEX Alain Santacreu : En-tête du Cœur. 9 NEF Edouard Glotin, s.j. : Le kérygme du Cœur de Jésus. 19 Mgr Robert Le Gall : Les psaumes au cœur des Écritures. 35 TRANSEPT Michel Fromaget : Le combat spirituel in hora mortis. 47 Guillemette Cadel : Présence de Maurice Zundel. 63 CROISÉE Jean-Marie Mathieu : Le Cœur nommé de gloire. 79 CHŒUR Jean Borella : « Je suis l’Immaculée Conception ». 91 Bruno Bérard : Jean Borella : distinguer entre intelligence et raison. 105 Bruno Bérard : René Guénon, l’ésotérisme et le christianisme. 125 Alain Santacreu : La gnose du Nom nouveau. 137 ABSIDE Père Félix Anizan : Appel aux écrivains et aux artistes. 165 DÉAMBULATOIRE Gwen Garnier-Duguy : « Au commencement est le cœur ». 171 Présentation des auteurs 173 Licence accordée à Rémy Bernabeu bernabeubond@gmail.com - ip:82.228.180.173 Licence accordée à Rémy Bernabeu bernabeubond@gmail.com - ip:82.228.180.173 NARTHEX Licence accordée à Rémy Bernabeu bernabeubond@gmail.com - ip:82.228.180.173 Licence accordée à Rémy Bernabeu bernabeubond@gmail.com - ip:82.228.180.173 9 EN-TÊTE DU CŒUR par Alain Santacreu In Principio et in Cordia. Au commencement est le Cœur et le Cœur est le Verbe ; car le Cœur est l’analogue du Verbe, et la foi qui cherche l’intelligence rencontre le Sacré-Cœur. Aucun intellectua- lisme ne pourra jamais appréhender l’intention anselmienne de la fides quaerens intellectum1, il faut passer par l’Amour et le Sacré-Cœur est le passage obligé de la connaissance chrétienne : le Dieu de l’intelligence est aussi le Dieu de la foi. L’Égypte, qui figurait le cœur sous la forme d’un vase, considérait le cœur comme le siège de l’âme. Platon rejeta cette conception, d’où cette intéressante remarque de saint Jérôme : « Les naturalistes demandent où réside particulièrement l’âme ; Platon prétend que c’est dans le cerveau, et Jésus-Christ nous apprend, lui, que c’est dans le cœur »2. Sagesse du cœur, sagesse de la tête, ainsi que les deux arbres du Paradis : l’arbre de la Vie et l’arbre du bien et du mal. Tête, en hébreu, se dit Rosh. C’est sur cette racine qu’est formé Béreschit, le premier mot de la Bible. Ainsi, Béreschit ne signifie pas seulement « Au commencement », « Dans le Principe », mais encore, selon la traduction d’André Chouraqui : « En-tête ». Dans la tradition hébraïque, le mot « cœur » (leb, en hébreu) est plus l’organe de l’intelligence et de la pensée que celui de 1 Anselme de Canterbury [ou Cantorbéry], 1033-1109, dans ses ouvrages Proslogion et Monologion, a montré, sur la question de Dieu, ce que peut signifier l’effort de la foi qui cherche à comprendre (fides quaerens intellectum). 2 S. Jérôme, Explication du cérémonial de l’Ancienne Loi. Traduct. A. Martin, édition de 1854, p. 57 (cité par Louis Charbonneau-Lassay in Le Bestiaire du Christ, Archè- Milano, 1994, p. 95). On rappellera qu’Étienne, dans les Actes des apôtres (7, 22), retraçant l’histoire d’Israël, affirme que Moïse, jusqu’à ses quarante ans, fut formé à toute la sagesse des Égyptiens. Licence accordée à Rémy Bernabeu bernabeubond@gmail.com - ip:82.228.180.173 10 l’affectivité et du sentiment. C’est ainsi que dans son épître aux Romains, Schaoul (au surnom romain, Paulus, « le petit »), précisément parce qu’il pense en hébreu même s’il écrit en grec, peut dire des Païens que « leur cœur inintelligent s’est enténébré » (Romains, I, 21). Chez les Hébreux, le cœur n’est pas seulement l’organe indispensable à la vie du corps : il est aussi le centre de toute vie intérieure (spirituelle et psychologique)3. Il sert à désigner l’intério- rité de l’âme. Dans l’Écriture, l’opposition est fréquente entre l’extérieur (la bouche, les lèvres) et l’intérieur (le cœur) : « Ce peuple est près de moi en paroles et me glorifie de ses lèvres, mais son cœur est loin de moi », déplore le Seigneur (Isaïe, 29, 13). Le cœur est donc le lieu de la pensée et de l’intelligence. Dans Proverbes (15, 7), il est dit qu’un « cœur intelligent » recherche et possède la connaissance (da’ath). En grec, du temps d’Homère, d’Hésiode, et jusqu’aux grands tragiques, l’usage du mot cœur (cardia), était assez proche du sens hébreu. Comme siège des pensées, il est le plus souvent désigné par phren, et plus fréquemment employé au pluriel, phrenes, qui est le nom de la membrane qui entoure le cœur, le péricarde ; dans la langue classique ce terme reste un des noms les plus courants pour signifier l’intelligence ou l’esprit. L’apparition en Grèce de l’esprit philosophique va être un événement décisif. Chez Platon se produit une transformation sémantique à partir de sa célèbre théorie de la tripartition de l’âme – qu’il subdivise d’abord en principe raisonnable, Logistikon, puis en partie déraisonnable, concupiscible, Epithumia, enfin en partie irascible, Thumos4. Désormais toute la question va consister, pour les philosophes, à localiser ces différentes dimensions de l’âme, en particulier celle que Platon appelle Logistikon qui, par la suite, sera nommée Hegemonikon, principe directeur5. Dans le Timée Platon sera très explicite : le Démiurge crée les dieux. Les dieux créent les mortels. Pour ce faire, ils reçoivent du Démiurge le principe 3 Pour les emplois du nom du cœur chez les Hébreux, cf. Antoine Guillaumont, « Le sens des noms du cœur dans l’Antiquité » in Le Cœur, « Les Études Carmélitaines », Desclée de Brouwer, 1950. On consultera également Édouard Dhorme, L’emploi métaphorique des noms de parties du corps en hébreu et en akkadien, Paris, Gabalda, 1923. 4 Platon, La République, livre IV, 439 d-e. 5 Dans Phèdre, 246 a-b, l’Hegemonikon conduit, tel un cocher, l’attelage ailé de l’âme. Licence accordée à Rémy Bernabeu bernabeubond@gmail.com - ip:82.228.180.173 11 immortel de l’âme, siège de l’intelligence (noûs), qu’ils enveloppent d’un corps mortel. Pour le corps, ils créent une âme mortelle. Ils placent le principe spirituel dans la tête et l’âme mortelle dans le thorax6. Platon n’attribue aucun rôle psychologique au cœur et, dans le Timée, il ne lui reconnaît qu’une fonction physiologique comme source de la circulation sanguine. Aristote, placera dans le cœur les éléments sensibles à partir desquels s’élabore la connaissance mais il n’en sera pas pour autant infidèle à l’esprit du platonisme. Bien plus, il ira plus loin que Platon, affirmant la transcendance du noûs qu’il se refusera même à situer dans le cerveau : le noûs est pur de tout contact avec le corps et il ne saurait avoir d’organe. Contre le néo-platonisme de Philon d’Alexandrie et de Plotin, une école philosophique, le stoïcisme, a persisté à défendre la localisation de l’intelligence dans le cœur. L’élément dominant de l’âme est appelé par les stoïciens dianoia, c’est là que se trouve selon eux la source du Logos. Philon, qui n’ignore pas les discussions des philosophes sur la localisation de l’intellect dans le cerveau ou dans le cœur, mentionne les deux opinions, sans se prononcer entre la thèse platonicienne et la thèse stoïcienne. Il rapporte, à propos de l’arbre de la Vie, planté au milieu du Paradis, la tradition judéenne qui affirme que cet arbre figure le cœur, parce que celui-ci est non seulement la source de vie et le milieu du corps mais aussi correspond à l’intellect lui-même, l’ Hegemonikon. Dans les premiers écrits chrétiens, et chez saint Paul en particulier, le mot cœur est récurrent et retrouve son sens hébraïque. L’emploi métaphorique le plus fréquent est celui par lequel le mot désigne l’« homme intérieur » qui s’oppose à la « chair ». Un parallélisme est fait avec la circoncision : « Le Juif n’est pas celui qui l’est au-dehors, et la circoncision n’est pas au-dehors dans la chair, le vrai Juif l’est au-dedans et la circoncision dans le cœur, selon l’esprit et non pas selon la lettre : voilà celui qui tient sa louange non des hommes, mais de Dieu »7. Avec les Pères grecs, chez lesquels le christianisme se constitue comme doctrine philosophique, s’engage une intense réflexion sur le cœur. Adoptant une anthropologie influencée par le platonisme, ils ne peuvent rester insensibles aux emplois du mot 6 Platon, Timée, 69 c. 7 Romains, 2, 28-29. Licence accordée à Rémy Bernabeu bernabeubond@gmail.com - ip:82.228.180.173 12 cardia qu’ils lisent dans la Septante. Origène, par exemple, se réfère souvent au sens hébreu. C’est par sa doctrine des « sens spirituels » et sa théorie générale de l’analogie qu’il légitime l’usage scripturaire du mot au sens métaphorique. Selon lui, le « cœur » ne doit pas être entendu littéralement mais spirituellement, il ne s’agit pas du cœur de chair mais du cœur de l’ « homme intérieur ». À partir du IVe et du Ve siècles, ainsi que le remarque Antoine Guillaumont8, on enregistre nettement deux tendances de la théologie mystique, selon l’usage qui est fait du mot « cœur ». La tendance platonicienne, qui tend à éliminer le sens hébreu du terme, se retrouve dans la mystique du peudo-Denys, où la notion scripturaire du cœur ne joue absolument aucun uploads/Litterature/ au-commencement-est-le-coeur.pdf

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